lundi 27 mai 2019

CLIMAT et JUSTICE SOCIALE


Spectacteur de mon temps, j’observe l’évolution politique depuis cinquante ans et j’y ai participé de nombreuses années au niveau municipal, intercommunal et parti (Les Verts).


Quand j’avais autour de 35 ans, je voyais les plus jeunes pogoter sur les Bérurier Noir « la jeunesse emmerde le Front National » lorsque le parti de Jean-Marie Le Pen a atteint les 20 % aux élections.
Pour moi, enfant de l’après-guerre, cela résonnait fortement, douloureusement...



                      BERURIER NOIR - extrait concert Olympia 1989 



A mon engagement écologiste, il y avait aussi toujours l’aspect social indissociable, qui n’était pas assez fortement mis en avant, à mon goût, dans le programme de mon parti. Nous étions en 1988.
Les années passent, la consommation flambe comme un besoin d’émancipation par le matériel ; la politique suit le marché industriel qui ne connaît déjà plus de frontières. Organisation Mondiale du Commerce et nucléaire.
Les changements climatiques accentuent les déséquilibres et frappent durement les plus précaires à travers le monde. Les guerres cherchent la captation des ressources naturelles qui assure la main-mise sur la production de biens et la richesse financière. Ce capitalisme sauvage détruisait la planète et la vie sociale.




Nous sommes au 21ème siècle et les catastrophes climatiques se renouvellent de plus en plus. Les alertes fusent de toute part, mais les tenants de l’économie ne veulent aucunement inverser ou même atténuer leur marche en avant qui met l’existence humaine en danger de survie.
La nouvelle génération n’a plus les mêmes perspectives professionnelles, a une conscience plus accrue de la situation sanitaire de notre Terre et ressent l’urgence de changer de modèle. Elle mène des combats de plus en plus radicaux « pour le climat » et s’investit dans des multiples initiatives « alternatives ».
Les partis politiques se sont décrédibilisés, leurs combats ne trouvent plus de résonance auprès de la population, les clivages n’ont plus de cohérence.
Deux ans après l’élection de E . Macron, un ras-le-bol général se traduit par des occupations de rond-points et des manifestations hebdomadaires qui durent depuis des mois avec des revendications précises auxquelles le Président « des riches » est sourd. Il est « la main invisible du marché dans le gant de fer de la répression » ***  Parallèlement, les « Marches pour le climat » se succèdent de même que les « grèves scolaires  pour le climat », initiées par les plus jeunes.

Nous sommes en mai 2019.
Les élections européennes redonnent un saut de représentation forte à l’écologie politique dont le parti EELV est le fer de lance. Les autres partis « de gauche » sont ramenés à des taux très bas, même si pour certains les programmes sont très proches. Le positionnement – hors des jeux politiques- de EELV lui donne un bonus de probité.





Au lendemain de ces élections, les calculettes vont bon train dans la perspective des prochaines échéances électorales. Mais cette façon de faire est d’un autre siècle et déconnecté de la réalité des faits. L’urgence climatique et ses conséquences sociales sont au-delà des calculs.
Pour influer sur les décisions politiques, les partis doivent arriver à élaborer ensemble un projet à présenter à l’ensemble des citoyens et dépasser les problèmes de leadership et d’égo. La diversité d’approche est une richesse qu’il ne faudrait surtout pas noyer, phagocyter dans un parti unique.
Nous sommes donc bien dans un dépassement des stratégies anciennes et la construction d’un autre monde humain, d’un autre type de rapport de force politique.
Les institutions de 1958 (la Vème République) ne sont plus aucunement adaptées à cette évolution, on le constate quotidiennement.

L’avenir n’est pas écrit...



                                    dessin de VEESSE    www.hebdi.com      
                        HEBDI le magazine satirique indépendant alsacien


