lundi 4 septembre 2017

C’EST LA RENTREE : CHANGEZ TOUT !

Quand les conquêtes sociales, le programme du Conseil National de la Résistance ont fait avancer toute une société au profit de tous, c’était évidement un très grand changement, d’un grand progressisme au lendemain d’une guerre qui a mis le pays à terre. Et aujourd’hui le Conseil d’Administration de la start-up macronienne du pays France voudrait nous faire croire que tout cela est d’un archaïsme ringard d’un autre temps et qu’il faut tout changer. Quand les évolutions proposées vont dans le sens de l’amélioration de la vie des gens, cela m’étonnerait que cela enclenche un processus de refus des réformes !

« Je veux aller où l'air est plus doux
Où la colombe vole en-dessous
Où le printemps entre un jour comme un fou
Vous saisit au revers
Au détour d'un chemin vert
Et vous dit
ça va pas comme ça

Changez tout changez tout
Votre monde ne tient pas debout
Changez tout
Je veux aller dans l'après-midi
D'un jour où rien n'est interdit
Où le bonheur sans faire de comédie
Vous salue sans manières
Et vous parle à cœur ouvert
Et vous dit
Qu'est-ce que t'as bien fait... »

https://www.youtube.com/watch?v=eJ8aMmTtY78

Cette chanson de Michel Jonasz peut paraître niaiseuse (comme diraient nos ami-e-s canadien-ne-s) mais elle m’est venue à l’esprit instantanément quand j’ai mis ce titre de chronique. La poésie est-elle, elle aussi, archaïque ?




Emmanuel Macron, ou disons son gouvernement, dépose ses ordonnances concernant la loi travail pour faire rentrer la France dans l’ultralibéralisme où les patrons des grosses entreprises et de la finance vont faire définitivement la loi et où les employés-ouvriers seront vraiment sans recours et des protections sociales amoindries. C’est ça le modernisme macronien, la nouveauté, les réformes que les français refusent par frilosité !!! Sarkozy voulait casser l’héritage de 68, Macron veut détruire les acquis du Conseil National de la Résistance. Mais comme on n’a que peu de mémoire sur notre histoire, même contemporaine, alors tout est permis et on peut brouiller les pistes par des affirmations erronées sans souci.
C’est sûr que de baisser l’allocation logement, d’augmenter la CSG pour les retraités sont des « révolutions » qui vont redresser les comptes du pays.
Comment un président, qui dirige un conseil des ministres dont des membres importants sont issus de Areva, Danone et compagnie, va-t-il expliquer qu’il vaut mieux continuer à ponctionner dans le petit peuple plutôt que de faire contribuer les grosses fortunes à un soit-disant effort commun. Non, on ne touche pas aux riches, on ne remet pas un impôt sur la fortune, on ne taxe pas les robots-machine des entreprises qui dégagent des bénéfices énormes tout en licenciant allègrement...La loi travail est révélateur du monde de Emmanuel Macron et ses ami-e-s. Mais ce n’est pas notre monde, ni le pays dans lequel nous vivons. La fracture sociale chirac-ienne est bien toujours encore à l’ordre du jour et je dirais même plus que jamais. Entre les corrompus, les privilèges qu’on s’octroie, les haineux qui excluent, les bénéficiaires des mandats cumulés, beaucoup de personnes ont cru naïvement que la jeunesse et le sourire allaient faire un changement positif pour tout le monde. Elu avec moins de 20 % des électeurs-électrises inscrits, M.Macron croyait malgré tout que le plébiscite du deuxième tour allait lui donner une légitimité et une confiance aveuglées. Cela n’a guère duré que quelques semaines, car très vite, cet été les petites annonces et déclarations ont vite éclairé nos cerveaux endormis. Et la déception s’est traduite immédiatement dans les indices de satisfaction. Mais quand on base toute la politique sur les gains de l’entreprise (et des banques) en faisant croire que cela entraînerait automatiquement de l’embauche et donc par ruissellement de la richesse, alors on sait aussi à qui on a affaire : rien de neuf mais du ressassé depuis des lustres. Tous les gouvernements et présidents successifs ont dit exactement la même chose : libéralisez l’entreprise, assouplissez les conditions d’embauche, de contrats et de licenciement, diminuez les charges sociales, le chômage diminuera, cela ira mieux pour tout le monde. Et faisons fi des « services publics », de la Sécurité Sociale, etc...qui sont des freins au ...développement et à la modernité !!!!
Que ne faut-il pas entendre. Bien sûr il y a une logique idéologique et le MEDEF sable le champagne sachant que les promesses d’embauche ne sont ...que des promesses sans engagements, sans contraintes. 

