On peut parler d’une
victoire écrasante de Macron à la Présidentielle, aux
Législatives, sur tous les plans. Il a TOUS les pouvoirs. Son
premier ministre parle d’espoir, d’une nouvelle démocratie,…Mais quelle démocratie ?
Car il y a un point capital qu’on aimerait mettre un peu en
sourdine : près de 57 % d’abstentions, du jamais-vu !
Cela relativise sérieusement les résultats de ces élections.
Reportés en voix, les résultats paraissent moins une volonté de
l’ensemble des françaises et français à adhérer au programme
néolibéral que va nous asséner ce président, la garde
rapprochée de son gouvernement et un parlement quasi muet. Le
socle de la victoire est minoritaire, très fragile avec plus de la
moitié des inscrits qui ne se retrouvent plus dans les choix qui
restaient aux seconds tours de ces élections. Président par défaut,
une majorité parlementaire acquise avec très peu de voix (des
électeurs inscrits), dans le système institutionnel de la 5ème
République, cela est tout à fait possible légalement.
Mais le nouveau
président, le gouvernement, l’assemblée nationale ne pourront pas
se prévaloir d’une légitimité électorale car ce serait
pur mensonge et manipulation des chiffres en sachant que la
présentation par pourcentages fausse totalement la réalité du
nombre des votants.
IL Y A DONC BIEN
CRISE INSTITUTIONNELLE.
couverture de la revue en 1978
La majorité de La
République En Marche (LREM) est réelle et massive avec le processus
institutionnel actuel qui permet qu’avec très peu de voix des
inscrits on peut arriver à obtenir TOUS les pouvoirs. Je dénonçais
déjà cette possibilité dans une de mes chroniques cet automne
(avec autour de 20 % des inscrits on peut tout avoir). Le MODEM
renaît de ses cendres et Bayrou ne peut que rayonner. Les
Républicains (LR) ont perdu la moitié de leurs députés, mais ont
encore assez d’élu-e-s pour garantir financièrement une survie.
Mais cela cache la prise en main de la droite dure au sein du parti
et occulte qu’il y a encore quelques mois, ce parti devait gagner
la Présidentielle et la majorité législative. Dur bilan, d’autant
plus que pas mal d’élu-e-s LR ont rejoint LREM ou vont voter comme
eux très bientôt. Baroin, leur chef, se voyait même premier
ministre de Macron, c’est dire...Le PS et ses alliés EELV, PR, DVG
sont balayés après avoir gouverné en ayant tous les pouvoirs ces
cinq dernières années. La France Insoumise (LFI) dont le mouvement
est tout neuf en politique avec un travail en profondeur depuis deux
ans (comme Macron- LREM) obtient assez d’élu-e pour avoir un
groupe au Parlement et donc exercer un débat critique. Le FN enfin
passe de deux députés à 8 avec leurs principaux ténors et la
réélection de justesse de Collard.
Il faut malgré tout
souligner deux points positifs : le rajeunissement de la moyenne
d’âge des députés à ...48 ans et surtout l’augmentation de la
parité avec 223 femmes élues (sur 577 députés).
Il y a aussi
l’élection de François Ruffin qui me fait plaisir et même celle
de 3 élus corses nationalistes (sur 4) pour montrer la voie à nos
pleutres alsaciens.
Si El Khomri a
perdu, Valls semble passer avec 139 voix d’avance et je tiens aussi
à pointer du doigt le parcours opportuniste à l’excès de ces
carriéristes politiques soit-disants écologistes qui ne le sont que
pour obtenir leurs postes rémunérés en étant prêt-e-s à toutes
les compromissions. Ainsi, De Rugy qui se présente à la primaire du
PS (après avoir quitté EELV pour créer son micro-parti, faire
valoir écolo du PS) puis passe chez Macron et garde un poste de
député. Idem pour Bompili, même parcours de caméléon
opportuniste et Vichnievsky qui faisait partie du casting de
Cohn-Bendit, mêmes girouettes politiques. Ces personnages comme un
certain nombre d’autres (Baupin, Cosse, Duflot, Placé, Jadot) ont
terni l’image de l’écologie politique, ont donné un coup
définitif à ce parti aujourd’hui disparu du paysage
représentatif.
Un regard sur ma
région, pour finir ce tour synthétique des résultats. Terre de
légalisme et d’un conservatisme affolant et attristant, l’Alsace
a montré une fois de plus combien le changement ne passe pas par
l’Est. Jean-Marie Brom (LFI) a échoué de très peu au premier
tour. Les candidats macronien LREM était en bonne posture souvent le
11 juin, mais le soir du deuxième tour, on retrouve quasiment les
mêmes têtes des Républicains (un est à son 7ème mandat!!!!!) Sur
15 députés alsaciens, on retrouve 9 LR et 6 LREM et ….une seule
femme ! Les sortants sont en force, les adoubés par les
sortants qui ne se représentaient plus aussi, (Schellenberger/Sordi,
Becht /Grosskost, Catin/Christ) ; la nouveauté n’est pas un
mot utilisé dans cette région !
Voilà donc un
éclairage rapide de cette séquence électorale qui a surtout montré
une déliquescence de la politique qui a été décrédibilisée
gravement ces derniers mois par l’opportunisme des girouettes
politiques, par les mensonges éhontés de candidats, par la trahison
politique des élus , par la précarité, la fragilité
installée pour casser les lois travail, les services publics et
continuer à faire progresser les dividendes des actionnaires
capitalistes où l’humain ou le commun ne sont pas des valeurs
rentables !
La crise
institutionnelle, réelle, la grève générale civique ne pourront
pas être évacuées d’un coup de chiffon par la propagande qui
nous présentera le côté brillant de la victoire. Cette crise
institutionnelle s’ajoute à la crise sociale et ce qui peut
sembler apaisé après cette longue séquence électorale n’est
qu’un court répit à des tensions qui pourront se révéler bien
plus violente, dure que jusque là. La politique est un rapport de
force et quand près de 2/3 de la population ne se sent plus écoutée,
représentée alors il ne faut pas s’attendre à une trêve sociale
d’autant plus que les droits vont être en ligne de mire très vite
et que l’exemplarité morale est déjà fissurée après seulement
un mois.
La victoire semble
belle, mais le socle est très fragile et peu vaciller très vite.
Il y a une réelle
crise institutionnelle qui pose un sérieux problème de
représentativité, de prise en compte de tous et met en évidence
une fracture très nette dans la population française, économique,
socio-professionnelle…
L’occulter serait
une erreur très grave qui peut engendrer des lendemains très
difficiles et tendus.
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