lundi 23 mars 2015

DEMAIN COMME HIER ?

Un vote de proximité pour des candidat-e-s locaux ?
Je croyais naïvement (c'est une façon de parler) que les élections cantonales, pardon départementales, étaient une élection locale, de proximité puisque souvent on entend que la politique se décide à Paris, dans les grands villes, ailleurs quoi. Finalement, quand on vit en milieu rural, on comprend ce genre de choses, ce genre de réflexion qui veut dire de fait : «  De toute façon, nous ne sommes pas considérés ici, pas écoutés, quand on habite à la campagne... » On pourrait croire que ces élections « locales » mettent en avant celles et ceux qui sont présents sur le terrain toute l'année, qui font remonter les revendications et améliorations locales possibles. Que nenni ! Tout au long des dernières semaines, les ministres et ténors des « grands « partis ont été largement invités par les médias pour donner leur version qui est que ces élections étaient un test national, une façon de compter ses voix, ses "troupes" en vue des Régionales de décembre et des futures présidentielles. D'ailleurs, honnêtement quand on dit élections de proximité et qu'on a des candidat-e-s qui ne sont ni résident-e-s du coin, ni connus d'aucune façon et qui ne sont même pas présent-e-s pendant la campagne, ne s'expriment pas et ne répondent pas aux questions dans les médias (les candidat-e-s FN en grande, très grande partie) alors on voit bien comment les partis considèrent les élections et surtout les électrices et électeurs ( qui se sont déplacés un peu plus qu'aux précédentes Cantonales).





La  nouveauté : la parité
On pensait qu'en réduisant les cantons de moitié, cela allait produire des économies. Là encore, on s'est fourvoyé quelque part. Un exemple : dans le Bas-Rhin , on est passé de 44 cantons à 23 avec pour résultat au final :  plus 44 élu-e-s, mais 46 avec les binômes. Une augmentation donc en « indemnités » financières…
Bon, les nouveaux Conseils Départementaux vont comprendre autant de femmes que d'hommes cette fois-ci. Super,  pour moi qui suis très attaché à la parité en politique (et ailleurs). MAIS, pour celles et ceux qui ont suivi la soirée électorale de dimanche, vous n'avez pas pu ne pas voir combien on interviewait surtout et avant tout les hommes des binômes….Les habitudes restent bien ancrées dans les rédactions et les réflexes journalistiques…


                               déambulation habituelle en campagne électorale : on est loin de la parité...

Le FN, premier parti de France ?
Il le souhaitait et l'avait claironné au lendemain des élections européennes. Mais malgré les tapis déroulés par la presse devant les cadres FN depuis des semaines, l'UMP comme toujours secondé par les centristes de droite de l'UDI (qui votent avec l'UMP toujours et touchent des aides financières de fonctionnement de l'UMP pour exister) a réussi à se maintenir autour de 30 % des votes exprimés par la moitié des électeurs qui se sont déplacés, soit 15 % de la population en âge de voter : pas de quoi pavoiser...Le FN progresse à peine à 26 % (soit 13 % des électeurs inscrits) et le PS s'écroule sans surprise...à 21 % (autant dire 10 % des électrices et électeurs inscrit-e-s). Et pour l'instant, après le 1er tour, le FN n'a emporté que 4 cantons sur un total de 4055 maintenant ,  dans le Nord (Aisne) et le Sud (Vaucluse-Var).
En Alsace comme ailleurs, peut-être en pire puisque le FN sera présent quasi partout dans des duels avec l 'UMP/UDI, et au final n'aura probablement aucun élu départemental. Alors, à quoi sert le FN ? Défouloir, protestations ? Si c'est un vote de convictions, alors il serait peut-être temps de débattre sur le fond, les programmes, les options, les projets...Mais les candidat-e-s FN, on ne les voit jamais, ce sont juste des noms, des visages sur une affiche , des bons petits soldats de l'armée Le Pen. Il n'y a que quelques « cadres » de la garde rapprochée de Marine qui s'expriment publiquement...Lamentable pour le débat démocratique.
                    Julie Abraham, candidate FN à Strasbourg, après Guebwiller en 2011
                       La "famille Abraham" veut-elle remplacer les Binder en Alsace ?

Le PS n'a rien compris depuis 2002
Ce parti hégémonique, qui se croit le plus fort et le seul à gauche à pouvoir changer les politiques globales du pays, se fourvoye dans l'aveuglement et l'auto-suffisance depuis treize ans sans aucun respect pour ses possibles « partenaires » et surtout il a renié ses engagements. Par un concours de circonstance favorable lié au « ras-le-bol » de la présidence Sarkozy au bout de seulement cinq ans, le besoin de changement a amené Hollande et le PS au pouvoir avec TOUS les pouvoirs. Au bout de trois ans de présidence PS, le rêve est retombé, la désillusion profonde et la politique libérale a effacé les derniers relents de confiance envers ce parti. Aujourd'hui, c'est l'éternel refrain du « vote utile pour faire barrage », de la responsabilité de cette gauche qui ne soutient pas le PS au gouvernement et est donc complice de ses échecs….etc...MAIS le PS n'a pas encore compris, et ne comprendra peut-être jamais, que la distance, la méfiance et le rejet viennent de la politique qu'il mène alors qu'il a tous les pouvoirs. Inflexibles et prétentieux, les"socialistes" vont droit dans le mur comme depuis 2002…. en ne faisant guère leur examen de conscience, mais en rejettant la faute sur les autres. Ce discours tant entendu ne convainct plus personne, au contraire...Les sociaux-libéraux au pouvoir s'imaginent toujours encore qu'en étant le parti le plus fort à gauche, c'est aux autres de se rallier à eux dans un rassemblement « républicain » pour faire barrage à la droite, leur seul argument martelé en permanence. Mais entre la Droite et le PS, la plupart des gens ne voient plus de différence de politique aujourd'hui.
Et puis, républicain c'est quoi vraiment encore aujourd'hui ?
Le PS appelle à voter pour le candidat-binôme « républicain » au deuxième tour (plutôt UMP que FN, on nous a déjà fait le coup avec Chirac et Le Pen) alors que l'UMP est pour le « ni...ni... »,  ni vote PS, ni vote FN même si on sait bien que près de 30 % des voix UMP se reportent sur le FN au deuxième tour quand c'est un duel PS-FN….

