lundi 7 août 2017

LE JUSTE PRIX !

Non, je ne vais pas parler de jeu télévisé, mais de production de biens alimentaires et du vol des intermédiaires de la grande distribution. 
En effet, ces questions me turlupinent depuis des années, pour ne pas dire depuis toujours.


Je discutais encore dernièrement avec Guillaume, jeune paysan de montagne, qui ne peut pas vivre de l’exploitation familiale et est obligé d’avoir un travail salarié rémunéré ailleurs ce qui ne lui laisse pas le temps de s’occuper de la ferme à plein temps comme il le souhaiterait. Il jongle entre les horaires et il a l’appui de son père qui est retraité aujourd’hui et qui faisait comme lui : il jonglait entre travaux de la ferme et emploi salarié. C’est le lot de beaucoup de paysans, mais beaucoup abandonnent aussi alors qu’ils sont indispensables pour nourrir la population.
On parle de subventions inégales. Les céréaliers qui ont transformé la plaine d’Alsace en un immense maïsland à perte de vue touchent des milliers d’Euros en fonction des hectares de terres qu’ils possèdent-exploitent tout en polluant allègrement la plus grande nappe phréatique d’eau -qui était potable- d’Europe. Les paysans de montagne, eux qui entretiennent les paysages, qui élèvent des animaux et transforment les produits, ne touchent que peu de subsides pour les aider. La réponse cependant de ces paysans (de montagne) est souvent la même : « on ne veut pas plus de subventions, on aimerait juste pouvoir vivre décemment de notre travail et que nos produits soient payés au ...juste prix». J’admire le courage de ces personnes qui ne comptent pas les heures, qui sont sur le terrain du matin au soir, du lundi au lundi, par tous les temps, pour un revenu qui ne correspond en rien à cet investissement humain, sans compter les prêts énormes liés à leurs outils de travail.


Quoi et où ?
Et puis, chacun-e de nous est aussi un peu responsable de la situation. Car nous consommons les produits élaborés par ces paysans : viande, laitage, légumes, fruits, ….
Mais où achetons-nous cela ?
Cette première interrogation met tout de suite le débat au coeur de la problématique. Entre le producteur et le consommateur, combien d’intermédiaires qui ne font quasi rien mais prélèvent un bon pourcentage au passage. Et ce pourcentage pourrait revenir au paysan si on achetait les produits directement à la ferme, sans intermédiaires. Et puis il y a aussi tout le chantage permanent qu’exercent les entreprises de distribution, les centrales d’achat qui imposent leurs tarifs d’achat avec la promesse de mettre en valeur les produits choisis. Mais à quels prix sont rémunérés les producteurs ? Vous avez tous déjà vu passer des chiffres qui montraient combien était vendu le produit et combien touchait le producteur. Mais cela n’apparaît nulle part de façon claire et ainsi, cette politique continue et personne vraiment ne veut se poser les bonnes questions. Combien touche le producteur sur chaque produit que vous achetez ? Quelles sont les conditions de production ? Quelle est la véritable qualité du produit et d’où vient-il ? Et encore pas mal d’autres questions de ce genre…



Un affichage clair pour changer nos comportements d’achat
On pourrait aussi suggérer, mais surtout imposer à ce que sur chaque produit soit AUSSI indiqué combien touche le producteur, quel est le montant qui lui est retourné. Est-ce que cela ne changerait pas la vision des choses ? Est-ce que cela n’induirait pas notre choix d’achat ? Est-ce que cela ne nous ferait pas changer de pratique de consommateurs ?
J’ai vu des petits magasins où se vendaient des produits du terroir, locaux et variés et où était clairement indiqué que 70 % du prix étaient attribués aux producteurs. Mais combien d’enseignes font ce choix, cet effort de juste rétribution.

On a vu qu’un Etat pouvait imposer des emballages « neutres » anxiogènes pour certains produits. On devrait ainsi trouver aussi ce type d’emballage sur les produits alimentaires qui comptent plus de cinq composants, souvent des additifs, exhausteurs de goût, colorants divers et chimiques et qui remplissent les étals des supermarchés. Produits qui viennent du monde entier, transportés par cargos, par avions, ionisés, bourrés de conservateurs. Et je ne parle même pas du détail des conditions de travail pour produire, récolter ces produits alimentaires. Vous avez bien compris aussi que consommer en permanence, au quotidien ces « aliments  (!!!) » ne peut qu’avoir des répercussions au niveau santé à moyen-long terme. On ne devrait plus dire « bon appétit » devant un de ces plats micro-wavés, mais « bonne chance »  (selon Pierre Rabhi).

Le juste prix
On imagine bien qu’une demande forte des consommateurs concernant l’affichage sur tous les produits de la part rémunérée des producteurs pourrait changer peut-être notre façon d’acheter et aurait pour conséquence positive à ce que les paysans puissent enfin toucher un prix « correct » pour ce qu’ils produisent, le juste prix qui leur revient.
Pourquoi engraisser les pontes de la grande distribution, tous les intermédiaires-commerciaux qui exercent un chantage innommable sur les producteurs et les mettent en dépendance, en faillite, alors que sans eux, on crèverait de faim.

La question de la juste rémunération des producteurs est loin d’être anodine, mais au contraire elle est centrale pour l’avenir proche, pour les générations futures, pour l’image d’un pays, pour la survie d’une agriculture paysanne de qualité.


Soyons donc acteur du changement.
Regardez les possibilités autour de vous et choisissez l’option locale, de proximité, de circuits courts, de vente directe à la ferme, de produits de saison, biologiques de préférence pour les qualités gustatives et de la préservation de la santé.
Cela ne demande pas forcément de grands efforts, mais cela change profondément les choses si un certain nombre de consommateurs transforment leurs choix d’achat.

Les paysans nous nourrissent, préservent les terres et les paysages où nous nous ressourçons par la promenade et des activités ludiques ou sportives. Ils sont indispensables à l’équilibre, à l’harmonie, à notre bien-être, autant s’en souvenir toujours.