dimanche 26 avril 2015

CULTURE RURALE

Une fois n'est pas coutume, mais je tiens à partager aujourd'hui  quelques extraits glanés dans le livre que je lis actuellement. En vrac....

"- Qu'est-ce que tu leur reproches exactement, aux bobos ? de manger des sushis ? de voter à gauche ? d'être écolos ? d'avoir assez de fric pour se payer un voyage par an ? de trier leurs déchets ? d'aller voir des films en V.O? de s'en battre les couilles de l'identité française ? de ne pas avoir peur des noirs et des arabes ? c'est quoi, le problème...!
..........Au moins tous ces gens avaient le bon gôut de n'être ni racistes, ni misogynes, ni homophobes, tous ces gens payaient leurs impôts sans trop broncher, avaient une certaine idée de l'égalité, de la fraternité, de la tolérance, de la solidarité et ce n'était déjà pas mal."


 " ma grand-mère avait gardé un accent alsacien à couper au couteau et s'exprimait parfois en patois, oubliant qu'aucun de nous ne le parlait, pas même son fils qui se contentait de lui demander de répéter, et alors elle répétait, en français cette fois...."

"...Les mec en CDD enviaient ceux qui avaient des CDI. Les chômeurs enviaient ceux qui bossaient. Les smicards trouvaient que les chômeurs gagnaient trop alors qu'ils ne foutaient rien. Les Français en voulaient aux étrangers, et même aux français d'origine immigrée, et c'était réciproque, tout le monde enviat tout le monde, tout le monde en voulait à tout le monde, et c'était pas de voter pour la Blonde qui allait arranger cette merde. Bien sûr il ne voterait jamais pour elle.C'était juste que parfois il avait envie d'envoyer tout valser, de filer un bon coup de pied dans la fourmillère, de leur dire d'aller se faire foutre, à tous ces énarques de merde...
- Quelquefois je me dis qu'on est quarante millions de français à être passés sous silence. Je veux dire : tu allumes la télé et on entend parler que des riches. Tout le temps. Et le bouclier fiscal ici, et l'ISF là, et les charges de ces pauvres patrons et les problèmes de productivité de nos entreprises pas assez concurentielles, les pauvres, qui, snif, snif, ne peuvent embaucher autant qu'elles voudraient et qui doivent serrer les vis sur les salaires, etc...Pourquoi quand ils parlent de la crise, ils parlent que des traders, des banques et des entreprises ? Jamais des salariés, des familles, des retraités qui en bavent......


"...Il enseignait le français à des étrangers qui ne le parlaient pas ou le parlaient mal, pour le compte d'une association. Avant ça il avait fait un détour par l'Education Nationale mais il n'avait pas tenu longtemps. Dès la première année, il s'était vu passer une vie entière à l'école et ça avait été comme un vertige. Et puis il rechignait à faire preuve d'autorité. Il voulait faire confiance aux gamins, mais ça n'avait pas suffi, au bout de trois mois il s'était laissé déborder : il ne faisait plus cours qu'à un tiers de la classe. Evidemment c'était un constat d'échec. Bien sûr il avait abandonné. Mais il n'avait pas la force de poursuivre. Il lui suffisait de faire un tour en salle des profs pour savoir qu'il devait prendre ses jambes à son cou. A part deux ou trois collègues que rien n'entamait, qui avaient véritablement la foi, parce qu'il fallait bien l'avoir pour continuer, entre les mômes ingérables, les consignes débiles du ministère, les programmes conçus pour décerveler les élèves et leur ôter le goût pour la réflexion, tout élan pour la littérature, toute curiosité, tout sentiment, les hommes et les femmes qu'ils croisaient oscillaient tous entre résignation et dépression, et tous finissaient par ressentir la même chose pour les jeunes qu'ils étaient censés former : du mépris, de la haine, du dégoût, et parfois de la peur...."

Vous avez compris qu'au travers l'histoire dans ce roman, il y a plein de passages truffés de réflexion qui sonnent très justes souvent.

Le roman date de 2012 et s'appelle "Les Lisières" de Olivier Adam  (Flammarion)

Et tant que j'y suis, je vous recommande tout autant sinon plus cet excellent film, tiré d'une histoire vraie et qui reflète bien tous les "problèmes" qui traversent notre temps actuellement (racisme, religion, mémoire, démocratie, etc....) et se passe dans un lycée, mais qui est bien plus riche que cela...
Il s'appelle  "Les héritiers" de Marie-Castille Mention-Schaar.

                                
                            

Image result for médiathèque La BroqueMoi, j'ai trouvé tout cela, livre et DVD dans ma médiathèque de village...Je sais bien que les librairies ont disparu de nos campagnes, que la "culture" est la portion congrue dans la vie aujourd'hui (et cela s'entend dans les conversations convenues et collées à la lecture du seul quotidien régional, local de propagande), mais heureusement que certaines communes croient encore aux médiathèques qui ne vivent plus que grâce à des bénévoles.
Résistance...

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