lundi 31 janvier 2022

APRES LA PRIMAIRE "POPULAIRE" ...

 

La Primaire Populaire avait le nom, le goût, l'envie,

mais comme tout « entre-soit » militant, en milieux « éduqués », la démarche avait peu de chance de produire une surprise d'autant que les deux animateurs ne sont pas neutres et inconnus des milieux politiques...

Mais, les inscrit-e-s sur le site web sont des gens qui ont signé une pétition (socle commun) pour demander l’union ou en tout cas faire pression sur les candidat-e-s pour essayer de réduire leur nombre à gauche.

Bien sûr, il y a récolte de données (data) à l'inscription et cela peut servir à un petit groupe d’activistes, personne n'est niais-e là-dessus. La situation sociale et écologique dans ce pays riche est telle que les personnes qui s'en préoccupent encore et sont prêts à voter du changement (radical) ne pouvaient que participer à cette sorte de sondage géant (environ 400 000 votants).


La question sous-jacente était malgré tout le choix entre une écologie libérale qui s'accommode d'une économie marchande « verte » ou un changement profond de modes de vie où la justice sociale, l'urgence environnementale ne peuvent pas se marier avec ce système économique et ces institutions centralisées.


L'expression des votes (très bien- bien- assez bien-passable- insuffisant) donnait une indication générale mais pas un vote gagnant. Le résultat devait aussi impulser des discussions entre candidat-e-s par la force de la mobilisation importante (le nombre de votants). On voit bien que le sauvetage d'une certaine gauche soluble (ex-PS) est en œuvre. Dommage...

Si l'intention était de faire plier Hidalgo et de renforcer l'axe Taubira-Jadot (Macron compatible !!!), c'est gagné, mais je ne sais pas si les 467 000 inscrit-e-s s'y retrouvent.

Pour ma part, c'est non, même si on savait bien que le résultat serait celui-ci puisque le nombre d'inscrit-e-s s'est intensifié de façon évidente depuis la déclaration de candidature de Christiane Taubira.






Il est évident que l'équipe de JL Mélenchon, le long travail de construction collective du programme de l'Union Populaire ne peuvent pas être remis en cause par cette expression, même si elle est importante. Il a été candidat et tout près du deuxième tour en 2017, il a la légitimité et la constance pour lui. La mémoire de l'électeur de gauche est longue et on ne nous fera pas oublier les renoncements, les trahisons, les virements, de pas mal de personnes au pouvoir à un moment donné et on garde le souvenir de tous ces opportunistes-carriéristes qui ont détruit pas mal d'espoirs.


POPULAIRE-POPULARITE

Et encore un mot sur l'emploi du terme « populaire ».

Ce n'est pas le nombre qui valide « populaire » ; la popularité peut-être, mais ce n'est pas la même chose. Si on veut parler de « classes » populaires, alors on est à côté de la plaque ou dans la manipulation linguistique !

Le pouvoir d'achat, l'augmentation des prix, la nécessité d'une voiture et son coût, la fermeture ou l'abandon progressif des services publics, l'âge de la retraite et son montant, l'augmentation des salaires, le coût et la dépendance énergétique, ….ces problèmes quotidiens des classes populaires n'apparaissent pas dans les enjeux des appareils politiques, les débats doctrinaires. Pourtant, 50% des actifs sont ouvriers/employés. Les « milieux populaires » (et nous, les petits employés de la fonction publique, nous en faisons partie) sont actifs et mobilisés pour un certain nombre dans le syndicalisme, les gilets jaunes, les associations (caritatives souvent), mais quasiment pas dans les partis politiques ou associations militantes. Ces dernières se sont professionnalisées (comme les partis) et les milieux populaires ne connaissent pas les codes (réunions, tour de parole,…). On y trouve surtout les standards de la petite bourgeoisie intellectuelle qui reproduit ces mêmes standards dans la pratique militante associative et la prise de parole publique est souvent trustée par des personnes issues de milieux aisés.

Lorsque les préoccupations quotidiennes des classes populaires sont prises en compte dans le débat public/les programmes de gouvernement, lorsque les « moins-éduqués » sont considérés, que les « invisibles » sont nommés, alors peut-être que l'on entendra parler plus de cette Union Populaire qui en a intégré les attentes, les demandes, ...

 


 

Car c'est la considération, une sorte de reconnaissance qui fait que une partie de ces classes populaires, avec les mêmes constats, se perd dans une extrême-droite qui comble souvent leurs listes en les incluant.

L'éducation populaire longtemps portée par le PC (parti communiste) a été abandonnée et il y a un grand et long travail d'acculturation à faire pour redonner goût à la vie publique à celles et ceux qui s'en sont éloignés car ils-elles ont bien l'impression qu'ils-elles n'ont plus de rôle dans le pays, vu l'absence totale de parité sociale dans les instances.

Si les changements radicaux ne viennent pas par le vote, cela se fera par le terrain...



L'avenir n'est pas écrit...