Les cigognes sont dans les prés et nichent sur les toits, les géraniums commencent à fleurir sur les balcons et rebords de fenêtres, les vignes prennent des feuilles, la saison des asperges bat son plein, bienvenue en Alsace, le seule région de France à droite qui depuis hier soir est à l’extrême-droite puisque le Front National rebaptisé « au nom du peuple-Marine présidente » est majoritaire par ici.
On avait l’habitude d’une France coupée en deux où UMP(RPR-LR) et PS se partageaient le pouvoir alternativement. Les titres des journaux parlent ce matin au lendemain du premier tour de la Présidentielle française d’un « évènement » « historique » alors que ce n’est que le remake d’un vieux scénario habituel avec peu de variantes. Pour cette finale du 7 mai, nous avons le libéralisme financier d’un côté et la xénophobie, l’enfermement, le rejet de l’autre côté ; « patriotes contre nationalistes » (!!!!) selon les termes du finaliste.
On avait l’habitude d’une France coupée en deux où UMP(RPR-LR) et PS se partageaient le pouvoir alternativement. Les titres des journaux parlent ce matin au lendemain du premier tour de la Présidentielle française d’un « évènement » « historique » alors que ce n’est que le remake d’un vieux scénario habituel avec peu de variantes. Pour cette finale du 7 mai, nous avons le libéralisme financier d’un côté et la xénophobie, l’enfermement, le rejet de l’autre côté ; « patriotes contre nationalistes » (!!!!) selon les termes du finaliste.
dessin de Phil UMDENSTOCK (Colmar)
Si le désir,
l’espoir sont importants dans notre vie, pas mal de monde a du être
bien déçu hier soir au moment des résultats. Pour les personnes
habituées au monde politique, cette « finale » était
une évidence depuis un moment tant en France, il n’y a que peu de
surprises : nous sommes dans un pays très conservateur,
légaliste où on n’aime pas sortir de sa zone de confort et où
règne encore la nostalgie des belles années de « croissance »…où
les laissez-pour-comptes sont complètement déboussolés.
La caste dominatrice
de droite a montré son vrai visage avec le caméléon Fillon qui
malgré sa corruption avérée (protégée par son statut d’immunité
parlementaire de député) draine encore derrière lui cette
fange réactionnaire et passéiste des siècles derniers où les
hobereaux locaux avaient tous les droits, où l’argent donnait le
pouvoir, peu importe les moyens d’en avoir…
L’hégémonisme du
PS est sans limite et son aveuglement est définitivement entier.
Hamon et son parti (de trente ans de militance !) est le fossoyeur de
la gauche et le croque-mort de son propre parti qu’il a vu
s’effriter chaque jour davantage au gré de la campagne. Mais cela
ne l’a pas tilté une seule fois et son égo, sa discipline
apparatchik l’ont amené à casser tout espoir à ce nouveau élan
perceptible, à détruire le rêve d’un changement radical,
économique, social et environnemental. Lui et son parti en seront
comptables aux élections législatives de juin où ils seront
balayés.
Je me souviens d’il
y a ...quinze ans, en 2002. Il y avait bien plus que onze candidats
et on s’est retrouvé dans une situation quasi équivalente :
Chirac (UMP) 19,88 %, Le Pen père (FN) 16,86 % Jospin (PS)
16,18 % Mamère (Les Verts) 5,25 %. Je sais vous me direz
que je confonds tout, que Macron ce n’est pas Chirac, que Le Pen
père c’est pas Le Pen fille. Oui, sur le papier et dans la
propagande des médias. Mais en réalité, ça ne change quasi rien.
La seule différence aujourd’hui c’est que UMP/LR, PS et EELV
sont des partis morts, mais qui se sont décrédibilisés tout seul
ces dix dernières années. Et en plus frappés d’amnésie. Le PS
allait alors droit dans le mur en ne cherchant comme d’habitude
aucune alliance sérieuse avec des partenaires. « Vous ne pesez
rien » disaient les socialistes aux Verts. Et aujourd’hui
avec la même stratégie hégémonique de maintien (alors que tous
ses cadres lâchaient le radeau pour rejoindre Macron), leur score
est à peine au-dessus de celui de Noël Mamère en 2002. Hamon
tenait ce soir de résultats de 2017 un discours calqué sur celui
de 2002 : « la gauche est dispersée, ...c’est une
leçon à méditer...il faut se rassemble...je prendrai toutes
mes responsabilités et ma part dans cette reconstruction ».