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*** citation de Michèle Rivasi - députée EELV  
 Je suis très content qu’elle soit réélue ; je la voyais « tête de liste », une femme battante, intègre, exemplaire…comme Eva !
Extraits de son analyse d’après-élection :
« Plus personne n’ignore que notre modèle dit « de développement » engendre à la fois un dérèglement climatique brutal et l’extinction accélérée de la vie sur la planète. Les chaos sociaux, géopolitiques et démocratiques que provoque cet effondrement ont commencé. Nous en sommes à la fois les acteurs, les spectateurs et les victimes...
(…) Les plus vulnérables sont les plus pauvres. Les premiers responsables sont les plus riches. Dès lors l’enjeu écologique est indissociable de la question de la justice sociale. Le mouvement des gilets jaune est né de la fracture écologique, clone environnemental des fractures sociales et territoriales. (…) L’apparition et le développement sans entrave du capitalisme financier constituent un accélérateur de la destruction environnementale. L’économie financiarisée a définitivement quitté la réalité terrestre. Mais son règne a des conséquences sur l’environnement. Ce sont ces sociétés off-shore, paradis fiscaux et fonds de pension ou souverains, qui spéculent sur la destruction de la nature.
(…) Dès lors qu’on obstrue le paysage politique et que l’on empêche les mouvements sociaux de s’exprimer, les relations sociales deviennent plus violentes. (…) La critique sociale du capitalisme est fondamentale, mais l’argument écologique dans la critique des conséquences de la révolution industrielle est essentiel. L’enjeu à venir est de revoir radicalement notre relation à la production et à la consommation. C’est en cela que la pensée écologiste n’est non seulement pas supplétive de la gauche hégémonique du siècle et demi qui vient de s’écouler, mais elle l’englobe et la transcende. 
(…) Notre feuille de route est simple : construire une force et une coalition à vocation majoritaire pour qu’enfin notre pays et l’Europe conduisent une politique environnementale et sociale à la hauteur de la crise que nous traversons... »

vendredi 10 mai 2019

RN/LE PEN – LREM/MACRON : du réchauffé !



On voudrait nous amener à ce duo comme un remake de la Présidentielle d’il y a 2 ans à peine avec les résultats que l’on voit. On voudrait nous vendre l‘élection européenne comme un référendum pour ou contre Macron. Tout cela est bien tenté et sert les intérêts des deux protagonistes. MAIS cela n’a aucune valeur, n’a aucun sens et on essaye de nous fourguer un scrutin européen à un tour et à la proportionnelle comme si c’était une élection nationale. Mais cela n’a rien à voir, rien.

D’abord, cela ne changera absolument rien à la politique nationale. Les élu-e-s de chaque liste calculés en nombre selon les résultats (à la proportionnelle) iront siéger au Parlement Européen et devront rejoindre un des 8 groupes pour pouvoir peser et avoir droit à la parole. LREM rejoindra le groupe conservateurs et libéraux de droite du PPE ou de  l'ALDE, centre droit (Alliance des Démocrates et Libéraux). RN/FN a du mal à former un groupe cohérent et très minoritaire. Pour eux, c’est surtout l’immunité parlementaire qui est recherchée quand on décrypte le nom des candidat-e-s sur leur liste (lire bas de page). Pour Macron, c’est avoir des députés européens (il en a zéro actuellement) pour redorer son blason européen qui est en berne. Donc peu importe le résultat de cette élection, puisque chacun rejoindra son groupe et défendra SA politique. Et pour savoir laquelle, n’écoutez surtout pas les promesses électorales d’aujourd’hui, mais regardez, lisez les bilans passés pour savoir ce qui va continuer...Le libéralisme imposé par certains pays à toute l’Europe !
Si le gouvernement socialiste de Hollande avait fait une politique sociale, fiscale et environnementale, on n’en serait pas là. Si le gouvernement libéral de Macron avait fait une politique sociale, fiscale et environnementale, on n’en serait pas là. Le scénario de la Présidentielle a montré les limites des institutions de la Vème République où on a un roi-pdg avec tous les pouvoirs qui sert les intérêts de sa caste, de l’oligarchie, de la classe des nantis qui en veulent toujours plus, sourd aux revendications exprimées et répétées depuis des mois. Ne parlons même pas de LR (UMP-RPR) qui, après la campagne de mensonges et très droitière de Fillon, essaye de se refaire une virginité dans « l’opposition », tout comme le PS (Place Publique) !





                                        dessin de PAT Thiebaut    www.lagitedulocal.com

 
L’obstacle de l’évolution politique européenne vient de la majorité qui impulse sa politique et celle-ci est composée de la coalition entre conservateurs, libéraux et ...socialistes (qui alternent les présidences) où l’Europe est réduite à un marché géré par des boutiquiers tendant l’oreille aux lobbyistes. Ces trois composantes votent ensemble les traités de libre-échange, défendent l’austérité au Parlement Européen (les socialistes n’ont pas voté non plus contre la pêche électrique). Et ces derniers voudraient « rassembler la gauche autour d’eux ». Où est la cohérence dans ces opportunismes ?


