jeudi 23 mai 2013
mercredi 22 mai 2013
DEMOCRATIE ou verticalité légitimée du pouvoir !
L'instauration de la Vème République
avec l'élection au suffrage universel (1962) donne un pouvoir absolu
à une seule personne : le président. Il faut se souvenir qu'à
l'époque et jusqu'à récemment, tous les pouvoirs étaient
concentrés puisque l'Etat avait les médias sous ses ordres, les
banques, l'économie par le biais des grosses entreprises, tous les
services. Le président dirigeait tout le pays : l'économie,
les finances, la communication-propagande....Bien sûr, on élisait
aussi les députés au suffrage universel. Mais quel est le pouvoir
de 577 députés avec des voix discordantes par rapport à un seul
président à la voix prépondérante ?
On s'est contenté de ce pouvoir absolu
depuis cinquante ans avec tous les excès que cela a engendré et
aucun président n'a remis en cause ce système qui l'arrangeait
bien.
Aujourd'hui, Hollande parle de
président ordinaire, mais il n'a pas pour autant fait un seul geste,
pris une seule initiative pour redonner vie à la démocratie alors
que sa « popularité » est au plus bas un an à peine
après sa prise de fonction, et qu'aux élections, l'abstention
augmente à chaque fois un peu plus. Pourtant des promesses il en a
fait pendant sa campagne, comme tous ses prédécesseurs avant. Mais
une fois en place, on n'entend plus parler de proportionnalité,
d'arrêt des cumuls de mandats, de vote des résidents étrangers, de
parité ...Il serait plus que temps d'aller vers un régime
parlementaire comme la plupart des pays européens qui nous
entourent, de passer à une 6ème République.
Mais ce n'est pas demain la veille et
l'abstention va se poursuivre, la désaffection de la politique
aussi, la confiance s'évanouir...Bien sûr, les milieux économiques
et bancaires ne peuvent que s'en réjouir puisque aujourd'hui la
privatisation et le libéralisme leur ont donné carte blanche pour
tout gérer à leur seul profit. Et pourtant, avec les réseaux
sociaux, la multiplication de l'information, la généralisation
éducative, le monde a bien évolué, mais les institutions n'ont pas
bougé.
On reproche même de plus en plus les
débats critiques, qui pourtant sont le bouillonnement démocratique
au point de s'interroger (car cela est de plus en plus évident que
les deux partis dominants poursuivent le même objectif), si un jour
on pourra sortir de la pensée unique institutionnalisée, de cette
monarchie avec une cour de ministres exécutants, une assemblée aux
ordres, juge et partie.
La politique n'est plus que de la
communication et on veut faire taire les voix divergentes qui sont
les révélateurs de la diversité nécessaire pour faire VIVRE UNE
VERITABLE DEMOCRATIE. Laisser dans l'état les institutions, c'est se
tromper de siècle et empêcher toute évolution, c'est brider
l'intelligence d'un pays et son inventivité, c'est soumettre le
peuple en le maintenant sous le joug de la crainte et de la bêtise.
Mais nous avons changé de
civilisation, même si la plupart n'en sont pas encore conscients, le
vieux monde est arrivé à ses limites, une autre vie se met en
place, un autre système de pensée commence à se diffuser...mais en
dehors de ce qui est visible ou en tout cas scruté par les
médias-propagande. Ce mouvement échappe à celles et ceux qui ont
encore l'illusion que leur vie passe par l'accumulation de biens et
d'argent avec le pouvoir absolu qu'ils croient détenir par ce biais.
Il passe par d'autres circuits, il est
répandu et vécu par une nouvelle génération qui ne se laissent
plus conter des histoires d'un passé révolu et qui promettait la
liberté, l'égalité, la fraternité...
vendredi 17 mai 2013
LES EXCES ONT UN EFFET REPOUSSOIR, non ?
"Les détails de leur union imminente, à la mairie du VIè arrondissement, constituaient l'unique objet de leurs échanges.On peut comprendre...Sauf qu'ils ne se contenteraient pas, ce jour-là, de prononcer deux "oui" pour un nom, il leur faudrait encore sauver le monde ! Leur mariage se devait d'être écologiquement responsable, respectueux de la couche d'ozone, issu de l'économie solidaire, tendance green weddings, comme le susurrait la promise en découvrant une dentition chahutée.
