La
Taxe Professionnelle (T.P.), qui ne concerne que les entreprises, est
un des quatre impôts directs perçus par les collectivités
territoriales (de la Commune à la Région). Les trois autres sont
les impôts qui touchent les « ménages » : taxe
foncière bâtie, taxe foncière non-bâtie, taxe d'habitation.
L'Etat prélevait 17 % de cette T.P.
PLUS
D'EGALITE ?
Cela
rapportait quand même 28 milliards aux collectivités (chiffre
2009), près de la moitié de leurs budgets annuels.
Cette
TP a été annulée et remplacée par la CET, Contribution Economique
Territoriale, en 2011 qui est perçue entièrement par ….l'Etat.
L'Etat s'engageant à reverser à l'€ près aux collectivités. La
répartition devait se faire ensuite selon une péréquation avec un
équilibrage (traduire « calcul savant »!!). Cela devait
aller vers plus d'égalité dans les moyens financiers attribués aux
communes avec une diminution progressive de la dotation pour les
communes « riches » et une augmentation pour les communes
« pauvres », en fonction du nombre des habitants. A titre
d'exemple, une commune de 2500 habitants comme Schirmeck touchait 880
000 € de TP alors que Saâles (1000 habitants) n'en touchait que 11
000€.
Or,
l'Etat a reversé aux collectivités la même somme qu'elles
touchaient avec la TP et, cela n'a pas apporté plus d'équité.
L'Etat a simplement gardé un peu plus en ne reversant pas
l'intégralité de ce qui était dû aux collectivités.
Alors,
l'égalité des territoires à travers la nouvelle TP (la CET), a été
une fois de plus un effet d'annonce avec une mise en œuvre
« technique » qui n'a absolument rien apporté.
DOUBLE
PEINE !
Et
pourtant, les réalités sont là, la capacité de financement
moindre pour une petite commune a des conséquences.
Une
commune « riche » peut investir dans des équipements,
des aménagements de l'espace urbain, créer et maintenir un panel de
services, ce qui rendra la ville attractive avec des loyers et
l'immobilier qui augmentent et aussi une transformation sociale de la
population. Les personnes plus « précarisées » vont
donc déménager vers des communes plus abordables, les plus
« pauvres ». Celles-ci avec moins d'argent à consacrer à
l'équipement des écoles par exemple, à organiser des activités
extra-scolaires, à maintenir des services (sociaux, de santé, ...),
des commerces de proximité, à promouvoir l'implantation
d'entreprises, des installations sportives et culturelles,
etc...héritent encore de plus d'aide sociale à fournir. Cela
ressemble presque à une double peine !
LES
MAINS DANS LE CAMBOUIS
Alors,
il faut de l'imagination, beaucoup de persévérance et de courage
pour arriver à atténuer le poids du manque d'argent en créant du
lien social et des services, qui diminuent aussi les charges des
familles.
J'ai
vu ce qu'on peut faire dans une petite commune lorsque le maire a une
tête bien faite, la volonté sincère d'aider ses administrés, avec
des convictions profondes... Je ne vais pas énumérer toutes ses
autres qualités.
Si
les idées n'ont rien de « révolutionnaires », encore
faut-il les mettre en œuvre.
Ce
maire et son équipe municipale ont conservé la gestion communale de
l'eau afin de pouvoir maîtriser les coûts d'entretien (12
sources/captages, 2 château d'eau avec traitement ultra-violet) et
garder un prix de vente modeste pour les habitants. Pour
l'assainissement, ils ont comme projet de mettre en œuvre du
lagunage pour compléter leur station d'épuration municipale. Là
encore un coût moindre pour les habitants. Ils ont aussi installé
une chaufferie au bois communale qui chauffe tous les bâtiments
communaux et ils vendent même 60 % de sa production à des
particuliers. Là encore moins de dépenses communales et donc des
taxes moins élevées.
Réduction
encore des dépenses d'énergie à moyen terme en ayant lancé un
plan d'isolation des 40 logements du Village-Vacances de la commune.
Ce Village-Vacances d'une capacité de 200-250 personnes apporte de
la vie au village, permet de créer des échanges et apporte un plus
aux commerces du village. Autre initiative pour le lien social :
la création d'un grand jardin-potager collectif où chacun-e peut
aussi avoir sa parcelle personnelle.
Voilà
comment on peut agir localement, même si cela ne change rien au
problème général, national.
MAIS
QUE FONT NOS DEPUTES ?
Comment peut-on arriver à plus
d'équilibre entre les communes, les territoires au travers de la
répartition plus juste de cette nouvelle TP-CET ?
Jean
Vogel, le maire de cette petite commune (Saâles), ne voit de
changement possible que par la voie législative : «
C'est l'Etat qui prélève la CET et la redistribue aux
collectivités. C'est donc à lui de mettre en œuvre plus d'égalité
dans les territoires. Pour cela, il faut donc que les députés
votent une nouvelle loi de répartition des dotations. Mais la
plupart des députés sont aussi maires de grandes villes ou de
villes moyennes, parfois aussi encore conseiller général et/ou
président, vice-président de communauté de communes ou
d'agglomération. Ils n'ont donc pas trop intérêt à ce que ça
change... »
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