Ses lieutenants, Guedj et Christian Paul faisaient le perroquet après
lui. Mais derrière ces mots, ne cherchez aucun mea culpa car c’est
la faute des autres, c’est à dire de Mélenchon et son mouvement.
Nier l’évidence, faire oublier vite pour sauver quelques postes de
députés en juin !!!
Mais celles et ceux
dont l’espoir d’un changement radical est tombé hier soir ne se
tourneront PLUS JAMAIS vers ce PS moribond, hégémonique, exclusif,
qui n’aura plus de représentation. En sachant clairement qu’il
ne serait pas au deuxième tour, le maintien jusqu’au boutisme de
Hamon ressemble au même entêtement égotique que Fillon. Eliminés
au final tous les deux avec leur parti et leurs alliés.
dessin de Jean AUREL (Politis)
Donc, il nous reste
le libéral financier de la caste des banquiers et affairistes
mondialisés et la raciste dictatoriale de la caste refermée sur
elle-même derrière ses murs « protecteurs » !!!
Comment un-e de ces deux-là peuvent-ils représenter LA France,
notre France, la France généreuse des Lumières et émancipatrice ?
Ils représentent le côté obscur où une grande partie du
peuple de France ne se reconnaît pas. Car si les deux finalistes
font 45,28 % des électrices et électeurs, que vont faire les
autres 55 % au deuxième tour ? Si le taux de participation
est élevé à ce premier tour avec 78,69 %, qu’en sera-t-il
au deuxième tour ?
En 2002, la
stratégie de la peur avait fait recette. Au deuxième tour, Chirac
l’emportait avec un résultat digne des potentats dictateurs, 82 %.
La leçon a été retenue. Cela n’avait rien changé à sa
politique pour soit-disant TOUS les françaises et français. Hier
soir, Emmanuel Macron ne disait pas moins : « je veux
rassembler tous les patriotes contre les nationalistes, je serai le
président de TOUS les français ». Patriote est d’ailleurs
un mot qu’on va entendre beaucoup pendant ces deux semaines puisque
Marine l’utilise tout autant.
Celles et ceux qui
ne prêtent que peu d’attention à la politique en dehors des
périodes électorales et ne souhaitent que continuer à faire des
affaires sans que l’État s’en mêle et vienne leur demander des
comptes (de solidarité, de mutualisation), ceux-là voteront Macron,
leur représentant-tête de gondole comme au premier tour. La caste
des élu-e-s cumulards qui veulent sauver leur poste de député-e se
mettront du côté de celui qui a le plus de chance.
Celles et ceux qui
pensent qu’un pays fermé sur lui-même, sur une sélection raciste
et de rejet des « différents opposants » (ça rappelle
des souvenirs pas très vieux) redorerait son blason et redeviendrait
ainsi prospère, continueront à voter pour la dynastie des Le Pen
(père, fille, tante…).
Et cette autre
France, celle des 55 %, que choisira-t-elle ou pas ? Une
grande partie s’abstiendra car le vote « contre » n’est
pas un vote. L’enjeu suivant et le vote de conviction se
retrouveront à l’élection Législative des 11 et 18 juin prochain
car tout président a besoin d’une majorité. Et si les 55 %
veulent une représentativité de leur opposition ou
non-représentation alors les cartes seront encore redistribuées une
nouvelle fois. Et le paysage politique français sera peut-être bien
plus divers qu’on veut nous le faire croire.
Les élections sont
un moment, mais ce qui fait le plus bouger les choses ce sont les
mouvements citoyens, les mobilisations de masse, les « nuit
debout », les initiatives locales non-marchandes, les circuits
courts, tout ce qui échappe au big business et à l’emprise des
banques et de la grande distribution. On a beau nous marteler que
c’est anecdotique, marginal, mais nous, on sait bien que c’est un
changement de civilisation, une transition vers d’autres modes de
vie et de production-consommation, une onde qui se propage sans
contrôle et en dehors des sphères convenues de la politique
politicienne.
Reprendre sa vie en
mains, relocaliser les décisions démocratiquement, agir
ponctuellement et collectivement, construire des circuits durables et
non-délocalisables, changer de manière de penser sa vie, revenir
aux fondamentaux humains et aux biens communs, il y a mille manières
d’être et d’agir.
En ce lendemain
d’élection, la politique sous cette forme est décevante, parfois
même écoeurante. Mais la vie n’est pas cela et c’est à
chacun-e de nous de la construire, la façonner, la partager et
d’être en paix (et parfois fier-e) avec ce que nous réalisons
pour nous, nos proches, la communauté.
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