mardi 7 avril 2015

"ce n'est pas un secrétaire d'Etat qui va changer la ligne du gouvernement"

C'est ce qu'exprimait Julien Bayou, porte-parole de EELV après qu'il soit passé en observateur à la réunion des parlementaires et carriéristes écolos qui s'étaient donnés rendez-vous ce samedi du week-end de Pâques à Paris (où ils habitent pour la plupart...).

Je m'interroge toujours sur le sens des mots, le poids des mots quand il y a communication médiatique (de propagande).
Ainsi, cela fait 20 jours (presque un mois) que Radio France est en grève sur la plupart de ses chaînes.On ne commence à en parler que depuis ces derniers jours et pour entendre quoi ? Que le PDG nouvellement nommé (et qui a fait refaire son bureau à coup de centaines de milliers d'euros avant de s'installer) va présenter cette semaine un plan financier de redressement de l'entreprise publique avec la proposition de 320 départs "volontaires"(licenciements-retraite) !!! Quant on lit d'autre part qu'il y a grève contre les licenciements et les regroupements, on se dit que "volontaire" n'est peut-être pas le bon mot !!!

Quand dans une entreprise tourne au ralenti, on met en place des licenciements et soudain, les plus vieux de l'entreprise sont poussés vers la porte. J'ai toujours trouvé regrettable cette stratégie alors que le maintien dans l'entreprise avec comme nouvelle mission de former les plus jeunes recrues serait bien plus efficace et utile à l'entreprise que de laisser filer tous ces savoirs et savoirs-faire.


Pourquoi tous ces faits et pensées viennent à moi en préambule alors que je veux vous parler de la réunion des carriéristes "écolos" de ce samedi de Pâques ? Peut- être parce que j'ai senti il y a quelques années, une montée très forte de la génération qui nous suit de "prendre les postes décisionnels" très vite et de pousser vers la sortie les "vieilles branches" ( les vieux  fourneaux ***). Au sein du parti écolo dont j'étais membre depuis très longtemps, cette transition fut appellée EELV à savoir la transformation des Verts en Europe Ecologie-Les Verts avec l'arrivée en masse de jeunes (avec très peu de culture politique) qui voyaient l'opportunité de participer à un parti sans prendre une carte de membre, mais en étant juste "coopérateur", tout en pouvant peser sur les stratégies et discussions programmatiques.
Du coup, on entendit très vite des prises de position dans les débats qui me faisaient se dresser les cheveux sur la tête quand on parlait nucléaire, OGM, transports, etc...On sentait bien que le parti se tournait vers un centrisme mou où tout pouvait être acceptable en cas de contre-partie comme ce qu'on voit souvent comme stratégie chez les naturalistes d'Alsace Nature et autres associations dont venaient certain-e-s des nouveaux coopérateurs ! Cela eut comme conséquence un départ important de militant-e-s écolos (de terrain) de la première heure et un parti de plus en plus affaibli  entre les courants, stratégies et convictions radicales des unes et des autres.
Un compromis avec le PS sur un programme permit l'élection de Hollande et la venue au Parlement et au Sénat d'élu-e-s EELV avec même deux ministres au gouvernement pendant deux ans...Ce qui permit aussi de comprendre très vite que le PS hégémonique ne tenait aucun compte du programme négocié avec EELV et que les deux ministres écolos servaient de vitrine pour l'image d'une gauche "rassemblée, avec des partenaires".
Le départ des deux ministres redonna de l'autonomie de parole au parti écolo qui communiqua sur les divergences programmatiques et les reculades du gouvernement. Cependant, les élu-e-s députés et sénateurs (pour un certain nombre) prenaient leurs aises dans les dorures des palais républicains et sous le charme de la notoriété publique, ils ne songeaient qu'à retourner au gouvernement même en s'opposant aux décisions de leur propre parti et en y provoquant une rupture profonde. Pas étonnant quand on connait l'ambition d'un certain nombre d'entre eux depuis belle lurette.



