mardi 17 août 2021

UN PEU D'HISTOIRE presque CONTEMPORAINE !

1981 

Je me souviens très bien de ce 10 mai 1981. On habitait alors à New Orléans en Louisiane, une ville de musique, de fêtes, chaleureuse et variée entre créoles, noirs, cajuns, blancs et touristes de partout.

Cosmopolite, tropicale, chaleureuse, un mix qui apportait de la joie au quotidien. On a voté au Consulat Français à une heure où les résultats étaient déjà connus en France et à voir la tête des employé-e-s du consulat, on avait compris qu'il y avait du changement....Après le vote, on a appris que François Mitterrand avait été élu. Comme on hébergeait ce jour-là quelques ami-e-s français qui étaient venu-e-s voter comme nous, on a passé le reste de l'après-midi et la nuit à dévaliser le supermarché du coin de son stock de Freyssinet, le champagne disponible par ici.....On est rentré en France l'été qui a suivi...

Mais ce dont je me souviens le plus, ce sont les deux premières années (1981-1983), des années de rupture avec ce passé gaullien et conformiste que mai 68 n'a que peu bousculé quelques semaines...

Dès son arrivée à l’Élysée, il y a eu des réformes assez radicales.

Le smic est revalorisé de 10%, le minimum-vieillesse de 20 %, l'allocation aux handicapés augmentée, les allocations familiales augmentées de 25% comme l'allocation de logement. L'année suivante, impôt sur les grandes fortunes, taux à 65% pour les tranches d'impôt sur le revenu, prélèvement additionnel de 25% sur les revenus supérieurs à 100 000 ...francs. Une loi de nationalisation permet de prendre le contrôle des banques (comme avait fait le Conseil National de la Résistance au lendemain de le 2ème guerre mondiale) et aussi nationalisation de neuf des plus importants groupes industriels. Baisse à 39 heures de la durée hebdomadaire du travail, cinquième semaine de congés payés, le droit à la retraite à taux plein à 60 ans pour les hommes, 55 ans pour les femmes. Création des chèques-vacances, modification du code du travail (lois Auroux), les rapports entre propriétaires et locataires sont régulés (loi Quilliot). Les régions ne sont plus mises sous tutelle des préfets qui n'ont plus qu'un droit de contrôle car elles deviennent des Collectivités Territoriales administrées par des élus au suffrage universel et à la proportionnelle avec des transferts de compétences ; la loi électorale est transformée pour une représentativité de l'opposition dans les conseils municipaux. Et puis abolition de la peine de mort (loi Badinter), de la Cour de sûreté de l’État, suppression des tribunaux permanents des forces armées, abrogation de la loi « anti-casseurs » (mise en place en 68), suspension des expulsions d'étrangers, les immigrés sont autorisés à réguler leur situation, rétablissement de la liberté d'association, instauration de la carte de séjour de 10 ans renouvelable de plein droit, dépénalisation de l'homosexualité, remboursement de l'IVG par la Sécurité Sociale, autorisation des radios privées/libres locales (sans publicité et puissance émettrice limitée), prix unique du livre, doublement du budget culturel, création des Zenith et fête de la musique...

Ce n'est pas rien, mais s'en souvient-on encore ?

Les deux premières années du gouvernement de François Mitterrand ont marqué le siècle (dernier) et ont constitué une réelle rupture espérée d'avec l'Ancien Monde. 

 

C'ETAIT  IL Y A ...40 ANS !

MAIS cela n'a pas duré car dès 1983, il a été mis en place le « tournant de la rigueur » qui masquait un alignement sur l'idéologie du libéralisme qui n'a depuis pas arrêté de remettre en question toutes ces réformes, l'héritage de 68, pour en faire un État quasi totalitaire aujourd'hui où le Président a tous les droits, le Parlement est potiche, les ministres interchangeables tous les six mois et qui sont imbriqués dans des excès et délits divers. On est revenu pour ainsi dire au régime des rois de France des siècles d'un passé lointain avec les outils de propagande d'aujourd'hui et de dérégulations financières et économiques mondialisées où l'homme-l'humain n'est plus qu'une variable d'ajustement...

En quarante ans, le monde a bien changé, mais quelque part, pour moi, il a régressé sur pas mal de points. Par exemple, l'émancipation n'a pas pris la place importante pour l'éveil des consciences vers les biens communs et plus de liens locaux.


« La médiocrité est apparue à partir du moment où les hommes ont fait une distinction entre moyens de production et vie quotidienne. »

Vous avez bien compris que je ne suis pas un enfant du numérique. J'ai accompagné son évolution depuis sa naissance ! Enfant de la reconstruction après la seconde guerre mondiale, aux parents rescapés meurtris, c'était avant les microprocesseurs, avant la fibre optique, avant les cartes à puces, avant les téléphones portables, avant les cd et les clés usb, avant les écrans plats, avant l'emprise technologique. Ce temps où les individus avaient encore le goût de l'adhérence au monde...dans sa diversité.


Aujourd'hui, on assiste à une grande imposture d'une propagande de l'unification du monde autour d'une « morale » planétaire (libérale), citoyenne et écoresponsable ! Quelle est encore l'idée du bonheur ? Argent, pouvoir, sexe ? Et quid des relations concrètes, des coïncidences remarquables, des paysages absolus, des …

A quoi ça sert d'enseigner l'Histoire sans faire réfléchir à son intégration dans la vie quotidienne et politique contemporaine ? A quoi servent toutes ces richesses accumulées par quelques-uns et pourtant créent par tous ces gens qui n'en perçoivent que les miettes du ruissellement et qu'on maintient dans la peur permanente ? Et on alimente l’acculturation par la concentration des médias de propagande aux mains de quelques magnats. Moins on comprend quelque chose et plus on a peur. Plus on a peur, moins on conteste. Et ce système peut encore perdurer un peu jusqu'à ce que la dépendance fasse écrouler le château de sable.


Au temps de l'histoire d' homo sapiens, ce système libéral-occidental actuel qu'on nous fait miroiter comme le destin inéluctable de l'espèce humaine n'est qu'un épiphénomène. Il faut bien mettre tout en perspective pour comprendre et se situer. Qu'est la durée de vie d'un être humain au temps d'une planète, d'un système solaire, de la vie végétale, … ?

C'est pour cela qu'on peut dire que ce monde actuel obsédant et factice pourrait se définir non plus comme l'Ancien Monde ou le Nouveau Monde, mais l'Immonde !!!


Les nuages (des incendies) ont bien assombri le paysage, mais l'avenir n'est pas écrit !

 






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l'intitulé Immonde est développé dans le roman de Sébastien Lapaque -ce monde est tellement beau -2021


 

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