Ce soir du 10 avril, ma déception
était profonde. Le roi Macron -start up nation- avait réussi sa
stratégie : se retrouver avec La Pen au deuxième tour, ticket
gagnant.
La démocratie était une fois encore
si visiblement mise à mal. Le peuple-citoyen, qui n'a que le
bulletin de vote pour s'exprimer, s'abstient de plus en plus et est
envahi massivement au quotidien par les médias qui sont devenus les
outils de la propagande concentrés dans les mains de quelques riches
oligarques. Les partis politiques sont disséminés dans leurs égos
et l'entre-soi.
J'ai vécu un mai-68, j'ai vécu un mai
1981 où les espoirs (et rêves) d'un monde meilleur étaient
présents, par les mouvements de rue et par les urnes. En ce mois
d'avril 2022, cet espoir était ravivé et j'en veux depuis des
semaines à mes compères militants verts et pc de ne pas avoir
compris que l'enjeu, leur responsabilité, dépassaient le « jeu
égotique » de leurs chapelles où la lumière vacillait.
L'intelligence d'un rassemblement
arrivait tardivement pour un troisième tour -l'élection législative
de juin- où l'élection d'un groupe parlementaire important de
députés nupes pourrait bloquer, atténuer les décisions et le
projet d'un président jupitérien, seul maître à bord. Ce projet
dépasse les préoccupations des « gens ». On a bien
compris que c'est l'argent, l'économie de l'exploitation des
ressources naturelles et la surconsommation de produits éphémères
qui sont l'objectif premier des dirigeants d'aujourd'hui, cette caste
des patrons d'entreprises multinationales du forum annuel de Davos
qui dictent les chemins et les règles aux dirigeants politiques des
pays ...accompagnés (surveillés, contrôlés!) par des cabinets de
conseil !
Quand on met en perspective trois
« concepts » en œuvre en ce début de vingt-et-unième
siècle, peut-être est-il plus facile de comprendre cet im-monde.
Souveraineté, mondialisation, démocratie. Faire croire que les
trois peuvent cohabiter est un leurre, un mensonge pour la façade,
de belles paroles, des promesses hypocrites, un cynisme obscène, une
tromperie qui dérive vers la manipulation de masse.
Démocratie et souveraineté ne peuvent
être mondialisées. Mondialisation et démocratie ne peuvent être
souveraines (« ordre mondial »). Souveraineté et
mondialisation ne peuvent être démocratiques.
Si un Etat veut rester souverain, il
doit abandonner la mondialisation (le cauchemar des multinationales)
ou il doit abandonner la démocratie.
Quand on comprend, qu'on intègre cela,
alors toutes les libertés qui s'étiolent au nom de la sécurité,
de la santé prennent une autre couleur. La numérisation de notre
quotidien ne ressemble plus à une facilitation, mais plus à du
contrôle permanent. La dégénérescence culturelle accomplit le
reste de la soumission et la répression policière de tout mouvement
de protestation renforce le sentiment d'impuissance.
La démocratie s'est développée
parallèlement à l'industrialisation au travers de la construction
des règles encadrant le travail. Ce n'est pas anodin que ces lois
travail soient remises en question en permanence, tout comme les
retraites, puisque c'est la force du travail qui produit la richesse
... financière.
Il ne faut pas oublier que la
démocratie est née en Grèce il y a très, très, très longtemps.
Elle consistait à ce que le conseil, qui régissait la vie des gens,
soit composé de personnes tirées au sort parmi la population et
pour une durée donnée.
Aujourd'hui, on est bien loin d'une
représentation proportionnelle, d'élus tirés au sort pour une
durée de mandat limité. Quand on voit le spectacle lamentable de
ces politiciens devenus professionnels au sens où ils ne veulent
plus lâcher ces postes rémunérés - qu'ils marchandent des accords
par des jeux pervers de chaises musicales pour les conserver -, on
comprend la déliquescence de confiance et l'abstention massive aux
diverses élections.
Les changements, les révolutions (sous
différentes formes), sont toujours venus de minorités agissantes.
Cela peut se produire par les urnes dans une démocratie ou par des
mouvements de contestation.
Sommes-nous encore dans une
démocratie ? La question est posée, fortement au vu des
dernières années et de ce qu'on voit se passer.