Tous les détails de la cérémonie étaient passés au
crible de la chasse au gaspi. Sa robe était en cours de tissage dans un
village cambodgien, situé à proximité des vestiges de Siem Reap, qui
avait relancé la fabrication de la soie biologique. Pour éviter la
pollution au mercure indissociable de l'extraction de l'or, les
alliances provenaient de la fonte de vieux bijoux de famille démodés. La
liste de mariage ne comprenaient que
des produits éthiques, issus du commerce équitable. Bien entendu, les
faire-part seraient imprimés sur du papier recyclé, à moins que l'on
opte pour la solution moins gracieuse de l'envoi des invitations par
e-mail. Pour faire bonne mesure, il était prévu que les convives se
rendent sur le lieu des réjouissances dans des voitures pleines, grâce à
un système de covoiturage. Cela présentait en outre l'avantage de
permettre aux invités de faire connaissance au cours du voyage. Le petit
bonhomme a décollé de son siège pour saisir les lèvres de sa future
moitié :
- Tu sais quoi ?
- Non..
- J'ai vérifié ce matin,
sur le site de Yann Arthus-Bertrand...J'ai refait tous les
calculs...C'est encore mieux que ce que je pensais : par rapport à un
mariage traditionnel, on divise par trois les rejets de gaz carbonique
dans l'atmosphère...
Ils ont fini par demander la note et se sont éloignés. J'ai dit :
- C'est bien de faire attention à l'ozone, mais ceux-là, ils ne se
rendent même pas compte que c'est eux qui en tiennent une couche...Ils
polluaient vraiment de la bouche !"
(Didier Daeninckx " camaradesdeclasse" Gallimard -2008)
vendredi 10 mai 2013
"HISTOIRE" de la "jeunesse"
Quand on y réfléchit, quand on fait une recherche, on découvre très vite que la "jeunesse" n'existe pas avant le XXè siècle, en tant qu'entité historique.
peinture "la jeunesse de Bacchus"
On connaît les images des grands rassemblements sous Hitler, mais je ne veux pas parler de la jeunesse "encadrée", mais de celle qui a acquis la liberté, le droit à la parole et une autonomie d'existence en tant que classe d'âge, de génération (pas de chair à canons et toujours dirigée par les vieux à moustaches !!!). Même après la deuxième guerre mondiale, il n'y a pas encore d'histoire à proprement parler de la jeunesse, puisque cette génération-là a subi la guerre d'Algérie et est revenue "cassée" (comme celle un peu plus tard qui revenait du Vietnam aux USA).
On commence donc quasiment "l'histoire de la jeunesse" avec la révolution culturelle et politique de 1968 où un il y a un réel premier élan d'une génération d'âge qui se révolte contre le "vieux monde" et se construit en tant qu'entité générationnelle. Cela passe par beaucoup de discussions (théoriques, idéologiques) parce que cette jeunesse avait été privée de s'exprimer pendant des décennies, puis suit l'éclatement en plein de groupes différents qui expérimentent des façons de vivre très différentes de ce qui a existé jusque là ? Beatnicks, routards, hippies, féministes..... Et puis dix ans plus tard, on parle de "bof génération" avec des ex-jeunes qui gueulent contre cette (nouvelle) jeunesse...Les années 80 c'est disco, consumérisme ; les modèles sont les "nouveaux patrons" et yuppies individualistes...Les ouvriers sont des "loosers", les ex-gauchos deviennent des loups de la gagne (pour certains). La rupture de classe s'accentue, SDF, punks, le chômage,...Une nouvelle génération (la deuxième) éclot dans les banlieues avec les enfants des immigrés. Ils s'ennuient comme la génération précédente, mais "on" les montre du doigt plus facilement par racisme primaire. "Touche pas à mon pote" ! C'est aussi les électro-teufs, le hard rock, le hip hop..Et petit à petit, on glisse vers les objets technologiques et leur obsolence déjà quelques mois plus tard.
Aujourd'hui, la culture du virtuel, l'accélération, tout doit aller vite....ça crée
le bordel, le chaos, la manque de repères, qui font partie de l'énergie de la vie, une vie de plus en
plus complexe, mais qui s'invente toujours.....
