On peut faire tous des constats,
énoncer des faits qui illustrent, avoir la conviction qu'il faut
changer ce système mortifère qui n'interfère pas seulement sur nos
vies personnelles, mais impacte la survie même de l'espèce humaine
en détériorant ses besoins essentiels et l'équilibre naturel.
On sait tout autant que pour faire
évoluer, changer, imposer d'autres voies, cela passe par le rapport
de force avec ce qui est installé, ce qui impose, dirige. Cela passe
aussi bien par toutes les initiatives locales (économie, liens,
savoirs-faire) qu'au niveau d'un Etat et de ceux qui « gouvernent ».
Si les changements, les « transitions »
sont en cours dans toutes les régions, les blocages viennent bien
des « lois » nationales en principe débattues,
enrichies, adaptées par les délégués-députés à l'Assemblée
Nationale, au Sénat, qui composent le Parlement, instance
décisionnelle. Mais quand l'Assemblée Nationale ne fonctionne plus
par le recours permanent (le 6ème depuis septembre) au processus
49.3 à savoir décision par le seul Président et sa représentante,
la première ministre, sans débat et sans vote des délégués-députés,
alors il faut bien construire d'autres rapports de force.
Les jeunes activistes, qui ont intégré
l'urgence et leur avenir, n'hésitent plus à passer par des voies
d'actions plus radicales qui s'attaquent au matériel, aux outils de
la destruction, aux symboles de la main-mise « des amis du
pouvoir dominant » sur tous les secteurs de nos vies.
Comme tous les phénomènes de
changements radicaux, ces actions locales, ciblées doivent pouvoir
être épaulées par un groupe représentatif dans les instances
(encore) démocratiques, relais indispensable ou alors c'est le chaos
(et pour certains, on a des souvenirs de Mai 68 ***et
des Gilets Jaunes plus récemment).
Qui dit rapport de force sait aussi que
la dissémination, la multiplicité, le carriérisme politique, les
fonctionnements égotiques des partis sont les ennemis de la mise en
œuvre même d'un rapport de force. Et c'est ainsi que des pouvoirs
en place sont reconduits et deviennent des totalitarismes qui se
cachent sous des images démocratiques.
On en est là et on en était déjà là
de façon compulsive depuis de longues années et avec des présidents
différents. Sauf que quand ça fonctionne (au profit d'une caste
précise), cela s'accentue et se durcit également par touches
successives et une passivité crée par la précarisation, la peur du
lendemain.
Quand on fait partie des gens qui ont
(encore) des valeurs HUMAINES, le sens du partage, de la justice
sociale, du collectif, du service public non-marchand, de ….alors
on ne peut qu'être abattu par ce qui se passe et se répète
inexorablement au niveau des partis, censés vouloir représenter nos
« sensibilités », nos valeurs, les mettre en œuvre par
des décisions fortes, une fois ses représentants élus.
Macron drague de tous les côtés (le cynisme obscène sans limites)
Les derniers « échos » et
constats de cette année 2022 ne sont aucunement encourageants et
mobilisants.
Je ne veux pas et ne vais pas
développer ce qui se passe dans les camps traditionalistes,
racistes. Comme tous les conservateurs, ils privilégient les
intérêts industriels aux enjeux écologiques et sociaux. C'est
comme ça depuis ...toujours (déjà sous Reagan en 1984 et
Thatcher).Tout le monde a pu voir les glissements successifs vers
plus de fermeture, de rejet, de repli sur soi, de réduction des
libertés, de répressions violentes et de désintérêt par une
abstention massive qu'on ne déplore que un jour ou deux après les
élections.
Alors, parlons de la « gauche »,
ce courant qui se veut porteur de ces valeurs humanistes (qui
comprennent les valeurs et combats écologistes ).
Une gauche unie, avec un programme
radical de transformation construit sur des bases communes.
C'est probablement le souhait de pas
mal de personnes qui croient encore à des changements mis en place
sans violences et qui considèrent TOUS les habitants d'un pays, et
d'une seule planète.
Malheureusement, cette année 2022 nous
a fait espérer un moment et puis, ... (je déteste cette expression,
mais elle est négativement parlante et clos tout débat) « le
naturel est revenu au galop » !
Un léger retour en arrière sur les
faits pour bien comprendre puisque le devoir de mémoire est
indispensable pour avancer ….sans reproduire les mêmes erreurs,
devrait-on dire.
