mardi 7 mai 2013

REVENIR SUR LE « NON » au Conseil Unique d'Alsace, un mois plus tard !



Rappel des résultats : 15,9 % des inscrits pour le OUI dans le haut-Rhin, 22;9 % des inscrits pour le OUI dans le Bas-Rhin. Il fallait au minimum 25 % des inscrits dans chaque département pour valider. Un dernier chiffre très parlant aussi : 64, 04 % d'abstention.


On a pu entendre pas mal de commentaires au lendemain de la claque infligée au projet des trois chefs exécutifs de l'Alsace de tous les côtés et sur tous les registres, mais peu de mea culpa sur leurs responsabilités politiques. Et depuis, c'est le grand silence...
Bien sûr, le grand quotidien régional (pardon, il y en a deux, mais c'est la même chose, même propriétaire, mêmes infos, même propagande,...) essaye de faire une analyse du « non » en pointant Strasbourg comme ligne de mire et le monde rural qui a peur.

dessin de Pat Thiébaut   www.lagitedulocal.com 


J'ai vécu en ville jusqu'à la fin de mes études, puis dans le monde rural, « à la campagne », aussi bien dans le Haut que dans le Bas ...Rhin, depuis presque quarante ans. J'ai mis « les mains dans le cambouis » en ayant eu une vie sociale, associative, puis politique (en tant que conseiller municipal, délégué à la Com Com, assistant d'un sénateur et responsable de parti) jusqu'à il y a peu, très active, sans compter le temps et l'énergie consacrés. Je me considère donc tout aussi bon observateur et analyste que des scientifiques, universitaires ou commentateurs politiques.
Ces derniers analysent l'échec du Référendum du 7 avril dernier en mettent en cause Strasbourg et les craintes du monde rural puisque, à la campagne, le vote « protestataire » du vote FN épouse l'expression du « Non » au référendum. Je suis loin de partager cette analyse et je ne suis pas le seul sans aucun doute.
Si le monde rural ne s'est pas senti « concerné » par ce référendum, c'est tout simplement puisqu'il se sent traité bien inégalement par rapport à la ville. Vivre à la campagne est certes un choix et celles et ceux qui le décident en acceptent aussi certains inconvénients. Cependant, il y a quelques points que je souhaite développer et qui permettent de mieux appréhender « l'esprit » rural.
Il y a un délitement certain des services publics en zone rurale : conseil des Prudhommes, tribunal d'instance, services de santé, recherche d'emploi, activités économiques, transports en commun pour n'en citer que quelques-uns. Ensuite, il y a une désertification de plus en plus importante concernant les petits commerces de proximité, les artisans. Et puis encore, concernant la culture, indispensable à l'élévation de la conscience et à l'enrichissement et l'équilibre personnels : plus de librairies, des cinémas très rares qui ont du mal à survivre, le spectacle vivant qui est de l'ordre du ponctuel saisonnier. Quand à la démocratie participative, au débat citoyen dans la diversité, cela n'existe tout simplement pas, puisque tout le monde doit se mettre au diapason de l'élu du coin (à savoir le conseiller général, généralement UMP en Alsace) qui distribue les subventions et favorise les projets, puisque c'est lui qui va « à la ville » pour les défendre et glaner l'argent public.
Avec ces quelques constats simples et EVIDENTS, on voit qu'il y a d'autres préoccupations bien plus vitales qu'une réorganisation politique de la Région ... « au service et à l'avantage de toujours les mêmes » entend-on dire par ici.
Réorganiser la région, ça n'a pas le même sens à la campagne. Lorsque l'argent public, les subventions, les aides, la nouvelle taxe professionnelle favoriseront une répartition équitable sur le territoire, on pourra passer à la suite. Mais d'abord, il faut revitaliser les zones rurales avec par exemple, développer un stratégie de production et de distribution de produits locaux avec des commerces de proximité, des dépôts-vente directe, des aides à l'implantation de zones de maraîchages et d'élevage, une relocalisation de la production d'énergie (hydraulique, photovoltaïque, éolien, biogaz), un soutien à l'artisanat et aux PME avec un conditionnement ou une préférence pour de la production de biens et de services non-délocalisables. On peut aussi prioritairement faire revenir le train là où des voies ferrées (ou l'emprise foncière d'une voie) sont encore présentes, plutôt que de dépenser des millions pour gagner dix minutes de trajet sur les voies déjà très rapides ! Les subventions aux associations culturelles peuvent aussi être réparties pour encourager et faire vivre le livre, le cinéma, le spectacle vivant...prioritairement en zone rurale. Voilà déjà quelques exemples simples à mettre en œuvre pour une meilleure répartition régionale.
Concernant la vie démocratique, en grand danger, on peut changer la captation des pouvoirs, avec des lois nationales (cela concerne députés et sénateurs donc) qui supprimeraient de façon stricte tout cumul de mandats, instaureraient la proportionnelle et la parité aux élections, ainsi que la représentativité dans les intercommunalités selon les modalités d'élection au suffrage universel, et non plus au sein du seul conseil municipal ( puisque les compétences d'une com com concernent tout le territoire).

Lorsque tout cela sera mis en œuvre et opérant depuis un moment, le sentiment rural évoluera en fonction de la qualité de la vie et de la vie plurielle de la démocratie. On pourra alors reparler d'un conseil unique puisque le sentiment d'appartenance à une région ,plus juste, où tout le monde se sent mieux, sera plus affirmé et l'adhésion à une évolution de fonctionnement politique risque d'être perçu de façon bien plus positive.

Il y a donc bien des préalables, des étapes indispensables à franchir, car se sentir forcé (à aller vite), souvent sans comprendre, ce n'est pas dans « l'esprit » rural. Pour le comprendre, il faut être présent, souvent, au quotidien et pas seulement avant des échéances électorales !!!



Christian Weiss – 6 mai 2013

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