A suivre !!!!
Et vous ? Vous vous retrouvez où dans cette "histoire" de la "jeunesse" ?
cliquez sur le lien ci-dessous pour visionner le film qui manie archives, analyse et humour ! A voir absolument...(80mns)
LA VIDEO documentaire
mardi 7 mai 2013
REVENIR SUR LE « NON » au Conseil Unique d'Alsace, un mois plus tard !
Rappel des
résultats : 15,9 % des inscrits pour le OUI dans le
haut-Rhin, 22;9 % des inscrits pour le OUI dans le Bas-Rhin. Il
fallait au minimum 25 % des inscrits dans chaque département
pour valider. Un dernier chiffre très parlant aussi : 64, 04 %
d'abstention.
On a pu
entendre pas mal de commentaires au lendemain de la claque infligée
au projet des trois chefs exécutifs de l'Alsace de tous les côtés
et sur tous les registres, mais peu de mea culpa sur leurs
responsabilités politiques. Et depuis, c'est le grand silence...
Bien sûr, le
grand quotidien régional (pardon, il y en a deux, mais c'est la même
chose, même propriétaire, mêmes infos, même propagande,...)
essaye de faire une analyse du « non » en pointant
Strasbourg comme ligne de mire et le monde rural qui a peur.
J'ai vécu en
ville jusqu'à la fin de mes études, puis dans le monde rural, « à
la campagne », aussi bien dans le Haut que dans le Bas ...Rhin,
depuis presque quarante ans. J'ai mis « les mains dans le
cambouis » en ayant eu une vie sociale, associative, puis
politique (en tant que conseiller municipal, délégué à la Com
Com, assistant d'un sénateur et responsable de parti) jusqu'à il y
a peu, très active, sans compter le temps et l'énergie consacrés.
Je me considère donc tout aussi bon observateur et analyste que des
scientifiques, universitaires ou commentateurs politiques.
Ces derniers
analysent l'échec du Référendum du 7 avril dernier en mettent en
cause Strasbourg et les craintes du monde rural puisque, à la
campagne, le vote « protestataire » du vote FN épouse
l'expression du « Non » au référendum. Je suis loin de
partager cette analyse et je ne suis pas le seul sans aucun doute.
Si le monde
rural ne s'est pas senti « concerné » par ce référendum,
c'est tout simplement puisqu'il se sent traité bien inégalement par
rapport à la ville. Vivre à la campagne est certes un choix et
celles et ceux qui le décident en acceptent aussi certains
inconvénients. Cependant, il y a quelques points que je souhaite
développer et qui permettent de mieux appréhender « l'esprit »
rural.
Il y a un
délitement certain des services publics en zone rurale :
conseil des Prudhommes, tribunal d'instance, services de santé,
recherche d'emploi, activités économiques, transports en commun
pour n'en citer que quelques-uns. Ensuite, il y a une désertification
de plus en plus importante concernant les petits commerces de
proximité, les artisans. Et puis encore, concernant la culture,
indispensable à l'élévation de la conscience et à
l'enrichissement et l'équilibre personnels : plus de
librairies, des cinémas très rares qui ont du mal à survivre, le
spectacle vivant qui est de l'ordre du ponctuel saisonnier. Quand à
la démocratie participative, au débat citoyen dans la diversité,
cela n'existe tout simplement pas, puisque tout le monde doit se
mettre au diapason de l'élu du coin (à savoir le conseiller
général, généralement UMP en Alsace) qui distribue les subventions et favorise les projets,
puisque c'est lui qui va « à la ville » pour les
défendre et glaner l'argent public.
Avec ces
quelques constats simples et EVIDENTS, on voit qu'il y a d'autres préoccupations bien plus vitales qu'une
réorganisation politique de la Région ... « au
service et à l'avantage de toujours les mêmes » entend-on
dire par ici.
Réorganiser la région, ça n'a pas le même sens à la campagne.
