samedi 26 mars 2016

J'AI MAL A ESSAYER DE COMPRENDRE

Je ne sais pas vous, mais moi j'ai du mal, j'ai mal à essayer de comprendre, à mettre des mots sur tous ces actes barbares, d'un terrorisme aveugle qui tue des innocents par dizaines, par centaines, en vrac, et dont les auteurs se font exploser en même temps pour la plupart. J'ai du mal à imaginer comment on peut en arriver là, de la délinquance à cette radicalité mortifère.
J'entends que cela procéderait d'un fanatisme religieux se revendiquant de préceptes qui justifieraient ces crimes pour imposer un califat. Qui croit encore en cette version à la vue des attentats meurtriers de ces  quinze derniers mois ? La théorie du complot, d'intérêts supérieurs, des mercenaires fanatisés qui veulent laisser leur nom aux actualités du soir et accéder au paradis réservé ! A l'âge et avec l'expérience de la vie que j'ai, j'ai du mal à croire tout ce que j'entends par ci, par là, à une guerre des religions, à la prédominance de l'une sur l'autre, à des préceptes des temps obscurs.

J'ai grandi dans une famille où les parents fréquentaient et étaient actifs dans une communauté religieuse. Je n'y ai vu que partage, amour pour les autres et actions d'aide : une communauté bien paisible, même si en y regardant de près, tous ses membres n'étaient pas irréprochables dans leurs actes et comportements sociaux. Mais, rien à voir avec les délires actuels.
Bien sûr, j'ai aussi connaissance de l'histoire des religions, des croisades, des guerres en son nom, des conflits au Proche-Orient comme on dit, des luttes d'influence où monter une communauté contre une autre sert d'excuse pour des objectifs de pouvoirs autres liés au pétrole, au gaz, à des richesses à capter.
Mais dans ce qui se passe depuis des années, il n'y a pas de communautarisme, de guerre des religions, en tout cas, je ne me laisse pas embarquer dans cette façon de penser, de voir les choses, de les réduire pour ne pas chercher plus loin, ailleurs, dans ce qui mène aujourd'hui “le monde” à savoir pouvoir, argent, sexe.
J'ai des ami-e-s proches qui sont aussi bien chrétiens, juifs, musulmans, boudhistes et je ne vois pas un-e seul-e qui se retrouve dans une quelconque revendication mise en avant depuis des mois. Où devraient se nicher la haine et le meurtre chez ces personnes pratiquantes de religions d'amour, de partage, de spiritualité, d'équilibre de soi, …

Je ne suis pas croyant, pratiquant, mais je comprends très bien qu'on puisse l'être et je ne vois pas en quoi ça interfère dans ma vie. La vie spirituelle, religieuse est de l'ordre privé, dans la sphère intime de la personne, donne des directions de vie, mais jamais cela ne déborde dans nos relations, dans la vie sociale, politique et c'est ainsi que cela doit rester et est vécu par celles et ceux que je connais.


J'ai beau m'interroger, imaginer dans tous les sens, je n'arrive pas à comprendre que des jeunes gens puissent faire de leur courte vie un parcours de meurtres, de se faire exploser dans un lieu public en entrainant des dizaines d'innocents, de tirer dans le tas sur n'importe qui, d'assassiner des dessinateurs. Non, je n'arrive pas à comprendre. Et ne m'assénez pas les habituels délires identitaires, communautaires, religieux comme arguments recevables.  Je crois que tout un chacun a bien compris maintenant qu'on est dans autre chose, dans des actes criminels commandités. Et qui est/sont le-les commanditaires et avec quels objectifs ?

L'argent : les pays occupés aux populations massacrées ou soumises par la terreur ne sont pas des déserts, mais bien des lieux de forage du pétrole et du gaz.
Le pouvoir : instaurer un Etat de dictature pour continuer à exploiter les richesses et profiter de l'argent que cela génère , pendant une période et le plus longtemps possible.
Le sexe : les jeunes filles brainstormées servent d'esclaves sexuelles aux combattants mercenaires payés et militairement formés. Et ne parlons pas des vierges au paradis, une fable pour demeurés...

Et vous, vous comprenez quoi dans toute cette horreur ?

dimanche 20 mars 2016

LA PROTECTION SOCIALE : UN FREIN A L'ACTIVITE ECONOMIQUE ?