 
Les seules voix divergentes viennent de deux syndicats et du mouvement et des élu-e-s de La France Insoumise qui remettent les pendules à l’heure. Les médias de propagande descendent tellement son leader actuel afin de brouiller les déclarations de son mouvement. Il faut noircir le personnage, le rendre antipathique pour brouiller son discours, occulter le programme de « l’avenir en commun », que peu de personnes ont réellement lu. Cela semble « marcher » car même certain-e-s électrices-électeurs de Mélenchon lui tournent le dos en ne regardant que la personne et en occultant le mouvement collectif, les idées, le programme et les autres élu-e-s porte-parole.
Pour des observateurs et animateurs politiques comme moi, il n’y a rien de neuf dans ce qu’on vit là. C’est juste plus accentué, plus frontal et plus définitivement dédaigneux, on pourrait même dire irrespectueux.
Dans quelques mois, cela semblera évident à un grand nombre. Et alors ?
En Marche a tous les pouvoirs, les majorités absolues dans tous les rouages, a bien placé « ses gens » avec des élu-e-s aux ordres, réduits au silence de la discipline du parti qui leur a permis d’être député-e-s !
Les partis « traditionnels » sont morts, décimés, décrédibilisés, que ce soit le PS qui deviendra peut-être « les socialistes » et la »Nouvelle Gauche », le FN qui deviendra peut-être « les patriotes », les Républicains qui éliront un proche des thèses FN a sa tête en la personne de L. Wauquiez, EELV qui s’est fourvoyé avec le PS pour essayer de sauver des postes de députés et s’enlise dans ses errements.
Il ne reste effectivement face à face que deux « mouvements » : En Marche et France Insoumise avec deux visions très différentes, deux projets pour la France. Au moins le choix est clair entre deux points de vue radicalement opposés. Et sans porosité entre les deux.
On pourrait même redire des slogans du passé récent : « camarade, choisis ton camp » tant la société est clairement divisée entre deux blocs sociaux aux antipodes.


Non , Macron ne rassemble pas. Chaque jour on voit plus clairement combien au contraire sa politique divise profondément. Cela ne préfigure guère des lendemains meilleurs, mais bien au contraire des tensions plus vives encore.
Macron ne change rien, peut-être le style, c’est tout...et encore. On croirait du Lecanuet, du Pompidou…
Si on avait voulu « changer tout », il ne fallait pas prendre cette option-là.
Celles et ceux qui ont eu peur du FN (bis répétita de Chirac-Le Pen) et ont voté Macron, doivent aujourd’hui déjà le regretter profondément. Quand aux convaincu-e-s du macronisme, au moins on sait à quoi s’en tenir et leurs discours pour convaincre auront du mal à passer leur cercle restreint des 20 % .
Et on n’est qu’au début du quinquennat…

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J'aurai bien sûr en ce jour de rentrée SCOLAIRE pu parler de l'Education Nationale et des changements initiés par le nouveau ministre technocrate. Mais les enseignant-e-s seront le plus à même d'en parler dans les prochains jours, sans aucun doute.

lundi 7 août 2017

LE JUSTE PRIX !

Non, je ne vais pas parler de jeu télévisé, mais de production de biens alimentaires et du vol des intermédiaires de la grande distribution. 
En effet, ces questions me turlupinent depuis des années, pour ne pas dire depuis toujours.


Je discutais encore dernièrement avec Guillaume, jeune paysan de montagne, qui ne peut pas vivre de l’exploitation familiale et est obligé d’avoir un travail salarié rémunéré ailleurs ce qui ne lui laisse pas le temps de s’occuper de la ferme à plein temps comme il le souhaiterait. Il jongle entre les horaires et il a l’appui de son père qui est retraité aujourd’hui et qui faisait comme lui : il jonglait entre travaux de la ferme et emploi salarié. C’est le lot de beaucoup de paysans, mais beaucoup abandonnent aussi alors qu’ils sont indispensables pour nourrir la population.
On parle de subventions inégales. Les céréaliers qui ont transformé la plaine d’Alsace en un immense maïsland à perte de vue touchent des milliers d’Euros en fonction des hectares de terres qu’ils possèdent-exploitent tout en polluant allègrement la plus grande nappe phréatique d’eau -qui était potable- d’Europe. Les paysans de montagne, eux qui entretiennent les paysages, qui élèvent des animaux et transforment les produits, ne touchent que peu de subsides pour les aider. La réponse cependant de ces paysans (de montagne) est souvent la même : « on ne veut pas plus de subventions, on aimerait juste pouvoir vivre décemment de notre travail et que nos produits soient payés au ...juste prix». J’admire le courage de ces personnes qui ne comptent pas les heures, qui sont sur le terrain du matin au soir, du lundi au lundi, par tous les temps, pour un revenu qui ne correspond en rien à cet investissement humain, sans compter les prêts énormes liés à leurs outils de travail.


Quoi et où ?
Et puis, chacun-e de nous est aussi un peu responsable de la situation. Car nous consommons les produits élaborés par ces paysans : viande, laitage, légumes, fruits, ….
Mais où achetons-nous cela ?
Cette première interrogation met tout de suite le débat au coeur de la problématique. Entre le producteur et le consommateur, combien d’intermédiaires qui ne font quasi rien mais prélèvent un bon pourcentage au passage. Et ce pourcentage pourrait revenir au paysan si on achetait les produits directement à la ferme, sans intermédiaires. Et puis il y a aussi tout le chantage permanent qu’exercent les entreprises de distribution, les centrales d’achat qui imposent leurs tarifs d’achat avec la promesse de mettre en valeur les produits choisis. Mais à quels prix sont rémunérés les producteurs ? Vous avez tous déjà vu passer des chiffres qui montraient combien était vendu le produit et combien touchait le producteur. Mais cela n’apparaît nulle part de façon claire et ainsi, cette politique continue et personne vraiment ne veut se poser les bonnes questions. Combien touche le producteur sur chaque produit que vous achetez ? Quelles sont les conditions de production ? Quelle est la véritable qualité du produit et d’où vient-il ? Et encore pas mal d’autres questions de ce genre…



Un affichage clair pour changer nos comportements d’achat
On pourrait aussi suggérer, mais surtout imposer à ce que sur chaque produit soit AUSSI indiqué combien touche le producteur, quel est le montant qui lui est retourné. Est-ce que cela ne changerait pas la vision des choses ? Est-ce que cela n’induirait pas notre choix d’achat ? Est-ce que cela ne nous ferait pas changer de pratique de consommateurs ?
J’ai vu des petits magasins où se vendaient des produits du terroir, locaux et variés et où était clairement indiqué que 70 % du prix étaient attribués aux producteurs. Mais combien d’enseignes font ce choix, cet effort de juste rétribution.

