instaurer la peur pour ne pas se référer à ce qui est et a été possible

ça y est, c'est reparti pour les élections à venir, le grand déballage stratégique classique, le "vote utile" pour barrer la voie au FN, parti d'extrême droite qui aujourd'hui veut récolter les résultats de son cleanwashing où on doit comprendre que Marine a changé la donne, que le parti est devenu "respectable", ni à droite, ni à gauche, mais patriote, nationaliste....
Et puis, l'offensive médiatico-stratégique commence à Vitrolles pour un renouvellement cantonal. Le PS appelle à voter UMP, EELV appelle à voter UMP puisque tous les deux éliminés du deuxième tour. La victoire FN au premier tour donnée écrasante dans les médias doit se lire au vu des chiffres et du passé.
En 2012, le candidat FN récolte 2 734 voix (traduit en pourcentage des votants à 34,9%). Au premier tour de 2013, le candidat FN récolte 2 718 voix (traduit en pourcentage des votants à 40,4 %).
Ce qui a changé d'une élection à l'autre et qui fait la différence est le taux d'abstention de 67,6%.

Or, à part le noter, aucune analyse sérieuse ne s'est exprimée sur ce taux d'abstention énorme. Et cela est révélateur d'un aveuglement généralisé au sein des partis de gouvernement. Pourquoi les gens ne se rendent-ils plus aux urnes ? Pourquoi ? La réponse me semble assez évidente : l'espoir est retombé, la réalité de la façon de gouverner de cette équipe "de gauche" est visible au grand jour, les renoncements, la mise en précarité, l'application d'une politique libérale du FMI-BCE qui se doit soit-disant à l'obligation de réduire les déficits publics, la taxation de la classe moyenne à outrance, les cadeaux fiscaux aux entreprises et aux financiers, une politique répressive et à la limite du racisme, et j'en passe....Bref, tout cela amène la déception avec un horizon qui ne s'ouvre que dans les promesses aussitôt contredites par les faits et les décisions.

Alors, mettre en avant les dangers d'une FNisation des esprits et d'une prise de pouvoir national ne sont là que pour cacher cette réalité qui éclate devant les yeux de la politique gouvernementale et met en responsabilité les élu-es qui étaient censés changer de politique, se mettre du côté de celles et ceux qui souffrent du libéralisme financier, des délocalisations et fermetures des entreprises...Et plutôt que de se regarder en face, on préfère chercher des fausses excuses, accuser les abstentionnistes, leur faire peur en pensant que la stratégie du "vote utile" et du "pacte républicain" fonctionneront encore une fois.
Mauvais calcul, manque de courage de changer de cap et surtout mise en évidence d'une politique soumise aux marchés financiers et qui fait la part belle aux spéculateurs, actionnaires, rapaces de gains rapides mis à l'abri dans les paradis fiscaux inaccessibles et inattaquables.

Alors ? Alors que proposer ? Le changement de cap demandé n'a pas eu lieu, bien au contraire. Et pourtant, aucune démission de ministres qui l'avaient demandé. Tout continue comme si de rien n'était.
Alors, l'abstention risque de s'accentuer encore plus aux élections de 2014-2015 car qui croit vraiment que ça va changer ?
Peut-être faut-il passer par ce stade de chaos politique à venir pour que d'autres alliances se créent, un autre programme soit mis en avant et plausible avec un changement radical et une reprise en main de la finance, de la production, des services publics, de la santé....Ce n'est pas la peine d'inventer la poudre, mais de relire "Les jours heureux" le programme du Conseil National de la Résistance au sortir de la deuxième guerre mondiale dans un pays à terre, ruiné par les dévastations et les morts.
Cela pose des questions sur ce qu'on essaye de nous faire croire en disant que cela ou cela n'est pas (plus) possible. Tu parles ....

                                                         sortie du film le 5 novembre 2013