jeudi 26 septembre 2013

Benaville, domaine fantôme : des pavés de Mai 68 aux ruines de 2013 !


Mulhouse, fin août 2013, quelque 300 personnes assistent à une réunion publique contre le projet de mosquée à la Mer Rouge porté par la Communauté Islamique Millî Görüs. Ce projet sera finalement annulé à cet endroit, mais peut-être la grande mosquée sera-t-elle quand même construite dans un ancien bâtiment de France Telecom d'ici 2014 si la Communauté arrive à rassembler des fonds.

 


 

MILLI GORUS cherche bâtiments pour la communauté turque

En juin 2002, la SCI Octagon, émanation de Millî Görüs, proposait déjà de transformer le domaine Bénaville de Saulxures en colonie de vacances pour les 250 enfants et adolescents fréquentant la mosquée Eyyoub Sultan à Strasbourg-Meinau.
Cet ancien domaine « Le manoir de Bénaville » de la haute vallée de la Bruche est un ensemble immobilier de 5 bâtiments construit au temps de la splendeur du textile au début du XIXè siècle dans la vallée, comprenant une villa et son extension construite à l'époque par le propriétaire pour sa fille, un atelier-garage, une chapelle sur les hauteurs et un grand bâtiment datant qu'on voit depuis la route entre Schirmeck et Saâles car il attire les regards, surplombant la Bruche avec ses rideaux qui claquent au vent, ses fenêtres brisées.
Drôle d'histoire et que d'argent public mal employé pour cet édifice
1968, échauffourées à Paris, barricades, quelques policiers blessés ou choqués qui seront envoyés en convalescence dans les centres de repos de la Mutuelle de la Police Nationale dont Bénaville fait partie depuis peu. Mais les convalescents-policiers ne représentent que 1 à 2 % des pensionnaires car ce centre avait vocation de devenir un service psychiatrique et un service d'aide et de rééducation pour handicapés physiques. 81 lits, une cinquantaine d'emplois, jusqu'en 2000, y étaient soignées des personnes atteintes de pathologies très lourdes, 32 d'entre elles y sont d'ailleurs décédées.
A un moment, les dettes se sont accumulées jusqu'à atteindre 5,3 millions de francs et il fallait envisager d'investir plus 10 millions pour remettre l'ensemble du centre dans les normes. Le nouveau Schéma Régional d'Organisation Sanitaire retire l'agrément au centre, l'établissement est donc mis en vente et fermé définitivement en juin 2001.
La Mutuelle de la Police Nationale fait appel à un agent immobilier strasbourgeois censé trouver un repreneur. Clinéa, filiale d'un groupe spécialisé dans la gestion des maisons de retraite, semble intéressée mais devant l'ampleur des travaux de réhabilitation, elle se se désengage très vite en ne rachetant que le fonds de gestion et le droit d'exploiter pour 7,5 millions de francs en emportant les lits médicaux qui sont redéployés à la clinique du Ried à Schiltigheim.
Il reste le bâtiment de plus en plus abîmé, abandonné, ouvert à tous vents. Ce sont d'abord des restaurateurs locaux qui s'y intéressent. Sans suite. Rentre alors dans la course à l'acquisition la SCI Octagon (Millî Görüs). Un compromis de vente est signé pour la somme d'environ 1 million d' €.
Pierre Grandadam, maire de Plaine et président de la Com Com du coin ainsi que Gérard Oury, maire alors de Saulxures s'opposent à cette vente. Ils font préemption au nom de la commune de Saulxures en disant vouloir garder un caractère médico-social selon la conformité de ce qui est inscrit au POS (Plan d'Occupation des Sols)
En été 2002, la Com Com vote à l'unanimité un emprunt de 1,1 million d'euros pour permettre à la commune de Saulxures d'acheter Bénaville... sans aucun projet derrière si ce n'est empêcher l'achat du site par la communauté turque. Celle-ci porte l'affaire au Tribunal Administratif, mais la transaction se poursuit néanmoins et la commune de Saulxures revend le domaine à la Com Com en novembre.
La justice ne trouve (presque) rien à redire
Les juges, même s'ils reconnaissent que la préemption n'était pas fondée par manque de projet, plaideront que la SCI Octagon a omis d'introduire un recours pour prolonger la durée de validité du compromis de vente et a donc perdu ses droits de propriété !!!
La Com Com se retrouve donc en 2003 propriétaire des bâtiments abandonnés, pillés, pour plus d'un million d'€ . Elle va essayer d'y implanter plusieurs structures, mais au vu de l'état avancé de délabrement et de la taille (bâtiments, manoir, villa, chapelle), toutes les pistes sont données sans suite.
En 2006, l'association « Le Gai Séjour » de Grendelbruch présente un projet avec entre autres un foyer d'accueil spécialisé et aussi médicalisé pour environ 90 chambres. Une étude de faisabilité est approuvé par le Conseil de la Com Com pour une mise en œuvre avec différents partenaires. Le budget est évalué à 11 438 485,45 €. Ce projet aussi sera abandonné.
Nous sommes en 2013, ce site fantôme a coûté une somme non-négligeable d'argent public et ce n'est pas fini puisqu'il faudra sans aucun doute le raser (ce qui aura encore un coût - d'argent public) pour essayer de revendre au moins le terrain. Encore un cas de dépenses publiques ...pour rien !
Christian Weiss


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