Quels sont alors les votes « utiles » au Parlement Européen ?

Dans ce système électoral particulier à un tour et à la proportionnelle, on peut encore voter par conviction. Si on souhaite un changement à terme de l’Union Européenne, il faut encourager celles et ceux qui veulent changer les institutions (Commission européenne, Parlement européen), les traités en cours et influer sur les contenus, les propositions, les directions à prendre.
Pour cela, il faut un groupe plus important pour permettre des coalitions autres que celle des conservateurs, libéraux et socialistes ensemble.

Pour ma part, il n’y a que deux possibilités : 
le groupe Les Verts-Alliance libre européenne ou le groupe GUE, gauche unitaire européenne. 
Afin que ces deux groupes travaillent et votent ensemble (c’est déjà le cas sur certains dossiers), il suffit de renforcer leur nombre d’élu.e.s. Comme les élu.e.s EELV en sont déjà à leur troisième mandat, et que dans leur groupe les allemands modérés, centristes de Bundniss 90 - Die Grünen peuvent se rapprocher des libéraux-conservateurs du groupe PPE dans une future coalition, je voterai pour la liste de Manon Aubry/LFI-La France Insoumise qui rejoindra le groupe GUE où siègent les communistes, la Gauche verte nordique, et qui portera son programme social, fiscal, environnemental.


                                  l'ex-vice-président du Parlement Européen 
                                  (groupe EELV/Les Verts-Alliance libre européenne), Dany Cohn-Bendit,
                                  fait campagne avec Macron !!!



C’est cela la réalité de cette élection européenne qui n’a rien à voir avec un duel Macron-Le Pen ou un fictif référendum pour ou contre Macron.
Ne vous laissez pas manipuler par cette propagande qui ne profite qu’à ses deux leaders et n’a aucun impact national quoi qu’on vous fait croire. Et qui ne changera strictement rien au niveau européen.
Il ne faut pas se tromper, se laisser leurrer par ces basses manipulations, ces promesses sans suite…



Et l’abstention/le vote blanc me direz-vous. Cette élection européenne à la PROPORTIONNELLE permet un vote par conviction. Le choix (33 listes pour 74 élu.e.s-79 après le Brexit)) permet cela. Donc …



Nous sommes les acteurs du changement,
l’avenir n’est pas écrit.





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                                                   INFOS COMPLEMENTAIRES

EUROPEENNE : aider les « copains » en difficulté ...judiciaire !

Jugez du peu.
La tête de cette liste à l’élection européenne est Jordan Bardella soupçonné d’ « un usage irrégulier de l’indemnité d’assistant parlementaire »  (OLAF,2016). Car, en même temps que ce poste au Parlement Européen, il était aussi secrétaire départemental du parti et chargé de mission au pôle prospective au niveau national. Dominique Bilde (position 4) est visée sur les emplois fictifs au Parlement Européen. Nicolas Bay (position 7) est mis en examen pour détournement de fonds. Catherine Griset (position 10) est mise en examen pour abus de biens sociaux et recel. Jean-François Jalkh (position 13) mis en examen en 2015 comme vice-président du parti, secrétaire général de Jeanne, le micro-parti qui chapeautait le financement des campagnes électorales. Aurélia Beigneux ( position 14) soupçonnée d’avoir perçu indûment le RSA, elle qui est adjointe aux affaires sociales à la mairie d’Henin-Beaumont. France Jamet (position 20) est citée elle aussi dans l’enquête sur les emplois fictifs. Eric Minardi (position 25) représentant du parti en Polynésie a été condamné à 3 ans d’inéligibilité après les législatives de 2012. Patricia Chagnon (position 26) a été condamnée (07/2018) à une peine d’amende et d’inéligibilité pour harcèlement moral. Re-jugement en octobre 2019 puisqu’elle a fait appel.
Sacré liste, non ?

Alors, il faut savoir aussi que être élu-e à cette élection européenne du 26 mai vaut ...immunité parlementaire !!!
Ce parti qui cherche à protéger ses « copains », très féru de leçons de morale, est le RN/FN, vous l’avez peut-être deviné.

                                               (Source : « Le Canard Enchaîné » du 8 mai 2019)