Non, je ne vais pas parler de jeu télévisé, mais de production de biens alimentaires et du vol des intermédiaires de la grande distribution.
En effet, ces questions me turlupinent depuis des années, pour ne pas dire depuis toujours.
En effet, ces questions me turlupinent depuis des années, pour ne pas dire depuis toujours.
Je
discutais encore dernièrement avec Guillaume, jeune paysan de
montagne, qui ne peut pas vivre de l’exploitation familiale et est
obligé d’avoir un travail salarié rémunéré ailleurs ce qui ne
lui laisse pas le temps de s’occuper de la ferme à plein temps
comme il le souhaiterait. Il jongle entre les horaires et il a
l’appui de son père qui est retraité aujourd’hui et qui faisait
comme lui : il jonglait entre travaux de la ferme et emploi
salarié. C’est le lot de beaucoup de paysans, mais beaucoup
abandonnent aussi alors qu’ils sont indispensables pour nourrir la
population.
On
parle de subventions inégales. Les céréaliers qui ont transformé
la plaine d’Alsace en un immense maïsland à perte de vue touchent
des milliers d’Euros en fonction des hectares de terres qu’ils
possèdent-exploitent tout en polluant allègrement la plus grande
nappe phréatique d’eau -qui était potable- d’Europe. Les
paysans de montagne, eux qui entretiennent les paysages, qui élèvent
des animaux et transforment les produits, ne touchent que peu de
subsides pour les aider. La réponse cependant de ces paysans (de
montagne) est souvent la même : « on ne veut pas plus
de subventions, on aimerait juste pouvoir vivre décemment de notre
travail et que nos produits soient payés au ...juste
prix». J’admire le courage de ces personnes qui ne
comptent pas les heures, qui sont sur le terrain du matin au soir, du
lundi au lundi, par tous les temps, pour un revenu qui ne correspond
en rien à cet investissement humain, sans compter les prêts énormes
liés à leurs outils de travail.
Quoi
et où ?
Et
puis, chacun-e de nous est aussi un peu responsable de la situation.
Car nous consommons les produits élaborés par ces paysans :
viande, laitage, légumes, fruits, ….
Mais
où achetons-nous cela ?
Cette
première interrogation met tout de suite le débat au coeur de la
problématique. Entre le producteur et le consommateur, combien
d’intermédiaires qui ne font quasi rien mais prélèvent un bon
pourcentage au passage. Et ce pourcentage pourrait revenir au paysan
si on achetait les produits directement à la ferme, sans
intermédiaires. Et puis il y a aussi tout le chantage permanent
qu’exercent les entreprises de distribution, les centrales d’achat
qui imposent leurs tarifs d’achat avec la promesse de mettre en
valeur les produits choisis. Mais à quels prix sont rémunérés les
producteurs ? Vous avez tous déjà vu passer des chiffres qui
montraient combien était vendu le produit et combien touchait le
producteur. Mais cela n’apparaît nulle part de façon claire et
ainsi, cette politique continue et personne vraiment ne veut se poser
les bonnes questions. Combien touche le producteur sur chaque produit
que vous achetez ? Quelles sont les conditions de production ?
Quelle est la véritable qualité du produit et d’où vient-il ?
Et encore pas mal d’autres questions de ce genre…
Un
affichage clair pour changer nos comportements d’achat
On
pourrait aussi suggérer, mais surtout imposer à ce que sur chaque
produit soit AUSSI indiqué combien touche le producteur, quel est le
montant qui lui est retourné. Est-ce que cela ne changerait pas la
vision des choses ? Est-ce que cela n’induirait pas notre
choix d’achat ? Est-ce que cela ne nous ferait pas changer de
pratique de consommateurs ?
J’ai
vu des petits magasins où se vendaient des produits du terroir,
locaux et variés et où était clairement indiqué que 70 % du
prix étaient attribués aux producteurs. Mais combien d’enseignes
font ce choix, cet effort de juste rétribution.
On
a vu qu’un Etat pouvait imposer des emballages « neutres »
anxiogènes pour certains produits. On devrait ainsi trouver aussi ce
type d’emballage sur les produits alimentaires qui comptent plus de
cinq composants, souvent des additifs, exhausteurs de goût,
colorants divers et chimiques et qui remplissent les étals des
supermarchés. Produits qui viennent du monde entier, transportés
par cargos, par avions, ionisés, bourrés de conservateurs. Et je ne
parle même pas du détail des conditions de travail pour produire,
récolter ces produits alimentaires. Vous avez bien compris aussi que
consommer en permanence, au quotidien ces « aliments
(!!!) » ne peut qu’avoir des répercussions au niveau santé
à moyen-long terme. On ne devrait plus dire « bon appétit »
devant un de ces plats micro-wavés, mais « bonne chance »
(selon Pierre Rabhi).
Le
juste prix
On
imagine bien qu’une demande forte des consommateurs concernant
l’affichage sur tous les produits de la part rémunérée des
producteurs pourrait changer peut-être notre façon d’acheter et
aurait pour conséquence positive à ce que les paysans puissent
enfin toucher un prix « correct » pour ce qu’ils
produisent, le juste prix qui leur revient.
Pourquoi
engraisser les pontes de la grande distribution, tous les
intermédiaires-commerciaux qui exercent un chantage innommable sur
les producteurs et les mettent en dépendance, en faillite, alors que
sans eux, on crèverait de faim.
La
question de la juste rémunération des producteurs est loin d’être
anodine, mais au contraire elle est centrale pour l’avenir proche,
pour les générations futures, pour l’image d’un pays, pour la
survie d’une agriculture paysanne de qualité.
Soyons
donc acteur du changement.
Regardez
les possibilités autour de vous et choisissez l’option locale, de
proximité, de circuits courts, de vente directe à la ferme, de
produits de saison, biologiques de préférence pour les qualités
gustatives et de la préservation de la santé.
Cela
ne demande pas forcément de grands efforts, mais cela change
profondément les choses si un certain nombre de consommateurs
transforment leurs choix d’achat.
Les
paysans nous nourrissent, préservent les terres et les paysages où
nous nous ressourçons par la promenade et des activités ludiques ou
sportives. Ils sont indispensables à l’équilibre, à l’harmonie,
à notre bien-être, autant s’en souvenir toujours.
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