Un banquier-président français rencontre un grand financier américain, actionnaire principal des entreprises du CAC 40 (cotées en bourse) et ils s’entretiennent sur la masse financière française placée dans l’épargne et qui n’est pas productive. Le futur Haut-Commissaire aux retraites assiste aussi à la rencontre. Scénario fictif ou rencontre effective ?
Les fonds de pension américains que gère l’entreprise financière Blackrock (non pas Blackbloc) pèsent près de 7000 milliards de dollars actifs soit deux fois le PIB de la France dont 150 milliards en France dans plus de 35 entreprises dont Total, Air liquide, Valeo, Vinci, Unibail, Axa, Société Générale, BNP Paribas, Schneider Electric, Michelin, Vivendi, Accor Hotels, Lafarge Holcim, Saint-Gobain, Capgemini, Safran, ...et aussi Nestlé, Sanofi,Ubs, … Le patron Larry Fink, ex-banquier de la First Boston, initiateur de la titrisation bancaire, lorgne depuis des années sur le pécule des économies des français-es. Son représentant en France est Jean-François Cirelli, ex-vice président de GDF Suez.
Donc, il faut faire quelque chose pour capter cette épargne. Les exemples ne manquent pas pour y arriver , mais il y a un frein ou peut-être plusieurs.
Les Français-es modestes mettent leurs économies en grande partie dans le Livret Bleu garanti par l’État. Le gouvernement baisse son taux d’intérêt afin de le rendre inintéressant, baisse les montants exonérés pour l’affaiblir, mais cela ne change pas grand-chose : les Français-es n’investissent toujours pas dans le marché boursier, les actions cotées…variables et dont les bénéfices vont plutôt dans les poches des actionnaires principaux.
Les Français-es sont les rares encore au monde à bénéficier d’un système de retraite mutualisé qui a fait ses preuves et dont peu de personnes se plaignent.
Comment changer cela afin de faire bouger l’épargne et pouvoir utiliser les réserves financières des retraites dans l’investissement boursier, faire fructifier l’épargne des retraites dans des placements boursiers comme le fait Blackrock ?
Annoncer que le budget pour les retraites dans le système tel qu’il est n’est plus équilibré budgétairement et qu’il faut revoir l’ensemble du système est le premier palier. Dénoncer les régimes spéciaux des retraites afin de monter les uns contre les autres et de mettre en avant un nouveau calcul basé sur un principe …universel et juste est le deuxième niveau. Dérouler des scénarios biaisés d’un système à points afin d’essayer de convaincre que c’est bénéfique et égalitaire est le début du formatage des cerveaux. On annonce une réforme en cours que Macron veut faire voter très rapidement par sa horde de députés à sa botte, une retraite individualisée à points par capitalisation et qui enterre la mutualisation, la solidarité générationnelle.
L’objectif est d’appauvrir tout le monde et quand les pensions seront réduites, pousser les salariés vers l’épargne privée des banques et assurances. Et le tour est joué...L’épargne-retraite se transforme en produit financier de fonds de pension, variable d’ajustement et valeur volatile dans les fluctuations bancaires. La loi Pacte, entrée en vigueur le 1er octobre favorise déjà le « développement » à savoir, entre-autres, l’investissement de l’épargne-retraite disponible auprès des banques et assureurs.
Où est la nécessité de changer de système ? On voit à l’oeuvre la retraite par points en Suède depuis des années avec une dégradation notable dans ce modèle de social-démocratie !!! Nécessité, il n’y en a pas. On peut récolter de l’argent pour son budget en combattant les exilés et paradis fiscaux, arrêter la distribution du CICE (même sous son nouveau nom), supprimer la flat tax, réintroduire l’ISF, mettre des charges sociales sur les bénéfices des entreprises robotisées, faire payer les taxes pétrolières des camions, tankers et avions au même niveau que les particuliers, ...etc...etc...etc…
Le président-banquier, ses ministres, peuvent nous raconter tous les blablabla qu’ils veulent, la confiance est émoussée, ils se fourvoyent eux-mêmes dans leurs contradictions.
Le Haut-Commisaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye est exemplaire de ce gouvernement, il est lui-même en plein conflit d’intérêts , représentant des assureurs qui vont bénéficier pleinement du changement de système. Et question « régimes spéciaux » et rapport à l’argent, ce « chef-retraite » a omis de déclarer plus de dix postes qu’il occupe « en même temps » et rémunérés pour certains en plus de sa paie de ministre (il touche 22 800 €/mois !!!).
Ah les « régimes spéciaux » des ministres, secrétaires d’État, hauts fonctionnaires, sénateurs, députés, préfets, ambassadeurs et que sais-je encore ? On n’en parle jamais, occultés, comme le reste, un oubli !!! Ce président est entouré par une équipe d’hommes d’affaires en chemises blanches, mais presque maffieux dans leur fonctionnement clanique. Combien de démissions-départs de ministres-secrétaires d’État en deux ans de gouvernance pour affaires douteuses, omissions, fraudes-omissions fiscales, détournements de fonds, conflits d’intérêts, ... ? Ferrand, Sarnez, Bayrou, Goulard, Nyssen, De Rugy et peut-être dans les prochains jours, Delevoye… Ce n’est pas rien et ils continueront à toucher des droits de ministres-secrétaires d‘Etat, ils ne perdent pas le Nord, ne vous inquiétez pas.
Mais ils font la leçon, appellent à la responsabilité, ils ne manquent pas d’air et ne connaissent pas la honte...Ils sont suffisants, se croient au-dessus des lois, cyniques, menteurs, …
Dire que les député-e-s de cette clique voient tout cela et se taisent : ils-elles sont complices, pour garder leurs avantages d’élu-e-s et s’étonnent d’être des cibles de la colère populaire.
On en a vu à l’oeuvre depuis des décennies, ces Cahuzac, Thévenoud, Tron, Longuet, Carignon, Fillon, Sarkozy, pour n’en citer que quelque-uns.Ils ont traversé les partis et les différents gouvernements sans trop de dégâts et ils jouent en plus sur notre amnésie…
Il me semble qu’on est arrivé à un point de rupture important, ce n’est pas pour rien que Macron/Castaner soignent les forces répressives policières en les armant fortement, car il y a un affrontement massif en cours qui dépasse la problématique des retraites, qui est juste symbolique et symptomatique d’un système qui doit changer vite avant que cela entraîne un chaos (peut-être voulu par Macron pour favoriser sa réélection face à l’extrême-droite, moi ou le chaos !!!!! même s’il l’a crée lui-même).
Construire la précarité et ne pas mettre en œuvre des actions sur les enjeux écologiques seront la perte de ce gouvernement. Mais comme les formes classiques de lutte atteignent leurs limites (mobilisations, manifs-meetings-tractages-…) et qu’il y a une absence de perspective politique par les urnes, les combats vont changer de forme : désobéissance civile, destruction des symboles du capitalisme, voir plus de radicalité encore, car quand on a plus rien, plus rien à perdre, alors…
Et comme cette oligarchie gouvernementale et des affaires est hors sol, elle n’a que la police pour réprimer, faire peur, emprisonner, mutiler...Ils n’ont aucune notion de ce que vivent ...les Gens !
Alors ? Nécessité ou plan concerté ?
France, année 2020
L’avenir n’est pas écrit !
lundi 16 décembre 2019
lundi 9 décembre 2019
JE SUIS RETRAITE….et ?
Venant d’une
famille nombreuse ouvrière, né juste après-guerre, il y avait
encore dans cette France en ruines et en reconstruction, l’ascenseur
social. C’est ainsi qu’à 15 ans, j’ai co-signé mon contrat de
travail, un engagement d’enseigner au moins dix ans en France
puisque je « rentrais » à l’Ecole Normale
d’Instituteurs de Strasbourg, historiquement la première de France
en 1810 sous Napoléon Bonaparte ! Et après trois ans
d’internat, le baccalauréat et deux années de formation
professionnelle en externat, pris en charge par l’État, on
commençait donc à travailler dans une classe à vingt ans.
Fonctionnaire - instituteur de l’Education Nationale pour toute une
vie !
J’ai demandé mes
droits à la retraite à 55 ans comme c’était spécifié dans le
contrat de travail. Mais pour une retraite pleine, bien que venant de
cette génération du « plein emploi », les calculs
avaient déjà changé et j’aurais du encore travailler deux-trois
ans pour avoir droit au taux plein. Mais j’étais épuisé, au bout
du rouleau, nerveusement plus capable d’y aller encore...Alors,
j’ai « pris » ce qu’on me « donnait » et
j’ai arrêté. Comme souvent quand on a poussé le bouchon trop
loin, ça craque. Et le début de ma retraite fut ponctuée par des
ennuis de santé grave.
Pourquoi
suis-je dans les cortèges des manifestants contre la réforme des
retraites puisque je ne suis plus concerné ?
Instituteur à mon
« époque », c’en était fini déjà de la considération
sociale (maire, curé/pasteur, instituteur), un ouvrier-spécialisé
gagnait plus que le fonctionnaire de base que j’étais. Ce n’est
que quand la première crise pétrolière est passée par là, que le
chômage a commencé à frapper durement (déjà la dépendance aux
énergies fossiles) et que petit à petit, avoir un métier garanti à
vie devenait une plus-value (mais sans augmentation salariale car
pour un instituteur-trice, les augmentations sont aléatoires et
linéaires selon les décisions budgétaires gouvernementales et
l’ancienneté par un système d’inspection/notation). Quand ça
suivait l’inflation, on ne perdait rien, mais les dernières
années, il n’y a même plus cela...Ma pension est donc un peu
au-dessus de 1500 € et on est considéré aujourd’hui comme des
privilégiés ! J’ai toujours pensé que les fonctionnaires
devaient être des ambassadeurs-exemples et que l’État se devait
de montrer le chemin en faisant des statuts des fonctionnaires un
objectif minima pour le secteur privé.
Que nenni ! Ce
n’était qu’une vue de mon esprit car la réalité des chiffres
et des faits étaient loin de corroborer cet ...idéal républicain
d’émancipation.
