Un banquier-président français rencontre un grand financier américain, actionnaire principal des entreprises du CAC 40 (cotées en bourse) et ils s’entretiennent sur la masse financière française placée dans l’épargne et qui n’est pas productive. Le futur Haut-Commissaire aux retraites assiste aussi à la rencontre. Scénario fictif ou rencontre effective ?
Les fonds de pension américains que gère l’entreprise financière Blackrock (non pas Blackbloc) pèsent près de 7000 milliards de dollars actifs soit deux fois le PIB de la France dont 150 milliards en France dans plus de 35 entreprises dont Total, Air liquide, Valeo, Vinci, Unibail, Axa, Société Générale, BNP Paribas, Schneider Electric, Michelin, Vivendi, Accor Hotels, Lafarge Holcim, Saint-Gobain, Capgemini, Safran, ...et aussi Nestlé, Sanofi,Ubs, … Le patron Larry Fink, ex-banquier de la First Boston, initiateur de la titrisation bancaire, lorgne depuis des années sur le pécule des économies des français-es. Son représentant en France est Jean-François Cirelli, ex-vice président de GDF Suez.
Donc, il faut faire quelque chose pour capter cette épargne. Les exemples ne manquent pas pour y arriver , mais il y a un frein ou peut-être plusieurs.
Les Français-es modestes mettent leurs économies en grande partie dans le Livret Bleu garanti par l’État. Le gouvernement baisse son taux d’intérêt afin de le rendre inintéressant, baisse les montants exonérés pour l’affaiblir, mais cela ne change pas grand-chose : les Français-es n’investissent toujours pas dans le marché boursier, les actions cotées…variables et dont les bénéfices vont plutôt dans les poches des actionnaires principaux.
Les Français-es sont les rares encore au monde à bénéficier d’un système de retraite mutualisé qui a fait ses preuves et dont peu de personnes se plaignent.
Comment changer cela afin de faire bouger l’épargne et pouvoir utiliser les réserves financières des retraites dans l’investissement boursier, faire fructifier l’épargne des retraites dans des placements boursiers comme le fait Blackrock ?
Annoncer que le budget pour les retraites dans le système tel qu’il est n’est plus équilibré budgétairement et qu’il faut revoir l’ensemble du système est le premier palier. Dénoncer les régimes spéciaux des retraites afin de monter les uns contre les autres et de mettre en avant un nouveau calcul basé sur un principe …universel et juste est le deuxième niveau. Dérouler des scénarios biaisés d’un système à points afin d’essayer de convaincre que c’est bénéfique et égalitaire est le début du formatage des cerveaux. On annonce une réforme en cours que Macron veut faire voter très rapidement par sa horde de députés à sa botte, une retraite individualisée à points par capitalisation et qui enterre la mutualisation, la solidarité générationnelle.
L’objectif est d’appauvrir tout le monde et quand les pensions seront réduites, pousser les salariés vers l’épargne privée des banques et assurances. Et le tour est joué...L’épargne-retraite se transforme en produit financier de fonds de pension, variable d’ajustement et valeur volatile dans les fluctuations bancaires. La loi Pacte, entrée en vigueur le 1er octobre favorise déjà le « développement » à savoir, entre-autres, l’investissement de l’épargne-retraite disponible auprès des banques et assureurs.
Où est la nécessité de changer de système ? On voit à l’oeuvre la retraite par points en Suède depuis des années avec une dégradation notable dans ce modèle de social-démocratie !!! Nécessité, il n’y en a pas. On peut récolter de l’argent pour son budget en combattant les exilés et paradis fiscaux, arrêter la distribution du CICE (même sous son nouveau nom), supprimer la flat tax, réintroduire l’ISF, mettre des charges sociales sur les bénéfices des entreprises robotisées, faire payer les taxes pétrolières des camions, tankers et avions au même niveau que les particuliers, ...etc...etc...etc…
Le président-banquier, ses ministres, peuvent nous raconter tous les blablabla qu’ils veulent, la confiance est émoussée, ils se fourvoyent eux-mêmes dans leurs contradictions.