On a vu qu’un Etat pouvait imposer des emballages « neutres » anxiogènes pour certains produits. On devrait ainsi trouver aussi ce type d’emballage sur les produits alimentaires qui comptent plus de cinq composants, souvent des additifs, exhausteurs de goût, colorants divers et chimiques et qui remplissent les étals des supermarchés. Produits qui viennent du monde entier, transportés par cargos, par avions, ionisés, bourrés de conservateurs. Et je ne parle même pas du détail des conditions de travail pour produire, récolter ces produits alimentaires. Vous avez bien compris aussi que consommer en permanence, au quotidien ces « aliments  (!!!) » ne peut qu’avoir des répercussions au niveau santé à moyen-long terme. On ne devrait plus dire « bon appétit » devant un de ces plats micro-wavés, mais « bonne chance »  (selon Pierre Rabhi).

Le juste prix
On imagine bien qu’une demande forte des consommateurs concernant l’affichage sur tous les produits de la part rémunérée des producteurs pourrait changer peut-être notre façon d’acheter et aurait pour conséquence positive à ce que les paysans puissent enfin toucher un prix « correct » pour ce qu’ils produisent, le juste prix qui leur revient.
Pourquoi engraisser les pontes de la grande distribution, tous les intermédiaires-commerciaux qui exercent un chantage innommable sur les producteurs et les mettent en dépendance, en faillite, alors que sans eux, on crèverait de faim.

La question de la juste rémunération des producteurs est loin d’être anodine, mais au contraire elle est centrale pour l’avenir proche, pour les générations futures, pour l’image d’un pays, pour la survie d’une agriculture paysanne de qualité.


Soyons donc acteur du changement.
Regardez les possibilités autour de vous et choisissez l’option locale, de proximité, de circuits courts, de vente directe à la ferme, de produits de saison, biologiques de préférence pour les qualités gustatives et de la préservation de la santé.
Cela ne demande pas forcément de grands efforts, mais cela change profondément les choses si un certain nombre de consommateurs transforment leurs choix d’achat.

Les paysans nous nourrissent, préservent les terres et les paysages où nous nous ressourçons par la promenade et des activités ludiques ou sportives. Ils sont indispensables à l’équilibre, à l’harmonie, à notre bien-être, autant s’en souvenir toujours.






mercredi 19 juillet 2017

ARGENT PUBLIC et ECONOMIES : réel débat ou écran de fumée !

On ne peut que se réjouir d’entendre un projet de réduction des dépenses d’état, des investissements inutiles d’argent public, d’économies de fonctionnement, de disparition de la taxe d’habitation.
Bien sûr, il faudrait tout autant ne pas supprimer l’impôt sur les grands fortunes, continuer à taxer les transactions boursières hautement spéculatives et instaurer des taxes poids lourds au lieu d’aligner vers le haut les tarifs de l’essence-diesel par exemple.

Dépenses inutiles, futiles, mais par millions

J’entends déjà les représentant-e-s des collectivités pousser des hauts cris qu’ils ne pourront plus faire vivre les collectivités territoriales, plus investir dans les projets d’aménagement locaux.
Et pourtant, nous avons tous des exemples flagrants de dépenses inutiles, d’investissement coûteux pas nécessaires et pas forcément utiles et indispensables à la collectivité, du genre retaper les mairies ou même en construire des nouvelles, faire que chaque commune ait sa salle polyvalente, construire de nouvelles piscines même s’il y en a ailleurs à moins d’une demi-heure, investir dans des projets démesurés qui n’ont rien d’un intérêt public du genre Bioscope aujourd’hui Parc du Petit Prince (privé) ou même indemniser tous les maires, adjoints de France qui souvent cumulent encore ces indemnités avec celles de président ou vice-président de Communautés de Communes sans compter les cumulards entre député, maire et président de collectivités locales ou instituts privés/publics, maire et conseiller général-régional ...etc...Nous pouvons tous citer de multiples exemples de dépenses publiques pour des projets fumeux. Il n’y a donc rien de scandaleux à ce que le garant des dépenses publiques (nos impôts) souhaite faire des économies avec une gestion plus rigoureuse des deniers publics. On ne peut pas continuer à instaurer l’austérité et la précarité pour les travailleurs et familles et continuer à financer des projets inutiles ou qui ne sont pas indispensables, sans économiser sur les frais de fonctionnement aussi des collectivités, de l’État. Cela va de pair aussi avec la moralisation du monde politique où les conflits d’intérêts sont flagrants et aujourd’hui dévoilés au grand jour. Mais pour que tout cela, une fois de plus, soit crédible, il faut de l’exemplarité, pas des blabla’s sans actes.