Les pensions
stagnent depuis des années avec une inflation de près de 1,5 %
par an, en plus M. Macron a rajouté une deuxième CSG prélevée sur
les retraites (- 500€/an), les impôts augmentent, les taxes
(habitation/foncière) aussi, tout comme les prélèvements
obligatoires (électricité, téléphone, gaz, mazout, eau,
nourriture, déplacements, …), sans compter qu’on aide aussi au
mieux nos enfants et petits-enfants, car pour eux, c’est bien plus
difficile par les temps qui courent. Je ne me plains pas, loin de là,
mais je pense à des connaissances qui ont une pension moindre, à
tous ces gens qui galèrent et où la misère atteint leur porte, qui
sont entourés par des familles en précarité, incertitudes,
chômage...Et même celles et ceux qui travaillent ne s’en sortent
plus, s’endettent et s’écroulent.
C’est quoi ce
pays riche où les gens vivent ainsi ?
On a ouvert les
yeux, on a fait fonctionner nos cerveaux, on a lu, écouté, discuté,
échangé, comparé, on commence à comprendre où se situent les
problèmes, les points de rupture, les déséquilibres, les
injustices fiscales, sociales, les incidences environnementales, les
flux migratoires de l’ultra-libéralisme qui exploite les
sous-sols, …., les objectifs de cette économie dont on nous rend
(entièrement?) dépendant, ces objets connectés pour nous maintenir
sous surveillance et à portée de propagande incessante, ...un
monde, une civilisation mondialisée où la saveur de la vie est
devenue absente, où notre être primitif d’humain est occulté, a
disparu…
D’avoir croisé,
écouté les résistants d’hier (qui avaient 17-20 ans contre un
oppresseur fortement armé et envahisseur), d’être fils de
« Malgré-Nous », de côtoyer les activistes
d’aujourd’hui, je sais que nous devons être des résistants
contre ces ennemis aujourd’hui clairement identifiés.
Quand on sait de
quel côté de la barrière on est, on ne peut plus se tromper.
Il y a urgence
environnementale par leurs destructions, il y a urgence sociale par
leur précarisation.
Les résistant-e-s
d’hier avaient peur aussi, mais les solidarités les ont préservés
de la lâcheté et les réseaux leur ont permis de s’organiser.
rassemblement chaque année
sur le plateau des Glières-Thonon
à la pentecôte
RIEN N’EST
ACQUIS : luttes et résistance
Les droits, les
acquis l’ont toujours été par des mobilisations en nombre, des
grèves longues, des négociations radicales, des confrontations, ….
Sans rapport de force, on n’obtient rien et s’il est ignoré, ça
dégénère…
Un des rapports de
force est la représentation syndicale. Dans quels pays peut-on dire
que les salariés sont plus écoutés qu’ailleurs sans rentrer dans
des conflits sociaux durs ? Là où le taux de syndicalisation
est élevé ?
Comparons quelques
pays sur ce critère : Espagne 19 %, Portugal 19 %,
Allemagne 18 %, Autriche 28 %,
Irlande 31 %, Grande-Bretagne 28 %,
Belgique 60 %,
Norvège 53 %, Danemark 67 %,
Suède 70 %, Finlande 74 %
et la France...8 %.
On peut penser aussi
que ces taux sont élevés dans les pays où la cotisation syndicale
est prélevée directement sur le salaire. C’est vrai pour les pays
scandinaves, (comme pour le Canada et encore aux USA), mais pas pour
la Belgique, l’Autriche, ...Et puis, en France depuis le 1er
janvier 2015, une cotisation de 0,016 % du salaire brut est
prélevée sur la fiche de paie et reversée aux 5 syndicats de
salariés (CFDT, CGT, CGC, FO, CFTC) et aux 3 syndicats d’employeurs
(MEDEF, CGPME, UPA) ce qui représente quand même 400 M €/an
malgré le taux faible de 0,01 % !
En Europe du Nord,
les cotisations représentent 80 % des ressources des syndicats.
En France, elles ne représentent qu’environ 30 %. Les
syndicats sont donc encore aujourd’hui dépendants d’une certain
façon du financement public et, pour s’en libérer, il faudrait
plus de syndiqués cotisants. Depuis la loi de 2008, les syndicats
doivent publier leurs comptes annuellement et certifiés depuis 2011.
L’État – argent public – verse un financement aux syndicats
afin qu’ils assurent la formation aux Prud’hommes et la formation
syndicale de ses permanents/cadres (qui leur coûte environ 33 M
€) !
RAPPORTS DE
FORCE : le nombre
On peut dès lors se
poser la question aussi, à partir du moment où une cotisation
syndicale est prélevée sur ma fiche de paie, pourquoi n’y a-t-il
que 8 % de salarié-e-s syndiqué-e-s en France ?
Si le taux était
aussi important que dans les pays du Nord, le rapport de force serait
différent et les négociations plus « équilibrées » !
Dans l’actuel
conflit social très grave, la question de la réforme imposée par
le gouvernement de M. Macron, met ce rapport de force en question.
C’est la convergence des luttes qui commence à faire nombre. Et
surtout la persévérance et la force organisée (et syndicale) de la
SNCF-RATP qui font pression. Si les enseignant-e-s suivaient, cela
ajouterait un poids, une force supplémentaire déséquilibrante.
Cela peut se jouer
dans les tous prochains jours..
La retraite par
points
Une arnaque du genre
« actions en bourse » présentée comme juste, équitable,
avantageuse pour tous...alors que la valeur du point sera fluctuante…
Mais les prémisses sont déjà là. Les trimestres crédités ne
sont déjà plus décomptés de date à date, mais à partir des
cotisations prélevées sur votre salaire (3 trimestres = 300 points
disons). Et on parle déjà de points ARRCO et points AGIRC.
Donc, il y a urgence
à résister, à couper toute velléité de poursuivre la mise en
place de ce système puisque le ver est déjà dans le fruit…
Si le SMIC était à
2000 € et la retraite garantie à 1500 € serait-ce un scandale,
alors qu’on nous a IMPOSE le passage à l’Euro avec sa perte de
pouvoir d’achat conséquente, une augmentation très sensible de
tous les prix. Ce serait donc impossible, indécent, alors que des
milliards sont détournés pour échapper à l’impôt et ce n’est
sûrement pas du fait des « petites gens ». Dans un pays
riche, le ruissellement n’est pas ce qui est attendu, mais des
berges tranquilles où chacun-e peut s’épanouir, s’émanciper,
vivre, vivre tout simplement.
« Nous ne
sommes pas du personnel, nous sommes des gens. »
dessin de VEESSE www.hebdi.com
le magazine satirique indépendant alsacien
L’avenir n’est
pas écrit.
lundi 18 novembre 2019
CONSOMMER MOINS, RéPARTIR MIEUX
« Il
est où le bonheur ? » s’interroge François Ruffin,
titre de son dernier livre. Le journaliste-député après sa tournée
des ronds-points (« j’veux du soleil ») a
rencontré des jeunes de « Youth for Climate » et propose
des perspectives pour agglomérer les différents combats sociaux et
climatiques dans un Front Populaire Ecologique.
On
peut discuter longuement du réchauffement climatique, on peut
discuter longuement du réchauffement social, mais on ne pourra pas
longuement nier qu’ils ne sont pas là !
« Anthropocène », « fonte
de la banquise », « acidification des océans »,
« sixième extinction des espèces », « rapport du
GIEC », « accord de Paris »,
« collapsologie »,...les jeunes, ou du moins un
certain nombre d’entre-eux, ont intégré tous ces constats, ces
déclarations depuis un moment et on aurait tort de les considérer
comme des gamin-e-s, car eux, la planète en danger, ils sont nés
avec, ils grandissent avec... « Une formidable
maturité,...mais mêlée ...à une candeur politique... ».
Ce qui est détruit ne se reconstruira pas. On a beau alerter,
manifester en nombre, les décisions en restent au niveau des mots,
disent-ils. « Au cri de Tous ensemble, ils veulent nous
faire embrasser nos tyrans ». « Puisqu’ils nous
menacent, on va les menacer, ...on n’a pas le choix….on a des
amis qui se préparent à la violence » . Voilà un
cheminement de l’esprit actuellement avant un possible passage à
l’acte. Et la tendance est la même pour une partie des Gilets
Jaunes, probablement. Des mouvements qui cherchent la « meilleure »
voie vers l’action, mais qui ne peut être « ni
l’opportunisme, ni le meurtre ».
Alors,
on fait comment ?
« Des
luttes pour des lois, et encore des luttes pour faire appliquer les
lois. » « Bref, il nous faut gagner dans les urnes. Et
aussitôt après, la rue, la rue, la rue. Sinon, quoi ? Sinon,
rien. »
Le
présidentialisme a tué tout espoir de démocratie. La démocratie,
c’est autoriser le conflit. Nous sommes tombés dans une
résignation, une absence d’espérance, tellement nous sommes
phagocytés dans nos têtes par la propagande, la peur, leur
puissance. Mais l’histoire nous laisse la mémoire de 1789, de
1936, de 1968. Les « acquis » viennent de luttes et de
lois imposées par des rapports de force. « Quand
l’emportons-nous ? Lorsque les classes populaires se joignent
à la petite bourgeoisie culturelle, aux éduqués, à la classe
intellectuelle. » …. « lorsque
ceux d’en haut ne peuvent plus, ceux d’en bas ne veulent plus, et
ceux du milieu basculent avec ceux d’en bas » comme
le théorisait Lénine en son temps.
Depuis
1981, il n’y a eu qu’une accumulation des fractures :
économique, sociale, géographique, éducative. Cela a éloigné les
uns des autres, a isolé chacun-e dans sa souffrance, sa colère, sa
désespérance. Le mouvement des Gilets Jaunes a ravivé la
solidarité, la fraternité. Youth for Climate a ramené l’écologie
au premier rang. Au point de rupture où nous nous situons, les liens
se créent, indispensables pour agir efficacement. « Parler
aux uns des autres, et aux autres des uns, des façons de voir le
monde, des raisons de cela » .
Des
années, on nous a bourré le crâne avec concurrence, croissance,
compétition, libre-échange, mondialisation, ….mais on a constaté
aussi toutes les dérives, les détresses, les conditions de travail,
le délitement social, les inégalités et injustices flagrantes et
la destruction massive de la planète. La « croissance »
ne fait plus le bonheur.