Jean-Vincent Placé parle de nouvelle "confédération des écologistes", François De Rugy et Jean-Luc Benahmias d'un nouveau "pôle écologiste, pragmatique et responsable", "d'une maison commune des progressistes, démocrates et ecologistes". Antoine Waechter qui a des amis très "bruns" et Corinne Lepage ancienne ministre de Juppé attendent leur tour ; les autres, centristes et "gauche moderne" observent en se disant qu'il y aura toujours quelque chose à glaner... après destruction.
JVP (c'est la mode des abréviations des noms propres) devrait, lui féru d'histoire-mais plutôt l'histoire des Rois de France que celle plus contemporaine-, pourtant savoir que Les Verts étaient à l'origine une "confédération des écologistes", que EELV était annoncée comme un "rassemblement des écologistes". Alors, what's new ? Ces "jeunes" ambitieux veulent nous faire croire à la nouveauté alors qu'ils utilisent les vieilles recettes du passé tellement ils manquent d'idées à part celles piquées dans le catalogue des Verts depuis trente ans.
Mais, et je suis entièrement en phase avec Michèle Rivasi, députée européenne Verts et antinucléaire fondatrice de la CRIIRAD, "l'écologie n'est pas à brader sur l'autel de quelques ambitions personnelles". Nous assistons au dernier acte de ce théâtre guignolesque commencé il y a à peine quelques années avec la création forcée de EELV, le show médiatique de l'animateur TV, Nicolas Hulot, et la fin programmée avec la politique libérale de Hollande-Valls que ces guignols veulent rejoindre au risque de démollir le parti dont ils ont profité (et jouit de son soutien) pour arriver aux postes qu'ils occupent. Bel esprit constructif !!! et reconnaissance !!!
D'ailleurs, pour les observateurs avertis, dans ce groupe de "Repères écologistes", qui était chez les Verts il y a dix ans ? Et leur stratégie est-elle collective ? Bien sûr que non, puisqu'ils sont prêts à tout contre l'avis même du Conseil Fédéral (parlement) de EELV. Ce sont eux qui créent la division tout en accusant l'autre partie de ce fait, arguant qu'ils se rapprochent de la gauche non-gouvernementale et même des "frondeurs PS". Ils caricaturent la question écologique, ils désavouent par leur attitude ambitieuse l'écologie politique, décrédibilisent les contenus en voulant rejoindre un gouvernement qui a une politique contraire à toute logique environnementale et écologique.
On va parler de climat, de transition, de réchauffement et en même temps on voit bien les décisions gouvernementales concernant le nucléaire et ses déchets, les voitures électriques et le retour des bus au détriment de la voie ferrée, des reculs sur les réglementations, sur l'écotaxe, sur l'alimentation, les lois de préservation, sur l'urbanisme , le productivisme comme seul horizon, etc...etc...etc...

Non, NON, non...à ce cinéma destructeur. Même si EELV (création stratégique et médiatique de papy Cohn-Bendit) éclate,  on reviendra peut-être à nos fondamentaux, aux bases de l'écologie politique, à la radicalité des réformes, une présence active sur le terrain, sur les territoires, avant tout...
Je suis toujours convaincu que l'écologie politique est l'avenir dans ce XXIè siècle, est le projet de changement politique et d'appréhension de la vie le plus innovant et adapté, que c'est une alternative crédible et légitime vu l'état du monde qui nous entoure, vu la connaissance planétaire qu'on a aujourd'hui et dans ses interactions.
Mais cet avenir ne s'écrit sûrement pas avec le PS libéral qui a retourné sa veste, a bien déçu par rapport à ses promesses, ses engagements,  et n'a jamais changé depuis 2002, n'a jamais respecté ses partenaires, est prêt à tout pour garder du pouvoir. Et dans ce sens, PS et UMP ont bien plus à perdre aujourd'hui que les autres partis.


Mes colères viennent souvent de ces constats et mon espoir reste vivant et actuel car je sais que les réseaux se font en dehors du monde politique aujourd'hui, les initiatives locales aussi, je sais que le pouvoir est décrédibilisé, les élu-e-s aussi, les partis gouvernementaux (et alliés) également et que les changements viennent toujours, ou en tout cas très souvent, des minorités agissantes.

L'avenir n'est pas écrit, mais il s'écrira sans tous ces ambitieux carriéristes d'un autre siècle...qui ne sont ni des penseurs éclairés, ni des leaders originaux très innovants.
Quand je veux voir un spectacle, je vais dans une salle de spectacle ; pour moi, l'Assemblée Nationale n'est pas un théâtre de marionnettes.

Je suis très attaché à la République..., la représentativité démocratique proportionnelle et paritaire, le pouvoir horizontal collaboratif, le non-cumul strict ....
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*** "les vieux fourneaux"  
       Bande Déssinée  de LUPANO  CAUUET  chez Dargaud ( 2 volumes édités)

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