CONCENTRATION DES
POUVOIRS ou DEMOCRATIE
Le Référendum
d'avril pour le Conseil Unique est déjà bien loin, surtout pour les
élus qui l'ont initié et qui ont pris une grande claque avec un
niveau d'abstention très important. Ils ne veulent surtout plus en
entendre parler, préoccupés par leurs réélections en 2014-2015
puisque « demain s'écrit aujourd'hui ». Ils ont aussi
fait pression au Parlement pour que désormais on puisse changer le
statut et fonctionnement des régions sans référendum préalable.
Ils voulaient vraiment un plébiscite, ils nous prennent vraiment
pour des démeuré-e-s...
Tout le monde a compris
que les prochaines échéances électorales sont dans la tête de
tous et les grandes manœuvres ont déjà commencé par l'occupation
du terrain....surtout médiatique : inaugurations en tous
genres, petites phrases distillées, dotation d'enveloppes
« personnelles », début de quelques travaux qui étaient
en attente...
Si le « oui »
au référendum devait servir surtout à la réélection de celles et
ceux en place, qui portaient cette initiative ou l'ont soutenue,
l'analyse de l'abstention reste des plus vagues : affaire
Cahuzac, manque d'explications suffisantes, des voix divergentes (non
et appel à l'abstention), désintérêt des alsaciennes et alsaciens
trop conservateurs, … Bien sûr, quand on est citadin, dans des
bureaux-même vitrés, qu'on reste dans le cercle des
élu-e-s/notables et qu'on croit être dans la réalité, dans le
vrai, dans la seule voie possible, alors on ne peut pas comprendre
l'esprit qui s'est diffusé depuis des années au sein de celles et
ceux qui regardent ce monde « politique » avec
perplexité, scepticisme et désaveu. Pour que les alsaciennes et
alsaciens reprennent goût à la vie publique, il faudrait d'abord
pas mal de changements dans le fonctionnement démocratique.
desin de Pat THIEBAUT www.lagitedulocal.com
CUMUL DES MANDATS,
PROPORTIONNALITE, PARITE
Je suis conseiller
général, je suis aussi maire, je suis également président ou
vice-président d'une com com et aussi président de l'Office de
Tourisme. Sans compter encore que je suis retraité fonctionnaire et
président de quelques associations....Je suis sénatrice ou députée,
je suis également maire, présidente de com com, avocate
d'affaires,....etc...Est-ce que cela choque grand monde ?
Surtout pas les personnes qui sont dans ces situations. D'adjoint ou
maire, on peut très vite gravir les échelons, surtout dans la
grille des revenus ! Ah oui, on nous dit qu'il y a un écrêtement
des revenus limités à 8 500 € par mois (!!!) par élu-e, mais
c'est en oubliant que des indemnités de représentations peuvent s'y
ajouter, que des primes ne sont pas des salaires, que des avantages
en nature liés aux fonctions ne sont pas comptabilisés en argent et
surtout que le surplus des revenus n'est pas remis dans la « caisse
commune » mais que chacun-e peut le distribuer à discrétion
d'où une grande pratique « clientéliste » qui aide à
la réélection pour « services rendus » ! Le
système est complètement pervers quand on est juge et partie. élu,
on profite de ce système et on vote les lois ….pour que ça ne
change pas, car on ne va quand même pas aller contre ses propres
intérêts personnels. 476 députés sur 577 et 267 sénateurs sur
348 sont en situation de cumul de mandats et la situation est encore
plus flagrante du côté des élus locaux...
Il n'est donc pas
étonnant que beaucoup de personnes ne croient plus en la politique,
ne se déplacent plus aux élections puisque tout est bloqué, le
pouvoir est ultra-centralisé aux mains de quelques-uns et c'est
encore plus flagrant dans les campagnes.
En plus, avec un
système électoral où la proportionnalité est quasi-inexistante,
il y a peu de chance que la discussion au sein de ces assemblées
(conseil régional, conseil général, conseil municipal, conseil
intercommunal, …) soit très diversifiée : on suit l'avis du
président car la commune ou la com com a besoin de subventions qui
sont distribuées par ….le même président-cumulard, conseillers
généraux-députés qui ont captés tous les pouvoirs !
On pourrait aussi
imaginer que la parité apporte d'autres sensibilités dans la
gestion des affaires, d'autres regards et idées, mais celle-ci est
loin d'être en marche car les femmes sont encore très, très
minoritaires et servent surtout encore de faire-valoir en politique
comme on le verra dans les duos qui doivent être présentés aux
prochaines élections et déjà remis en question.
UNE LOI, UN STATUT
Le Président, dans son
programme de campagne, s'était engagé sur le non-cumul des mandats
à mettre en oeuvre, mais la discussion actuelle porte déjà sur ce
qui serait « acceptable » : plusieurs mandats encore
même s'ils sont limités et quelles fonctions professionnelles
peut-on continuer à exercer en même temps (conseiller de
laboratoires et ministre de la santé!!!) ainsi que la date de la
mise en œuvre (plutôt avant les prochaines Présidentielles de 2017
qu'avant 2014 pour les municipales, cantonales, territoriales...).
Or quand on sait que
ceux qui votent les lois sont les principaux bénéficiaires des
« avantages »....
Le non-cumul strict des
mandats à tous les niveaux doit bien sûr s'accompagner d'un réel
statut de l'élu qui assure des indemnités suffisantes pour exercer
ce mandat unique (sans avoir à chercher d'autres sources de
revenus), avec droit à la Sécurité Sociale, à cotisation pour une
retraite décente, à un accompagnement-reclassement professionnel
avec des indemnités jusqu'à ce qu'il-elle ait retrouvé du travail
à la fin des deux mandats maximum.
QUOI FAIRE A NOTRE
NIVEAU ?
S'il y a peu de chance
que cette situation change rapidement, nous pouvons, nous, citoyens
électrices et électeurs, agir de façon assez simple et visible. A
chaque élection, il suffit de bien analyser la situation de chaque
candidat et ne pas voter pour celles et ceux qui ne s'engagent pas à
ne pas cumuler ou qui ont cumulé avant.
Ainsi, notre vote ira à
quelqu'un qui se déclarera publiquement qu'il ou elle n'exercera
qu'un seul mandat à plein temps et pas plus que deux fois de suite.
Pour la diversité, il y a le choix au niveau des candidat-e-s et
pour la parité, on peut aussi la privilégier par son vote.
Et il y a aussi le
rappel permanent aux élus actuels qu'ils-elles cumulent et que notre
préférence ira à celles et ceux qui se déclareront clairement
selon ces autres principes : non-cumul strict,
proportionnalité, parité.
C'est la seule façon
de reprendre goût à la politique et de se sentir concerné par les
discussions, les choix, les décisions de la vie publique. Dans le
cas contraire, l'abstention va encore gonfler et les votes
« protestataires » s'amplifier. Pas besoin d'aller
chercher des excuses ailleurs. Les alsaciennes et alsaciens du XXIè
siècle ne sont ni bêtes, ni conservateurs : ils-elles ne
veulent pas qu'on les prenne pour des imbéciles, c'est tout et c'est
beaucoup.
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