Enfant de l'après-guerre, j'ai vécu et pu mesurer l'évolution qui a changé nos quotidiens ainsi que l'accélération dans le sens d'un système qui s'est mondialisé avec tous les impacts négatifs sur notre planète-lieu de vie.
Dès les années 50, la « modernisation » de l'agriculture a encouragé les remembrements, regroupements des exploitations agricoles pour faciliter le travail mécanique. Cela a engendré l'arrachage des haies et l'aplanissement des terrains.
Le temps de paix et la mémoire des horreurs des armes font que beaucoup de jeunes aspirent à une autre vie, voyagent en auto-stop à travers les continents et se regroupent dans « des communautés » à la campagne.
Influencé par les beatnicks et le mouvement hippie, le soulèvement de Mai 68 remet en cause le modèle productiviste et consumériste : « A bas la société de consommation ». C'est dans son sillage que naît une écologie politique avec comme figure emblématique, André Gorz qui cite pour la première fois le principe de « décroissance ».
Emblème de la contre-culture post-68, la bande dessinée de Gébé du magazine Politique Hebdo (ancêtre de Hara-Kiri et Charlie Hebdo) « L'An 01 » marque toute une génération. Elle sera adaptée en film (avec Coluche, Miou-Miou, Depardieu) et sort en salle en 1973.
Emblématique aussi, les luttes sur le plateau du Larzac contre l'extension d'un terrain militaire qui dureront de 1971 jusqu'en 1981 et qu'annulera le président nouvellement élu, François Mitterrand.
En 1972 paraît aussi le rapport Meadows (des chercheurs du MIT-Massachusetts Institute of Technology) qui s'intitule « The limits of growth » (les limites de la croissance), ouvrage commandé par le Club de Rome qui réunit scientifiques, industriels et hauts fonctionnaires. Pour éviter un effondrement global, la seule solution est d'organiser une économie sans croissance. Traduit en 37 langues, l'alerte du rapport reste lettre morte.
Le développement de la voiture individuelle commence à polluer les espaces urbains que le choc pétrolier de 1973 a interrogé. A sa suite, le plan Messmer engage la France sur le terrain nucléaire avec le choix de la construction de 58 réacteurs (Bugey, Fessenheim, Golfech, Plogoff) qui rencontre une forte opposition et des manifestations importantes comme contre le projet du surgénérateur Superphénix de Creys-Malville. S'opposer au nucléaire, c'est rejeter le capitalisme et la société de consommation. En 1981, ces mobilisations ont abouti dans un premier temps à l'abandon du projet de la centrale nucléaire de Plogoff (Bretagne) et de la non-mise en service de Superphénix.
dessin de TARDILe tourisme de masse fut tout autant dénoncé avec le parc de la Vanoise et de la bétonisation des stations balnéaires du Grau-du-Roi, du Cap d'Agde et de La Grande-Motte.
« Je bois devant vous un verre d'eau, précieuse, puisque avant la fin du siècle, elle manquera » avertit René Dumont à la télévision, cet ingénieur agronome qui marque l'élection Présidentielle de 1974., tout comme son livre « L'Utopie ou la Mort ».
Dans les années 80, la baisse des prix du pétrole met à distance le problème de la rareté des ressources qui ne sont pourtant pas illimitées. La pensée néo-libérale imprègne l'espace public.
En 2002 apparaît Pierre Rabhi, ancien ouvrier devenu spécialiste de l'agroécologie qui se présente à l'élection Présidentielle, mais il n'obtiendra pas les 500 signatures de maires pour aller jusqu'au scrutin. Ces années-là, on voit ici des mouvements qui s'attaquent au pilier du consumérisme : la publicité.
L'Institut Momentum de Yves Cochet et Pablo Servigné développent la collapsologie dans leur essai « Comment tout peut s'effondrer ». Développement durable, mot d'ordre, va voir la création de pas mal de publications comme Le Sauvage, Silence, l'Age de Faire.
« Ni ici, ni ailleurs » initie de nombreux combats contre des projets d'aménagement contraires à l'intérêt général (extension d'aéroports, centres commerciaux démesurés, sites d'extraction, ferme à mille vaches, Notre Dame des Landes, barrage de Sivens, montagne d'or en Guyane, Europa City, mégabassines, …) qui aboutissent parfois à mettre un coup d'arrêt à la logique d'expansion.
Il est bon parfois de se souvenir d'où on vient, ce qu'on a traversé et qui explique qu'on n'a pas désarmé et qu'on s'inspire de toutes ces mobilisations, luttes et alertes des gens de notre génération et suivantes...
L'avenir n'est pas écrit...
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Sources diverses dont Wikipedia, de nombreuses revues et magazines, livres, ….
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