Le Haut-Commisaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye est exemplaire de ce gouvernement, il est lui-même en plein conflit d’intérêts , représentant des assureurs qui vont bénéficier pleinement du changement de système. Et question « régimes spéciaux » et rapport à l’argent, ce « chef-retraite » a omis de déclarer plus de dix postes qu’il occupe « en même temps » et rémunérés pour certains en plus de sa paie de ministre (il touche 22 800 €/mois !!!).
Ah les « régimes spéciaux » des ministres, secrétaires d’État, hauts fonctionnaires, sénateurs, députés, préfets, ambassadeurs et que sais-je encore ? On n’en parle jamais, occultés, comme le reste, un oubli !!! Ce président est entouré par une équipe d’hommes d’affaires en chemises blanches, mais presque maffieux dans leur fonctionnement clanique. Combien de démissions-départs de ministres-secrétaires d’État en deux ans de gouvernance pour affaires douteuses, omissions, fraudes-omissions fiscales, détournements de fonds, conflits d’intérêts, ... ? Ferrand, Sarnez, Bayrou, Goulard, Nyssen, De Rugy et peut-être dans les prochains jours, Delevoye… Ce n’est pas rien et ils continueront à toucher des droits de ministres-secrétaires d‘Etat, ils ne perdent pas le Nord, ne vous inquiétez pas.
Mais ils font la leçon, appellent à la responsabilité, ils ne manquent pas d’air et ne connaissent pas la honte...Ils sont suffisants, se croient au-dessus des lois, cyniques, menteurs, …
Dire que les député-e-s de cette clique voient tout cela et se taisent : ils-elles sont complices, pour garder leurs avantages d’élu-e-s et s’étonnent d’être des cibles de la colère populaire.
On en a vu à l’oeuvre depuis des décennies, ces Cahuzac, Thévenoud, Tron, Longuet, Carignon, Fillon, Sarkozy, pour n’en citer que quelque-uns.Ils ont traversé les partis et les différents gouvernements sans trop de dégâts et ils jouent en plus sur notre amnésie…
Il me semble qu’on est arrivé à un point de rupture important, ce n’est pas pour rien que Macron/Castaner soignent les forces répressives policières en les armant fortement, car il y a un affrontement massif en cours qui dépasse la problématique des retraites, qui est juste symbolique et symptomatique d’un système qui doit changer vite avant que cela entraîne un chaos (peut-être voulu par Macron pour favoriser sa réélection face à l’extrême-droite, moi ou le chaos !!!!! même s’il l’a crée lui-même).
Construire la précarité et ne pas mettre en œuvre des actions sur les enjeux écologiques seront la perte de ce gouvernement. Mais comme les formes classiques de lutte atteignent leurs limites (mobilisations, manifs-meetings-tractages-…) et qu’il y a une absence de perspective politique par les urnes, les combats vont changer de forme : désobéissance civile, destruction des symboles du capitalisme, voir plus de radicalité encore, car quand on a plus rien, plus rien à perdre, alors…
Et comme cette oligarchie gouvernementale et des affaires est hors sol, elle n’a que la police pour réprimer, faire peur, emprisonner, mutiler...Ils n’ont aucune notion de ce que vivent ...les Gens !
Alors ? Nécessité ou plan concerté ?
France, année 2020
L’avenir n’est pas écrit !
lundi 16 décembre 2019
lundi 9 décembre 2019
JE SUIS RETRAITE….et ?
Venant d’une
famille nombreuse ouvrière, né juste après-guerre, il y avait
encore dans cette France en ruines et en reconstruction, l’ascenseur
social. C’est ainsi qu’à 15 ans, j’ai co-signé mon contrat de
travail, un engagement d’enseigner au moins dix ans en France
puisque je « rentrais » à l’Ecole Normale
d’Instituteurs de Strasbourg, historiquement la première de France
en 1810 sous Napoléon Bonaparte ! Et après trois ans
d’internat, le baccalauréat et deux années de formation
professionnelle en externat, pris en charge par l’État, on
commençait donc à travailler dans une classe à vingt ans.
Fonctionnaire - instituteur de l’Education Nationale pour toute une
vie !
