Les "divergents", les "résilients", les.... l'ont bien compris depuis un moment.
Il faut se relocaliser sur un territoire, devenir le plus autonome en diminuant ses besoins, échanger en réseaux, changer ses "habitudes" et façons de vivre, de consommer, de faire et ... agir-ensemble.
Le livre (ci-dessous) est un cours universitaire d'économie et il éclaire bien sur l'état de notre monde, les stratégies en cours, et il résonne par rapport aux actualités quotidiennes...
On est passé de la mondialisation libérale, au néolibéralisme et aujourd'hui au capitalisme de la finitude.
J'ai essayé de résumer ces analyses denses et historiques en tirant l'essentiel pour pouvoir appréhender un savoir global.
Bonne lecture.
Le capitalisme : libéral (1815 à 1880) ; néolibéralisme ( à partie de 1980) ; de la finitude ( de 2010 à …. )
Avec la constitution d'empires formels ou informels par la prise de contrôle de firmes publiques et privées sur de larges espaces (physiques ou cyber).
Un monde fini (borné, limité) qu'il faut s'accaparer dans la précipitation.
L'idée d'une croissance globale des richesses ne fait pas de sens, c'est une course à la saisie qui guide ceux qui pensent désormais la Terre comme un immense réservoir de « ressources appropriables ».
Une offre limitée, pour une demande illimitée.
Une nouvelle vague de mainmise sur le monde par les puissances industrielles, en compétition armée les unes avec les autres.
Cette construction théorique et pratique est venue se fracasser sur les limites écologiques de la planète.
La politique de « transition énergétique » nécessite une quantité de ces mêmes « ressources » à un niveau jamais atteint jusqu'alors.
Le capitalisme de la finitude est ouvertement prédateur, violent et rentier.
"Il n'y en aura pas pour tout le monde".
La rente n'est pas le profit, elle est un revenu qui provient de la détention ou du contrôle exclusif d'un actif rare : terre, mine, parc immobilier, brevet, plateforme digitale, personnes esclavagisées, …
La rente n'est pas entrepreneuriale, mais patrimoniale, elle est l'horizon du capitalisme de la finitude, … avec un impérialisme territorial et souverain.
Un « système des entrepôts », ...gestion de terres arables, les sous-sols et les océans, sans passer par des intermédiaires et des prix de marché.
S'en servir pour exploiter ou les vider de leurs habitants pour produire des surfaces touristiques (les « réserves naturelles » ).
Le capitalisme de la finitude invite au retour d'une approche économique qui confine à la physique ancienne des éléments :
l'eau (les océans), la terre (les sols et les sous-sols), l'air ( l'espace et le cyber), le feu (la guerre).
L' « entreprise géante » est le moteur le plus puissant du progrès économique par sa capacité d'innovation, son progrès technique et ses marges importantes.
C'est la théorie de l'inspirateur du capitalisme de la Silicon Valley, Peter Thiel, investisseur de Facebook, « faiseur » de J.D.Vance, le vice-président de Trump, mentor de Mark Zucherberg, financier d'Airbnb, LinkedIn, Space x, Spotify, ami et ennemi de Elon Musk. Il infuse son idéologie anti-démocratique et anti-concurrentielle....et unir le capitalisme américain contre la « menace » chinoise !
La mondialisation et le libre-échange sont morts.
On va vers une économie connectée entre « amis ».
La Chine contrôle 50% de la capacité minière mondiale et 85% de la capacité de raffinage.
Créer un réseau d'accords commerciaux plurilatéraux pour une part et de fournisseurs, de succursales, de mines et d'usines basés chez des « amis » pour une autre part.
BRI : Belt and Road Initiative est un projet d'un réseau sino-centré de pipelines, routes ferroviaires, maritimes, ports, bases navales, zones franches (concernant 150 pays au monde) avec à la manœuvre le Parti, les grandes banques et les conglomérats chinois. Le vassal russe participe à la BRI et l'Ukraine est de ce point de vue un pays stratégique.
Depuis 2008, dans le monde américain, on assiste à l'une des plus grandes opérations de concentration de l'histoire de ce pays. Google occupe plus de 90% du marché mondial des moteurs de recherche, Microsoft Windows c'est 73% de part de marché dans les systèmes d'exploitation des ordinateurs sur la planète.
Amazon c'est 40% de l'e-commerce et en augmentation avec son « système des entrepôts ».
Quatre firmes contrôlent 80% du marché américain de la viande, des sodas et aliments pour nourrissons, deux firmes contrôlent 92% du marché des dialyses ; ...
Les USA deviennent une « autocratie économique », celle des inégalités triomphantes et des ...monopoles.
L'économie russe est un capitalisme de monopoles d'Etat.
La Chine est dans l'ère des « mégafusions » d'entreprises publiques, une stratégie industrielle cohérente pour la conquête des marches mondiaux.
10 compagnies maritimes contrôlent 95% le transport de marchandises dans le monde et les 4 géants sont le danois MAERSK, l'italo-suisse MSC, le français CMA CGM et le chinois COSCO.
En France, la surface des entrepôts de stockage est de 90 millions de m2.
La digitalisation et les nouvelles technologies ont porté ces monopoles à de véritables compagnies-Etat.
Depuis les années 2010, les câbles sous-marins sont développés par Alphabet (Google), Meta (Facebook, WhatsApp) et Amazon.
Marseille est le premier hub européen de câbles sous-marins où passe la majeure partie du trafic internet.
Les milliers de satelittes STARLINK lancés par Elon Musk et ceux de BLUE ORIGIN de Jeff Bezos (Amazon) sont une autre infrastructure majeure de transport et de collecte des données. Les Etats et les firmes dépendent de manière vitale de ces infrastructures.