Pour compléter ma chronique précédente sur la “loi travail” qui veut précariser encore plus en augmentant le temps du travail, diminuer les salaires, faciliter les licenciements, faire croire que protéger les salariés c'est un frein à l'embaûche et à la diminution du chômage massif, voilà quelques pistes que développe depuis un certain temps l'économiste Pierre Larroututou. **

1. Quand une entreprise, selon la “conjoncture”, a un effectif trop important, au lieu de licencier, elle diminue le temps de travail et les salaires, tout en restant ainsi “compétitive”. Cette baisse de salaire est alors provisoirement compensée jusqu'à une certaine hauteur (disons 95%) par l'Etat à travers l'Unédic. Cela se pratique déjà au Canada par exemple.

2. Les PME sont un secteur important de l'économie et sont souvent poussées à la faillite par les retards de paiements : les grands groupes, dont ils sont les fournisseurs et sous-traitants pour beaucoup d'entre-elles, font attendre ou ne paient pas leurs clients (lorsqu'elles disparaissent).
Là encore, lorsque la livraison est faite et que le travail n'est pas payé au bout de deux mois, la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC, une des plus importantes banques au niveau européen) règle la facture à la PME et ses services juridiques se retournent vers le mauvais payeur.



dessin de Pat Thiébaut  www.lagitedulocal.com


3. Autre secteur sensible : la crise du logement. La construction, le secteur du bâtiment pourrait bénéficier du fonds de réserve des retraites. Cela pourrait créer des centaines de milliers d'emplois (au moins 200 000) sans augmenter la dette ou les impôts. Or , ce fond est géré par les banques et utilisé à la spéculation sur les marchés financiers. Il s'élèverait à 37 milliards !

4. Une idée portée par Les Verts depuis des décennies et jamais mis en oeuvre en France : le partage du temps de travail. Six millions inscrits à Pôle Emploi et de l'autre côté des salariés qui travaillent en moyenne près de 39 heures : si une entreprise passe à quatre jours et crée 10% d'emplois supplémentaires en CDI, elle ne paye plus les cotisations à l'assurance chômage (qui représentent 80 milliards par an). Passer à 32 heures par semaine pourrait créer près d'un million et demi d'emplois. Et probablement bien plus encore si les entreprises vont vers la transition énergétique dans pas mal de secteurs d'activité.


Mais on ne trouvera rien de tout cela dans la “loi travail”  de “ce gouvernement de gauche qui écrit avec la main droite” !


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                                          ** Interview de P. Larrouturou dans Politis n°1395  -17 mars 2016

jeudi 10 mars 2016

DECHEANCE DE NATIONALITE, DECHEANCE DES DROITS DU TRAVAIL, et …

Service minimum des médias (pour que ça ne fasse pas ...boule de neige ?)  après la mobilisation dans la rue hier contre la loi sur le travail. Comme d'habitude, les chiffres du nombre de manifestant-e-s dans la rue sont évalués du simple au double, rien de nouveau là-dessus, sauf que c'est ce gouvernement qui fait AUSSI cela. Et puis, les prises de parole minimisent la portée au maximum : coup de chauffe, succès mitigé, la loi n'est pas encore votée, il y a des ajustements, il ne peut pas y avoir de reprise de l'emploi sans cette loi, etc...
Mais favoriser encore plus la facilité de licencier, précariser encore plus les règles, permettre sans indemnisation de dépasser largement les quotas d'heures de travail, et tout le reste de l'arsenal, qui eut crû il y a quatre ans que on en arriverait là avec ce gouvernement. Bon, au bout de deux ans certes, on avait quasiment compris...
Quels sont les soutiens de ce gouvernement “socialiste” : la Droite et le Medef !!! Mais ça ne leur suffit pas encore : on entend en plus un ancien premier ministre dire qu'il votera ce texte et qu'il faudrait aller encore plus loin. Et on entend aussi le même jour l'ancien président dire que s'il est ré-élu, il supprimerait des centaines de milliers de fonctionnaires. Et puis les éditorialistes qui en rajoutent une dose dans les médias de propagande en affirmant que c'est une liberté que de permettre à un enseignant au bout de dix ans de changer et d'aller dans le privé puisqu'il sera “fatigué” (C. Barbier-BFMTV) ! Bref, on aurait des fonctionnaires avec des contrats décénaux, puis  ouste...
Tous ces faux-culs de droite, ces anciens ministres,présidents, ne disent pas pourquoi ils n'ont pas fait cela quand ils étaient aux manettes pendant des années avec tous les pouvoirs. Ils jouissent de trouver des collègues de l'ENA et des grandes écoles qui font le sale boulot à leur place puisqu'ils espèrent revenir dans les palais de cette République du siècle dernier qui ressemble de plus en plus à une royauté...si peu parlementaire (mais on a les élu-e-s que l'on mérite) !