Sans parler de l'élan collectif dans
le contexte des années 80 avec l'élection de Mitterrand (mais aussi
son revirement après seulement deux ans de présidence!), restons-en
à cette année 2022.
Après cinq ans de poudre aux yeux du
roi Macron aux pouvoirs absolus-avec une Assemblée Nationale à sa
botte- on pouvait espérer à des frottements de yeux et une autre
dynamique pour un changement radical.
Début d'année de tractations entre
partis et au final, malgré le souvenir (!) de 2017, chacun part de
son côté (pour mesurer son poids électoral et imposer un calcul
équilibré de répartition des postes et/ou des
candidats-députés-élligibles). Mais la mémoire semble
défaillante, les égos étant plus forts, profondément personnels
dans un projet carriériste où le collectif n'a plus sa place sauf
dans le verbiage pour cacher...
Les intentions de vote donnaient des
perspectives abyssales pour certains, mais cela n'entamait en rien
leur acharnement à pôle négatif. Hidalgo (PS) était loin de 5%,
tout comme Roussel (PC) et l'EELV de Jadot était presque au même
niveau. Il n'y avait guère que LFI et son représentant Mélenchon
qui passait la barre des 20% (comme en 2017). L'extrême-gauche, NPA
(Poutou) et LO (Artaud) frôlaient les 1%.
Il ne faut pas oublier non plus que,
dans nos textes législatifs, les partis qui se présentent aux
élections ne bénéficient pas du financement public de la campagne
s'ils n'atteignent pas 5%.
« L'intelligence » des
partis aurait donc du obligatoirement prendre ces éléments en
compte et se rassembler pour un représentant unique de la « gauche »
progressive. Cela ne se fit pas avec les résultats connus le soir du
10 avril, un coup de pied au cul définitif puisque le scénario de
2017 se rejoua dans la plus grande morosité, une déception brutale
quasi définitive pour certains d'entre-nous.
PS Hidalgo 1,75% PCF Roussel 2,28% EELV Jadot 4,63% et LFI Mélenchon 21,95%
(RN La Pen 23,15% LREM Macron
27,85% LR Pécresse 4,78% )
Pas besoin de grandes analyses pour
occulter que la multiplicité a mortifié tout changement possible
légalement par les élections. L'évidence était grosse...
Financièrement aussi, PS, PC et EELV
étaient au plus bas, dans la quasi obligation de se mettre en
« liquidation », de vendre leur acquis immobiliers pour
rembourser leurs emprunts de campagne.
Et Macron fut reélu.
Restait l'ultime étape de
consolidation comme au premier mandat (2017-2022), obtenir la
majorité de députés à l'Assemblée Nationale donc à l'élection
législative.
La France Insoumise (LFI), mouvement
collectif a su intelligemment proposer aux autres partis de se
rassembler et proposer des candidats de tous ces partis. Pourtant ces
partis, (PS-PC-EELV), quasi morts, avec leur maintien ont empêché
le changement, l'élection de celui qui avait le plus de chance et
portait leurs valeurs. Là aussi, il faut parler encore financement
public des partis. Un député élu, cela fait quelques euros par
voix obtenue et donc un apport financier non négligeable payé
annuellement par l'Etat au parti pendant toute la législature.
D'autre part, un parti qui a plus de 12-15 députés bénéficie d'un
financement du groupe et d'autres avantages matériels pendant toute
la durée de leur mandat. C'est donc une proposition tout à fait
inespérée, généreuse, faite aux partis moribonds. Enfin, unis
sous la bannière NUPES (nouvelle union populaire écologiste et
sociale), les résultats étaient encourageants.
LFI 75 députés PS 31 EELV
23 PC 22
(ENSEMBLE : Renaissance-Macron 172 Démocrates-Bayrou 48 Horizons-Philippe 30)
(RN-La Pen 89 LR 62)
Le Président Macron n'avait plus la
majorité requise de 289 députés à l'Assemblée Nationale, mais
il règne pareillement en maître absolu, avec la procédure du 49.3,
(utilisé systématiquement déjà 6 fois depuis septembre),
dispositif qui permet d'adopter des textes de loi (et les budgets)
sans débat, sans vote, avec ainsi un système démocratique
constitutionnel qui ne fonctionne plus.