« Sans
croissance, pas de redistribution » claironne notre
président-banquier, alors que le PIB français est de 2 300
milliards €. Une grosse escroquerie, donc. Relocaliser l’économie,
faire des actes pour réduire notre impact par nos multiples petits
gestes, nos choix de consommation, énergétique, de déplacement,
bien sûr, mais cela ne représente qu’une parcelle minime de ce
qu’on enlève de leur domination, car quand on ouvre le frigo ou
allume la radio/tv, on se rend compte de leur puissance, leur
duplicité, leur hypocrisie. On voudrait nous culpabiliser, mais les
avions, les tankers, les camions... « Ils règnent sur
les banques, la chimie, les médicaments, les médias, le lait, le
cacao, le coton, les cantines, sur l’électroménager, les
voitures, les autoroutes, l’ameublement, les supermarchés, la
téléphonie, sur les shampoings, les jupes, les tee-shirts, les
baskets, sur les mines d’or, d’argent, de cobalt, de nickel,
…..ils règnent sur tout ou presque...Ils nous dirigent avec notre
complicité, notre docilité, notre servitude volontaire. »
Nous savons bien de quelle côté de la fracture nous nous
situons. Mais notre force, c’est le nombre. Rapport de force. Alors
faisons-le exister à nouveau.
Quel
monde voulons-nous ? Pour nous, nos enfants, nos petits
enfants ?
« Il
faut créer un front commun, un front des communs, ...qu’à
la place de nous diviser, l’écologie nous rapproche, rouges,
verts, jaunes, qu’elle allie classes populaires et éduquées. »
Dépasser les égos, les plans de carrière, « s’unir pour
donner d’autres espoirs que l’extrême-droite et
l’extrême-argent, duel joué et rejoué depuis trente
ans »…. « que cesse la bataille des nains pour
qu’on puisse bousculer les géants ».
François
Ruffin nous soumet son « rêve » ou prophétie de ce
Front Populaire Ecologique.
L’avenir
n’est pas écrit…
« Le peuple ne nous en voudra pas d’avoir échoué,
mais il
nous en voudra de ne pas avoir essayé. »
(Roosevelt)
Les
textes en italique sont des extraits du livre.
François
RUFFIN « il est où le bonheur ? »
Editions
Les Liens qui Libèrent – oct 2019 / 14 €
en
vente sur le site du journal Fakir ou en librairie, s’il en
reste par chez vous !
vendredi 1 novembre 2019
LE RAPPORT DE FORCE CHANGE QUAND LA JEUNESSE SE MOBILISE
On ne peut que constater que la vague de manifestations mondialisées est le fait de la jeunesse. Vous êtes sceptiques ? Alors, pointons le doigt sur différents lieux où cette contestation est présente :
Algérie, Tunisie, Soudan, Chili, Uruguay, Bolivie, Argentine,Hong-Kong, Liban, Haiti, Barcelone, ...et on pourrait y ajouter France et bien d’autres encore...Le dictateur est chassé au Soudan et remplacé par un gouvernement civil ; Bouteflika est dégagé en Algérie et tout le système militaro-mafieux ébranlé, les peuples n’ont plus qu’une seule arme face aux inégalités, la corruption, la liberté mise à mal, la démocratie bafouée : le nombre.
On disait que cette génération addictive des écrans, iphone et autres jeux vidéos se désintéressait de la politique menée dans leurs pays. Mais les réseaux sociaux abolissent les distances et la mondialisation ne se décline pas que sur une économie libérale dérégulée. L’urgence climatique avec ses conséquences de plus en plus visibles et à répétition est rentrée dans le champ des problèmes majeurs et planétaires. Cela ébranle l’idéologie dominante qui veut nous faire croire qu’il n’y a pas d’alternatives au développement basé pourtant sur l’exploitation des ressources naturelles ...limitées. Un non-sens évident ! La marche forcée et imposée (avec toutes les conséquences sociales ) est « justifiée » par le seul intérêt financier d’une caste qui cumule les pouvoirs (et les gains) économiques, médiatiques et ...politiques. Tout en sachant que son avenir est limité et va dans le mur au détriment de la survie même de l’espèce humaine. Mais, « après moi le déluge » puisque la vie est éphémère, autant en profiter au max !
La jeunesse, elle, est l’avenir et elle a bien compris qu’il n’y a rien à attendre de ceux qui nous mènent vers une impasse mortifère. Elle a tout autant compris que le champ politique, tel qu’il est conçu, est décrédibilisé par ses excès, ses déviances, ses promesses non-tenues, ses carriéristes…
et que le temps est devenu une préoccupation majeure.
On peut rajeunir les visages des dirigeants, ce n’est pas pour autant que leur politique est « actualisée ». Plus le moment de tergiverser, il faut agir et si les politiques ne le font pas, alors les mobilisations en nombre et les actions radicales imposeront une pression continue qui changeront le rapport de force et montreront que la répression policière et armée n’arrivera pas à rendre docile une génération qui se réveille lorsqu’elle se détache des écrans et regarde l’état du monde réel. Le futur qu’on lui propose ne semble tout à coup plus si idyllique que le défouloir virtuel, coloré et le leurre de l’existence connectée, mais solitaire.

C’est dans les combats collectifs que l’on retrouve des solidarités, de la chaleur humaine, du sens.
Youth for Climate, Extinction Rebellion, Gilets Jaunes ont en commun un ras-le-bol général et une énergie dirigée vers des changements profonds dans toutes les sphères de la vie quotidienne.
Les réponses entendues ne sont que des ajustements technocratiques qui n’endorment plus personne et l’éveil des consciences est bien à l’oeuvre.
Quand la jeunesse se mobilise en nombre et en radicalité, les « pouvoirs » tombent. Les exemples du passé ne manquent pas, il faut bien en être conscient, convaincu.
L’avenir n’est pas écrit…
samedi 21 septembre 2019
« NE LA LAISSE PAS TOMBER, ELLE EST SI FRAGILE ... »
C’est le refrain d’une chanson de Cookie Dingler, l’alsacien, qu’ont fredonné pas mal de monde...On pourrait l’adapter à la planète Terre.
Des milliers de jeunes dans les rues à travers le monde ce jeudi 20 septembre (et les jeudis qui vont suivre) pour dénoncer l’inaction des gouvernements en ce qui concerne les décisions à prendre contre le réchauffement climatique et ses conséquences dramatiques déjà visibles et à venir. Le mouvement est mondial car l’économie productiviste, l’industrie, le tourisme de masse, l’agriculture intensive, ...impactent le climat, nos réserves d’énergie, notre santé et le niveau de vie de chacun-e. « Pourquoi aller à l’école si on n’a pas d’avenir ? ». « Si vous ne voulez pas écouter vos enfants, écoutez au moins les scientifiques ». Mais nos dirigeants qui sont en fait les fondés de pouvoir des lobbys qui sont les grands pollueurs, ne sont pas la solution, mais le problème. Ils ne peuvent plus masquer leur jeu pervers : les mots d’un côté et les faits de l’autre, qui contredisent leurs discours mensongers sans actes. M. Macron par exemple demande le calme dans les manifestations et va aller faire un beau discours lundi à l’ONU (New-York) au « Sommet spécial sur le climat ». Il regrette la déforestation amazonienne, mais autorise la destruction de dizaines d’hectares de forêts par ici pour l’autoroute à péage GCO-Vinci aux alentours de Strasbourg...Pendant ce temps, la secrétaire d’État à la Transition Ecologique et Solidaire (Brune Poirson) « prend des mesures ré-vo-lu-tion-naires en abolissant ….les touillettes en plastique !!! »
Il n’y a rien à attendre de ce gouvernement dans ce domaine, ni de celui de Trump, ni de celui de la Chine, ni de la Russie, ni de ….Bref, aucun gouvernement industriel fort ne va attaquer les pratiques de la « poule aux œufs d’or »...Alors ?
Alors, manifestations des adultes (marche pour le climat) certains samedis, mais aussi manifestations des jeunes collégiens-lycéens-étudiants tous les vendredis contre lesquels le gouvernement ne peut pas vraiment envoyer ses CRS...Si on rajoute les manifestations des syndicats contre la réforme des retraites (un vol-arnaque) et les actes 45-46-...du samedi des Gilets Jaunes contre la précarité, la misère, l’injustice sociale et fiscale, alors on se dit que le pays est en mode pré-chaos-grève générale où les seuls soutiens encore du président sont les 25 % d’électeurs-électrices qui ont voté pour lui il y a deux ans.
M. Macron, issu de son monde protégé, ne connaît pas son pays et ne mesure pas ce qui est en train de se dessiner en profondeur. La répression par la force policière et armée est sa seule réponse - on ne compte plus les éborgnés et mains arrachées- mais il aura du mal à faire croire que toutes les personnes dans les rues sont des black-blocs violents et sous couvert de sécurité (!!!), il ne pourra plus justifier longtemps encore les actes impunis de sa police.
S’il n’y a que peu d’espoirs dans un changement urgent de la politique, si les élu-e-s de toutes sortes sont décrédibilisés, où est placé le changement nécessaire pour sauvegarder la planète et la survie de l’espèce humaine ?
« Seuls de puissants mouvements collectifs de résistance et d’alternatives peuvent mettre à mal le pouvoir destructeur de la finance, des multinationales et de leurs relais politiques, principaux responsables » du dérèglement climatique, de la crise sociale, des inégalités flagrantes…
Un parti d’écologie politique aurait pu amalgamer toutes ces colères et ces revendications. Mais EELV n’est plus Les Verts avec son programme radical de transformation de la société : c’est devenu un parti presque comme les autres (avec ses carriéristes et ses déviances) et surtout la stratégie adoptée par Yannick Jadot, proche des Grünen d’outre-Rhin, avec ses alliances possibles avec la droite aux Municipales, son ni-ni européen et présidentiel ne font que mettre à distance les militant-e-s de terrain. Sans radicalité, pas de front commun, et pour les mouvements actifs (des Gilets Jaunes, des marches pour le climat, des syndicats contre la réforme des retraites, …), les actes seront peut-être de plus en plus violents (comme cela est prôné par Deep Green Resistance), car le temps presse et les réponses ne sont pas à la hauteur des enjeux, elles ressemblent à des écrans de fumée, du blablabla qui laisse du temps aux multinationales de continuer leur business mortifère.
Y aura-t-il convergence entre ces différents mouvements ?
Sociologiquement, ces groupes sont différents. Les Gilets Jaunes regroupent plus les classes populaires (ouvriers, employés) et les personnes en difficultés financières qui ont l’expérience de la précarité et de la pauvreté. Les manifestants pour le climat viennent plus de la classe moyenne, éduquée, mais sont aujourd’hui enrichis par un apport massif des jeunes qui ont d’autres « cultures » et peu de pratiques politiques.