Lorsque l'argent public, les subventions, les aides, la nouvelle taxe
professionnelle favoriseront une répartition équitable sur le
territoire, on pourra passer à la suite. Mais d'abord, il faut
revitaliser les zones rurales avec par exemple, développer un
stratégie de production et de distribution de produits locaux avec
des commerces de proximité, des dépôts-vente directe, des aides à
l'implantation de zones de maraîchages et d'élevage, une
relocalisation de la production d'énergie (hydraulique,
photovoltaïque, éolien, biogaz), un soutien à l'artisanat et aux
PME avec un conditionnement ou une préférence pour de la production
de biens et de services non-délocalisables. On peut aussi
prioritairement faire revenir le train là où des voies ferrées (ou
l'emprise foncière d'une voie) sont encore présentes, plutôt que
de dépenser des millions pour gagner dix minutes de trajet sur
les voies déjà très rapides ! Les subventions aux
associations culturelles peuvent aussi être réparties pour
encourager et faire vivre le livre, le cinéma, le spectacle
vivant...prioritairement en zone rurale. Voilà déjà quelques exemples simples à mettre en œuvre
pour une meilleure répartition régionale.
Concernant la
vie démocratique, en grand danger, on peut changer la captation des
pouvoirs, avec des lois nationales (cela concerne députés et
sénateurs donc) qui supprimeraient de façon stricte tout cumul de
mandats, instaureraient la proportionnelle et la parité aux élections,
ainsi que la représentativité dans les intercommunalités selon les
modalités d'élection au suffrage universel, et non plus au sein du
seul conseil municipal ( puisque les compétences d'une com com
concernent tout le territoire).
Lorsque tout
cela sera mis en œuvre et opérant depuis un moment, le sentiment rural
évoluera en fonction de la qualité de la vie et de la vie plurielle
de la démocratie. On pourra alors reparler d'un conseil unique
puisque le sentiment d'appartenance à une région ,plus juste, où
tout le monde se sent mieux, sera plus affirmé et l'adhésion à une
évolution de fonctionnement politique risque d'être perçu de façon
bien plus positive.
Il y a donc bien
des préalables, des étapes indispensables à franchir, car se
sentir forcé (à aller vite), souvent sans comprendre, ce n'est pas
dans « l'esprit » rural. Pour le comprendre, il faut être présent, souvent, au quotidien et pas seulement avant des échéances électorales !!!
Christian
Weiss – 6 mai 2013
samedi 4 mai 2013
ECOSOCIALISTE ou PSCOMPATIBLE ?
Le bilan de la première année du
président Hollande est pour le moins largement négatif : le
monde ouvrier, salarial n'a rien gagné, le patronat a obtenu
beaucoup de cadeaux et d'avancées, les banques ont été protégées
avec une réforme des plus molles, la résignation s'est généralisée,
la gauche a été volontairement divisée. Le veto de Hollande à
toute amnistie sociale est le dernier signe en date d'une rupture
grave où il y a une sorte d'assimilation des militants syndicalistes
et du réseau Education Sans Frontières, des faucheurs d'OGM aux
fachos homophobes d'extrême droite ou des voyous de la finance.
On sait où nous mène cette ligne
sociale-libérale et ce ne sont pas l'organisation de colloques ou de
nouvelles officines de discussion qui vont changer la direction
imposée au pays et à l'Europe. Il est plus que temps de changer de
cap alors que les forces de droite ont bien occupé la rue depuis des
semaines avec leur opposition au « mariage pour tous »,
alibi pour faire croire qu'elle peut être une solution alternative à
l'austérité imposée en avançant unie (droite et extrême-droite).
dessin de VEESSE
Et il faudrait rentrer dans le rang,
s'associer à cette politique, soit-disant mettre les mains dans le
cambouis pour faire évoluer les choses alors que la ligne est
clairement affirmée, martelée en permanence, celle du « sérieux
budgétaire » avec ses conséquences catastrophiques. C'est
toujours le même chantage du PS : vous votez pour nous ou c'est
la droite et l'extrême droite !
Mais il y a une ou des alternatives
possibles. Il y a des personnes dans ce pays qui ne font pas la même
analyse que les élu-e-s au pouvoir, que le président et ses
conseillers.
Il y a dans ce pays un peuple de gauche
qui est contre la finance qui dicte sa loi, contre l'austérité
comme politique sociale, pour un REEL changement de régime et de
programme. Cette gauche populaire doit aussi être une force visible
dans la rue pour contrecarrer la mobilisation de la droite et faire
changer la politique gouvernementale qui va de renoncements en
soumission. Il faut renverser la table tant qu'il est encore temps en
sachant que « la conscience naît du conflit, pas du
consensus ».
