dimanche 3 août 2014

POUR ou CONTRE ? Peu importe, de toute façon, le problème est là...

C'est l'été, le soleil attendu, présent, une source d'énergie inépuisable, gratuite. Aussi des orages, des tempêtes, du vent, source d'énergie également... Chacun y va de ses commentaires sur la météo, les saisons, le réchauffement climatique. Et quand on aborde les problèmes d'énergie, d'économie, des sources de production, le ton peut vite grimper. 

La France a fait le choix du nucléaire avec ses 58 réacteurs : l'uranium vient du Niger et d'autres pays (aucune indépendance donc  et des conditions d'exploitation déplorables),  les déchets seront toujours un problème, cadeau aux générations futures et le coût de production n'inclut pas le démantèlement. 
Le choix de la transition énergétique du président François Hollande et de sa ministre de l'écologie, Ségolène Royal n'est en rien un engagement chiffré et planifié sérieusement sur la réduction du nucléaire, les fermetures des centrales, toujours remis à plus tard.
Et pourtant que l'on soit POUR ou CONTRE, ce n'est qu'une question de temps, il va bien falloir, tôt ou (trop) tard démanteler le parc nucléaire vieillissant.


Alors, observons un peu ce qui se passe à travers le monde ?
L'Allemagne a fait le choix depuis quelques années de "sortir du nucléaire" et de planifier la fermeture de ses 17 centrales. Tout de suite, on a entendu qu'elle augmentait la pollution de l'air en rouvrant ses centrales à charbon, mais en omettant souvent de dire que sa production d'énergies renouvelables augmentait aussi chaque année au fur et à mesure que les installations se démultipliaient, qu'il y avait une réelle prise de conscience sur les économies d'énergie et des recherches très prometteuses dans ce domaine.
Et puis, surtout leur savoir-faire dans le démantèlement se professionnalisait après leur première expérience catastrophique dans la centrale de ASSE. Avec LUBMIN et KONRAD, cela se passe différemment.
Les Etats-Unis font dans le grossier en démolissant leurs implantations comme si c'était des bâtiments de béton classique au détriment de toute sécurité envers les populations comme ça a été le cas dans la centrale de VERMONT YANKEE.
La France a d'abord rejeté ses barils de déchets nucléaires dans la mer, puis après ce scandale dénoncé et démontré par Greenpeace, on est passé à autre chose. BRENNILIS, la première centrale nucléaire en voie de démantèlement depuis plus de 10 ans est un exemple pour la France : c'est là que EDF s'est rendu compte qu'elle ne savait pas faire et de graves erreurs sont commises.
Les projets de stockage commencent à émerger à MORVILLIERS, à SOULAINES, à BURE avec le projet Cigéo signé en son temps par la ministre, Dominique Voynet ( en Champagne et Lorraine). 
Car, au-delà de la sécurité de fonctionnement des centrales nucléaires vieillissantes, de la dépendance envers les pays producteurs d'uranium,  les déchets nucléaires sont un problème crucial et incontournable. AREVA, CEA et EDF forment ce lobby qui achète les consciences et contrôle totalement la communication biaisée sur ce sujet très délicat. 
Stockage à l'air libre sur des plateformes bétonnées, dans des hangars qui seront ensuite recouverts, végétalisés ou encore en sous-sol dans des couches granitique, argileuse ou de sel. Le recul tout doucement a bien démontré que aucune de ces solutions n'est fiable quand on les met en parallèle avec la durée de vie des déchets nucléaires. Car dans les déchets, il y a bien sûr le plutonium, mais aussi le cobalt et le strontium où les durées de radioactivité peuvent aller jusqu'à des ......centaines de milliers d'années !


Et puis, qui réalise les démantèlements ?  Au lieu de privilégier  la "mémoire des installateurs " c'est à dire de faire travailler pour le démantèlement ceux qui y travaillaient lors de l'exploitation des centrales et qui les connaissaient bien, de plus en plus est employée du personnel intérimaire à qui on fait courir des risques énormes car peu in-formés. Mais comme les maladies liées à ce travail (du genre leucémie et autres cancers) ne se déclarent parfois que 10 ans plus tard il est difficile de démontrer le lien. La durée du démantèlement peut aller de 20 à ...50 ans et donc le chantage à l'emploi ne tient pas.

Mais surtout ce qui est totalement occulté c'est le coût du démantèlement du parc nucléaire qui est estimé entre 45 à 300.....milliards d' €. Or où va-t-on chercher l'argent ? Si on intégrait ces coûts dans le prix de vente de l'électricité actuellement, les prix exploseraient et EDF/AREVA ne pourrait plus tenir le discours-propagande d'une électricité nucléaire pas très chère.
Ce n'est pas pour rien que le lobby nucléaire préfère réparer pour faire durer ses centrales même si cela a un coût important (mais en oubliant de dire que les dangers d'un accident nucléaire en France augmente aussi de plus en plus avec le vieillissement des installations) plutôt que de planifier et commencer dès à présent le démantèlement des centrales les plus vieilles comme Fessenheim. EDF/AREVA et l'Etat actionnaire majoritaire préfèrent continuer la marche en avant du nucléaire avec l'EPR de Flamanville plutôt que privilégier le courage et le pari sur l'avenir de l'Allemagne. Tchernobyl et Fukushima n'ont pas suffi : on a déjà oublié ce qui s'est passé (et dont la pollution des eaux de l'océan continue journellement au Japon). 

Alors, POUR ou CONTRE le nucléaire, peu importe car de toute façon, le problème est bien là...Et il va falloir faire des choix tôt ou tard. Faut-il attendre un accident ? S'il y en a un, personne n'y échappera sur le petit territoire français.


Je ne voulais pas vous "plomber" le moral pendant vos vacances d'été, mais voir en début de semaine, le documentaire sur Arte a réactivé ce que je sais : que le devoir de mémoire est important et que quand on sait, il ne faut pas se taire mais partager les informations au maximum de personnes pour éveiller les consciences, faire réfléchir et chacun-e à son niveau voir comment agir et informer autour de soi pour ne pas un jour se dire qu'il est trop tard, bien trop tard...et que notre responsabilité envers nos enfants et petits-enfants est énorme et qu'on a été lâche, muet.






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