Le lien entre écologie et justice sociale/fiscale commence à être clair et les moyens d’action se diversifient.
La question centrale reste : « est-ce utile de manifester pour sensibiliser la population à adopter un mode de vie écologique quand les grandes multinationales font à elles seules le travail de destruction de la planète ? »
On démultiplie dès lors des formes politiques plus locales avec le sens de biens communs, d’une démocratie réelle qui ne peut être antisociale. Il faut changer de système de production, sortir du capitalisme financiarisé, ce qui demande des réformes radicales. Comme elles ne sont pas mises en œuvre, les modes d’action vont évoluer vers la désobéissance civile, la radicalisation des propos et des actes, et le risque du recours à la violence.
L’évolution du mouvement climat déterminera sans aucun doute la convergence des luttes vert, jaune, rouge.. Mais n’est-ce pas déjà trop tard ?
L’avenir n’est pas écrit…
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Les phrases entre guillemets sont des extraits d’interviews et d’écrits de Greta Thornberg, lycéenne / Zakaria Bendali, chercheur / Jean Gadrey, économiste / Patrick Salez, lecteur /
dans POLITIS 1569 /19-25 sept
Des milliers de jeunes dans les rues à travers le monde ce jeudi 20 septembre (et les jeudis qui vont suivre) pour dénoncer l’inaction des gouvernements en ce qui concerne les décisions à prendre contre le réchauffement climatique et ses conséquences dramatiques déjà visibles et à venir. Le mouvement est mondial car l’économie productiviste, l’industrie, le tourisme de masse, l’agriculture intensive, ...impactent le climat, nos réserves d’énergie, notre santé et le niveau de vie de chacun-e. « Pourquoi aller à l’école si on n’a pas d’avenir ? ». « Si vous ne voulez pas écouter vos enfants, écoutez au moins les scientifiques ». Mais nos dirigeants qui sont en fait les fondés de pouvoir des lobbys qui sont les grands pollueurs, ne sont pas la solution, mais le problème. Ils ne peuvent plus masquer leur jeu pervers : les mots d’un côté et les faits de l’autre, qui contredisent leurs discours mensongers sans actes. M. Macron par exemple demande le calme dans les manifestations et va aller faire un beau discours lundi à l’ONU (New-York) au « Sommet spécial sur le climat ». Il regrette la déforestation amazonienne, mais autorise la destruction de dizaines d’hectares de forêts par ici pour l’autoroute à péage GCO-Vinci aux alentours de Strasbourg...Pendant ce temps, la secrétaire d’État à la Transition Ecologique et Solidaire (Brune Poirson) « prend des mesures ré-vo-lu-tion-naires en abolissant ….les touillettes en plastique !!! »
Il n’y a rien à attendre de ce gouvernement dans ce domaine, ni de celui de Trump, ni de celui de la Chine, ni de la Russie, ni de ….Bref, aucun gouvernement industriel fort ne va attaquer les pratiques de la « poule aux œufs d’or »...Alors ?
Alors, manifestations des adultes (marche pour le climat) certains samedis, mais aussi manifestations des jeunes collégiens-lycéens-étudiants tous les vendredis contre lesquels le gouvernement ne peut pas vraiment envoyer ses CRS...Si on rajoute les manifestations des syndicats contre la réforme des retraites (un vol-arnaque) et les actes 45-46-...du samedi des Gilets Jaunes contre la précarité, la misère, l’injustice sociale et fiscale, alors on se dit que le pays est en mode pré-chaos-grève générale où les seuls soutiens encore du président sont les 25 % d’électeurs-électrices qui ont voté pour lui il y a deux ans.
M. Macron, issu de son monde protégé, ne connaît pas son pays et ne mesure pas ce qui est en train de se dessiner en profondeur. La répression par la force policière et armée est sa seule réponse - on ne compte plus les éborgnés et mains arrachées- mais il aura du mal à faire croire que toutes les personnes dans les rues sont des black-blocs violents et sous couvert de sécurité (!!!), il ne pourra plus justifier longtemps encore les actes impunis de sa police.
S’il n’y a que peu d’espoirs dans un changement urgent de la politique, si les élu-e-s de toutes sortes sont décrédibilisés, où est placé le changement nécessaire pour sauvegarder la planète et la survie de l’espèce humaine ?
« Seuls de puissants mouvements collectifs de résistance et d’alternatives peuvent mettre à mal le pouvoir destructeur de la finance, des multinationales et de leurs relais politiques, principaux responsables » du dérèglement climatique, de la crise sociale, des inégalités flagrantes…
Un parti d’écologie politique aurait pu amalgamer toutes ces colères et ces revendications. Mais EELV n’est plus Les Verts avec son programme radical de transformation de la société : c’est devenu un parti presque comme les autres (avec ses carriéristes et ses déviances) et surtout la stratégie adoptée par Yannick Jadot, proche des Grünen d’outre-Rhin, avec ses alliances possibles avec la droite aux Municipales, son ni-ni européen et présidentiel ne font que mettre à distance les militant-e-s de terrain. Sans radicalité, pas de front commun, et pour les mouvements actifs (des Gilets Jaunes, des marches pour le climat, des syndicats contre la réforme des retraites, …), les actes seront peut-être de plus en plus violents (comme cela est prôné par Deep Green Resistance), car le temps presse et les réponses ne sont pas à la hauteur des enjeux, elles ressemblent à des écrans de fumée, du blablabla qui laisse du temps aux multinationales de continuer leur business mortifère.
Y aura-t-il convergence entre ces différents mouvements ?
Sociologiquement, ces groupes sont différents. Les Gilets Jaunes regroupent plus les classes populaires (ouvriers, employés) et les personnes en difficultés financières qui ont l’expérience de la précarité et de la pauvreté. Les manifestants pour le climat viennent plus de la classe moyenne, éduquée, mais sont aujourd’hui enrichis par un apport massif des jeunes qui ont d’autres « cultures » et peu de pratiques politiques.
Le lien entre écologie et justice sociale/fiscale commence à être clair et les moyens d’action se diversifient.
La question centrale reste : « est-ce utile de manifester pour sensibiliser la population à adopter un mode de vie écologique quand les grandes multinationales font à elles seules le travail de destruction de la planète ? »
On démultiplie dès lors des formes politiques plus locales avec le sens de biens communs, d’une démocratie réelle qui ne peut être antisociale. Il faut changer de système de production, sortir du capitalisme financiarisé, ce qui demande des réformes radicales. Comme elles ne sont pas mises en œuvre, les modes d’action vont évoluer vers la désobéissance civile, la radicalisation des propos et des actes, et le risque du recours à la violence.
L’évolution du mouvement climat déterminera sans aucun doute la convergence des luttes vert, jaune, rouge.. Mais n’est-ce pas déjà trop tard ?
L’avenir n’est pas écrit…
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Les phrases entre guillemets sont des extraits d’interviews et d’écrits de Greta Thornberg, lycéenne / Zakaria Bendali, chercheur / Jean Gadrey, économiste / Patrick Salez, lecteur /
dans POLITIS 1569 /19-25 sept
samedi 7 septembre 2019
ECOLOGIE ...ELECTORALE !
SOCIO-ECOLO, LIBERALISME ECOLO, ECOLO CENTRISTE
...les
déclinaisons vont être multiples avant les Municipales
(et en
prévision des Présidentielles…)
Originaux et copies !
EELV,
on le savait, puisque cela fait plus de 30 ans que Les Verts sont
devenus un parti politique et principaux combattants pour l’écologie
et la qualité de vie. Mais depuis ces derniers mois, tous les autres
partis politiques ont intégré le discours écolo et un certain
nombre de thématiques qu’ils déclinent pour être les plus écolos
des écolos….Mais vous savez ce qu’on dit : « Plutôt
prendre l’original que les pâles copies... ».
Malheureusement, on a aussi vu (et lu) les dérives carriéristes d’un certain nombre de ces originaux (EELV) qui n’en avaient que l’apparence pour se faufiler dans les méandres du pouvoir tels Hulot, Placé, De Rugy, Pompili, Canfin, Durand, Cosse-Baupin, Canfin, Cohn-Bendit, … et celles et ceux qui sont allés manger dans la main des monarques et des dirigeants des entreprises les plus polluantes.
Malheureusement, on a aussi vu (et lu) les dérives carriéristes d’un certain nombre de ces originaux (EELV) qui n’en avaient que l’apparence pour se faufiler dans les méandres du pouvoir tels Hulot, Placé, De Rugy, Pompili, Canfin, Durand, Cosse-Baupin, Canfin, Cohn-Bendit, … et celles et ceux qui sont allés manger dans la main des monarques et des dirigeants des entreprises les plus polluantes.
Alors,
l’écologie, sur tous les tracts électoraux, dans toutes les
bouches des bonimenteurs politiques, dans les revues, les magazines,
la propagande d’État et les annonces des aménagements
technocratiques, sans réellement toucher aux processus de production
ni aux ressources naturelles nécessaires. Il ne peut pas y avoir
d’écologie douce dans l’urgence climatique en cours, des
mesurettes à la marge pour faire croire qu’il y a des actions
mises en œuvre et imaginer qu’un gouvernement, un président d’UN
pays peut inverser la fuite en avant.
Celles
et ceux qui courent après les mandats savent très bien que pour
gagner des élections, il faut « rassembler » et donc
tenir un discours mesuré, centriste mou, afin de rallier la maximum
de voix...et ne pas effrayer, ne pas faire peur, ne pas bousculer un
certain nombre de choses…*** (lire bas de page)
Les
changements sont toujours venus de minorités agissantes et c’est
bien pour cela que les personnes s’éloignent de plus en plus du
champ politique, qui n’est plus crédible, pour se lancer dans des
actions de désobéissance civique, d’initiatives locales et
d’échanges sur un petit territoire au sein de groupes réduits.
Les
animaux humains retrouvent-ils enfin leur part primitive qui leur
permettra de survivre au chaos en cours ?
Car
oui, il nous faut nous considérer comme des animaux humains,
sûrement d’ailleurs les plus fragiles et les plus dépendants.
Vous en doutez, vous considérez l’Homme comme le prédateur
suprême, le maître du monde, le plus instruit, ce qui lui permettra
d’égaler l’immortalité des Dieux !!!!
