"On" dit de celles et ceux qui se disent écologistes qu'ils-elles sont en fait des écoterroristes qui veulent empêcher l'évolution du monde et sont encore tournés vers un style de vie de nos grands-parents et regrettent un temps de vie du passé. Quelle caricature !
On est taxé d'écologiste dès qu'on développe une vision d'un futur qui se veut respectueux de ce qui permet à l'espèce humaine de survivre et se développer harmonieusement avec toute la richesse de ce qui est notre cadre de vie, en faisant confiance aux valeurs humaines et en revendiquant une justice sociale nécessaire à une vie en commun sans tensions violentes.
La différence n'est que celle qui existe entre les êtres humains où chacun a une façon de voir la vie avec ses projets pour traverser les années, avec la conscience qu'on fait parti d'un tout, chacun-e avec ses « possibilités ».
Cette vision d'un futur en devenir est donc interrogée en permanence et induit une dénonciation de ce qui détruit, impacte lourdement des chaînes d'équilibre, nous entraîne vers des points de non-retour.
Lorsqu'on interroge ce qui pour chacun-e est vital, on arrivera forcément à évoquer les thèmes suivants : se nourrir, se loger, la santé, les déplacements, se vêtir, travailler mais avec fierté et respect, le temps des loisirs et se cultiver, la tranquillité pour soi et sa famille, …
En développant chacune de ces thématiques, on aura sûrement des diversités de réponses, des visions différentes et comment chacun-e les met en œuvre et les réalise. Et c'est là qu'on verra la richesse de la pensée humaine qui a cette capacité de mémoire et d'imagination. Cela se traduit alors par des tensions, des affrontements, alors que les échanges, les débats et le « faire-ensemble » pourraient faire avancer chacun-e et tous dans les réalisations concrètes. Bien sûr, on comprendra très vite les deux niveaux : l'individuel, le local et le centralisme, le général imposé.
Se nourrir : ceux qui produisent notre alimentation sont bien sûr les paysans, les agriculteurs, les viticulteurs, les apiculteurs, les éleveurs, les producteurs qui transforment, … L'idée d'une alimentation saine (qui a un impact sur la santé) et accessible à tous avec une juste valorisation, reconnaissance du travail fourni et des conditions de ces activités sont des préoccupations permanentes des ... « écologistes », mais je pense aussi globalement de tout le monde. La production locale, la vente directe, les produits de saison sont les points de départ. Et pour que cela existe et s'accentue, il faut permettre aussi à ceux qui le proposent de vivre de leur travail et du temps consacré. C'est donc à chacun-e d'en prendre conscience et d'encourager ces pratiques par ses choix d'achat, localement. Mais quand on passe au niveau global, le centralisme imposé, on se retrouve avec des choix qui vont à l'encontre de cela. Captation de terrains et des ressources en eau, intensification des monocultures et son lot de traitement par pesticides pour augmenter les « rendements », fermes d'élevage hors sol avec des dimensions industrielles et un nourrissage par hormones et antibiotiques, bassins gigantesques d'élevage de poissons, arrachages d'arbres pour conquérir de la surface exploitable, importations de denrées « exotiques » qui impactent la diversité des territoires et produisent une pollution énorme dans ses transports d'acheminement, destruction des procédures de pollinisation par l'empoisonnement conséquent des abeilles,...La liste est loin d'être complète !
Se loger : indispensable aussi pour construire un cadre de vie pour soi, sa famille, son entourage. Les loyers et aspects sanitaires sont du bon vouloir des propriétaires, l'achat d'un logement est lié à un marché de la demande et de l'offre. Les frais inhérents incontournables (eau, électricité, taxes, ..) ne sont pas stables et gérés par des sociétés privées qui fonctionnent avec des objectifs de « rentabilité » c'est à dire dégager des bénéfices substantiels. Les sources d'énergie sont aussi des choix (idéologiques, politiques) lorsqu'on privilégie fortement des énergies renouvelables et durables plutôt que du nucléaire avec des déchets radioactifs de très longue durée qu'on laisse aux générations futures, avec des risques d'accidents aux conséquences vitales incommensurables. Sans compter la dépendance à la source combustible de l'uranium.
La santé : nous sommes en France dans un pays où le système de santé financé par une mutualisation générale est quasi unique au monde actuellement. Cela permet d'être soigné, pris en charge sans dépenses excessives pour les maladies graves. Mais on voit aussi que des « déserts médicaux » sont de plus en plus nombreux, que les remboursements de soins s'amenuisent, que le droit à la retraite est repoussé de plus en plus loin, que le système mutualisé est remis en question pour le privatiser vers les mutuelles, les assurances, les fonds de pension, la capitalisation par points, ...Les médicaments eux-aussi sont aujourd'hui soumis à la « rentabilité » des entreprises pharmaceutiques et que du coup, la médecine naturelle est réduite au plus bas. La santé est aussi tributaire de la qualité de notre alimentation et des conditions de travail.