Et puis, le plus scandaleux et le plus violent est de voir ce gouvernement élu contre une politique et son président hypernerveux, qui portait pour certain-e-s l'espoir d'un changement de cap, voir ce gouvernement qui se disait “de gauche” faire une politique encore pire quelque part que le précédent, en reniant toutes ses promesses les plus fortes. Lorsque ce gouvernement se targue encore de s'appeler “de gauche” nous sommes là dans une usurpation démesurée qui montre le degré de docilité d'un pays, assommé par ce qu'il voit, soumis à la peur du lendemain.



Mais quand on est en bas et qu'on n'a plus peur de perdre plus, la révolte peut être virulente.
Depuis longtemps, on n' a plus vu syndicats/société civile et étudiant-e-s/lycéen-ne-s dans la rue ensemble et cela change la donne. On sait bien que les professionnels de la politique se disent que s'ils tiennent jusqu'à Pâques sans dégâts, c'est bon car après c'est période d'examens et qu'en plus, il suffit d'apprivoiser comme d'habitude la CFDT pour atténuer la grogne syndicale en marginalisant CGT-FO-Sud solidaire...l'UNEF et la FIDL étant des fiefs des apprentis jeunes socialistes !
Oui mais ces calculs, ces schémas datent du siècle dernier, qui dit que ça se passera éternellement comme cela.
Quand la jeunesse est dans la rue (et en masse) le gouvernement (tremble et )...est foutu !
On ne connait pas assez notre force et notre capacité à se mobiliser très vite et en nombre.
L'épisode suivant sera jeudi prochain (17 mars).





Bien sûr, comme je le disais dans une chronique précédente, la campagne électorale des Présidentielles et Législatives du printemps 2017 a commencé. On le sent bien et ces mobilisations de masse en sont les prémisses car après l'été, on y rentrera en plein et il n'y aura plus de votes de lois pendant des mois.
Et c'est quoi, les perspectives ? Droite (LR-Centre) / Gauche (PS) n'ont plus d'avenir. Sarkozy qui annonce la fin des fonctionnaires s'est remis à la traîne du FN et Hollande/Valls sont grillés. Fillon ou Juppé (qui veulent se refaire une virginité), on sourit. Marine qui défend les animaux avec un député Collard pro-corrida, on ne compte même plus les contradictions énormes entre paroles et faits. Et puis, Mélenchon qui souhaite refaire le coup de 2012 en mieux, qui sait ? Mais il va falloir  lui aussi se débarrasser de ces oripaux d'ex-PS et de ses aversions germaniques.

Je n'ai pas encore entendu ce qui est aussi un scénario possible tel que je l'évoque souvent : une abstention énorme qui créerait une crise institutionnelle.
Plus on va se rapprocher cet automne de l'échéance électorale et plus cette hypothèse sera reprise sans aucun doute car ce gouvernement a cassé l'alternance c'est à dire que dans la pensée commune aujourd'hui, droite et gauche, c'est la même politique.
Alors ? Croire au FN est un leurre (il suffit d'écouter les déclarations contradictoires, de lire leur programme), espérer en un Mélenchon (et les frondeurs PS !) c'est méfiance. Méfiance car on s'est fait avoir et on ne veut plus cela encore une fois. Alors ?
Une crise institutionnelle, c'est “qu'ils dégagent tous”, c'est revoir les institutions de la Vème République et passer à une 6ème République, rebattre les cartes sur les pouvoirs parlementaires, changer le personnel politique et leur fonctionnement. Les exemples autour de nous ne manquent pas pour avoir un éventail de possibilités.




Et pour retrouver une démocratie représentative et horizontale, plus de cumul de mandats, le passage au tirage au sort pour les représentant-e-s, des frais limités, des émoluments normaux, etc...etc...

Oui, dans le titre de cette chronique, je mets “déchéance” deux fois, mais on pourrait dire que nous sommes vraiment dans la déchéance de la politique politicienne qui est au bout de son cycle comme le capitalisme. Mais ce n'est pas une fin puisque l'évolution ne s'arrête jamais, que l'avenir n'est pas écrit.

Alors, construire l'espoir n'est pas un leurre, mais un cheminement qui est déjà en cours, à un autre niveau, sur des territoires qui avaient été abandonnés, et dont les signes sont de plus en plus visibles
et ...contagieux !