Taxe d’habitation
Le gouvernement parle aussi, dans ce sens, de supprimer la taxe d’habitation. Celle-ci est totalement injuste et sert essentiellement de finances locales . Ainsi, une petite commune sans services publics réels peut demander une taxe d’habitation importante si elle a fait des investissements immobiliers importants (bâtiments, piscine, salle polyvalente, terrains de loisirs, parkings, …). Lorsqu’on compare, on se rend bien compte de cette disparité pas forcément compréhensible.
Si je prends l’exemple de deux communes du même type, de même importance, distante à peine de 100 kilomètres dans la même région, on peut passer de 386 € à 914 € (sans compter la taxe audiovisuelle). Expliquez-moi où se justifie la différence ? 
Je peux même comparer deux communes rurales distantes de moins de 5 kilomètres où on passe de 456 € à 938 €. Qu’est-ce que la deuxième a de plus que la première ? Apparemment rien et même encore moins puisque l’une à une gare TER, un commerce de proximité et l’autre rien, alors que la taxe y est plus chère. On peut décemment se poser des questions sur l'utilisation de ces taxes et la pertinence des choix des conseils municipaux/maires et Communautés de Communes. Mais je connais aussi des maires de communes rurales qui se battent pour conserver des SERVICES PUBLICS dans leur commune sans augmenter les taxes pour ne pas pénaliser (double peine !) leurs concitoyens. Et qui se plaignent aussi de l'inégale répartition sur le territoire des ex-taxes professionnelles. Sans compter que des choix de Com'Coms peuvent amputer longuement par des projets très coûteux d'autres investissements plus urgents pour TOUTES les communes. L'inégalité de traitement entre les communes en France est flagrant.


Un statut d’élu-conseiller/délégué
Et puis, les premiers qui vont râler ce sont les élu-e-s locaux. Mais ce sont aussi les mêmes qui cumulent souvent deux titres (ou bien plus) avec les indemnités (d’argent public) qui vont avec. Exemple, maire et président ou vice-président de Communauté de Communes ou encore conseiller général-régional. Sans aller à député/sénateur et maire et président de conseils d’administration privé/public. La loi sur le cumul ne changera pas grand chose à part réduire à deux légalement les mandats. Mais les implications représentatives dans des officines diverses arrondissent bien les fins de mois !
Avec 35 885 communes en France, c’est autant d’indemnités pour les maires et adjoints. Il serait plus que temps de revoir la répartition administrative et politique des pouvoirs (et indemnités) locaux. Quelles sont encore les responsabilités, le pouvoir de décisions des maires aujourd’hui ? Dans le monde rural (mais pas seulement) les décisions se prennent vraiment dans les Communautés de Communes, relayées par les Départements/Régions auprès de l’État. Ces trois échelons devraient être suffisants et dans ce cas, les communes n’ont besoin que de délégué-e-s à la Com’Com, puis des conseillers régionaux et les services de la préfecture-les services de l’État dans les régions. Les employé-e-s des conseils départementaux et mairies peuvent être réparti-e-s sur tout le territoire et offriront donc des relais locaux des services d’État avec des services publics à nouveau réellement de proximité. Et cela ferait déjà de sacrés économies de fonctionnement.
Ensuite, une évaluation des investissements serait également un début à réduire les dépenses inutiles de grands travaux de prestige. Quand je repense au Bioscope en Alsace, je mesure combien l’argent public est jeté par les fenêtres. Pour le bien public, pour des services à la collectivité ? Des millions d’€ sont ainsi dépensés chaque année ...pour rien ! Puisqu’au final, notre argent public sert à construire pour finalement le brader au privé ensuite. Qui est gagnant ?
Vous connaissez sans aucun doute des exemples multiples de dépenses inutiles et lorsqu’on commence à totaliser, on se rend compte combien il y a déperdition (pour ne pas dire détournement) d’argent public et sur des montants additionnés colossaux.
Alors lorsque d’un autre côté, j’entends que la Sécurité Sociale serait en difficulté, que il faut réduire les effectifs des enseignants dans les écoles, des soignants dans les hôpitaux, etc...alors je me dis qu’on nous trompe quelque part, que la communication est biaisée, qu’il faut regarder tout cela de plus près.

Oui, il y a moyen de faire des économies énormes, dans plusieurs secteurs, et ensuite de répartir ces sommes dans des services utiles à tous, sur des projets précis, bien évalués, en favorisant l’équilibre de traitement des territoires. Oui, on peut réduire les indemnités et le nombre des élu-e-s de façon drastique, revenir à un système de démocratie réelle et vivante avec des représentant-e-s, des délégué-e-s qui ont un statut et un cahier de charges précis et réels et facilement interchangeables, avec des mandats courts non-renouvelables afin de « former » bien plus de citoyen-ne-s pour une démocratie vivante et responsable.


 
L’intelligence collective
Je suis sûr que si on demandait à tout un chacun et un grand nombre de personnes ce qu’elles pensent des économies d’argent public à réaliser, on aurait des exemples et propositions multiples, à profusion qui enrichiraient largement la réflexion et qui ne plairaient pas forcément aux élu-e-s actuel-le-s et représentant-e-s de l’État.
Mais, une fois les élections terminées, est-ce que tout un chacun-e peut encore s’exprimer, donner son avis ? Est-ce qu’un organisme quelconque recueille en permanence les remarques et propositions des citoyen-ne-s de ce pays ? Où s’exerce la démocratie directe ?

Ces questions reviennent de façon redondante. On se demande pourquoi la politique et les élu-e-s sont décrédibilisé-e-s. Mais ils-elles ont tout fait pour cela et depuis longtemps. Peu sortent du lot…
Et maintenant que la séquence électorale est terminée, on passe à autre chose pour oublier l’immense abstention que nous avons tous constatée et qui remet sérieusement en cause la légitimité de celles et ceux qui disent nous représenter et parler en notre nom.

Alors, ce débat sur les économies des deniers de l’État (nos impôts) est sûrement très nécessaire, mais s’il n’est pas suivi d’actes réels, si les efforts ne sont pas équitables pour tous, s’il ne sert que d’écran de fumée, de leurre alors une fois de plus, on aura l’impression qu’on nous a pris pour des …. !