Donnez-moi des
exemples pour que je puisse encore y croire ?
lundi 13 juin 2022
Au lendemain du premier tour de
l'élection Législative 2022
Première constatation à répétition :
la démocratie va mal, la confiance de crédit apportée aux
candidat-e-s politiques est au plus bas avec un taux d'abstention de
près de 54% en Alsace.
Ce qui veut dire qu'il faut relativiser
les résultats des votes et se dire que c'est loin d'être une
adhésion collective que d'être élu-e.
Deuxième constatation en rappel :
nous sommes en Alsace, terre du légalisme et du conformisme, terre
de la droite républicaine, gaulliste mais qui est de plus en plus
perdue politiquement puisque en territoires ruraux les racistes
d'exclusion du FN-RN font toujours des scores élevés, pourtant sans
population ciblée présente !!! Vote de rejet, de protestation,
essentiellement donc.
Troisième constatation : en 2017,
sur les 15 députés (9 dans le Bas-Rhin-67 et 6 dans le
Haut-Rhin-68) il y avait 14 hommes et 1 femme , 8 LR (Les
Républicains) 6 LREM (parti Macron) 1 divers droite
En 2022, au terme du premier tour,
aucun élu, des ballottages partout avec encore en lice :
4 LR 13 LREM (aujourd'hui Ensemble
Renaissance Horizons) 8 RN (ex-Front National) et
5 NUPES (gauche rassemblée Nouvelle
Union Populaire Ecologique et Sociale)
Ce qui veut dire que LR a quasi disparu
du paysage alsacien, que la NUPES peut gagner 4 voire 5 postes de
députés (dans les villes Strasbourg 4 - Mulhouse 1), et que dans
les zones rurales ce seront des deuxièmes tours quasiment que LREM
– RN (dans le Haut-Rhin, plutôt LREM-LR).
Dans ma 6ème circonscription du
Bas-Rhin qui était avant LR (Furst-Meyer) c'est la "dynastie" Morel
qui pointe son nom avec la fille (après la mère-maire) qui
affrontera facilement son concurrent RN. C'est la stratégie de la
présidentielle reportée en région et qui sera donc sans surprise
puisque peu importe le nombre de voix au deuxième tour, il faut être
en tête, c'est tout, même si cela ne représente que 1 électeur
sur 3....et que l'abstention gonflera encore plus, de façon
drastique. Mais cela est à peine évoqué dans une démocratie qui
n'en a plus que le nom. Il est évident que les
déclarations-promesses des candidat-e-s
LREM-ensemble-renaissance-horizons-modem ne sont que des paroles dans
l'air du temps car ils-elles n'auront pas à les défendre
puisqu'ils-elles ne portent pas un mandat des électeurs-électrices,
mais sont les éxécutant-e-s de ce que leur dictera le boss-roi qui
leur a fait signer une charte d’allégeance (et non d'un accord sur
un projet-un programme) avant de les nommer candidat-e-s. C'est avec
une démocratie de ce type que les gens s'éloignent des urnes et ne
croient plus à la politique de ces carriéristes bien rémunérés
aux égos démesurés qui viendront nous faire la leçon en
s'imaginant avoir un pouvoir absolu.
Mais les résistances existent, ne sont
pas forcément visibles car elles ne s'investissent plus dans ces
processus électoraux biaisés d'un autre siècle.
DERNIER ROUND pour ramener du débat et du pouvoir à l'ASSEMBLEE NATIONALE
Dimanche prochain (19 juin), au soir du deuxième
tour, il n'y aura que très peu de changements en Alsace, mais par
contre au niveau national, le parti présidentiel avec son bilan des
5 années passées n'aura plus une majorité absolue. Il aura à
faire avec une opposition très forte qui devrait bloquer les
réformes antisociales en cours et le lobbying anti-environnemental
de la caste du roi Macron qui est devenu bien muet de découvrir une
France qu'il ne connaît pas.
470 candidat-e-s député-e-s NUPES sont en ballottage (sur 577 circonscriptions) ce qui laisse entrevoir pas mal de "surprises" même si la campagne médiatique de propagande va peser sur les "esprits" malléables.
5 député-e-s seulement ont été élu-e-s dès le premier tour : 4 nupes et 1 lrem-ensemble-renaissance.
C'est un signe...Le ras-le-bol se traduira-t-il dans les urnes ou dans l'abstention ?
à suivre....
L'avenir n'est pas écrit