samedi 5 avril 2014

Le bordel ? non, du débat...

dessin de Jean AUREL - 
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Vous savez que je suis très critique avec le parti écologiste  dans lequel j'ai milité (à tous les échelons) pendant de très longues années jusqu'à sa mue en EELV. Les Verts portaient un projet de transformation environnementale, sociale et économique de la société et la stratégie politique était de traduire ce projet radical dans des réformes et des textes-lois.

Il y a à peine quelques années Dany Cohn-Bendit et Nicolas Hulot ont voulu imposer un virage idéologique à ce parti en voulant l'ouvrir à la société civile, les associatifs, le rajeunir. Sur le principe, ma foi, l'idée n'était pas mauvaise, mais il y avait une autre stratégie, offrir des postes de députés à des personnes sans passé et pratiques politiques et recentrer le projet initial, se rapprocher du PS et du centre afin de signer des accords électoraux pour une meilleure représentation dans les instances nationales (Assemblée Nationale et Sénat) et internationales (Parlement Européen). Les Verts sont devenus EELV et un parti d'élu-e-s qui progressivement se coupait de la militance de terrain et du maillage rural. En 2011, des accords programmatiques furent conclus avec le PS dans la perspective des élections présidentielles et législatives. 


On connaît la suite : plus de députés, deux ministres, plus de sénateurs et on a avalé tous les reniements de Hollande et de son gouvernement, des "couleuvres" à répétition pendant deux ans : un phagocytage méticuleux et progressif.
Le résultat devenait évident et visible clairement aux Municipales 2014 : tous les candidat-e-s associés avec le PS ont subi un échec sérieux (à l'exception de Paris, Strasbourg, Nantes...), ceux et celles qui sont partis avec le Parti de Gauche, des associatifs et listes citoyennes ont engrangé des victoires sur tout le territoire et le plus symbolique a été Grenoble, un exemple de cette alternative d'une "troisième gauche" qui a du faire méditer et réfléchir au lendemain du 30 mars.


Hollande, toujours plus isolé dans son palais, a nommé Valls premier ministre en indiquant clairement qu'il comptait poursuivre sa politique d'austérité et de précarité pour se conformer au modèle libéral de la Commission Européenne, du monde de la finance (tellement décrié lors de son discours du Bourget) et des grosses entreprises du CAC 40 (du Medef). EELV a très bien compris que continuer sa complicité-proximité avec le PS allait également les desservir aux élections Européennes du 25 mai prochain, qu'ils n'allaient rien obtenir avec Valls-Montebourg. Le choix de Cécile Dufflot et de Pascal Canfin devenait évident, indiscutable.
Bien sûr, les médias présentaient dès lors que EELV avait refusé le poste du "grand" ministère de l'écologie (qui n'aura pas grands moyens avec Montebourg aux finances) et se comportait comme à son habitude de façon irraisonnée, irresponsable. Bien au contraire, mais évidemment, cela dérangeait puisque du coup une quatrième force politique reprenait vie en reprenant son indépendance à côté du triumvirat qui remplissait la presse (UMP-PS-FN).

Ce week-end, le Conseil Fédéral EELV se réunit comme toutes les 6 semaines en gros et il y aura discussion, débat comme toujours dans cette assemblée-parlement des délégué-e-s des régions (paritaire et proportionnel des "courants" depuis le début). Même si François De Rugy, député EELV, semblait vouloir devenir ministre ou secrétaire d'état, il pourra développer son argumentaire mais il sera probablement désavoué, car il y a aujourd'hui au Conseil Fédéral presque une majorité qui souhaite retrouver une autonomie et un projet marqué à gauche, vraiment à gauche ; les ami-e-s du groupe d'Eva Joly (dont je me sens le plus proche idéologiquement), sauront convaincre que l'avenir de ce parti d'écologie politique est du côté des réformes sociales, économiques, environnementales qui ont été les fondements des Verts en 1984...et qui n'apparaissent pas dans le programme et le gouvernement Hollande que ce soit celui d'Ayrault ou de Valls. Le changement de casting n'a bluffé personne, surtout pas les déçus électeurs de 2012 devenus pour un grand nombre abstentionnistes de 2014.

Une alternative à gauche DOIT se construire et elle tournera peut-être autour d'un pôle Verts/EELV-Parti de Gauche- associatifs, syndicalistes, collectifs citoyens. Ce sera la "troisième gauche" et les élections européennes peuvent être la première étape politique de cette nouvelle alternative.

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                         les dessins signés PAT sont de Pat Thiébaut   www.lagitedulocal.com 

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