Bien sûr, bien sûr...Si la science, les techniques, les technologies permettent des avancées importantes, elles nous font aussi croire à une super puissance face aux animaux non-humains...à nos cousins chimpanzés.
Bien sûr, bien sûr...Si la science, les techniques, les technologies permettent des avancées importantes, elles nous font aussi croire à une super puissance face aux animaux non-humains...à nos cousins chimpanzés.
Observez
bien un nouveau-né humain et comparez avec un nouveau-né animal.
L’animal humain est d’une fragilité déconcertante, d’une
dépendance absolue et cela va durer…toute sa vie ! Ne rigolez
pas. Un animal est autonome, indépendant très rapidement, un
humain, non. Il lui faut des années et encore...S’abriter, se
nourrir, se déplacer, se vêtir , … : qui est le plus
indépendant ? autonome ? L’animal ou l’humain ?
Pas besoin de tergiverser longuement, c’est une évidence.
Une
fois qu’on a intégré cela, on peut voir la vie sous d’autres
angles et relativiser la contribution de chacun-e à rendre la vie
plus agréable pour tous. Se nourrir, servir, inventer, quelles
activités faisons-nous et vers quels objectifs ? Que savons-nous
encore réellement faire pour (sur)vivre ?
Quels savoirs-faire pourrions-nous transmettre , partager ?
Quels savoirs-faire pourrions-nous transmettre , partager ?
Ne
sommes-nous plus que des consommateurs, des presse-boutons,
incapables de réaliser quoi que ce soit de vital, de nécessaire ?
Et ce sentiment de liberté est-il réel quand on voit la répression policière qui s’abat dès qu’est remis en cause le système imposé par une minorité, cette caste capteuse des ressources naturelles qui s’amoindrissent chaque jour en hypothéquant sérieusement l’avenir, au profit de cette seule oligarchie (dont la durée est tout aussi limitée et fragile).
L’Histoire nous a donné assez d’exemples pour savoir que rien n’est jamais acquis et que la violence n’a pas suffit à museler les oppositions et les perspectives nouvelles.
Et ce sentiment de liberté est-il réel quand on voit la répression policière qui s’abat dès qu’est remis en cause le système imposé par une minorité, cette caste capteuse des ressources naturelles qui s’amoindrissent chaque jour en hypothéquant sérieusement l’avenir, au profit de cette seule oligarchie (dont la durée est tout aussi limitée et fragile).
L’Histoire nous a donné assez d’exemples pour savoir que rien n’est jamais acquis et que la violence n’a pas suffit à museler les oppositions et les perspectives nouvelles.
Lorsque
les choses sont dites, les réactions peuvent être multiples,
multiformes et seules les démonstrations radicales (verbales et
actives) font évoluer les choses, peuvent inverser la marche dans le
mur…
Celles
et ceux qui s’engagent encore dans le leurre politique électoral, où on veut
nous faire croire que le changement se fera en douceur avec des
mesurettes à la marge, en occultant le rôle majeur de l’industrie
et de la production, ceux-là sont les complices, conscients ou non,
de ce système mondialisé et dérégulé qui produit les phénomènes
catastrophiques qui se succèdent et qu’on ne veut pas voir, pas
analyser, et surtout qu’on veut mettre à distance pour ne pas être
ébloui, éclaboussé par l’urgence évidente.
Prenons
un simple exemple : admettons que les épisodes caniculaires
vécus cet été, se reproduisent plus souvent et surtout...durent
plus longtemps. Comment continuer à refroidir les centrales
nucléaires si l’eau se réchauffe ? Comment continuer à
vivre à notre niveau si l’eau devient rare par des phénomènes
allongés de sécheresse ? Sans électricité, et donc aussi sans essence, sans eau, ou même
avec des réductions drastiques, quelles seront les conséquences au
quotidien ? Imaginez juste quelques instants tous les
changements que cela peut amener et...très vite. Il suffit donc
juste d’un peu plus de bouleversements plus longs par rapport à
ce qu’on a déjà pu vivre et observer ces dernières années.
Faisons
confiance en l’homme et en la science pour trouver une solution,
des solutions adaptées… ? Ah oui ? C’est ce que vous
pensez sérieusement, en toute objectivité ? Mais que disent
les scientifiques indépendants ? Ils énumèrent les
changements profonds en cours, les conséquences probables et
rappellent l’urgence d’un changement radical de nos façons de
produire et de vivre.
Sommes-nous
loin de l’animal humain ou redevenons-nous conscients de notre
fragilité , dépendance ...et interactions ?
Les plus visionnaires d’entre nous alertent depuis des années sur le fait que pour (sur)vivre, il faut revenir à des actions, des initiatives locales, se réattribuer les biens communs, s’éloigner et ignorer les milieux (inutiles) politiques en pratiquant une démocratie directe au sein de communautés villageoises réduites. Les réseaux, les échanges de services et de savoirs-faire reprendront place là où ils auraient toujours du rester, pour ne pas se faire déposséder pour des motifs purement pécuniaires, monétaires, de captation des richesses...
On semble ignorer la force collective, même si le long mouvement des Gilets Jaunes nous l’a montrée. Il faut se réapproprier sa vie, trouver l’équilibre pour ne pas plonger dans un esclavagisme moderne.
Les plus visionnaires d’entre nous alertent depuis des années sur le fait que pour (sur)vivre, il faut revenir à des actions, des initiatives locales, se réattribuer les biens communs, s’éloigner et ignorer les milieux (inutiles) politiques en pratiquant une démocratie directe au sein de communautés villageoises réduites. Les réseaux, les échanges de services et de savoirs-faire reprendront place là où ils auraient toujours du rester, pour ne pas se faire déposséder pour des motifs purement pécuniaires, monétaires, de captation des richesses...
On semble ignorer la force collective, même si le long mouvement des Gilets Jaunes nous l’a montrée. Il faut se réapproprier sa vie, trouver l’équilibre pour ne pas plonger dans un esclavagisme moderne.
Les
initiatives, les exemples, foisonnent partout dans cette mouvance
d’une autre vie possible, accentuées par la précarité, la
flexibilité exigée, le chômage massif, qui font que la fragilité
professionnelle que chacun-e peut éprouver va faciliter (par
nécessité) le passage vers une autre façon de voir et vivre sa
vie.
C’est une question de temps, c’est dans l’air du temps et bien éloigné des idéologues politiques qui veulent encore nous faire croire en des hommes-femmes élu-e-s qui apporteraient des solutions globales !!!!
Ne nous laissons donc plus endormir par ces nuances de gris, de verts, de bruns, de ...mais colorons notre vie à notre façon dans une biodiversité humaine qui fera notre richesse d’actions.
C’est une question de temps, c’est dans l’air du temps et bien éloigné des idéologues politiques qui veulent encore nous faire croire en des hommes-femmes élu-e-s qui apporteraient des solutions globales !!!!
Ne nous laissons donc plus endormir par ces nuances de gris, de verts, de bruns, de ...mais colorons notre vie à notre façon dans une biodiversité humaine qui fera notre richesse d’actions.
L’écologie
est donc un mot galvaudé partout (comme le devint bio, durable,
etc...aujourd’hui, inclusif et ….). Peu importe puisque nous avons
dépassé les idéologies et celles et ceux qui veulent s’en
gausser savent que ce n’est qu’un outil de propagande de plus, un
mot qui se veut rassembleur.
Socio-écologie,
écologie positive (libérale, quoi!), écologie centriste sans
remise en cause (ni droite...ni gauche), bref tout le monde veut s’en
revendiquer. Mais nous savons bien que ce n’est pas en parler qu’il
faut aujourd’hui, mais bien changer de systèmes de production, de
consommation et donc sortir du capitalisme qui est la cause
principale du dérèglement climatique.
Si vous n’avez pas encore compris le lien, faites un effort. Imaginez juste un monde sans essence à profusion, en restriction d’eau, avec une électricité rationnée….
Si vous n’avez pas encore compris le lien, faites un effort. Imaginez juste un monde sans essence à profusion, en restriction d’eau, avec une électricité rationnée….
L’avenir
n’est pas écrit
et
nous avons tous une part de responsabilité et de choix possibles.
Il
faut juste retrouver la force de passer à l’action
et
et
d’aller
à la rencontre des autres
pour
agir/construire ensemble...
"Résister, c'est créer. Créer, c'est résister." Stéphane Hessel
_______________________________________________________________________________
*** ATTENTION, je ne dis pas "Tous pourri-e-s !"
quand je parle des "politiques-politiciens".
Si je nomme certain-e-s, il y en a d'autres qui sont resté-e-s dans leurs "combats".
Ainsi, Cécile Duflot est aujourd'hui présidente d'OXFAM. Michèle Rivasi est une eurodéputée très active et qui fait avancer les choses à son niveau.
Des élu-e-s "de terrain" agissent avec les militant-e-s locales.
Et, je ne veux pas non plus mettre toutes les élections au même niveau.
Celles qui me paraissent les plus "utiles" pour la démocratie locale sont bien les élections à venir : les élections MUNICIPALES où on élit un Conseil Municipal et les représentant-e-s aux Communautés de Communes. Mais il faut aussi que ceux-celles ci aient des réels pouvoirs et fassent fonctionner des décisions prises collectivement avec la communauté villageoise.
Pour ces élections communales de l'an prochain, des personnes proches se présentent et donc à chacun-e de déterminer leurs implications dans la vie locale. Les écologistes, militant-e-s de terrain, ont toujours eu ma préférence lors de ce vote.
"Résister, c'est créer. Créer, c'est résister." Stéphane Hessel
_______________________________________________________________________________
*** ATTENTION, je ne dis pas "Tous pourri-e-s !"
quand je parle des "politiques-politiciens".
Si je nomme certain-e-s, il y en a d'autres qui sont resté-e-s dans leurs "combats".
Ainsi, Cécile Duflot est aujourd'hui présidente d'OXFAM. Michèle Rivasi est une eurodéputée très active et qui fait avancer les choses à son niveau.
Des élu-e-s "de terrain" agissent avec les militant-e-s locales.
Et, je ne veux pas non plus mettre toutes les élections au même niveau.
Celles qui me paraissent les plus "utiles" pour la démocratie locale sont bien les élections à venir : les élections MUNICIPALES où on élit un Conseil Municipal et les représentant-e-s aux Communautés de Communes. Mais il faut aussi que ceux-celles ci aient des réels pouvoirs et fassent fonctionner des décisions prises collectivement avec la communauté villageoise.
