dimanche 6 septembre 2015

"EASYJET" DE LA ROUTE !



Je sais que je vais être à plein contre-courant de l'actualité de ces derniers jours en ne parlant pas des welcome refugees”. Mais que peut-on commenter devant cette vague des migrants qui a commencé il y a déjà un moment par les “boat people”, pour celles et ceux qui se souviennent. Le flux n'a pas arrêté depuis et il a fallu une photo d'un enfant échoué sur une plage pour une prise de conscience large. Mais on oublie ceux d'autres continents, d'autres pays et tous ceux qui suivront. Car s'il y a des réfugiés politiques, il y a et il y aura de plus en plus de réfugiés climatiques dans pas très longtemps par la désertification de régions entières sur cette planète, conséquence du réchauffement global, conséquence d'un capitalisme aveugle basé sur le seul profit. On peut ne pas être d'accord avec ce que j'avance, mais il y a des faits qui sont incontournables. Autant ne pas les occulter pour ne pas être démuni bientôt.

J'aurai pu parler aussi de ces milliers de tracteurs outildes agriculteurs roulant sur Paris et qui défendent leur outil de travail ! Mais de quelle agriculture parle-t-on ? Des céréaliers hypersubventionnés, des éleveurs industriels des fermes-usines hors sol ? De la production intensive à coup d'intrants chimiques, de pesticides qui impactent la santé publique ? Des distributeurs qui imposent leur prix et donc les pratiques de production ? Ou des paysans respectueux de la vie animale, des produits maraichers, laitiers distribués difficilement localement. De celles et ceux qui ont encore le sens de nourrir correctement les gens. On pourrait là aussi ouvrir un long débat tant on amalgame tout afin de ne pas aborder les problèmes de fond.


Je voulais aujourd'hui prendre un détail révélateur de comment on peut voir les choses (positif ou non) selon le point de vue où on se place.
La loi Macron ouvre un nouveau (?) marché concurrentiel : les bus à bas coût, l'Easyjet de la route ! Les prévisions de chiffres font “rêver” (4 millions de voyages, 130 liaisons sur 46 destinations pour la filiale bus de la SNCF “OUIbus” qui remplace iDbus). La SNCF achète quelques bus, les autres (80%) sont sous-traités aux autocaristes (et cela ne crée donc que très peu d'emplois). Bas prix et confort maximum décliné sous quelle façon ? Wifi gratuite, prises électriques, sièges inclinables et écartables, climatisation...La concurrence existe pourtant depuis un moment avec Isilines, Flexbus, Eurolines, Mégabus, etc...



Alors, ce sont quoi les avantages ?

Premièrement, on nous présente cela comme une avancée écologique puisque c'est un transport collectif qui va réduire le nombre de voitures individuelles sur les routes. On ne rigole pas ! On va même jusqu'à nous promettre que bientôt ce seront des autobus...électriques ! Tout le monde sait maintenant que l'électricité française est produite en grande partie par les centrales nucléaires vieillissantes, mais...décarbonées ! Non, on ne va pas recommencer le débat sur les déchets nucléaires....et la sécurité ! Mais ces bus ne roulent pas que pendant les départs en vacances, mais toute l'année et donc, je ne pense pas que cela va désengorger les routes déjà transformées en camionroutes toute l'année...
Ensuite, les lignes vont desservir des territoires où le train ou l'avion ne va pas. Regardez les lignes proposées et vous comprendrez que cela ne tient guère la ...route.
Cela va permettre à plein de gens -qui ne peuvent se payer le train ou l'avion- de voyager et de partir en vacances.  Et sur place de s'alimenter dans les marchés des campings où les prix sont...prohibitifs. Je sais, j'ai l'esprit mal tourné.

La SNCF a supprimé plein de lignes Intercités, ne pratique pas du tout une politique générale de baisse des prix du train et se donne bonne conscience (écologique) en développant l'offre en autobus. Je ne vais même pas parler du facteur temps puisqu'il est évident. Mais en même...temps, on dépense une fortune pour réduire de 20 minutes des trajets TGV déjà très performants. L'économie sur ces investissements aurait pu réduire les coûts des billets, non ?

Cela profite à qui ?

Il faut toujours se poser la question quand des “nouveaux” marchés s'ouvrent. Bien sûr, on met en avant que la concurrence profite toujours au consommateur, comme tout le monde le remarque au quotidien, pas vrai ? Mauvaise langue encore , je vais vous dire que l'entente sur les prix des opérateurs-distributeurs est aussi une pratique commerciale connue et souvent dénoncée par les associations de consom-acteurs. Alors ?
Implicitement vous avez compris que cela masque surtout le désengagement de la SNCF sur des destinations peu “rentables” et réduit encore plus la notion de service public des transports. Cela est aussi le cas sur le ferroutage pour le transport des biens. On parle de sécurité routière, on multiplie les radars “caisses enregistreuses de l'Etat”, mais en même temps, on ne réduit ni la circulation des camions (pas d'écotaxe, pas de ferroutage) et on va encore en rajouter une dose avec la démultiplication des autobus au quotidien sur les axes routiers. Logique, non ? Cohérence d'une politique globale des transports. Le lobby des transporteurs est content, ils ont accès à un nouveau marché sous-traitant. Les pétroliers sont contents, la consommation est assurée même si les réserves naturelles s'amenuisent. Les autoroutiers sont contents, le trafic augmente aux péages. Et vous ?
Je suis convaincu que pour les prochains déplacements, vos prochaines vacances, vous allez utiliser ce nouveau “service” low-cost, pas vrai ? Par conviction écologique, par éthique, par économie de dépenses, pour maintenir l'emploi, pour....pour...





L'excellence environnementale est en bonne voie, exemplaire....à la veille de la Conférence Mondiale sur le Climat (COP 21).

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