Murbach, petite commune
nichée dans un cul-de-sac près de Guebwiller, connue pour son
(reste) d'abbaye datant de 732 est un des plus petits villages
d'Alsace avec ses cent quarante habitants recensés.
dessin de VEESSE
Il y avait une
école, deux bistrots, un presbytère. L'école a fermé dans les
années 70, le dernier bistrot un peu plus tard, le presbytère était
vide de son curé depuis longtemps. La Mairie a donc loué le
presbytère, puis l'ancien logement de l'instituteur au-dessus de la
mairie-école. Une nouvelle auberge s'est installée à l'entrée du
village et un complexe hôtelier au bout du village.
Les années passent et
puis, un jour le maire décide de rénover entièrement le
rez-de-chaussée où siège la mairie. WC pour handicapés, nouvelles
peintures, nouveau mobilier, nouveau chauffage et transformation de
l'ancienne salle de classe en salle du conseil municipal et aussi
pour y célébrer les mariages dans un espace plus grand. Cela coûta
quand même la bagatelle de près de 100 000 € pour une commune
sans revenus autres que ceux des impôts locaux, de la vente du bois,
de la location de la chasse, des loyers du presbytère et du logement
de service, car il n'y a aucun commerce pour ainsi dire.
Et puis, quatre ans
plus tard, la locataire du presbytère déménage. Le conseil
municipal décide donc
de le retaper et d'en
faire des logements comme cela se fait un peu partout dans ce cas. On
fait appel à des bailleurs sociaux qui font des plans, déposent des
projets qui se présentent de la façon suivante : trois-quatre
logements locatifs, travaux pratiquement pris en charge ainsi que
l'entretien futur avec un bail emphytéotique classique, une petite
participation financière de la commune aux travaux de
transformation, mais un bien qui reviendrait à la commune à la fin
du bail en bon état d'entretien. Du classique.
Quand le projet est
présenté aux habitants, il y a tout à coup une levée de boucliers
où un argument vient du voisin du presbytère qui met en avant que
cela va amener du monde, faire du bruit, cela va amputer sa
tranquillité avec des cris d'enfants probablement et des voitures
qui se garent à toute heure !!! Le maire et son adjoint, qui
n'attendaient que ça, à croire que le scénario était prêt,
proposent alors de retaper le bâtiment pour y déménager la mairie,
mairie qui venait d'être refaite moins de cinq ans avant ! Il
faut préciser que la mairie n'est ouverte que deux fois deux heures
par semaine... et que le conseil ne se réunit que cinq-six fois dans
l'année. Bien sûr, la décision ne fait pas l'unanimité puisque
deux conseillers municipaux n'y voient qu'une opération de prestige
et surtout une déperdition d'argent public au-delà de ce que peut
supporter une petite commune sans revenus. Opération de « prestige »
car le bâtiment de l'école-mairie n'est guère remarquable alors
que le presbytère aurait un peu de « cachet ». Et oui,
une commune aussi célèbre que Murbach mérite une belle mairie dans
un bâtiment « historique » ! Et voilà que les études
sont lancées et surtout chiffrées : cela va chercher pour le
seul rez-de-chaussée dans les 300 000 € , et on sait qu'au final
comme souvent, cela sera largement dépassé. Sur la façade, il va
falloir rajouter un monte-charge d'accès handicapés, l'intérieur
est démoli en partie pour refaire une nouvelle répartition des
pièces et la réhabilitation de l'étage est abandonné. Un emprunt
lourd est décidé et pour compenser tous ces coûts, l'idée est de
vendre l'ancienne mairie-école.
On signifie alors de
façon abrupte la fin du bail aux locataires de la mairie-école qui
étaient là depuis plus de vingt ans et on entame les travaux. Mais
il y a des délais, des complications, des rajouts....Bref, deux ans
plus tard, la nouvelle mairie n'est toujours pas refaite, plus de
loyers qui rentrent dans le budget communal, l'ancienne mairie est
mise en vente pour 400 000 € mais au vu des travaux à y faire pour
rendre habitable en logements le tout, elle est loin de trouver un
acquéreur. En plus, la mairie fonctionne toujours encore dans le
bâtiment.
La commune de Murbach
fait partie de la communauté de communes de Guebwiller et elle ne
gère plus grand chose puisque tous les services sont intercommunaux
et l'administratif est fait par la Préfecture et les services de
l'Etat. Mais, dépenser 100 000 € plus quatre ans plus tard 300 000
€ ou plus en se débarrassant d'un bâtiment communal, pas de
problème, on trouvera des subventions ...d'argent public.
Et si demain, les
petites communes n'ont plus de mairie, puisque les services sont
assurées par les communautés de communes, il faudra à nouveau
réhabiliter ces mairies pour en faire des ...logements. C'est
sûrement ce qu'on appelle de la bonne gestion d'argent public, et
des impôts locaux. Et pourtant, on entend quotidiennement qu'il faut
faire attention aux dépenses publiques. Et nous, on nous demande de
nous serrer la ceinture et de payer toujours plus et plus cher.
Logique, non ? C'est ce qu'on appelle l'exemplarité
….responsable ! Normal, c'est la crise....
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