DEDANS ....DEHORS...

Après plus de vingt ans de militance politique au sein du parti écologiste Les Verts, j'ai pris du recul lorsque celui-ci s'est "transformé" en EELV (Europe Ecologie-Les Verts). Il y a eu d'abord l'intégration forcée/imposée de "têtes (de liste) " médiatiques par Dany Cohn-Bendit pour les élections européennes de 2009...et ceci aussi pour amoindrir au maximum en interne le pouvoir de la partie "radicale " des Verts. Puis a suivi le changement de nom du parti et des modalités d'adhésion. Cette "ouverture" prônée comme le "rassemblement des écologistes" a très rapidement fait "pschitt" après les élections. Car le rassemblement de TOUS les écologistes n'existait pas ( CAP 21 et d'autres "écologistes" -AEI- ne se sont pas joints à ce "rassemblement") et le curseur du positionnement politique des écologistes s'est recentré vers le Modem et le PS, cette gauche traditionnelle, sans imagination et idées neuves....Tout ça pour avoir des élu-e-s députés et sénateurs (qui deviennent vite des notables bon teint, bon chic bon genre et bientôt de plus en plus éloignés des activistes de terrain ...chacun sa place, quoi !).

 

dessin Jean Aurel - POLITIS

On a très vite aussi compris qu'il y avait du coup des stratégies très différentes au sein du même parti et les "anciens", les "historiques", les "militant-e-s de longue date du terrain" ont été moqués, taxés d'irréalisme, de vieux déconnectés, mis de plus en plus à l'écart des instances. Mais, petit à petit, après une première année euphorique, il y a eu une désaffection progressive du renouvellement des adhésions ...Le passage au gouvernement a apporté quoi sinon juste montrer que le parti EELV pouvait être un parti "de gouvernement". La loi Dufflot sur le logement a été détricotée quasi entièrement ; Pascal Canfin n'a eu aucune marge de manoeuvre et les ministres, députés et sénateurs EELV ont avalé des "couleuvres" pendant les deux ans de renoncements et reculades et ...sans vraiment tiquer. La nomination de Valls- renouvellement de gouvernement- a permis de quitter le navire pour apparaître à nouveau un peu vierge avant les élections à venir (trop tard pour les Européennes de 2014). De la soupe interne en fonction des appétits des dirigeants dans les stratégies à venir. Personne n'est dupe !

Pour ma part, j'ai fait le choix de ne plus adhérer puisque je n'étais plus en accord avec la stratégie, avec les silences, avec ....Il faut aussi être cohérent avec soi-même puisque nous avons toujours prôné l'exemplarité.

 

article du Canard Enchainé dernièrement

Je pense toujours encore que l'avenir politique (et économico-social) tournera autour d'un parti écologiste avec son projet bien marqué dans son temps, grâce à une longue gestation. Mais ce parti écologiste ne peut être dans le système actuel de fonctionnement fait de soumission-compromission-de marchés donnant-donnant, de productivisme à tout prix pour créer de l'emploi , peu importe les conditions et les produits et qui servent les intérêts de personnes plus qu'une idéologie ou faire avancer un projet. 

Le système libéral-capitaliste arrive à son terme car il était dès le départ et par essence, limité dans le temps de l'exploitation des ressources et des personnes. Les nouvelles perspectives se dessinent petit à petit. Il faut regarder du côté des pays méditérannéens (après les exemples du Nord, suédois-danois-finlandais....) : Tunisie, Grèce, Espagne, ....Regarder les exemples en France aussi du côté de Grenoble ou des Zad...du côté des mouvements alternatifs associatifs.

Le désaveu actuel de la classe politique dans son ensemble n'est certes pas une bonne chose pour la démocratie. Mais on ne peut pas accuser celles et ceux qui la critiquent (à raison avec moultes exemples) de faire le lit de la droite extrême. Ce serait trop facile et on comprend la méthode pour atténuer les responsabilités de celles et ceux qui sont aux manettes. Ce sont eux les vrais et seuls responsables de ce désaveu. Mais ils-elles n'en tireront pas les leçons, s'accrochant sans honte et sans morale à leurs postes vacillants.

Le résultat est déjà tangible et va encore s'accentuer un maximum cette année électorale avec une très probable abstention massive au moment du vote qui ressemblera vraiment à "une grève du vote" devant un pannel de candidat-e-s, toujours le même avec toujours le même résultat attendu, le même chantage au vote utile, la même stratégie de la peur... Basta ! ça ne marche plus, ça ne fonctionne plus...

Si on voit des choses changer, cela ne se passe plus DEDANS, à l'intérieur des partis qui peuvent changer de nom tant qu'ils veulent pour effacer nos mémoires ( essayer en tout cas), mais les bruissements, les changements de comportement, de modes d'actions, de réflexion globale, les actions locales se font en DEHORS des partis, au sein d'associations, de groupements, de coopératives, d'initiatives localisées sur des petits territoires, de plus en plus dans la ruralité...

           Les "acteurs" de terrain toujours encore sur le terrain -Jean-Jacques Rettig CSFR

Et pour que les "politiques" reconquièrent ces territoires, il faudrait déjà qu'ils en fassent partie prenante, qu'ils émanent de là. Or, cela fait longtemps qu'ils ont déserté ces lieux, croyant être plus "utiles" dans les bureaux et les réunions. Mais si le lien est rompu avec le "terrain", s'ils ne sont plus représentatifs et représentants-porte paroles de ces mouvements, alors ils ne sont plus rien ou plus qu'eux-mêmes ... s'ils ne se sont pas déjà "égarés" eux-mêmes dans leur cheminement...personnel !