mardi 16 septembre 2014

ECOLE : cité éducative et de loisirs

J'ai beau tourner mes oreilles de tous les côtés, je n'entends absolument rien de positif sur la mise en place de la réforme des horaires scolaires, sur le nouveau temps de travail des enfants.
Si l'intention de revoir les "rythmes scolaires" est probablement positive, la mise en place et la façon d'y arriver me semblent catastrophiques quand aux échos qu'on reçoit et c'est une fois encore un rejet global qui en sort alors qu'il faudrait effectivement revoir l'école, son fonctionnement, ses contenus, les amplitudes de présence des enseignants et l'utilisation des locaux...

Cette réforme est une histoire redondante puisque les questions posées reviennent toujours : adapter l'école au XXIè siècle, adapter l'école aux rythmes d'apprentissage des élèves selon leur âge...(c'est d'ailleurs souvent plus basé sur le rythme des parents et sur les exigences du monde industriel-économique !!!)


Avec mon expérience d'enseignant et d'expérimenteur, le recul aujourd'hui dont je dispose par ma situation de retraité, j'ai quelques idées mais qui vont faire sauter les enseignant-e-s que je vais avoir à dos pour un moment...Mais parlons vrai !




L'école est un lieu ouvert, public, geré par les communes qui sont propriétaires des bâtiments et en asurent l'entretien et l'équipement. Les enseignants sont payés sur 39 heures hebdomadaires (en heures d'enseignement à l'école et en temps de préparation et correction à son domicile) et bénéficient de 4 mois de vacances par an ( 4 périodes de 2 semaines et 2 mois d'été). La plupart des parents travaillent 5 jours par semaine du lundi au vendredi. Les crèches et multi-accueils, les structures périscolaires se multiplient doucement. Les lieux d'apprentissage sont divers et l'école n'est qu'UN de ces lieux. Les différentes pédagogies (alternatives comme Freinet, Steiner, Montessori, ....) nous éclairent sur les différentes possibilités d'aborder l'enfant et les apprentissages "scolaires" et autres. La formation des enseignants est minime et beaucoup sont encore dans la mission de transmettre des "connaissances" dont ils-elles sont les meilleurs dépositaires et transmetteurs.

Ces constats étant faits et acceptés , on peut passer à différents schémas possibles et je veux vous proposer un éclairage pour ouvrir ce débat des " nouveaux " rythmes scolaires. C'est un avis personnel, vous avez sûrement le vôtre.

Il faudrait considérer l'école non plus comme le lieu de transmission du savoir et des connaissances qui permet d'assurer les chances d'avoir un avenir en trouvant du travail dans les secteurs "porteurs"...Le milieu professionnel a bien changé, les amplitudes de travail également et les perspectives sont plus qu'alléatoires. Ce qui est quelque part une chance pour aller dans plein de directions possibles, de pouvoir expérimenter plein d'autres choses, d'ouvrir les têtes à la création, la conception, l'élaboration d'hypothèses, la confrontation des idées...etc...L'enfant n'a plus un référent aujourd'hui avec son enseignant-e, mais en a plusieurs puisque la plupart du temps il est accueilli avant les horaires de "l'école" , à midi et après les cours dans les accueils, cantines et périscolaires.

Sans compter les entraineurs sportifs, les profs de musique, etc...selon les autres activités de chacun-e.

