"Plus noir dans la nuit" !

C'est le titre d'une enquête de Dominique Simonnot, journaliste au Canard Enchaîné (publié chez Calmann-Lévy) sur les grandes grèves des mineurs en 1948. Pourquoi en parler maintenant ? D'abord puisque le livre vient de sortir, l'enquête interviewe sept anciens mineurs, leurs épouses et /ou veuves et que cette histoire malgré tout assez récente est très édifiante sur le côté obscur du parti socialiste depuis presque toujours puisqu'il vient encore de mettre en 2014 l'austérité sur le dos des plus précaires tout en se prévalant un parti de gauche avec des valeurs humanistes et de partage (!!!) alors qu'il mène depuis deux ans avec tous les pouvoirs à sa disposition une politique de droite.

Les mineurs comme d'autres avaient largement fait partie de la résistance ** aux nazis lors de la deuxième guerre mondiale et avaient fait grève en 1941 qui fut horriblement réprimée avec des fusillés et des centaines de déportés. 

A la sortie de cette guerre, ils ont obtenu des avantages (logement, chauffage et médecin gratuits) et on leur demande encore un très grand effort de production car, à ce moment-là, l'énergie nécessaire à la reconstruction du pays provient à 80 % du charbon. Et puis, dès 1948, trois ans après la Libération, le ministre de l'Industrie, Robert Lacoste supprime leurs avantages acquis. Une grève de protestation est alors organisée dans tous les basins miniers de France. Mais le ministre de l'Intérieur, Jules Moch, fait passer une loi lui donnant la possibilité de faire appel à l'armée pour réprimer toute manifestation. Il réquisitionne 80 000 militaires (et CRS) et c'est la répression violente. Des centaines de mineurs sont emprisonnés et à leur sortie, ils sont licenciés et mis à la porte de leurs logements avec interdiction aux autres mineurs de les héberger. A la rue et sans plus aucun revenu, aucune aide. Des familles entières errent à travers le pays avec plus aucune possibilité d'embauche dans d'autres mines. Il faut se souvenir que les houillères, les entreprises dépendent des Charbonnages de France, nationalisés en 1945. Les communistes quittent le gouvernement de coalition. François Mitterrand occupe alors (en 1948) un poste de porte-parole du gouvernement et il rappelle dans un article du Monde que l'armée est habilitée à tirer sur les grévistes (après les sommations d'usage !!!) et c'est ce qui s'est passé parce qu'il y a eu au moins six morts dans les rangs des mineurs grévistes.

En 1981, François Mitterrand est élu président de la France et certains de ces mineurs lui demandent réparation, mais à ce jour, rien n'a été vraiment fait. Des promesses, oui mais jamais suivi d'effets...En 2005, l'avocat des syndicats et du monde du travail, Tiennot Grumbach va trouver une faille juridique. Le seul homme politique qui accepte de rencontrer ces anciens mineurs est....Nicoles sarkozy, alors ministre des Finances et leur octroye 15 000 € à chacun. Mais quelques années plus tard, Christine Lagarde en 2009 dans l'équipe Sarkozy se pourvoit en cassation pour casser l'arrêt juridique qui reconnaissait les licenciements abusifs (avec perte d'avantages) et Moscovici, ministre socialiste, en 2013 ajourne tout remboursement.

Le dernier mot de cette déplorable histoire revient à Daniel Amigo, un de ces anciens mineurs qui conclut en disant des socialistes qu'ils "n'ont jamais rien su faire d'autre que de trahir".

Les faits récents ont tendance à confirmer cela. Pas étonnant dès lors la défaite cuisante aux Municipales et la chute abyssale de la popularité de ce président si normal dans la continuité du système des "notables" PS qui se disent un parti de gauche, mais qui ne représentent plus la gauche et depuis longtemps.

Soyons réalistes et malheureusement l'histoire récente et contemporaine est là pour l'illustrer parfaitement.

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** RESISTANCE : comme chaque année (depuis quelque temps) au week-end de la Pentecôte, les "résistants d'hier et d'aujourd'hui" se donnent rendez-vous à THORENS-GLIERES en Savoie près d'Annecy avec des conférences-films-concerts le samedi "paroles de résistances" et dimanche matin à 11hrs sur le plateau des Glières, haut lieu de résistance, prises de paroles et pique-nique citoyen... Pour en savoir plus : http://www.citoyens-resistants.fr/
c'est le 30-31 mai/1er juin 2014