les égos mis au vestiaire !
On était là, une fois de plus à
débattre autour de la table après un repas de saison avec les
produits du potager transformés en mets délicieux par notre
créatrice culinaire et quelques bouteilles.
L'âge aidant, les expériences vécues,
une grande connaissance historico-politique de la Vème République,
les vies militantes passées, le débat était riche, varié,
alimenté par les anecdotes des unes et des autres, les visions et
rêves encore présents, les désirs, les espoirs, et aussi
...l'amertume de certains.
Je ne sais pas si je vais encore
voter utile cette fois-ci ?
Et toi qu'est-ce que tu en penses
des candidat-e-s écolos qui se présentent à la primaire ?
Et ces manifs anti pass-pour les
libertés, je ne sais pas si je vais les rejoindre car je ne veux
pas être assimilé-e à Phillipot et sa bande de fachos
Moi, je ne peux pas vous
accompagner au Théâtre du Peuple, je n'ai pas de pass sanitaire,
je ne suis pas vaccinée
A quoi ça sert encore ces manifs,
ces pétitions. Pour le GCO (autoroute de contournement de
Strasbourg à péage) toutes les voies non-violentes ont été
utilisées, manifs, recours, grêve de la faim, occupation par une
ZAD, ...et au final, les terres agricoles ont été bétonnées et
la bande macadamisée traverse les collines où on a arraché les
forêts.
Un président qui décide à
quelle heure tu dois rentrer, qui est seul maître, avec un
Parlement moutonnier et des amis financiers qui détiennent les
grosses entreprises et la quasi totalité des médias, c'est quoi
encore la démocratie ? Et ses ministres aux conflits
d'intérêts permanents et au-dessus des lois ?
De toute façon, avec 4-5
candidats à gauche, 4-5 candidats à droite, 2-3 candidats à
l'extrême-droite , Macron est tranquille pour être réélu
avec 25% des voix comme la dernière fois...
L'abstention va être gigantesque
car la leçon, le message des Régionales a été balayé dès le
lendemain des élections...
Voilà un florilège de ce qu'on peut
entendre actuellement dans les discussions autour des tables où on a
encore le droit de se retrouver, chez soi, en domaine privé...!
Alors oui, on peut entendre toutes les
hypothèses, les scénarios possibles, les répétitions épisodiques
de l'histoire, et plonger dans l'amertume doucement,
profondément avec la distance qui prend de l'ampleur, hors du monde,
hors de l'immonde.
Les constats, on les partage
Les changements ne peuvent venir que
par les élections ou la révolution (sous une forme ou une autre).
Les constats sont souvent partagés : plus de démocratie,
autocratie à rejeter, une décrédibilisation de la politique, des
politiciens, du gavage par le cumul des mandats et le
non-renouvellement des élus, toujours encore les mêmes depuis des
décennies....un Parlement pas du tout représentatif, un Sénat
inutile, des indemnités aux montants scandaleux, l'argent public qui
privilégie les entreprises des « copains », les services
publics invisibles, numérisés, « intelligence
artificialisée », une police politique répressive qui éborgne
et mutile, un état d'urgence permanent avec des lois d'exception, la
propagande assénée journellement sur toutes les chaines d'infos
continues lobotomisées qui font de la com ' mais plus de
l'information, un discours green washing poudre aux yeux et
complètement décalé par rapport à l'urgence climatique et aux
dérèglements que tout le monde peut constater, on peut continuer
ainsi un long moment à décliner...
Une fois, les constats faits, quelles
sont les propositions, les pistes, les possibles, les nécessaires ?
De toute façon, au premier tour,
je vote écolo, dit celui-là.
Oui et après ? On se
retrouve pareil au deuxième tour, comme à chaque fois, à parler
de vote « utile » !!!, lui rétorque sa voisine. Et
puis, c'est reparti pour un tour...
Bon, à droite, il y a aussi
plusieurs candidat-e-s, ça change un peu la donne, argumente le
« stratège » de la bande.
Mais les gens doivent bien
réfléchir que certains se battent pour changer les choses.
C'est bien de débattre, d'échanger
sur cette élection présidentielle à venir et qui transparait de
plus en plus dans les déclarations des unes et des autres, reprises
par les médias « officiels » de propagande concentrés
dans le giron des magnats de l'oligarchie de la finance et de
l'industrie. Et puis ça change des échanges sur le vaccin ou non,
sur le Covid, sur la privation des libertés, les morts imputés à
la pandémie, la précarité des emplois, …
Mais la plupart des gens, les plus
nombreux, sont bien plus préoccupés par leur survie, leurs moyens
de subsistance que les débats « intellectuels ». La
plupart des gens, les plus nombreux, sont aussi ceux qui travaillent,
donnent leur temps de vie pour produire la richesse, les biens, qui
enrichissent les actionnaires, les patrons de l'industrie, la bourse
et la finance et qui permettent au pays de « fonctionner ».
Sans cette « plupart des gens, les plus nombreux », tout
le système actuel, tel qu'il est, s'écroulerait. Mais « cette
plupart des gens » ne vote plus et depuis un long moment. Et
quand encore certain-e-s se mobilisent et descendent dans la rue pour
marquer, exprimer leurs colères, que du « ruissellement »
ils ne voient rien venir, alors ils se retrouvent face à des
robocops qui tirent, éborgnent et mutilent et dont le ministre
pointe la responsabilité sur quelques blackblocs qui vandalisent les
symboles matériels de ce système et n'hésitent pas à affronter la
force militaire qui réprime les protestataires qu'on définit comme
minoritaires marginaux alternatifs voire terroristes. Les débats
peuvent durer, traîner, mais les faits sont bien là.