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dessins de Pat Thiébaut  (67-STILL)          www.lagitedulocal.com

jeudi 13 juillet 2017

POURQUOI J’AIME UN LIVRE ?

J’en achète, on m’en prête, j’échange, je donne, j’ai depuis toujours (!) aimé lire.
J’ai une rangée de livres, posée sur un banc-coffre, près du lit. Je les stocke du printemps à l’automne pour me plonger dedans quand les jours raccourcissent et qu’il commence à faire froid et/ou pluvieux dehors.

Alors, pourquoi je plonge dans certains romans et d’autres, je reste à la surface ?

- Pour moi, il faut qu’on  rentre dans l’action, dans « l’histoire » de suite. Parfois, la première phrase. Parfois, une description, dépouillée, mais informative, qui situe un cadre. 

- L’environnement, plus suggestif que descriptif, au sens large aussi bien socio-économique que le(s) lieu(x), doit m’accrocher, par ressentis, par curiosité.

- Les personnages doivent avoir du corps, de la profondeur, des réflexions sur la vie, des émotions.

Je pense que ces trois points réunis m’emmènent facilement à plonger dans un livre ...pour ne plus le lâcher.

C’est, bien sûr, un point de vue tout à fait personnel d’autant plus que je préfère de loin les romans contemporains, bien situés dans ce temps, qui donnent des perspectives. Je lis essentiellement des auteurs français et américains, mais pas exclusivement bien entendu.

Je n’ai pas encore fait la démarche d’aller passer une soirée dans un échange de livres où chaque participant présente son choix (du jour, du mois, de l’année, …), lit un extrait et exprime une, des raisons pour lesquelles ça a accroché. Et pourtant, ça ne peut qu’être intéressant. L’occasion ne manque pas puisque le SEL***  de la vallée en propose régulièrement chez l’un et l’autre des membres, et c’est à proximité.
Je me pose bien sûr la question et je me dis qu’il y a probablement un peu de « pudeur » peut-être, puisque le choix est personnel et fonctionne aussi de l’intime quelque part. Et chacun-e aime garder sa part secrète. Cela fait partie de la liberté individuelle et de ses pensées profondes.






Cela m’attriste parfois de voir des maisons vides de livres, de magazines, de journaux.

L’environnement familial est souvent primordial pour avoir envie de lire.

L’école a son rôle bien sûr . Et il y a les médiathèques.

Les librairies sont de plus en plus très rares et le choix des supermarchés en offre est très limité et sélectif, malgré une apparente diversité.





 
Si je devais indiquer là mes choix des derniers mois (avant l’été), je pencherais pour (sans ordre) : 


- PURITY de Jonathan Frantzen
- CHECK POINT de Jean-François Rufin
- JE SUIS PILGRIM de Terry Hayes
- BLEU COMME NEIGE de Francine Bibian
- PECHES CAPITAUX de Jim Harrison
- TU COMPRENDRAS QUAND TU SERAS GRANDE de Virginie Grimaldi

 



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*** SEL : réseau Système d’Echange Local

jeudi 6 juillet 2017

PLAN CLIMAT : « tout sera bien mieux en 2050 quand j’aurais 95 ans » (Nicolas Hulot)

Bien sûr, il n’a pas dit cela, notre brillantissime mignon ministre d’État « de la transition écologique et solidaire ». Mais quand on entend son discours sur le Plan Climat de ce début juillet 2017 et que les objectifs sont à l'échéance 2030, 2040, 2050, sans engagements concrets financiers et budgétaires, alors on se dit que le rêveur mollasson continue à être dans son monde clos des illuminés prédicateurs qui n’a pas du tout le sens du rapport de force en politique et encore moins face aux lobbys et grands groupes industriels. Bref, sa liberté s’arrête où commence l’intérêt des lobbys (1).
Et les lobbys, il en est bien entouré dans son équipe gouvernementale.

Il a « conseillé spécialement » tous les présidents de ces dernières décennies : Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande, aujourd’hui Emmanuel Macron. Bref, en plus de 20 ans, les « objectifs » soufflés dans l’oreille de nos dirigeants suprêmes auraient déjà du voir le jour depuis longtemps... Mais non, nous en sommes toujours à des projections dans 20,30,40 ans dans les annonces du prédicateur-gourou écolo. Il reprend les thèmes mille fois répétés : isolation énergétique des bâtiments, transports propres, déforestation dramatique, réduction des déchets, énergies renouvelables, fin de l’exploitation des énergies fossiles, ….Il y a eu le discours de Chirac « la maison brûle et nous regardons ailleurs », le Grenelle de l’Environnement de Sarkozy, la COP21 et les Accords de Paris sur le climat sous Hollande et aujourd’hui le Plan Climat de Macron.
On devrait être enthousiaste, applaudir au changement, admirer le courage de marquer des caps, être euphorique aux annonces du ministre et pourtant, quand la conférence se termine, on reste sur notre faim. De belles envolées lyriques, des mesures en devenir, mais rien de concret, aucun accompagnement chiffré, aucune projection budgétaire alors même que le premier ministre annonce austérité et précarité financière de l’État et que le nouveau Président fait comme s’il découvrait l’économie du pays dont il était ministre de ...l’économie jusqu’à l’an dernier !
Il ne faut pas non plus nous prendre pour ce qu’on n’est pas ! On a la mémoire, on sait faire des recherches, on ne se laisse pas enfumer par la presse de propagande aux mains des mêmes qui dirigent de fait l’économie de ce pays : grosses entreprises et banques privées. On ne nous la fait pas !