Mais cela n'empêche pas du tout
certains partis de gauche de revenir à leurs dérives
obsessionnelles : exister et surtout faire vivre leurs délégués
élus à tous les niveaux et garder une perspective pour ...la
prochaine fois. Ils ont beau parler d'urgence, d'essentiel, de rester
unis, mais dans leur fonctionnement on ne voit rien de tout cela.
Cambédalis, ex-secrétaire du PS, veut
faire tomber l'actuel secrétaire national, Olivier Faure, « il
ne faut pas laisser mélenchoniser la gauche », Jadot (par
l'intermédiaire du Congrès de décembre de EELV) aimerait bien
propulser Marie Tondelier et surtout pas Sandrine Rousseau. Roussel
se la joue solo et reste adepte du nucléaire et emplois avant tout,
peu importe l'impact écologiques des entreprises. Ces « macron
compatibles » ne sont pas des activistes du changement.
Entendre « on va recréer « la fondation d'un grand
mouvement de l'écologie politique » en l'appelant Les
Ecologistes, on croit du Waechter dans le texte. Il faudrait aussi se
culpabiliser et fermer sa...bouche quand on lit une déclaration du
type : « dire du mal d'un écologiste, c'est dire du
mal de l'écologie ». Là, on reste sans voix. Et surtout
quand s'y ajoute qu'il faut un « réarmement doctrinal »,
ça frise l'extase !!! Il faudrait oublier Baupin, De Rugy,
Hulot Pompili, Cohn-Bendit...Un parti sans mémoire n'a pas
d'histoire. J'ai mal à mon ex-parti Les Verts, oublié dans les
limbes des ambitions ...sans lendemains.
Ce qui s'est passé avant le 10 avril
2022 avec les résultats que l'on sait m'a dégoûté à tout jamais
de cette politique là, de ces jeux de partis qui sont hors sol,
n'ont plus de contact avec la vie quotidienne des « gens ».
Les seules alternatives et changements
viendront des initiatives locales, de lien social et de la
transmission des savoirs-faire. C'est sur les territoires que nous
verrons concrètement si l'impact de la transition se démultiplie.
L'avenir n'est pas écrit,
mais l'espoir s'est éloigné du
changement par la politique (des partis).
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POUR MEMOIRE :
Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre et Che Guevara en 1960 (à Cuba)Le 9 octobre 1967 est exécuté-assassiné
Che Guevara. Ce révolutionnaire sud-américain était le symbole de
l'opposition à l'impérialisme capitaliste américain. C'était
aussi l'époque des manifestations contre la guerre du Vietnam. La
théorie du Che était la suivante : « allumer
simultanément plusieurs foyers de rébellion rurale pour créer par
l'insurrection, les conditions politiques d'une révolution ».
En 1968, en France, voilà ce qu'on
entendait : « on en a marre de la chape de plomb morale
qui pèse sur nous, on n'est plus au XIXè siècle ! On veut
une nouvelle société qui nous laisse penser par nous-mêmes, aimer
qui on veut et faire l'amour librement.... »
La grève générale paralysa le pays,
avec moyens de transport bloqués et pénurie de carburant. Les
ouvriers réclamaient une augmentation des salaires (ils obtiendront
25% d'augmentation du smic), des conditions de travail décentes et
la fin de la tyrannie des petits chefs.
Dans les années 70, Haight-Asbury
(quartier hippie de San Francisco-USA) a été le laboratoire du
futur. « Nous avons fait bouger le monde. Toutes les idées que
nous défendions sont encore d'actualité aujourd'hui :
l'écologie, la non-violence, le féminisme, le droits LGBT, le
végétarisme, le bio, les philosophies orientales, ...Nous avons
tout testé, tout expérimenté, nous avons influencé l'informatique
et la psychologie, nous sommes allés parfois trop loin, et parfois
nous nous sommes perdus...mais nous avons planté des petites graines
qui continuent à pousser. »
En novembre 1974, la ministre de la
Santé, Simone Veil a fait voter la loi qui légalise l'avortement
après 25 heures de débats houleux.
En 1983, un Big-Mac a remplacé le
Golf-Drouot. « Comment pouvait-on servir une saloperie pareille
aux jeunes ? On allait en faire des obèses, et le cholestérol,
et les pauvres vaches, et l'élevage intensif et bla bla bla... » ***
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*** Les phrases en italiques entre les ".........." sont extraites du roman de Tonie Behar "on n'empêche pas une étoîle de briller" qui se passe dans le contexte des années 1966 à nos jours.