On sait bien, consciemment ou
inconsciemment qu'on est à un tournant. Les marches pour le climat
alertent et cette jeunesse a bien pris conscience de l'urgence et de
la priorité à accorder à la survie de l'espèce humaine et de
toutes le espèces vivantes dépendantes de la nature, détruite
chaque jour par une industrie de consommation éphémère au profit
de quelques-uns. Tout est devenu un bien marchand, financiarisé.
Et on a vécu la Droite et la Gauche au
pouvoir avec quasiment les mêmes résultats, le même
fonctionnement, les mêmes effets, les différences étant à la
marge, le reste n'étant que du verbiage, des effets de langage, des
écrans de fumée, du cynisme obscène pour masquer-à peine- les
mensonges quotidiens.
Alors ? À un tournant ?
Pourtant, on a la même tambouille que d'habitude.
Les prétendant-es-s (en
septembre 2021)
A droite, ceux qui nous ont longtemps
« gouvernés ». Leurs candidat-e-s s'appellent cette
fois-ci Ciotti, Barnier, Pécresse, Juvin et l'individuel Bertrand.
L'extrême-droite se partagera La Pen,
Phillipot, Zemmour, …voire Dupont-Aignan et …
La gauche agit de même avec Mélenchon,
Roussel, Piolle ou Rousseau ou Jadot, Hidalgo, …
Le « en même temps » est
Macron qui se veut au-dessus de tout cela avec son bébé-mouvement à
sa botte mais qui rétrécit à vue d'oeil, alors qu'il n'était déjà
qu'un groupe coopté sous contrat d'allégeance.
Quand on voit tous ces prétendant-e-s,
qu'on sent bien leurs égos qui empêchent toute démarche ou
décision collective ( les « primaires » ne sont qu'un
vote « d'écuries » des partis ), on peut supposer
que le changement ne sera pas pour demain et que se déplacer pour
voter ne rentre plus dans la tête en terme de devoir. L'abstention
massive aux élections régionales ne les a interpelés que quelques
jours et ne risque pas de s'atténuer dans ces conditions à la
Présidentielle.
La responsabilité individuelle et
l'intelligence collective devraient pouvoir proposer d'autres voies.
On en entend parfois des bribes, des échos rarement repris dans les
médias, mais bien présents sur les « réseaux sociaux ».
Je veux bien proposer un scénario qui est sûrement dans la tête de
bien d'autres personnes et qui pourrait changer un peu la façon
d'aborder les choses, en sachant que les institutions de la Vème
République de 1958 sont aujourd'hui quasiment obsolètes, bloquantes
et ont mis la démocratie en danger, voire en retrait.
L'élection présidentielle est la pire
puisqu'elle est personnalisée sur « l'homme-la femme
providentielle » qui à lui-elle seule va changer notre vie
dans les années à venir !!! A qui on délègue notre pouvoir.
Et à lui-elle seule qui va choisir son-sa premier-e ministre, son
gouvernement, voire son Parlement qui n'a rien de contre pouvoir, car
non-proportionnel.
Et d'entendre au moment de la campagne
électorale officielle des « oh non celle-là, celui-là je ne
l'AIME pas », comme si en politique on parlait d'amour !!!!
C'est ça la personnalisation. On ne lit même pas un programme, on
ne sait pas avec qui on va se retrouver au gouvernement. On en est
là, on le sait bien, on a tous entendu cela.
Un scénario peu probable
Alors, imaginons :
- Sur l 'affiche, on n'a
plus une personne, mais deux (comme aux Etats-Unis
par exemple) :
le-la président-e ET le-la
premier ministre (vice-président-e)
- Annoncé tout aussi clairement, un
premier groupe de ministres
( pas forcément tous les ministres et
secrétaires d'Etat)
-
Un programme de rupture vers une
VI-6 ième République, sociale et écologique
Ainsi serait réduite la part de
« personnalisation », on aurait la notion et les noms
d'une « équipe » qui mènera les dossiers/les choix en
appliquant dans leur engagement un « programme » de
rupture.
Il y aurait ainsi de la place pour tous
les candidat-e-s des différents partis à des postes divers sans
bataille pour une présidence qui, dans les nouvelles institutions de
la 6ième République, n'aurait plus que des pouvoirs réduits (comme
dans d'autres pays, vous connaissez le président de l'Allemagne ? ).
L'avenir n'est pas écrit
Ne dites pas tout de suite « ce
n'est pas possible ». Réfléchissez bien, ce serait opérant
et remettrait les égos de tous ces candidat-es à leur juste
place, d'oeuvrer à l'intérêt commun pour le bien public.
Quand les différences ne sont pas des
lignes rouges, pourquoi sont-elles des blocages ?
On devine bien que c'est plus lié aux
personnes qu'à des stratégies.
Mais ce qui est sûr, c'est que ces
candidat-e-s potentiels ont une responsabilité, encore plus grande
aujourd'hui dans cette situation où on est à un tournant de quelque
chose.
Car ce qu'on vit au quotidien en 2021
n'est plus supportable pour « la plupart des gens, les plus
nombreux ».
dessins (fond rouge) de VEESSE www.hebdi.com