Cette « autre gauche », qui
rassemble différents mouvements et partis (Parti de Gauche, PC, NPA,
FASE , pour EELV, Eva Joly, Sergio Coronado et sûrement pas mal
de militant-e-s), affirmera par sa mobilisation de masse qu'une
alternative militante, sociale, civique est possible avec un
programme écologique et social.
Ce nouveau front populaire se fera-t-il
sans nous ou avec nous ? On ne peut pas bannir ainsi le facteur
social et l'antagonisme gauche-droite avec des sondages qui sont des
leurres, de la désinformation médiatique, sur une soit-disante
« union nationale » qui servirait à entériner de fait
une politique libérale menée par un PS qui se rapproche tous les
jours un peu plus d'un centre acquis au patronat et au libéralisme.
Diviser la gauche procède de cette
même stratégie et les écologistes au pouvoir doivent se sentir
bien mal à l'aise, après un an aux affaires, dans leur espoir de
pouvoir faire évoluer des socialistes qui renient chaque jour un peu
plus les promesses d'un changement attendu.
Il faut sortir de la résignation, il
n'y a pas de fatalité, un autre monde est possible. Et cette autre
gauche doit aussi se constituer comme force visible dans la rue avec
ce dimanche 5 mai 2013 comme première étape de la mobilisation.
mercredi 1 mai 2013
RUINES DE L'AME
Aujourd'hui, 1er mai : donc pause sur les débats d'actualité. Je vous livre ce début de texte de ce qui deviendra peut-être un récit plus élaboré. C'est une autre facette de moi, l'écriture plaisir, inspirée de petits évènements quotidiens et des lieux de la vallée....
Je
traînais depuis une bonne demi-heure sur ce site industriel
désaffecté à moitié en ruines et qui couvrait pas mal d'hectares.
J'avais trouvé une partie qui semblait occupée par une entreprise
de services car il y avait stocké devant les portes closes, des
engins de chantier, des matériaux divers, une sorte de dépotoir qui
offrait malgré tout pas mal de ressources... J'ai pris mon téléphone
pour appeler le numéro de l'huissier, une femme en fait, que m'avait
donné Francine. Elle répondit assez vite pour me dire qu'elle était
sur place dans un hall et elle m'indiqua vaguement la façon d'y
arriver.
J'ai
repris la voiture et je tournais en rond entre les anciens quais de
chargement, les bâtiments jadis de production, les amas de matériaux
et épaves d'engins qui étaient recouverts en grande partie par la
végétation, le long de la rivière qui alimentait sûrement les
turbines et les machines, mais pas trace d'un hall ouvert. Francine
voulait récupérer un stock de son roman qui était un des lots de
la vente aux enchères suite à la faillite de son éditeur. Et cette
vente, sur le papier, se faisait sur cette friche industrielle !
Au
détour d'une série de bâtiments en brique, ma voiture se retrouva
nez à nez (!) avec une petite Peugeot où je distinguais au volant
une jeune femme. Je sortis de la voiture et alla vers elle qui avait
descendu sa vitre.
- Bonjour,
vous ne sauriez pas où a lieu la vente aux enchères ?
- Non,
je cherche aussi.
Comme
elle semblait venir du coin, je lui ai transmis les indications de
l'huissier. Elle réfléchit un court instant et dit :
- Je
pense que ça doit être alors plutôt à l'autre bout. Vous n'avez
qu'à me suivre...
- Ok
J'ai
fait demi-tour et je l'ai suivie. Nous avons tourné en manège dans
l'enceinte de l'ancienne usine et au bout d'un moment, elle s'est
arrêtée. Elle est sortie de la voiture, je fis de même et on s'est
retrouvé tous les deux sous la petite pluie qui tombait depuis le
matin. Elle était très mignonne, genre espiègle, coupe garçonne,
habillée d'un jean, une veste brune au-dessus d'un T-shirt et une
écharpe nouée autour du coup. Un très beau sourire franc, la
trentaine ou un peu plus probablement... On a marché.
- Cela
ferait un sacré décor pour tourner un film.