Il faudrait donc considérer le ou les bâtiments "école" comme une cité éducative et de loisirs ouverte du matin au soir cinq jours sur sept (ou même 7j/7)....Dans cette cité éducative interviennent aussi bien les enseignant-e-s que les éducateurs, les animateurs, les parents, les membres d'associations diverses, ....
Si on tient à respecter le rythme de l'enfant, il faut répartir les horaires d'enseignement sur des  plages reconnues comme bénéfiques à savoir 9-11h et 15-17h. Je sens déjà des frémissements de protestation....
Si on admet cela, ça implique que les enseignant-e-s soient présents toute la journée à l'école et fasse donc plus ou moins leurs 39 heures sur place avec des interventions devant des classes à certains moments, en travail de groupes à d'autres et avec des plages "libres" dans la journée qui peuvent être consacrées aux préparations, aux corrections ou à la coordination avec les intervenants sur la construction de projets partagés ou le suivi des projets individuels des "élèves".
Cela implique aussi la reconnaissance des autres intervenants, éducateurs et animateurs qui ont les mêmes enfants sur des plages horaires d'accueil du matin, de cantine, de périscolaires, mais aussi d'activités sportives ou créatrices dans la journée.
Cela implique aussi qu'on accepte que les bâtiments des écoles peuvent être occupés par différents intervenants, le soir par des activités associatives ou des groupes de travail de la cité éducative et même le week-end pour des animations diverses (puisque ce sont les communes qui sont propriétaires et payent chauffage, entretien et équipements, je le répète).

Ensuite dans les contenus, mais je ne veux pas insister là-dessus en laissant cela à la réflexion des "professionnels de l'éducation nationale", cependant les programmes sont avant tout destinés à faire de nos enfants des petits soldats formatés et maléables ce qui est loin de ce qu'on souhaite pour les générations futures. Ce monde et l'évolution civilisationnelle a besoin de créatifs, d'inventeurs, d'expérimenteurs, ....et donc les modèles du siècle dernier et ses exigences ne sont plus forcément adaptés à l'évolution que nous vivons quotidiennement. Il faut donc que les enseignant-e-s aient une grande latitude et liberté de construire stratégies et contenus adaptés en cohérence avec les différents partenaires de la cité éducative et de loisirs et coller au mieux au groupe d'enfants et même individuellement.
En dehors des savoirs premiers qui permettent l'autonomie (, se déplacer, parler, lire, écrire, calculer...), tout le reste devrait procéder par choix individuels ou projets collectifs et l'école devenant un lieu ouvert, il faut aussi en sortir le plus souvent possible pour découvrir son environnement naturel, professionnel, ...etc...



Voilà, je ne souhaite pas développer plus dans le détail, mais juste transmettre ces pistes afin d'enrichir un débat qui est trop centralisé actuellement sur les horaires, la répartition dans la semaine et tous les inconvénients d'organisation et de coûts pour les familles avec ce qui est mis en place de façon complétement inégale et anarchique, sans cohérence, actuellement depuis la rentrée "scolaire".

Aux enseignant-e-s qui vont hurler sur certaines de ces pistes de réflexion, je veux juste leur rappeler que la réforme des rythmes scolaires a traversé toute mapériode d'enseigant en activité, il n'y a donc rien de nouveau. On a du toujours se soumettre aux diktats de nos ministres successifs et de leurs contre-maîtres chargés de surveiller l'obéissance des enseignants ( les inspecteurs et certains conseillers pédagogiques). Les textes changent, les répartitions horaires changent, les interrogations restent, les frustrations et déceptions aussi car quand on est enseignant-e, on "travaille" avec des enfants et adultes-citoyens en devenir et ça c'est absolument original, particulier et si excitant...et j'ai toujours fait confiance à la DIVERSITE des enseignants, leur richesse intellectuelle et humaine.

Aussi, face au débat actuel, la remise en cause, la critique de ce qui est mis en place, je dis et je pense que c'est une chance car elle remet la réflexion GLOBALE sur la table et devrait permettre une vrai mise à plat. Cette façon d'avoir mis en place UNE amplitude horaire que chaque commune adapte selon...est absolument innaceptable et est rejetée. Si l'idée de revoir l'ensemble était positive, la mise en oeuvre est catastrophique.
Mais il faut en tirer du positif avec une attitude constructive et remettre tous les acteurs éducatifs ensembledans l'esprit que je préconise ci-dessus.

Mais ça, c'est pour celles et ceux qui sont directement concernés aujourd'hui, pour ma part, j'ai traversé l'Education Nationale de 1965 à 2006 et je suis donc un témoin de l'intérieur avec l'expérience de la pratique à travers plusieurs vagues institutionnelles.....



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