J’ai demandé mes
droits à la retraite à 55 ans comme c’était spécifié dans le
contrat de travail. Mais pour une retraite pleine, bien que venant de
cette génération du « plein emploi », les calculs
avaient déjà changé et j’aurais du encore travailler deux-trois
ans pour avoir droit au taux plein. Mais j’étais épuisé, au bout
du rouleau, nerveusement plus capable d’y aller encore...Alors,
j’ai « pris » ce qu’on me « donnait » et
j’ai arrêté. Comme souvent quand on a poussé le bouchon trop
loin, ça craque. Et le début de ma retraite fut ponctuée par des
ennuis de santé grave.
Pourquoi
suis-je dans les cortèges des manifestants contre la réforme des
retraites puisque je ne suis plus concerné ?
Instituteur à mon
« époque », c’en était fini déjà de la considération
sociale (maire, curé/pasteur, instituteur), un ouvrier-spécialisé
gagnait plus que le fonctionnaire de base que j’étais. Ce n’est
que quand la première crise pétrolière est passée par là, que le
chômage a commencé à frapper durement (déjà la dépendance aux
énergies fossiles) et que petit à petit, avoir un métier garanti à
vie devenait une plus-value (mais sans augmentation salariale car
pour un instituteur-trice, les augmentations sont aléatoires et
linéaires selon les décisions budgétaires gouvernementales et
l’ancienneté par un système d’inspection/notation). Quand ça
suivait l’inflation, on ne perdait rien, mais les dernières
années, il n’y a même plus cela...Ma pension est donc un peu
au-dessus de 1500 € et on est considéré aujourd’hui comme des
privilégiés ! J’ai toujours pensé que les fonctionnaires
devaient être des ambassadeurs-exemples et que l’État se devait
de montrer le chemin en faisant des statuts des fonctionnaires un
objectif minima pour le secteur privé.
Que nenni ! Ce
n’était qu’une vue de mon esprit car la réalité des chiffres
et des faits étaient loin de corroborer cet ...idéal républicain
d’émancipation.
Les pensions
stagnent depuis des années avec une inflation de près de 1,5 %
par an, en plus M. Macron a rajouté une deuxième CSG prélevée sur
les retraites (- 500€/an), les impôts augmentent, les taxes
(habitation/foncière) aussi, tout comme les prélèvements
obligatoires (électricité, téléphone, gaz, mazout, eau,
nourriture, déplacements, …), sans compter qu’on aide aussi au
mieux nos enfants et petits-enfants, car pour eux, c’est bien plus
difficile par les temps qui courent. Je ne me plains pas, loin de là,
mais je pense à des connaissances qui ont une pension moindre, à
tous ces gens qui galèrent et où la misère atteint leur porte, qui
sont entourés par des familles en précarité, incertitudes,
chômage...Et même celles et ceux qui travaillent ne s’en sortent
plus, s’endettent et s’écroulent.
C’est quoi ce
pays riche où les gens vivent ainsi ?
On a ouvert les
yeux, on a fait fonctionner nos cerveaux, on a lu, écouté, discuté,
échangé, comparé, on commence à comprendre où se situent les
problèmes, les points de rupture, les déséquilibres, les
injustices fiscales, sociales, les incidences environnementales, les
flux migratoires de l’ultra-libéralisme qui exploite les
sous-sols, …., les objectifs de cette économie dont on nous rend
(entièrement?) dépendant, ces objets connectés pour nous maintenir
sous surveillance et à portée de propagande incessante, ...un
monde, une civilisation mondialisée où la saveur de la vie est
devenue absente, où notre être primitif d’humain est occulté, a
disparu…
D’avoir croisé,
écouté les résistants d’hier (qui avaient 17-20 ans contre un
oppresseur fortement armé et envahisseur), d’être fils de
« Malgré-Nous », de côtoyer les activistes
d’aujourd’hui, je sais que nous devons être des résistants
contre ces ennemis aujourd’hui clairement identifiés.
Quand on sait de
quel côté de la barrière on est, on ne peut plus se tromper.
Il y a urgence
environnementale par leurs destructions, il y a urgence sociale par
leur précarisation.
Les résistant-e-s
d’hier avaient peur aussi, mais les solidarités les ont préservés
de la lâcheté et les réseaux leur ont permis de s’organiser.
rassemblement chaque année
sur le plateau des Glières-Thonon
à la pentecôte
RIEN N’EST
ACQUIS : luttes et résistance
Les droits, les
acquis l’ont toujours été par des mobilisations en nombre, des
grèves longues, des négociations radicales, des confrontations, ….