- Cela
dépend de ce qu'on veut faire, répondit-elle, mais en tout cas, il
y a une âme dans cet endroit. Ici, ce n'est qu'une partie de la
vieille usine textile qui allait jusqu'en haut du village tout le
long de la rivière. Elle n'existe plus depuis très, très
longtemps et pourtant certains bâtiments sont encore debout comme
ceux-là. Ici, je crois que ça sert de dépôt pour plein de
choses. Si on a de la chance, on trouvera peut-être une porte
ouverte et ...la vente aux enchères.
Nous
avons encore tourné autour d'autres bâtiments et à un moment, nous
sommes tombés sur un demi-portail entre-ouvert.
On
est rentré et là effectivement, on a vu sur des centaines et des
centaines de mètres carrés, des matériaux de construction, des
caravanes, des bateaux, des cartons, des voitures et différents
engins, un mélange incroyables de choses stockées à l'abri de la
pluie et des regards. Des voitures et camionnettes étaient garées
plus loin et on s'est rapproché car on entendait des voix.
Il
y avait des personnes qui circulaient entre des cartons ouverts
empilés sur des palettes en bois. Une femme s'est approchée de nous
et s'est présentée : c'était l'huissier que j'avais eu au
téléphone. Elle me dit que le lot était réservé et attendait que
je le charge, mais que la vente aux enchères avait eu lieu la
veille. Mon accompagnatrice sembla déçue mais demanda néanmoins si
l'appareil photo avait été vendu ou s'il était encore disponible.
- Malheureusement,
il a été très vite vendu.
- Et
à combien ? Si je peux vous demander.
- A
mille euros.
- Ah !
quand même !
J'en
ai déduit que cet appareil devait être un appareil professionnel
qui avait forcément un prix important et que donc, la jeune femme
devait être photographe ou artiste-photographe ou quelque chose de
la sorte. Elle a donc tourné les talons pour retourner vers l'autre
bout de l'entrepôt par lequel on était entré, elle me dit :
- Bon,
j'espère que vous aurez plus de chance que moi. Bonne journée.
- Je
vais marcher avec vous pour chercher ma voiture et charger les
cartons.
On
a parcouru la moitié du chemin en silence et puis :
- Vous
êtes déçue, hein ?
- Un
peu oui, car c'était un appareil pro et j'en aurais eu besoin pour
mes travaux et je n'ai pas les moyens de m'en payer un neuf de cette
qualité.
- Photographe ?
- Disons,
que j'ai besoin ou que j'utilise la photo dans ce que je fais.
Comme
elle n'en dit pas plus, je ne voulais pas non plus insister pour ne
pas passer pour ce que je ne suis pas. Nous arrivions près de là où
on avait garé nos voitures.
- Bon,
ben bonne journée alors, me dit-elle en me regardant dans les yeux
avec son beau sourire franc.
J'aimais
bien son attitude : on sentait une femme dynamique,
décontractée, mais décidée, qui avait pas mal d'énergie en elle.
Elle monta dans sa voiture, manoeuvra pour faire demi-tour et
disparut derrière les bâtiments.
Je
retournais, mais en voiture cette fois-ci, vers le portail de
l'entrepôt, l'ouvrit en grand et roula à l'intérieur jusqu'à
l'autre bout au milieu de ce mélange d'objets hétéroclites.
Je
chargeais les cartons de livres que m'indiqua l'huissier, signa son
récépissé et repartis en sens inverse.
Quelques
jours plus tard, je remontais la rue principale du village voisin
plus important où il y avait quelques commerces. J'allais chercher
la tronçonneuse que j'avais commandée. Alors que je me garais sur
le petit parking et que je m'apprêtais à traverser la rue, une
petite voiture pilla pour ne pas m'écraser. Je reconnus la jeune
femme « photographe ». Elle aussi apparemment me reconnut
et me fis un signe de la main que je lui rendis en passant devant sa
voiture. Au moment de redémarrer, elle ouvrit sa fenêtre et
s'adressa à moi :
-
Vous vous demandiez ce que je faisais pour avoir besoin d'un appareil
photo pro ? Si vous avez un moment, je peux vous montrer.
( à suivre ....)
usine Steinheil à Rothau / lire aussi "le fil de l'espoir" de Gabriel Schoettel-éditions Oberlin
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