Pour ces élections communales de l'an prochain, des personnes proches se présentent et donc à chacun-e de déterminer leurs implications dans la vie locale. Les écologistes, militant-e-s de terrain, ont toujours eu ma préférence lors de ce vote.
dimanche 25 août 2019
LA RENTREE DE M. MACRON
« La
France que tu ne connais pas »,
...c'est le titre du dernier livre de François Ruffin qui montre
combien Emmanuel Macron, du lycée La Providence d'Amiens à l'Ena et
dans les cabinets ministériels, n'a jamais cotoyé "les gens"
et qu'il aime le théâtre, déclamer des citations pour briller dans
SON milieu où il navigue depuis toujours.
Il
fait sa rentrée politique aujourd'hui (24 août 2019) depuis le G7
de Biarritz
où il va vouloir se montrer avec une envergure...mondiale de
...défenseur du climat, probablement !!!
Chirac
nous avait bassiné (avec son conseiller spécial Hulot) la même
chose il y a déjà longtemps à Johannesburg : "la
maison brûle et nous regardons ailleurs".
Qu'est-ce qui a changé depuis ? à part les têtes à l'Elysée ?
Quand
aux bonnes intentions annoncées, on s'esclaffe de rire quand le
roi-président-pdg France demande que, dans la
communication-propagande (sur la réforme de la retraite) distillée
par SES députés-godillots aux électeurs-électrices (pardon,
citoyen-ne-s), ils fassent preuve de "humilité
et proximité", tout lui,
quoi !!!
Quant
à la suite de ses déclarations d’intention - sa feuille de route
pour les prochains mois du train de réformes express -, je vous
laisse apprécier :
il faut « réformer
davantage AVEC les Français plutôt que POUR EUX »
« j’espère
des CITOYENS ACTIFS dans la transition écologique »
Pas
question de revenir sur la Flat tax, la suppression de l’ISF,
ni sur la réforme des retraites
(à
venir)
Et
tout cela au nom « d’un
esprit de RESISTANCE » qui
doit « redéfinir le modèle
français ».
Rien
que ça !
C’est
bon, vous digérez ?
Toutes
les réformes votées à la hussarde comme un seul homme par ses
obligés sont donc pour notre bonheur, faites pour nous, les gens ,
pour une vie meilleure que celle de nos parents, pour entrer dans le
nouveau monde de Macron. Après sa glorification quasi journalière
lors du Grand Débat National où il n’a fait que déployer SON
programme en le justifiant pendant des heures de parole, il voudrait
nous faire croire que les choses se font AVEC ….Souriez !
Grincez !
Il
espère des citoyens actifs. Je ne sais pas quand il a atterri sur
terre, mais il n’a pas du remarquer les citoyens actifs dans la
transition écologique qui oeuvrent depuis des dizaines d’années
et se battent contre la bétonisation des terres agricoles, contre
les élevages industriels démesurés, contre les pesticides, contre
….et POUR un autre modèle de production, de consommation, la
résilience inéluctable, etc...Non, je ne sais pas où il errait
toutes ces années pour ne pas voir, entendre, lire ; où alors
le centre de documentation de l’Ena doit être bien pauvre et
sélectif….
Bien
entendu il est tout aussi sourd sur l’injustice fiscale :
avantages de la flat tax, ISF, ces cadeaux à sa caste ne sont pas à
remettre en question. Il n’a pas du voir des Gilets Jaunes pendant
quasi une année. Les samedis, il était probablement dans les
palaces de ses amis du Cac40 et banquiers d’affaires.
Quant
à la chauffe de cet automne sur la réforme en profondeur de la
retraite, c’est déjà décidé, il ne reviendra pas dessus :
c’est acté, prêt à être voté. Alors pourquoi un nouveau
leurre, un nouvel écran de fumée avec une Conférence Citoyenne
(sur internet) pour récolter les remarques des ...gens ?
Inutile, du pipeau comme le Grand Débat National et diligenté par
la seule ministre de ...la santé, car il ne veut pas mettre sa
ministre du travail en fusible. Pourtant, il me semble évident que
la réforme de la retraite touche le code du travail et
collatéralement aussi les droits au chômage -Pôle Emploi.
Quant
à utiliser le nom de « esprit
de résistance » et nouveau
« modèle français »,
là on atteint des sommets de fourvoiement, de détournement de sens,
d’un hold-up où les anciens résistants doivent se retourner dans
leurs tombes. Mais justement, ils sont quasi tous morts et M. Macron
peut donc usurper le terme sans trop risquer un procès
d’intention !!! Mais l’intention y est, de vouloir se faire
passer pour ce qu’il n’est pas. Car quand même soyons sérieux,
il n’est pas un résistant à ce monde qu’il façonne à son
avantage et surtout celui de ses amis de l’oligarchie qu’il sert.
Il en est même un des rouages qui accélère encore le mouvement qui
nous mène dans une impasse, face à un mur. Et surtout, il participe
à la pollution générale, au réchauffement climatique, il n’est
pas du tout une solution, mais un des problèmes.
Le
« modèle français »
issu de la Résistance s’appelle « les jours heureux »,
c’est celui du Conseil National de la Résistance qui nous a
apporté tous les services publics, un mieux-vivre ensemble, dans un
pays dévasté par la guerre, en ruines. Pourtant, en nationalisant
les banques et des secteurs industriels, ça a marché. Trop bien
même, mais sans profits pour la caste, et donc dès Mitterrand II et
les présidents suivants, tout cela a été remis en cause et tout
est fait pour faire oublier ces « jours heureux » et
faire croire qu’il n’y a pas d’alternative possible (selon
Reagan-Thatcher). Quitte même à utiliser ce mot, résistance !
Honteux, obscène, rageant, une insulte à nos pères…
Car
s’il y a des gaulois réfractaires, résistants, ils sont parmi
nous, chez les gens, pas dans les sphères de plus en plus inutiles
de tous ces élus qui radotent et diffusent la parole du patron au
lieu d’être à l’écoute de leurs « administrés »
locaux, du pays.
Mais
ça non plus, c’est pas nouveau, on a vu sous Sarkozy, on a vu sous
Hollande, on voit encore plus clair sous Macron.
Alors,
la rentrée ne sera pas comme le pdg-France l’imagine. Quoique il a
bien entraîné sa police à la répression aveugle de tout ce qui
bouge dans le pays et va à l’encontre de son plan et celui de ses
amis (riches).
« On
est des gens, pas du personnel. »
(parole
navajo)
L’avenir
n’est pas écrit...
mercredi 7 août 2019
LE THERMOMETRE GRIMPE, ça va chauffer !
La température monte et on ne s’en rend pas compte, car on est déjà dans la casserole qui chauffe ! Oui, vous connaissez l’histoire : faire bouillir l’eau d’abord, plonger ensuite dedans et s’ébouillanter brutalement OU être dedans à froid, monter la température progressivement en s’habituant... jusqu’à bouillir pareillement !
On est dans le même cas de figure en gros : « nous y voilà, nous y sommes... » *** était le début du texte court de Fred Vargas qui a eu une diffusion surprenante jusqu’à être lu à l’ouverture de la COP24 en décembre 2018 par Charlotte Gainsbourg, un texte qui a été publié 10 ans plus tôt en 2008, comme quoi aucun progrès notable, aucune décision contraignante n’a été prise lors de ces grandes messes « écologiques « depuis des années, juste des belles déclamations, des effets d’annonce et la propagande médiatique qui va avec…oubliée aussitôt. Business is business et money avant tout, tant que ça dure !
Les constats sur la situation sanitaire du vivant - l’état de notre planète - sont faits par chacun.e, selon les informations et les observations, l’analyse et les projections. Le bilan et les perspectives sont alarmants, dramatiques et quasi-irréversibles.
Face à l’inertie invraisemblable de nos dirigeants (politiques) – « Eux, ...ces gouvernants qui marchent main dans la main et doigts entremêlés avec les multinationales et paralysés par elles ? » , Nous avons entre nos mains un certain nombre de possibilités d’actions, tout en remettant perpétuellement ces élu.e.s face à la base de leur devoir, la responsabilité.
Il ne s’agit plus de « transition », mais « d’un changement radical, indispensable, de nos comportements, de nos mentalités, de nos modes de vie ».
Derrière le mot « réchauffement climatique », il y a l’augmentation accélérée de la température globale de la planète avec des conséquences catastrophiques, des réactions en chaîne dont on commence déjà à mesurer les possibles ampleurs à venir.
Les changements urgents existent, sont connus, mais ne sont pas mis en œuvre, bien au contraire. La fin de l’agroalimentaire intensif (agriculture-élevage) et la conversion totale à l’agriculture biologique, la reforestation massive, le développement rapide général des différentes énergies renouvelables, ...pour n’en citer que trois. Cela induit des choix d’achat, de consommation, de comportement : réduire drastiquement la consommation de viande … d’électricité et d’eau, diversifier ses modes de déplacement, recycler les déchets et bannir le plastique, là encore pour ne citer que quelques exemples. ***
Aujourd’hui, je souhaite mettre en avant une initiative-action à venir (en septembre) et qui peut bouleverser, gripper la marche aveugle de la machine économico-politique.
« Fin du monde, fin du mois »
La convergence des ras-le-bol, des colères, des impatiences s’est faite presque malgré elle tant il y avait un très large fossé entre la colère contre une nouvelle augmentation des tarifs pétroliers (essence) et la nécessité de réduire de grandes parts de nos « habitudes » de vie, de consommation, de déplacement, de production, sans quoi la survie même de l’espèce humaine est menacée et cela de façon urgente. Je sais que ça fait très anxiogène de dire cela, mais il faut bien mettre des mots sur les choses pour qu’elles prennent forme réellement dans la pensée de chacun.e.
Aucune personne seule ne peut créer un impact efficace, aucun Etat seul ne peut agir pour changer de direction, mais les actions conjointes, les décisions contraignantes et mondialisées, les recherches appliquées participeront de façon opérante au changement de ...civilisation.
Les impacts environnementaux toucheront en priorité et très gravement les plus précaires, les plus démunis. Le « cadre de vie » de chacun.e fait partie des conséquences d’un monde marchand dont la richesse captée par un tout petit nombre dépend d’une production permanente de biens (utiles ou pas) sans se préoccuper des ressources, des conditions de travail et même du pouvoir d’achat.