Et puis, il faut savoir décoder le « nouveau langage », les tournures verbales et surtout débusquer les détails qui changent tout.
Hulot est donc l’éclaireur dans la croisade Entreprise France du patron Emmanuel Macron. 
Après la déclaration du président américain en juin réfutant les accords de Paris sur le climat, E. Macron prend le flambeau, se veut le nouveau leader dans la guerre au climat et veut voir la réaction de Trump lorsqu’il le reverra, invité au défilé du 14 juillet national…
Alors qu’annonce de si nouveau et exceptionnel ce Plan Climat sur 5 ans !

- « neutralité carbone » à l’horizon 2050
La France ne devra pas plus émettre  de CO2 que ses capacités de captation du CO2.
Baisse des émissions de CO2 de 40 % en 2030
Augmentation du prix de la tonne de carbone en 2030 autour de 140 €
Fin des NOUVEAUX permis d’exploitation d’hydrocarbures, fin d’exploitation des énergies fossiles EN FRANCE
Je sais que j’ai mis en majuscules deux mots pour bien vous rendre attentif aux ...détails !
TOTAL est content : les permis sont signés depuis longtemps et pour longtemps et l’exploitation est en œuvre depuis des années ….dans d’autres pays que la France donc la compagnie n’est pas concernée, pas vrai !
Fin du charbon avec la fermeture des centrales au charbon d’ici à 2022. L’une des dernières est installée à Le Havre , la ville dont le premier ministre était le maire. C’est donc pas acquis !
Stopper l’importation des produits forestiers et agricoles qui contribuent à la déforestation qui elle-même participe à hauteur de 10 % des émissions de gaz à effet de serre.

- fin de la vente de véhicules à essence ou diesel en 2040 avec une prime « de transition » pour le remplacement des véhicules diesel avant 1997 et essence avant 2001.
Convergence de la fiscalité (le prix de vente, quoi!) essence et diesel avant 2022. Mais ne vous attendez pas à ce que le prix de l’essence descende au prix du diesel...Il ne faut pas non plus rêver !

- développer les énergies renouvelables
La France est déjà en retard sur ses engagements précédents de 20 % d’énergies renouvelables en 2020. Mais le nouveau ministre d’État lance un nouveau défi (on n’est pourtant pas dans « Ushuaia ») : 32 % d’ici à ...2030.
Isolation des bâtiments « passoires thermiques » d’ici à 10 ans ...en 2027

- division par deux des déchets mis en décharge d’ici à ...2025






 
Le ministre Hulot est de transition et non pas ministre des transports, ni ministre de l’énergie, ni ministre de la santé, ni ...Ce qui fait qu’il n’a pas à parler des camions qui envahissent nos vallées, nos cols, nos nationales avec toutes les conséquences que l'on sait et sans contribuer d’aucune façon aux dégâts environnementaux et sanitaires. Pas un mot sur la taxe poids lourds donc, la mise en œuvre de l’écotaxe dont le coût est près du milliard € sans avoir jusque là rien rapporté.
Rien de plus sur le nucléaire non plus avec le seul rappel des promesses du président précédent : ramener à 50 % la part du nucléaire en 2025.





Hulot aura 95 ans quand il y aura la « neutralité carbone » si un jour les décisions sont suivies d’effets ! La mandature commencée s’arrête en 2022 donc bien avant que toutes ces annonces puissent être vérifiées dans les faits.

Bref, nous sommes dans la politique d’affichage qui ne fait aucunement peur aux entreprises et ne désole aucune grande ONG proche du gouvernement (WWF, FNE, FNH, Greenpeace)…

Les écolos naturalistes-environnementalistes vont être flattés qu’on parle de sujets qui leur tiennent à coeur et trouveront que ce sont des avancées, des étapes, des caps tout en faisant confiance en leur Hulot favori. 
Les écolos politiques seront navrés de constater une fois encore des déclarations sans aucun engagement CONCRET, sans remise en cause du système productif actuel qui ruine nos réserves et met en danger la survie même de la planète. Les grands projets inutiles continuent, les voies ferrées secondaires sont abandonnées, les camions en nombre gigantesque sillonnent les vallées, cols et traversent les villages, occupent outrageusement les autoroutes, la production de biens éphémères n’est pas remis en cause, l’obsolescence ignorée, la qualité alimentaire n’a pas droit au chapitre et la santé est ramenée à une plus-value de Sanofi avec l’annonce de 11 vaccins OBLIGATOIRES…


Il ne faut pas se leurrer, il n’y a absolument rien de neuf dans le fond, il n’y a que la surface, l’apparence, le décorum qui changent. La consommation de masse, le système des actionnaires toujours plus n’est pas remis en question, les discours d’austérité qui mènent à la précarité sont encore bien d’actualité, le néolibéralisme financier a encore de beaux jours devant lui avant de s’écraser dans le mur.
Mais ça c’est un objectif pour ...20xx !


Alors ?
Optimiste ? Défaitiste ? Résigné ? 
Indignés ? Insoumis ?















(1) J’ai déjà énoncé dans ces chroniques, la liste des sponsors, généreux donateurs de sa Fondation Nicolas Hulot devenue Fondation de la Nature et de l’Homme, présidée par la journaliste, Audrey Pulvar depuis le 23 juin. Il y a là EDF, VEOLIA, ….avec des montants en centaines de milliers d’Euros !

vendredi 23 juin 2017

LE CHANGEMENT, C’EST MAINTENANT ?