Sans rapport de force, on n’obtient rien et s’il est ignoré, ça
dégénère…
Un des rapports de
force est la représentation syndicale. Dans quels pays peut-on dire
que les salariés sont plus écoutés qu’ailleurs sans rentrer dans
des conflits sociaux durs ? Là où le taux de syndicalisation
est élevé ?
Comparons quelques
pays sur ce critère : Espagne 19 %, Portugal 19 %,
Allemagne 18 %, Autriche 28 %,
Irlande 31 %, Grande-Bretagne 28 %,
Belgique 60 %,
Norvège 53 %, Danemark 67 %,
Suède 70 %, Finlande 74 %
et la France...8 %.
On peut penser aussi
que ces taux sont élevés dans les pays où la cotisation syndicale
est prélevée directement sur le salaire. C’est vrai pour les pays
scandinaves, (comme pour le Canada et encore aux USA), mais pas pour
la Belgique, l’Autriche, ...Et puis, en France depuis le 1er
janvier 2015, une cotisation de 0,016 % du salaire brut est
prélevée sur la fiche de paie et reversée aux 5 syndicats de
salariés (CFDT, CGT, CGC, FO, CFTC) et aux 3 syndicats d’employeurs
(MEDEF, CGPME, UPA) ce qui représente quand même 400 M €/an
malgré le taux faible de 0,01 % !
En Europe du Nord,
les cotisations représentent 80 % des ressources des syndicats.
En France, elles ne représentent qu’environ 30 %. Les
syndicats sont donc encore aujourd’hui dépendants d’une certain
façon du financement public et, pour s’en libérer, il faudrait
plus de syndiqués cotisants. Depuis la loi de 2008, les syndicats
doivent publier leurs comptes annuellement et certifiés depuis 2011.
L’État – argent public – verse un financement aux syndicats
afin qu’ils assurent la formation aux Prud’hommes et la formation
syndicale de ses permanents/cadres (qui leur coûte environ 33 M
€) !
RAPPORTS DE
FORCE : le nombre
On peut dès lors se
poser la question aussi, à partir du moment où une cotisation
syndicale est prélevée sur ma fiche de paie, pourquoi n’y a-t-il
que 8 % de salarié-e-s syndiqué-e-s en France ?
Si le taux était
aussi important que dans les pays du Nord, le rapport de force serait
différent et les négociations plus « équilibrées » !
Dans l’actuel
conflit social très grave, la question de la réforme imposée par
le gouvernement de M. Macron, met ce rapport de force en question.
C’est la convergence des luttes qui commence à faire nombre. Et
surtout la persévérance et la force organisée (et syndicale) de la
SNCF-RATP qui font pression. Si les enseignant-e-s suivaient, cela
ajouterait un poids, une force supplémentaire déséquilibrante.
Cela peut se jouer
dans les tous prochains jours..
La retraite par
points
Une arnaque du genre
« actions en bourse » présentée comme juste, équitable,
avantageuse pour tous...alors que la valeur du point sera fluctuante…
Mais les prémisses sont déjà là. Les trimestres crédités ne
sont déjà plus décomptés de date à date, mais à partir des
cotisations prélevées sur votre salaire (3 trimestres = 300 points
disons). Et on parle déjà de points ARRCO et points AGIRC.
Donc, il y a urgence
à résister, à couper toute velléité de poursuivre la mise en
place de ce système puisque le ver est déjà dans le fruit…
Si le SMIC était à
2000 € et la retraite garantie à 1500 € serait-ce un scandale,
alors qu’on nous a IMPOSE le passage à l’Euro avec sa perte de
pouvoir d’achat conséquente, une augmentation très sensible de
tous les prix. Ce serait donc impossible, indécent, alors que des
milliards sont détournés pour échapper à l’impôt et ce n’est
sûrement pas du fait des « petites gens ». Dans un pays
riche, le ruissellement n’est pas ce qui est attendu, mais des
berges tranquilles où chacun-e peut s’épanouir, s’émanciper,
vivre, vivre tout simplement.
« Nous ne
sommes pas du personnel, nous sommes des gens. »
dessin de VEESSE www.hebdi.com
le magazine satirique indépendant alsacien
L’avenir n’est
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