samedi 21 septembre 2019

« NE LA LAISSE PAS TOMBER, ELLE EST SI FRAGILE ... »

C’est le refrain d’une chanson de Cookie Dingler, l’alsacien, qu’ont fredonné pas mal de monde...On pourrait l’adapter à la planète Terre.
Des milliers de jeunes dans les rues à travers le monde ce jeudi 20 septembre (et les jeudis qui vont suivre) pour dénoncer l’inaction des gouvernements en ce qui concerne les décisions à prendre contre le réchauffement climatique et ses conséquences dramatiques déjà visibles et à venir. Le mouvement est mondial car l’économie productiviste, l’industrie, le tourisme de masse, l’agriculture intensive, ...impactent le climat, nos réserves d’énergie, notre santé et le niveau de vie de chacun-e. « Pourquoi aller à l’école si on n’a pas d’avenir ? ». « Si vous ne voulez pas écouter vos enfants, écoutez au moins les scientifiques ». Mais nos dirigeants qui sont en fait les fondés de pouvoir des lobbys qui sont les grands pollueurs, ne sont pas la solution, mais le problème. Ils ne peuvent plus masquer leur jeu pervers : les mots d’un côté et les faits de l’autre, qui contredisent leurs discours mensongers sans actes. M. Macron par exemple demande le calme dans les manifestations et va aller faire un beau discours lundi à l’ONU (New-York) au « Sommet spécial sur le climat ». Il regrette la déforestation amazonienne, mais autorise la destruction de dizaines d’hectares de forêts par ici pour l’autoroute à péage GCO-Vinci aux alentours de Strasbourg...Pendant ce temps, la secrétaire d’État à la Transition Ecologique et Solidaire (Brune Poirson) « prend des mesures ré-vo-lu-tion-naires en abolissant ….les touillettes en plastique !!! »
Il n’y a rien à attendre de ce gouvernement dans ce domaine, ni de celui de Trump, ni de celui de la Chine, ni de la Russie, ni de ….Bref, aucun gouvernement industriel fort ne va attaquer les pratiques de la « poule aux œufs d’or »...Alors ?






Alors, manifestations des adultes (marche pour le climat) certains samedis, mais aussi manifestations des jeunes collégiens-lycéens-étudiants tous les vendredis contre lesquels le gouvernement ne peut pas vraiment envoyer ses CRS...Si on rajoute les manifestations des syndicats contre la réforme des retraites (un vol-arnaque) et les actes 45-46-...du samedi des Gilets Jaunes contre la précarité, la misère, l’injustice sociale et fiscale, alors on se dit que le pays est en mode pré-chaos-grève générale où les seuls soutiens encore du président sont les 25 % d’électeurs-électrices qui ont voté pour lui il y a deux ans.
M. Macron, issu de son monde protégé, ne connaît pas son pays et ne mesure pas ce qui est en train de se dessiner en profondeur. La répression par la force policière et armée est sa seule réponse - on ne compte plus les éborgnés et mains arrachées- mais il aura du mal à faire croire que toutes les personnes dans les rues sont des black-blocs violents et sous couvert de sécurité (!!!), il ne pourra plus justifier longtemps encore les actes impunis de sa police.

S’il n’y a que peu d’espoirs dans un changement urgent de la politique, si les élu-e-s de toutes sortes sont décrédibilisés, où est placé le changement nécessaire pour sauvegarder la planète et la survie de l’espèce humaine ?  
« Seuls de puissants mouvements collectifs de résistance et d’alternatives peuvent mettre à mal le pouvoir destructeur de la finance, des multinationales et de leurs relais politiques, principaux responsables » du dérèglement climatique, de la crise sociale, des inégalités flagrantes…

Un parti d’écologie politique aurait pu amalgamer toutes ces colères et ces revendications. Mais EELV n’est plus Les Verts avec son programme radical de transformation de la société : c’est devenu un parti presque comme les autres (avec ses carriéristes et ses déviances) et surtout la stratégie  adoptée par Yannick Jadot, proche des Grünen d’outre-Rhin, avec ses alliances possibles avec la droite aux Municipales, son ni-ni européen et présidentiel ne font que mettre à distance les militant-e-s de terrain. Sans radicalité, pas de front commun, et pour les mouvements actifs (des Gilets Jaunes, des marches pour le climat, des syndicats contre la réforme des retraites, …), les actes seront peut-être de plus en plus violents (comme cela est prôné par Deep Green Resistance), car le temps presse et les réponses ne sont pas à la hauteur des enjeux, elles ressemblent à des écrans de fumée, du blablabla qui laisse du temps aux multinationales de continuer leur business mortifère.





Y aura-t-il convergence entre ces différents mouvements ? 
Sociologiquement, ces groupes sont différents. Les Gilets Jaunes regroupent plus les classes populaires (ouvriers, employés) et les personnes en difficultés financières qui ont l’expérience de la précarité et de la pauvreté. Les manifestants pour le climat viennent plus de la classe moyenne, éduquée, mais sont aujourd’hui enrichis par un apport massif des jeunes qui ont d’autres « cultures » et peu de pratiques politiques.
Le lien entre écologie et justice sociale/fiscale commence à être clair et les moyens d’action se diversifient.
La question centrale reste : « est-ce utile de manifester pour sensibiliser la population à adopter un mode de vie écologique quand les grandes multinationales font à elles seules le travail de destruction de la planète ? »
On démultiplie dès lors des formes politiques plus locales avec le sens de biens communs, d’une démocratie réelle qui ne peut être antisociale. Il faut changer de système de production, sortir du capitalisme financiarisé, ce qui demande des réformes radicales. Comme elles ne sont pas mises en œuvre, les modes d’action vont évoluer vers la désobéissance civile, la radicalisation des propos et des actes, et le risque du recours à la violence.
L’évolution du mouvement climat déterminera sans aucun doute la convergence des luttes vert, jaune, rouge.. Mais n’est-ce pas déjà trop tard ?

L’avenir n’est pas écrit…


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Les phrases entre guillemets sont des extraits d’interviews et d’écrits de Greta Thornberg, lycéenne / Zakaria Bendali, chercheur / Jean Gadrey, économiste / Patrick Salez, lecteur / 
dans POLITIS 1569 /19-25 sept

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