Dès lors, les revendications sociales et les revendications environnementales sont les deux pendants d’un même « problème ». Gilets jaunes, gilets verts, gilets rouges, gilets blancs, ...même combat dans la résistance (locale et générale) et dans la construction d’un autre monde ...soutenable !
Grève mondiale pour le climat
J’en arrive donc à cette « action ». A l’initiative de nombreux mouvements de jeunes, soutenus par des ONG, des associations diverses et variées, et à la suite des deux précédentes, une nouvelle journée est actée pour le vendredi 20 septembre (2019), - puis vendredi 27 septembre, puis vendredi…. - un appel mondial a été lancé (réseaux sociaux et autres) pour une grève de l’école pour le climat les vendredis, jusqu’à ce que les gouvernements prennent des décisions radicales immédiates et contraignantes. Plus de bla... bla …bla.
En quoi, cela peut être plus efficace que les autres manifestations et marches régulières, épisodiques ? Imaginez un instant que cette première mobilisation visible et générale soit encourageante en terme de participation et que la deuxième, troisième prenne une ampleur inégalée à travers le monde (en tout cas dans les pays les plus émetteurs de pollution).
Imaginez que ce ne sont plus des adultes qui sont là, mais des écolier.e.s, des lycéen.ne.s, des étudiant.e.s, les jeunes, l’avenir des pays, ceux dont se réclament toujours ces politiciens inertes…
Comment vont réagir les forces policières des Etats ? Je sais, on a vu en France, ces lycéens agenouillés, mains sur la tête, alignés des heures durant dans une cour , devant des murs clos qui rappelaient les stades chiliens du temps de Pinochet avec des policiers armés qui les encerclaient !
Quels mots vont employer les présidents pour enrayer le mouvement ? Et quels arguments, quelles décisions pour essayer de satisfaire les demandes ...légitimes et vitales ?
Rajoutons que devant la sensibilité de plus en plus proche des parents adultes qui commencent à intégrer un certain nombre de choses depuis ces derniers mois de débat autour des rond-points et dans les ZAD à travers le pays, ces jeunes vont bénéficier de leur appui, leur soutien voire leur mobilisation active conjointe, collatérale.
Vous êtes sceptique ? Pas de problème, mais urgence il y a et faites l’effort d’approfondir, d’élargir... C’est votre avenir, c’est notre avenir commun, c’est celui de nos enfants et nos petits-enfants. A quoi ça sert d’aller à l’école, si l’avenir n’est plus qu’un mythe, que l’espèce humaine et même vivante est en danger de survie ?
Oh, je sais anxiogène, alarmiste. Des mots que certain.e.s d’entre nous entendent depuis des décennies. Petit à petit, les « doux rêveurs » sont considérés comme visionnaires !!! Tout un chacun peut arriver aux mêmes constats et inventer des alternatives collectives, communes, personnelles.
Des biens communs à se réapproprier, des liens sociaux à reconstruire, des organisations locales démocratiques à mettre en place, des réseaux, des échanges, de la créativité et une autre façon de vivre, de vivre ensemble, lié par une évolution humaine faite de communautés « primitives » !
Il n’est plus trop temps de tergiverser, « nous y voilà, nous y sommes ».
L’avenir n’est pas écrit.
« On est condamné à agir ensemble
ou à tous mourir comme des idiots »
Martin Luther King
( à l’époque à propos de la lutte pour les droits des noirs afro-américains)
« Puisque on ne veut pas être foutus, soyons frères. »
Edgar Morin
___________________________________________________________________________________
POUR EN SAVOIR PLUS
*** Le texte de 2008 et un inventaire d’actions, plus précis et argumenté par de nombreuses recherches se trouvent dans le très plaisant et très informatif livre de Fred Vargas « l’humanité en péril »-2019.
Certaines citations entre guillemets sont également tirées de ce livre.
Site : consultez Extinction Rébellion
mardi 2 juillet 2019
VIVRE ET TRAVAILLER AU PAYS
Et oui, cela fait très « ancien combattant » que de remettre ce slogan en tête de gondole ! Et pourtant, il est si riche de symboles, de souvenirs et aussi très actuel dans le contexte d’aujourd’hui.
Le mouvement intense des Gilets Jaunes en France a mis au grand jour le ras-le-bol général d’une grande partie de la population contre une politique mortifère aussi bien en terme de vie-lien social que de survie de l’espèce et de la planète : « fin du mois, fin du monde ». Pour nous autres, les « ancien-ne-s », on a vécu ce long et machiavélique cheminement du passage en force d’un scénario thatchérien-reaganien auquel adhéreront tous les pays occidentaux pour ainsi dire et aujourd’hui quasi toute la planète : une politique du profit, un marché productiviste, dérégulé et mondialisé, une oligarchie qui capte les richesses naturelles transformées en dollars dans les paradis fiscaux.
Au sortir de la deuxième guerre mondiale, la mise en œuvre du Programme du Conseil National de la Résistance (nationalisations, services publics, …) a engendré une période de paix, de mieux-vivre, les « Trente glorieuses », ...mais aussi avec ses effets collatéraux très rapidement visibles par ici : la pollution du Rhin par l’industrie chimique et la monoculture agricole, les intrants de nitrate dans le vignoble…On arrivait vers les années 70 et les projets nucléaires et industriels foisonnaient : des centrales nucléaires partout, un canal à grand gabarit pour relier Rotterdam et Marseille, …et pour accompagner tout cela la propagande au travers du monopole des organes d’information (TV-Radios). Après le 68 libertaire contre la chape morale, le conformisme pesant, la libération des mœurs engendra des prises de conscience sur le mode de vie, la notion de pays dans lequel on vit ( du monde ...occidental et ses relations aux autres, ces continents qu’on découvrait en voyageant en « stop », en bus, en camping-car vw ! ). La jeunesse qui aspirait à la liberté totale, une paix durable et de réaliser ses propres projets loin des schémas imposés fut le moteur de ces transformations alternatives entre vie communautaire, prise de conscience écologique et opposition au conformisme d’une vie toute tracée : enfants, cuisine, église, travail salarié (à vie), ...Si l’histoire était commune (les guerres, l’occupation, la colonisation, …), les diversités régionales redonnaient une identité forte commune porté par le mouvement folk en Occitanie, Bretagne, Alsace,… Certain-e-s s’installaient de préférence dans les campagnes afin de reprendre le contact avec la terre nourricière et construire leur vie là où ils avaient décidé de vivre, hors des circuits de consommation de masse.
Cela entendait aussi comme conséquence de s’opposer pour un certain nombre de décisions et projets à un gouvernement ultra-centralisé et composé de technocrates formatés sortis des « grandes écoles » qui traçaient des schémas d’une France coupée de ses territoires, de ses savoirs-faire, de ses aspirations à une vie meilleure forte de valeurs humaines de partage et de « fais-le toi-même ».
Pour nous, jeunes alsacien-ne-s d’alors, dans une région géographiquement marquée par les Vosges d’un côté, la Forêt-Noire de l’autre et le Rhin-frontière au milieu, les premières mobilisations citoyennes (qui devinrent intergénérationnelles et ... transfrontalières) tournaient autour de l’environnement. Elles étaient dirigées contre l’implantation d’usines chimiques, d’une multitude de centrales nucléaires des deux côtés du Rhin, parce que les élus en place suivaient le schéma des technocrates qui voulaient faire de la plaine du Rhin une vaste zone industrielle à l’image de la vallée du Rhône d’aujourd’hui …
Quand on revient à ces années 70, on mesure combien les combats politiques, citoyens, d’aujourd’hui sont presque « gentils » face à l’engagement radical des militant-e-s du passé (avec des actions illégales, mais toujours non-violentes). Occupations de terrains, mobilisations monstres, information libérée par la radio pirate clandestine Radio Verte Fessenheim qui diffusait les luttes, les combats et donnait la parole aux acteurs-actrices du changement. Parmi les « figures emblématiques » de cette époque, citons-en quelques-un-e-s : l’incontournable, infatiguable Solange Fernex « l’insoumise », Jean-Jacques et Inge Rettig, Serge Bischoff, Elisabeth Schulthess, Roger Siffer et François Brumbt, Raymond Schirmer, ...Et du côté allemand et suisse, il y en eu tout autant.
Mais c’était avant tout, la mobilisation de tous ces jeunes, gauchistes, hippies, écolos qui fit masse, très vite suivi par les villageois-e-s qui voulaient protéger leur cadre de vie (et préserver leur avenir et celui de leurs enfants et petits-enfants).
Il y eut des jêunes, des occupations non-violentes (des ZAD, quoi!) et quelques combats gagnés : le projet d’usine chimique de Marckolsheim fut abandonné, le creusement du canal à grand gabarit Rhin-Rhône aussi, seules deux unités de centrales nucléaires furent construites à Fessenheim, quant à Radio Verte Fessenheim, elle émettait sur presque toute l’Alsace (Pays de Bade et Bâle) pendant quelques années, grâce à des petites équipes de « pirates » et de multiples émetteurs...**
Quand on se remémore ces années militantes de transformation/émancipation et qu’on porte un regard sur la France et l’Alsace de 2019, on peut mesurer combien le passage des années 90 à nos jours a réduit la mobilisation citoyenne. Individualisme, consommation accrue, recherche du confort et de la richesse rapide, … ont façonné les individus et le périmètre de leurs visions : tant que c’est pas chez moi ….et que je peux en tirer le maximum !!!
Les mobilisations non-violentes (et légales) n’ont pas réussi à empêcher la bétonisation des terres agricoles fertiles du Kochersberg pour y construire une autoroute à péage. Les déchets ultimes hautement toxiques stockés provisoirement dans les anciennes mines de potasse près de Mulhouse y resteront quitte à créer une pollution gigantesque à venir de la plus importante nappe phréatique d’Europe. La plaine d’Alsace est devenue un maïsland : finis la diversité des cultures maraîchères et l’élevage. Le mouvement massif pourtant des Gilets Jaunes n’a pas réussi à impulser une nouvelle démocratie, un partage des richesses, une relocalisation de l’activité industrielle, ... Les « marches pour le climat » n’ont pas engendré une autre politique environnementale, elle continue à être productiviste et mondialisée.
Quelles enseignements à tirer ? Quelles perspectives ?
