mardi 17 février 2015

SHAME ON US and HOPE FOR HAPINESS

(ce sont deux titres de chansons...que les érudits reconnaitront)






Quand j'étais petit, tout jeune, j'habitais un petit village, il n'y avait pas encore de route goudronnée dans la rue : c'était un chemin de terre qui allait vers les champs qui commençaient trois maisons plus loin. C'était aussi notre terrain de jeu où on enchainait les matchs de foot entre copains de la rue. Et puis, on passait de notre cour-potager ( on élevait aussi des lapins et des poules) dans les vergers et champs d'asperge qui s'étendaient sur des centaines de mètres jusqu'à l'Ill le long de laquelle on construisait nos camps, des cabanes au milieu des arbres aux lianes ...amazoniennes ! Eh oui, tout cette nature était encore très sauvage, une végétation primaire, des bancs de sable et des niveaux d'eau très variables qui inondaient même notre cave lors des gros orages ou de la fonte des neiges dans les montagnes vosgiennes proches.
Il y avait quelques commerçants qui gagnaient grassement leur vie et ils étaient nombreux : boucher, boulanger, pharmacie, épicerie, marchand d'animaux et de ...cycles,  ferblantier, maréchal ferrand, graineterie, couturier, mercerie, ….J'avais des copains d'école dont les parents étaient encore paysans car il y avait encore quelques fermes dans le village, dont la maison voisine de la notre. Les clubs sportifs et les cercles confessionnels rythmaient le calendrier annuel, ainsi que le passage des chevaux, puis des tracteurs qui allaient dans les champs. L'école communale était le lieu social, de rencontre...avec les bistrots bien entendu et les stades et églises/synagogues !
J'ai vu se transformer année après année le village en banlieue de ville ; les champs sont devenus des lotissements, les commerces ont fermé pour laisser place à des supermarchés et il n'y a bientot plus eu que quelques rares artisans, voués à disparaitre sans succession. Le chemin de terre devant notre maison est devenu une route très fréquentée de desserte du trafic de la ville vers les cités-dortoirs que sont devenus les villages....





Vous allez me dire que je parle d'un temps qui n'existe plus. Certes, mais qui résonne encore dans la tete des parents des trentenaires (et plus)...Ce n'est pas par nostalgie que je parle de cela aujourd'hui, mais simplement pour faire mesurer la fulgurance de cette première transition sociale, économique et environnementale de la seconde moitié du siècle dernier.
La vie matérielle est devenue plus facile, le plein emploi existait pour toutes et tous jusqu'à la crise pétrolière de 1973. Il fallait se battre moins et donc cette facilité, le confort acquis a surement contribué aussi à ce mollissement général qui s'est accentué d'année en année jusqu'à cet appauvrissement culturel actuel de la nouvelle génération qui ne peut que nous inquiéter, nous qui avons accompagné, assisté à l'évolution rapide de ces dernières années et de ses conséquences au quotidien.
Une certaine passivité de notre part nous rend en partie responsable du monde que nous laissons à nos enfants et petits-enfants. Nous n'avons rien pour nous rendre fier de ce leg, de cet héritage.
J'aimerai tant entendre des voix jeunes nous dire ce qu'on a pu leur apporter, leur apprendre et ce qu'ils en font aujourd'hui. Je n'aimerai pas avoir vingt ans aujourd'hui car je sens comme une immense régression intellectuelle dans un semblant de confort matériel et sanitaire.

Bien sur, il y a des signes, des actions, des initiatives qui sont très encourageants quant à un réel changement de civilisation en cours, une nouvelle transition pas encore perceptible à un niveau global, mais qui sont visibles partout autour de nous et portés par des jeunes et moins jeunes qui ont pris conscience que cet autre monde, cette autre façon d'appréhender et de construire sa vie est en route, en mouvement.

Il suffit de porter son regard autrement, d'ouvrir ses oreilles de façon tolérante et curieuse et la donne peut changer....

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