Les déplacements : que ce soit pour se rendre sur son lieu de travail, pour ses déplacements nécessaires, de loisirs, cela impacte aussi. Transports en commun disponibles et aux tarifs adaptés, voitures individuelles avec des coûts très importants en achat, carburant, entretien, infrastructures dédiées pour des déplacements doux en vélo et à pied, Et le choix de l'avion pour des vacances ou week-ends (prolongés) n'est pas anodin sur la pollution induite et subie pour tous. Sans compter le bétonnage de terrains agricoles et naturels pour la construction de nouvelles routes-autoroutes et aéroports et la densification de la circulation des camions de transit pour amener les biens importés sur les lieux de distribution, de consommation, ces zones de supermarchés ou de centres de stockage de ventes en ligne.
Se vêtir : bien sûr, dans notre sphère « occidentale », on ne porte plus des habits uniquement pour se protéger des intempéries, du froid ou se couvrir, mais l'aspect de « coquetterie » et/ou le mimétisme de mode, voire se différencier, sont plus importants. Mais cela induit des réflexes consuméristes qui ont des impacts très souvent catastrophiques dans les lieux de production des matières premières et des conditions de travail pour les réaliser, sans compter les transports maritimes, terrestres et aériens pour les amener sur les lieux de vente.
Travailler : on est bien loin du temps des échanges de services et de biens, car pour « vivre » aujourd'hui, il faut passer par la monnaie d'échange et d'acquisition, l'argent. Le travail est aussi une valeur humaine pour se réaliser en tant que personne solidaire, sociale, apporter sa part à la collectivité, la communauté. On aimerait faire un travail dont on peut tirer une certaine fierté, se sentir « utile », mais aussi avoir les conditions pour s'épanouir, être sans stress et une position durable, stable. Cela devient de plus en plus rare, c'est la précarité qui prévaut, des hauts, des bas, des avec, des sans, des salaires qui stagnent, ne donnent que peu de perspectives, la non-reconnaissance de ses capacités et savoirs-faire ou connaissances acquises, des besoins d'innovation et de l'écoute pour des améliorations. Le monde du travail ressemble à des valeurs d'ajustement, à des adaptations à des marchés volatiles et éphémères où on ne sait même plus la finalité de ce qu'on fait, où on ne trouve plus sa place pour s'investir encore. Cela devient la plupart du temps un « gagne-pain » nécessaire où on met sa santé dans la balance...
Le temps des loisirs et se cultiver : que reste-il alors comme temps et budget disponibles à consacrer aux loisirs et pour se cultiver, s'émanciper, s'instruire ? Et les lieux de culture sont-ils proches ? Les artistes et créateurs sont aussi précarisés et ont du mal à vivre quand les possibilités de se produire et montrer s'amenuisent. Quand les incitations et les accès sont remis en question par la disparition par exemple des « pass culture » et autres aides financières, alors on est réduit à la télévision et médias qui sont concentrés dans les mains de quelques personnes qui propagent une sorte de « pensée unique » qui sert les intérêts de ces personnes et leur caste. Il reste heureusement encore les médiathèques et des lieux associatifs de diffusion liés à la bonne volonté et l'engagement bénévole.
La tranquillité pour soi et sa famille : c'est bien sûr une volonté partagée par tous : pouvoir vivre en paix et sans agressions. Mais ce n'est pas en pointant du doigt des groupes de « semeurs de trouble », comme les racisés, les immigrés, les ….et développer l'idée qu'il faut s'en débarrasser, que la « tranquillité » s'installera pour autant. Ces personnes ont les mêmes envies et préoccupations que tout le monde. C'est par la tolérance, l'écoute, les échanges que l'on évolue dans ses relations avec les autres. Les facteurs de tension sont liés à une politique générale qui engendre des guerres, des conflits, des déplacements de population, souvent dus à la recherche de ressources à capter et exploiter des valeurs pour des entreprises industrielles qui cherchent à augmenter des profits financiers pour actionnaires et caste réduite des barons d'entreprise...Et ces activités d'exploitation des ressources d'énergies fossiles, minières ont des graves impacts environnementaux qui créent ces dérèglements climatiques à répétition qui mettent en danger la survie même de l'espèce humaine.
Vous me direz que là on est loin du titre « écolos-écoterroristes ». Oui et non, car lorsque on analyse ces différents thèmes et qu'on pose des questions sur le pourquoi, le comment et ce qu'on peut faire pour atténuer les impacts, conscientiser les gens, faire évoluer les choix, alors on est vite pointé du doigt, catalogué avec tout un vocabulaire pour salir, ridiculiser, et quand on se mobilise, être réprimé, soumis à la répression violente avec des images pour décrédibiliser et empêcher tout dialogue, toute expression qui met en cause un système qui de fait ne profite qu'à une caste limitée soutenue par un certain nombre de politiciens qui y trouvent leur compte.
Celles et ceux qu'on nomment donc écologistes ne sont que des gens ordinaires qui ont juste une autre vision de la justice sociale, de la répartition des richesses produites par les travailleuses et travailleurs « invisibles », de la conscience que nous sommes un tout dans une nature de biodiversité liée qui permet la vie et qu'il faut préserver des attaques, des destructions, des projets inutiles et coûteux, ce qui est quand même le sens commun.