Rappel des
résultats : 15,9 % des inscrits pour le OUI dans le
haut-Rhin, 22;9 % des inscrits pour le OUI dans le Bas-Rhin. Il
fallait au minimum 25 % des inscrits dans chaque département
pour valider. Un dernier chiffre très parlant aussi : 64, 04 %
d'abstention.
On a pu
entendre pas mal de commentaires au lendemain de la claque infligée
au projet des trois chefs exécutifs de l'Alsace de tous les côtés
et sur tous les registres, mais peu de mea culpa sur leurs
responsabilités politiques. Et depuis, c'est le grand silence...
Bien sûr, le
grand quotidien régional (pardon, il y en a deux, mais c'est la même
chose, même propriétaire, mêmes infos, même propagande,...)
essaye de faire une analyse du « non » en pointant
Strasbourg comme ligne de mire et le monde rural qui a peur.
J'ai vécu en
ville jusqu'à la fin de mes études, puis dans le monde rural, « à
la campagne », aussi bien dans le Haut que dans le Bas ...Rhin,
depuis presque quarante ans. J'ai mis « les mains dans le
cambouis » en ayant eu une vie sociale, associative, puis
politique (en tant que conseiller municipal, délégué à la Com
Com, assistant d'un sénateur et responsable de parti) jusqu'à il y
a peu, très active, sans compter le temps et l'énergie consacrés.
Je me considère donc tout aussi bon observateur et analyste que des
scientifiques, universitaires ou commentateurs politiques.
Ces derniers
analysent l'échec du Référendum du 7 avril dernier en mettent en
cause Strasbourg et les craintes du monde rural puisque, à la
campagne, le vote « protestataire » du vote FN épouse
l'expression du « Non » au référendum. Je suis loin de
partager cette analyse et je ne suis pas le seul sans aucun doute.
Si le monde
rural ne s'est pas senti « concerné » par ce référendum,
c'est tout simplement puisqu'il se sent traité bien inégalement par
rapport à la ville. Vivre à la campagne est certes un choix et
celles et ceux qui le décident en acceptent aussi certains
inconvénients. Cependant, il y a quelques points que je souhaite
développer et qui permettent de mieux appréhender « l'esprit »
rural.
Il y a un
délitement certain des services publics en zone rurale :
conseil des Prudhommes, tribunal d'instance, services de santé,
recherche d'emploi, activités économiques, transports en commun
pour n'en citer que quelques-uns. Ensuite, il y a une désertification
de plus en plus importante concernant les petits commerces de
proximité, les artisans. Et puis encore, concernant la culture,
indispensable à l'élévation de la conscience et à
l'enrichissement et l'équilibre personnels : plus de
librairies, des cinémas très rares qui ont du mal à survivre, le
spectacle vivant qui est de l'ordre du ponctuel saisonnier. Quand à
la démocratie participative, au débat citoyen dans la diversité,
cela n'existe tout simplement pas, puisque tout le monde doit se
mettre au diapason de l'élu du coin (à savoir le conseiller
général, généralement UMP en Alsace) qui distribue les subventions et favorise les projets,
puisque c'est lui qui va « à la ville » pour les
défendre et glaner l'argent public.
Avec ces
quelques constats simples et EVIDENTS, on voit qu'il y a d'autres préoccupations bien plus vitales qu'une
réorganisation politique de la Région ... « au
service et à l'avantage de toujours les mêmes » entend-on
dire par ici.
Réorganiser la région, ça n'a pas le même sens à la campagne.
Lorsque l'argent public, les subventions, les aides, la nouvelle taxe
professionnelle favoriseront une répartition équitable sur le
territoire, on pourra passer à la suite. Mais d'abord, il faut
revitaliser les zones rurales avec par exemple, développer un
stratégie de production et de distribution de produits locaux avec
des commerces de proximité, des dépôts-vente directe, des aides à
l'implantation de zones de maraîchages et d'élevage, une
relocalisation de la production d'énergie (hydraulique,
photovoltaïque, éolien, biogaz), un soutien à l'artisanat et aux
PME avec un conditionnement ou une préférence pour de la production
de biens et de services non-délocalisables. On peut aussi
prioritairement faire revenir le train là où des voies ferrées (ou
l'emprise foncière d'une voie) sont encore présentes, plutôt que
de dépenser des millions pour gagner dix minutes de trajet sur
les voies déjà très rapides ! Les subventions aux
associations culturelles peuvent aussi être réparties pour
encourager et faire vivre le livre, le cinéma, le spectacle
vivant...prioritairement en zone rurale. Voilà déjà quelques exemples simples à mettre en œuvre
pour une meilleure répartition régionale.
Concernant la
vie démocratique, en grand danger, on peut changer la captation des
pouvoirs, avec des lois nationales (cela concerne députés et
sénateurs donc) qui supprimeraient de façon stricte tout cumul de
mandats, instaureraient la proportionnelle et la parité aux élections,
ainsi que la représentativité dans les intercommunalités selon les
modalités d'élection au suffrage universel, et non plus au sein du
seul conseil municipal ( puisque les compétences d'une com com
concernent tout le territoire).
Lorsque tout
cela sera mis en œuvre et opérant depuis un moment, le sentiment rural
évoluera en fonction de la qualité de la vie et de la vie plurielle
de la démocratie. On pourra alors reparler d'un conseil unique
puisque le sentiment d'appartenance à une région ,plus juste, où
tout le monde se sent mieux, sera plus affirmé et l'adhésion à une
évolution de fonctionnement politique risque d'être perçu de façon
bien plus positive.
Il y a donc bien
des préalables, des étapes indispensables à franchir, car se
sentir forcé (à aller vite), souvent sans comprendre, ce n'est pas
dans « l'esprit » rural. Pour le comprendre, il faut être présent, souvent, au quotidien et pas seulement avant des échéances électorales !!!
Christian
Weiss – 6 mai 2013
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