Républicains, Patriotes et …..Démocrates
Congrès, préparation des Régionales et Présidentielles/Législatives (primaires?), les partis qui ont bien compris que les électrices et électeurs s'éloignent de plus en plus de la vie politique (et donc de la vie démocratique du pays) pensent qu'en renouvelant le nom des partis, cela ferait diversion et croire à un renouvellement.
Ainsi, le FN  Le Pen-iste a mué en « Rassemblement Bleu Marine » pour se redonner une sorte de virginité proprette sans connotation raciste, mais qui est toujours dans son programme. Il  utilise de plus en plus le mot « patriote » dans ses communications…. l'UMP Sarkozienne va probablement devenir « les Républicains » imitation du bipartisme des USA. Quant au PS, cela ne serait guère surprenant qu'après la désaffectation de tous les déçu-e-s, il ne change pas son nom en « Démocrates » ou quelque chose de ce type…Qui sait ?



Et les autres ?
EELV est scindé en deux avec certains cadres, sénateurs, députés et secrétaire nationale actuelle qui rêvent de revenir au gouvernement profiter des us et or des palais de la République alors que les militant-e-s font de plus en plus des accords avec les autres forces de gauche non-gouvernementales (PC-Front de Gauche-Ensemble-acteurs associatifs et « civils ») comme ce fut le cas pour ces élections dans 40 % des cas ( dans 448 cantons). Ces tergiversations internes qui vont faire éclater le parti écologiste se sont traduits par un résultat global national de EELV à moins de 2 % autant dire que le parti disparaît des curseurs politiques, selon le calcul du Ministère de l'Intérieur ***.  Mais cela cache aussi que là où les candidat-e-s EELV se sont rassemblés avec le Front de Gauche et associatifs, ils font un bon score de 13,6% en moyenne, afin de montrer une autre direction aux dirigeants EELV et là où ils se présentaient en "autonome", ils font près de 10%. Ce qui change un peu la façon de regarder les résultats. Face au triumvirat UMP/UDI – FN- PS, il faudra bien proposer aux électrices et électeurs une autre perspective radicale à gauche -différente du PS- afin qu'aux prochaines élections, il y ait un v***.rai choix sur les projets, les contenus, les programmes dans un éventail large.
La France n'est pas la Grèce disait un socialiste hier soir. Peut-être, mais l'Espagne non plus, ni l'Irlande ou le Portugal, ni le Danemark et sûrement pas l'Islande, dont on parle peu, mais révisez votre histoire contemporaine, vous serez surpris-e de ce qui s'y est passé il y a quelques années...
Et puis en Alsace, Unser Land, les régionalistes-autonomistes ont essayé de surfer sur la vague de rejet de la grande région pour se faire connaître avant les élections régionales de décembre. Ils font de bons scores globalement, mais dans quel but. Evidemment, il est bien tard pour revenir sur ce qui a été voté et leur réveil tardif ressemble à de l'opportunisme électoral. Sauront-ils tenir la distance et avec quels contenus dans leur programme régional ?




Que conclure ?
Rien, car au final, après les gesticulations, les déclarations des unes et des autres, il n'y a eu ni révolution, ni grand changement et comme toujours, aux lendemains des élections, la vie continue de la même façon tant le système actuel est rodé et bloqué et convient à la plupart des formations politiques. Mais celles et ceux qui souffrent au quotidien et qui ont envie de rêver, d'avoir de l'espoir, de construire leur vie avec un avenir plus convivial et confortable, pour elles et eux à qui on a demandé d'aller voter, qu'est-ce qui changé ?




Le peuple ne connaît pas son pouvoir ou en a ...peur !




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***   Quand on regarde les résultats du 1er tour  
tels qu'ils sont communiqués par le Ministère de l'Intérieur , on lit :

EELV      2, 03 %

mais aussi dans le même tableau :

Union de la Droite         20,88 %
FN                                25,24 %
PS                                13,3 %
UMP                               6, 58 %

Divers Droite                6, 88 %
Modem                         0,36 %

Front de Gauche          4,72 %
Divers Gauche              6,79 %
PC                                1,32%

C'est qu'avec les binômes, on peut classer dans des catogories diverses si les deux candidat-e-s ne se déclarent pas du même parti.
Et donc les commentaires peuvent varier selon comment on regarde les chiffres.
Je crois que vous avez bien compris que Gauche-Droite , ça ne veut plus rien dire ici dans la mesure où chacun additionne les résultats selon son bon vouloir.
C'est particulièrement vrai pour le score affiché de EELV qui cache bien d'autres réalités.
S'il y a une reconstruction d'une gauche non-gouvernemantale, elle peut rassembler pas mal de voix des déçu-e-s du PS et de sa politique et qui veulent continuer à espérer dans une autre gauche avec un programme qui est opposé à celui du FN, radicalement, ce qui ferait un choix réel au moment du vote.

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