Elles sont devenues des acteurs de facto de la politique étrangère.
Ces nouvelles compagnies-Etat sont les acteurs d'un capitalisme dans lequel les Etats n'ont plus le monopole de la souveraineté.
Meta, X et Tik Tok décident eux-mêmes de la régulation de leurs contenus et par conséquent des limites de la liberté d'expression en fonction de leurs intérêts et des situations géopolitiques.
Les monopoles de la technologie déploient une souveraineté fonctionnelle.
La rente est un « revenu tiré de la propriété, de la possession ou du contrôle d'actifs rares dans des conditions de concurrence limitée ou inexistante.
Le succès dépend de ce que vous contrôlez, pas de ce que vous faites, l'important étant de posséder plutôt que d'accomplir quelque chose correctement. Il s'agit d'être plus souverain.
Marx : « là où le capital domine, il représente un système de pillage ».
L'économie de rente est de nouveau présente, ces puissances veulent modifier l'usage des terres des Autres.
Nous entendons un discours sur la rareté et la finitude, sur la légitimité à s'accaparer outre-mer des surfaces agricoles, minières, forestières ou touristiques.
Une spoliation territoriale, avec la petite musique suivante : les Autres ne savent pas gérer les ressources qu'ils ont sous la main et cette mauvaise gestion de leurs richesses est un danger pour l'humanité entière avec la faim dans le monde, la lutte contre le réchauffement climatique, la « transition énergétique », les migrations, ... tout pourrait se résoudre si ces surfaces étaient mieux utilisées !
On s'orne de vertu humaniste pour "justifier" la confiscation des territoires à "ressources".
Depuis 2000, environ 1500 accords - de l'achat à la location – concernent 8 à 10 millions d'hectares en activité. Les investisseurs viennent des Etats-Unis, de Chine, des Emirats arabes unis, de Grande-Bretagne, des Pays-bas, du Brésil et de Malaisie.
Les pays-cibles sont l'Indonésie, l'Ukraine, la Russie, le Brésil, la Papouasie, l'Argentine, les Philippines, l'Ethiopie, le Myanmar, le Sud-Soudan et le Ghana.
Les entreprises chinoises louent ou ont acquis 6,5 millions d'hectares dans le monde depuis 2011.
La faim dans le monde a peu de lien avec les quantités de nourriture disponibles, suffisantes, mais avec leur répartition et toujours agitée par les décideurs mondiaux.
Il y a stagnation voire baisse des rendements céréaliers mondiaux et une consommation protéinique en forte hausse. En 1950, la consommation mondiale de viande s'élevait à 67 millions de tonnes par an, en 2023, elle s'élève à 320 millions de tonnes ; (porc 37%), volaille (30%)
Il y a aussi le développement des agrocarburants produits à base de colza, de soja, d'huile de palme, de coprah, de jatropha.
La notion de « sécurité alimentaire » est la tentative toujours croissante de prise de contrôle directe de terres d'outre-mer par des firmes agro-industrielles publiques ou privées.
La ruée minière, grande utilisatrice de travail forcé, est axée sur les métaux. En 20 ans, les volumes de métaux extraits dans le monde ont doublé.
La « transition énergétique » (batteries électriques, panneaux solaires, éoliennes) est très gourmande en métaux (terres rares, cuivre, lithium, nickel, cobalt, …) tout comme le numérique, l'aérospatiale, l'armement.
Ces mines sont situées dans le Grand Nord canadien, en Colombie, en Argentine, au Kazakhstan, au Mexique, au Groenland. Il n'y aura jamais assez de ces métaux pour couvrir le parc automobile électrique mondial ; il faut donc s'accaparer ces territoires avant les autres..
L'évolution de la mondialisation d'aujourd'hui ressemble à l'époque des empires coloniaux des années 1930.
Le Parti républicain (américain, mais on pourrait dire les droites européennes) n'est pas le parti du néolibéralisme, mais celui du capital oligarchique qui travaille en tandem avec le nationalisme réactionnaire et xénophobe.
Il s'agit moins de réguler le monde à son profit que de se replier sur un système économique protecteur et même autarcique focalisé sur son "silo impérial" (captation des ressources).
L'extrême-droite européenne avec son obsession xénophobe occulte toute analyse économique conséquente.
Avec le retour du capitalisme de la finitude, l'Union Européenne risque fort de se trouver dans la position de ne pas être complètement pauvre, mais dépendante du bon vouloir de ses grands voisins et quantité négligeable sur la scène mondiale. Elle commence à peine à abandonner son logiciel néolibéral.
Il vaudra mieux pour les grandes firmes européennes produire aux Etats-Unis plutôt que de tenter d'y exporter.
La création de firmes privées géantes et un protectionnisme à l'échelle du continent sont les stratégies en action.
Le déni du changement climatique et la critique des énergies dites « vertes » sont une inconséquence majeure.
L' "écologie de guerre" est la façon dont on pourrait affaiblir un adversaire géostratégique non plus en projetant des forces armées pour obtenir avant lui ou contre lui des ressources énergétiques, mais en s'en passant. Sobriété, économies, énergies vertes...
Pour cela, il faudrait multiplier les sources autochtones d'énergie et la production domestique des principaux éléments nécessaires à une économie autonome.
La crédibilité d'une telle politique dépendra de sa radicalité.
Si elle est forte, il y a une petite chance de sortir de ce capitalisme de la finitude.
Si elle est faible, elle ne se distinguera pas du chemin nationaliste et fossile.
Le problème est posé : l'écologie de guerre, la transition énergétique, le maintien du régime alimentaire mondial actuel, nécessitent des quantités gigantesques de « ressources ».
Or, le slogan du capitalisme de la finitude est « il n'y en aura pas pour tout le monde » !