Ça vous rappelle un slogan, n’est-ce pas ? Publicitaire ou politique ? Les deux, puisque la politique fonctionne avec les stratégies de la publicité. 

« L’accroche » pour le lancement était bonne.
E.M. crée En Marche comme les initiales de son nom. Il voyage à travers le monde en tant que ministre et récolte des promesses de dons pour le lancement de son futur mouvement.
Puis, il démissionne du gouvernement Hollande et c’est parti.
Le nom commence à être prononcé partout, les réseaux sont activés, les premiers afficionados s’inscrivent, le produit est lancé. Son vendeur est aussi l’inventeur et le principal bénéficiaire. La tête de gondole se remplit. L’image, jeune, souriant, décontracté commence à s ‘afficher partout.
Les prémices d’un programme divulgués au compte-goutte ; le cadre défini : « on accueille tout le monde, on ne cherche personne ». La nouveauté, l’air du temps font le reste.

Très vite, la bulle gonfle, l’équipe de l’entreprise se structure, le timing se situe en dehors des « primaires » des partis gouvernementaux, la stratégie par étapes est mise au point, la communication parfaitement maîtrisée et présente partout.
« En marche » n’est pas un parti, mais un mouvement et on y adhère comme pour une carte de fidélité : on lit les conditions générales, on les accepte et la carte de fidélité, apporte des avantages…
Première étape : faite élire le patron pour valider la suite de l’opération.
Les « marcheurs » font du porte à porte, se répandent partout. Le soir du deuxième tour, ils vont fêter la victoire de l’entreprise à la Pyramide du Louvre.

Ensuite de nombreux postes de député-e-s sont mis à l’offre et la sélection est opérée. Un profil socio-économico-professionnel ressort du choix du staff, des cadres . La parité est quasi respectée, la récompense est au bout de la première épreuve collective : les Législatives avec un nouveau nom du « mouvement » , LREM, La République En Marche (ou La République d’Emmanuel Macron !).
Ces jeunes nouveaux députés envahissent toute la partie centrale de l’Assemblée Nationale, avec la majorité absolue. Ils-elles sont ravi-e-s d’être parmi les « élu-e-s » du deuxième cercle du patron.

Le premier cercle, son équipe rapprochée, va s’étoffer et se préciser, avec des technocrates et hauts fonctionnaires. Après un premier casting de gouvernement entre la Présidentielle et les Législatives, il était temps de prendre congé des rabatteurs du Modem empêtrés dans leurs finances de parti et d’un ex-PS rattrapé par des affaires de conflits d’intérêts. Ne restera de la vitrine de départ, dans le « vrai » gouvernement, que Hulot connu pour sa mollesse politique et qui va être bridé par deux secrétaires d’État, pardon deux « ministres auprès du ministre » !
Le 22 juin, premier conseil de la nouvelle équipe (définitive), un comité d’entreprise de 30 ministres à parité.
Les vieux partis sont éliminés et à terre, vidés de moyens financiers et de pouvoirs avec des règlements de compte interne et des scissions. L’Assemblée Nationale a été transformée de fond en comble : nouveaux visages, jeunesse ...et un engagement de discipline envers le patron jupitérien !

Le Président a moins de quarante ans, il a tous les pouvoirs, son équipe est professionnalisée, basée sur les compétences techniques et la connaissance des rouages de la République.
Fin du premier épisode.




Le changement, c’est maintenant ?
Deuxième épisode

Si jusque là c’est un quasi sans-faute sur la création, la mise en œuvre, les moyens et la composition du comité de la nouvelle entreprise EM (Emmanuel Macron / En Marche), il faut à présent produire et récolter/vendre.
Car si l’emballage (au deux sens du terme) est plaisant, encore faut-il que le produit soit à la hauteur. Or le sondage/ l’étude de marché n’a eu que peu de réponses : un taux d’abstention énorme, un accord positif par à peine 20 % des inscrit-e-s. Le socle est donc bien fragile et il va falloir composer avec délicatesse et par étapes en distillant le chaud et le froid : ni à droite, ni à gauche, et à droite, et à gauche. L’uniformisation est généralement sans saveur, sans caractère. Il va falloir doser, diversifier…
En suivant l’historique et la logique de la stratégie de l’entreprise, on peut faire des hypothèses, des projections…
Mais avant il y a l’été, les vacances, la détente, le lâcher prise et pendant que les acheteurs sont en montagne, sur les plages, sur le pavé des parkings, le comité travaille pour faire passer les pilules les plus amères dans cette euphorique indifférence de l’oisiveté estivale.
Le produit EM sera définitivement lancé à la rentrée de septembre…







lundi 19 juin 2017

LEGAL, LEGITIME


On peut parler d’une victoire écrasante de Macron à la Présidentielle, aux Législatives, sur tous les plans. Il a TOUS les pouvoirs. Son premier ministre parle d’espoir, d’une nouvelle démocratie,…Mais quelle démocratie ?
Car il y a un point capital qu’on aimerait mettre un peu en sourdine : près de 57 % d’abstentions, du jamais-vu ! 
Cela relativise sérieusement les résultats de ces élections. Reportés en voix, les résultats paraissent moins une volonté de l’ensemble des françaises et français à adhérer au programme néolibéral que va nous asséner ce président, la garde rapprochée de son gouvernement et un parlement quasi muet. Le socle de la victoire est minoritaire, très fragile avec plus de la moitié des inscrits qui ne se retrouvent plus dans les choix qui restaient aux seconds tours de ces élections. Président par défaut, une majorité parlementaire acquise avec très peu de voix (des électeurs inscrits), dans le système institutionnel de la 5ème République, cela est tout à fait possible légalement.
Mais le nouveau président, le gouvernement, l’assemblée nationale ne pourront pas se prévaloir d’une légitimité électorale car ce serait pur mensonge et manipulation des chiffres en sachant que la présentation par pourcentages fausse totalement la réalité du nombre des votants.