Les militant-e-s des années 70-80 ne cherchaient pas à se structurer dans des partis politiques qui étaient « l’ancien monde », même si certains syndicats et partis étaient solidaires des luttes et combats en cours. C’est autour des associations citoyennes que tournaient les mobilisations : CSFR, AFRPN, Ecologie et Survie, MRJC, RVF, Front libertaire,… L’institutionnalisation par la constitution de partis d’écologie politique eut pour conséquence une perte de mobilisation due aussi à l’époque (années de l’individualisme). C’est dans les groupes informels, associatifs, que se trouve la force d’action. Mais pour cela, il faut flirter avec la désobéissance civile et l’illégalité (qui peut être souvent considérée comme légitime comme ce fut le cas tout au long de cette décennie 70-80).
Et que dire de « l’identité régionale » quand celle-ci est ramenée aujourd’hui à se soumettre à une administration encore plus éloignée d’un territoire et occultant tout un passé faite d’Histoire et de désirs communs ? L’Alsace n’est pas la Corse, la Bretagne, le Pays Basque, la Catalogne, ... Notre parler local commun au bassin rhénan est nié, dévalorisé et qui le parle, le comprend encore ? Le défend encore comme une valeur humaine de paix et d’échanges ?
Vivre et travailler au pays, c’est à dire là où tu vis, où tu as décidé de vivre, est-ce un slogan passéiste du siècle dernier ou celui d’un désir profond de se réapproprier du pouvoir sur sa vie, la réhabilitation d’une démocratie participative citoyenne, l’appel à un retour à des valeurs humaines ?
« Quand tu ne sais plus où tu vas, fais un effort pour te souvenir d’où tu viens. »
L’avenir n’est pas écrit…
________________________________________________________________________________
** Lire
l’excellente synthèse très documentée de Jocelyn Peret
« l’épopée alsacienne du Dreyeckland – 1970-1981 : une décennie de luttes écologistes, citoyennes et transfrontalières »
(Jérôme Bo Bentzinger Editeur – 2017)
et pour tester votre proximité encore avec le parler local (ou le découvrir), une BD :
« Krambol in Schnackedorf » de Marc Sinniger
(Edition Nord Alsace -Haguenau 2003)
reédité à l’initiative de Thierry Hans www.hebdi.com
Le mouvement intense des Gilets Jaunes en France a mis au grand jour le ras-le-bol général d’une grande partie de la population contre une politique mortifère aussi bien en terme de vie-lien social que de survie de l’espèce et de la planète : « fin du mois, fin du monde ». Pour nous autres, les « ancien-ne-s », on a vécu ce long et machiavélique cheminement du passage en force d’un scénario thatchérien-reaganien auquel adhéreront tous les pays occidentaux pour ainsi dire et aujourd’hui quasi toute la planète : une politique du profit, un marché productiviste, dérégulé et mondialisé, une oligarchie qui capte les richesses naturelles transformées en dollars dans les paradis fiscaux.
Au sortir de la deuxième guerre mondiale, la mise en œuvre du Programme du Conseil National de la Résistance (nationalisations, services publics, …) a engendré une période de paix, de mieux-vivre, les « Trente glorieuses », ...mais aussi avec ses effets collatéraux très rapidement visibles par ici : la pollution du Rhin par l’industrie chimique et la monoculture agricole, les intrants de nitrate dans le vignoble…On arrivait vers les années 70 et les projets nucléaires et industriels foisonnaient : des centrales nucléaires partout, un canal à grand gabarit pour relier Rotterdam et Marseille, …et pour accompagner tout cela la propagande au travers du monopole des organes d’information (TV-Radios). Après le 68 libertaire contre la chape morale, le conformisme pesant, la libération des mœurs engendra des prises de conscience sur le mode de vie, la notion de pays dans lequel on vit ( du monde ...occidental et ses relations aux autres, ces continents qu’on découvrait en voyageant en « stop », en bus, en camping-car vw ! ). La jeunesse qui aspirait à la liberté totale, une paix durable et de réaliser ses propres projets loin des schémas imposés fut le moteur de ces transformations alternatives entre vie communautaire, prise de conscience écologique et opposition au conformisme d’une vie toute tracée : enfants, cuisine, église, travail salarié (à vie), ...Si l’histoire était commune (les guerres, l’occupation, la colonisation, …), les diversités régionales redonnaient une identité forte commune porté par le mouvement folk en Occitanie, Bretagne, Alsace,… Certain-e-s s’installaient de préférence dans les campagnes afin de reprendre le contact avec la terre nourricière et construire leur vie là où ils avaient décidé de vivre, hors des circuits de consommation de masse.
Cela entendait aussi comme conséquence de s’opposer pour un certain nombre de décisions et projets à un gouvernement ultra-centralisé et composé de technocrates formatés sortis des « grandes écoles » qui traçaient des schémas d’une France coupée de ses territoires, de ses savoirs-faire, de ses aspirations à une vie meilleure forte de valeurs humaines de partage et de « fais-le toi-même ».
Pour nous, jeunes alsacien-ne-s d’alors, dans une région géographiquement marquée par les Vosges d’un côté, la Forêt-Noire de l’autre et le Rhin-frontière au milieu, les premières mobilisations citoyennes (qui devinrent intergénérationnelles et ... transfrontalières) tournaient autour de l’environnement. Elles étaient dirigées contre l’implantation d’usines chimiques, d’une multitude de centrales nucléaires des deux côtés du Rhin, parce que les élus en place suivaient le schéma des technocrates qui voulaient faire de la plaine du Rhin une vaste zone industrielle à l’image de la vallée du Rhône d’aujourd’hui …
Quand on revient à ces années 70, on mesure combien les combats politiques, citoyens, d’aujourd’hui sont presque « gentils » face à l’engagement radical des militant-e-s du passé (avec des actions illégales, mais toujours non-violentes). Occupations de terrains, mobilisations monstres, information libérée par la radio pirate clandestine Radio Verte Fessenheim qui diffusait les luttes, les combats et donnait la parole aux acteurs-actrices du changement. Parmi les « figures emblématiques » de cette époque, citons-en quelques-un-e-s : l’incontournable, infatiguable Solange Fernex « l’insoumise », Jean-Jacques et Inge Rettig, Serge Bischoff, Elisabeth Schulthess, Roger Siffer et François Brumbt, Raymond Schirmer, ...Et du côté allemand et suisse, il y en eu tout autant.
Mais c’était avant tout, la mobilisation de tous ces jeunes, gauchistes, hippies, écolos qui fit masse, très vite suivi par les villageois-e-s qui voulaient protéger leur cadre de vie (et préserver leur avenir et celui de leurs enfants et petits-enfants).
Il y eut des jêunes, des occupations non-violentes (des ZAD, quoi!) et quelques combats gagnés : le projet d’usine chimique de Marckolsheim fut abandonné, le creusement du canal à grand gabarit Rhin-Rhône aussi, seules deux unités de centrales nucléaires furent construites à Fessenheim, quant à Radio Verte Fessenheim, elle émettait sur presque toute l’Alsace (Pays de Bade et Bâle) pendant quelques années, grâce à des petites équipes de « pirates » et de multiples émetteurs...**
Quand on se remémore ces années militantes de transformation/émancipation et qu’on porte un regard sur la France et l’Alsace de 2019, on peut mesurer combien le passage des années 90 à nos jours a réduit la mobilisation citoyenne. Individualisme, consommation accrue, recherche du confort et de la richesse rapide, … ont façonné les individus et le périmètre de leurs visions : tant que c’est pas chez moi ….et que je peux en tirer le maximum !!!
Les mobilisations non-violentes (et légales) n’ont pas réussi à empêcher la bétonisation des terres agricoles fertiles du Kochersberg pour y construire une autoroute à péage. Les déchets ultimes hautement toxiques stockés provisoirement dans les anciennes mines de potasse près de Mulhouse y resteront quitte à créer une pollution gigantesque à venir de la plus importante nappe phréatique d’Europe. La plaine d’Alsace est devenue un maïsland : finis la diversité des cultures maraîchères et l’élevage. Le mouvement massif pourtant des Gilets Jaunes n’a pas réussi à impulser une nouvelle démocratie, un partage des richesses, une relocalisation de l’activité industrielle, ... Les « marches pour le climat » n’ont pas engendré une autre politique environnementale, elle continue à être productiviste et mondialisée.
Quelles enseignements à tirer ? Quelles perspectives ?
Les militant-e-s des années 70-80 ne cherchaient pas à se structurer dans des partis politiques qui étaient « l’ancien monde », même si certains syndicats et partis étaient solidaires des luttes et combats en cours. C’est autour des associations citoyennes que tournaient les mobilisations : CSFR, AFRPN, Ecologie et Survie, MRJC, RVF, Front libertaire,… L’institutionnalisation par la constitution de partis d’écologie politique eut pour conséquence une perte de mobilisation due aussi à l’époque (années de l’individualisme). C’est dans les groupes informels, associatifs, que se trouve la force d’action. Mais pour cela, il faut flirter avec la désobéissance civile et l’illégalité (qui peut être souvent considérée comme légitime comme ce fut le cas tout au long de cette décennie 70-80).
Et que dire de « l’identité régionale » quand celle-ci est ramenée aujourd’hui à se soumettre à une administration encore plus éloignée d’un territoire et occultant tout un passé faite d’Histoire et de désirs communs ? L’Alsace n’est pas la Corse, la Bretagne, le Pays Basque, la Catalogne, ... Notre parler local commun au bassin rhénan est nié, dévalorisé et qui le parle, le comprend encore ? Le défend encore comme une valeur humaine de paix et d’échanges ?
Vivre et travailler au pays, c’est à dire là où tu vis, où tu as décidé de vivre, est-ce un slogan passéiste du siècle dernier ou celui d’un désir profond de se réapproprier du pouvoir sur sa vie, la réhabilitation d’une démocratie participative citoyenne, l’appel à un retour à des valeurs humaines ?
« Quand tu ne sais plus où tu vas, fais un effort pour te souvenir d’où tu viens. »
L’avenir n’est pas écrit…
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** Lire
l’excellente synthèse très documentée de Jocelyn Peret
« l’épopée alsacienne du Dreyeckland – 1970-1981 : une décennie de luttes écologistes, citoyennes et transfrontalières »
(Jérôme Bo Bentzinger Editeur – 2017)
et pour tester votre proximité encore avec le parler local (ou le découvrir), une BD :
« Krambol in Schnackedorf » de Marc Sinniger
(Edition Nord Alsace -Haguenau 2003)
reédité à l’initiative de Thierry Hans www.hebdi.com
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