IL Y A DONC BIEN CRISE INSTITUTIONNELLE.


couverture de la revue en 1978


La majorité de La République En Marche (LREM) est réelle et massive avec le processus institutionnel actuel qui permet qu’avec très peu de voix des inscrits on peut arriver à obtenir TOUS les pouvoirs. Je dénonçais déjà cette possibilité dans une de mes chroniques cet automne (avec autour de 20 % des inscrits on peut tout avoir). Le MODEM renaît de ses cendres et Bayrou ne peut que rayonner. Les Républicains (LR) ont perdu la moitié de leurs députés, mais ont encore assez d’élu-e-s pour garantir financièrement une survie. Mais cela cache la prise en main de la droite dure au sein du parti et occulte qu’il y a encore quelques mois, ce parti devait gagner la Présidentielle et la majorité législative. Dur bilan, d’autant plus que pas mal d’élu-e-s LR ont rejoint LREM ou vont voter comme eux très bientôt. Baroin, leur chef, se voyait même premier ministre de Macron, c’est dire...Le PS et ses alliés EELV, PR, DVG sont balayés après avoir gouverné en ayant tous les pouvoirs ces cinq dernières années. La France Insoumise (LFI) dont le mouvement est tout neuf en politique avec un travail en profondeur depuis deux ans (comme Macron- LREM) obtient assez d’élu-e pour avoir un groupe au Parlement et donc exercer un débat critique. Le FN enfin passe de deux députés à 8 avec leurs principaux ténors et la réélection de justesse de Collard.

Il faut malgré tout souligner deux points positifs : le rajeunissement de la moyenne d’âge des députés à ...48 ans et surtout l’augmentation de la parité avec 223 femmes élues (sur 577 députés).
Il y a aussi l’élection de François Ruffin qui me fait plaisir et même celle de 3 élus corses nationalistes (sur 4) pour montrer la voie à nos pleutres alsaciens.
Si El Khomri a perdu, Valls semble passer avec 139 voix d’avance et je tiens aussi à pointer du doigt le parcours opportuniste à l’excès de ces carriéristes politiques soit-disants écologistes qui ne le sont que pour obtenir leurs postes rémunérés en étant prêt-e-s à toutes les compromissions. Ainsi, De Rugy qui se présente à la primaire du PS (après avoir quitté EELV pour créer son micro-parti, faire valoir écolo du PS) puis passe chez Macron et garde un poste de député. Idem pour Bompili, même parcours de caméléon opportuniste et Vichnievsky qui faisait partie du casting de Cohn-Bendit, mêmes girouettes politiques. Ces personnages comme un certain nombre d’autres (Baupin, Cosse, Duflot, Placé, Jadot) ont terni l’image de l’écologie politique, ont donné un coup définitif à ce parti aujourd’hui disparu du paysage représentatif.

Un regard sur ma région, pour finir ce tour synthétique des résultats. Terre de légalisme et d’un conservatisme affolant et attristant, l’Alsace a montré une fois de plus combien le changement ne passe pas par l’Est. Jean-Marie Brom (LFI) a échoué de très peu au premier tour. Les candidats macronien LREM était en bonne posture souvent le 11 juin, mais le soir du deuxième tour, on retrouve quasiment les mêmes têtes des Républicains (un est à son 7ème mandat!!!!!) Sur 15 députés alsaciens, on retrouve 9 LR et 6 LREM et ….une seule femme ! Les sortants sont en force, les adoubés par les sortants qui ne se représentaient plus aussi, (Schellenberger/Sordi, Becht /Grosskost, Catin/Christ) ; la nouveauté n’est pas un mot utilisé dans cette région !




Voilà donc un éclairage rapide de cette séquence électorale qui a surtout montré une déliquescence de la politique qui a été décrédibilisée gravement ces derniers mois par l’opportunisme des girouettes politiques, par les mensonges éhontés de candidats, par la trahison politique des élus , par la précarité, la fragilité installée pour casser les lois travail, les services publics et continuer à faire progresser les dividendes des actionnaires capitalistes où l’humain ou le commun ne sont pas des valeurs rentables !

La crise institutionnelle, réelle, la grève générale civique ne pourront pas être évacuées d’un coup de chiffon par la propagande qui nous présentera le côté brillant de la victoire. Cette crise institutionnelle s’ajoute à la crise sociale et ce qui peut sembler apaisé après cette longue séquence électorale n’est qu’un court répit à des tensions qui pourront se révéler bien plus violente, dure que jusque là. La politique est un rapport de force et quand près de 2/3 de la population ne se sent plus écoutée, représentée alors il ne faut pas s’attendre à une trêve sociale d’autant plus que les droits vont être en ligne de mire très vite et que l’exemplarité morale est déjà fissurée après seulement un mois.

La victoire semble belle, mais le socle est très fragile et peu vaciller très vite.
Il y a une réelle crise institutionnelle qui pose un sérieux problème de représentativité, de prise en compte de tous et met en évidence une fracture très nette dans la population française, économique, socio-professionnelle…

L’occulter serait une erreur très grave qui peut engendrer des lendemains très difficiles et tendus.