dimanche 18 novembre 2018

GILETS JAUNES : le jour d'après...


Gouvernement, analystes politiques, journalistes d'information, syndicats, partis politiques, ils sont tous bien embêtés pour trouver le bon angle pour communiquer au lendemain de la mobilisation "gilets jaunes".

Comme d’habitude pour ne pas (trop) parler du fond, on reste à la surface en commençant par énumérer des chiffres : 283 000 participants sur plus de 2000 lieux, une mort dûe à une automobiliste qui a forcé un barrage et quelques blessés. Si la communication officielle est de minimiser la mobilisation, c’est râté. On a beau entendre que hier, il y avait moins de monde dans les rues que lors de la loi Khomri (travail) ou des lois sur la retraite, mais on oublie de dire qu’avec le soutien massif de la population (70%), il y a une sacré réserve de mobilisation possible. Et puis, la diffusion des infos, l’organisation sectorielle au travers des « réseaux sociaux » échappe complètement à un contrôle étatique. Cette « organisation » souple et diffuse, disséminée à travers tout le pays, même les coins reculés, ne laisse aucune prise aux forces de l’ordre (de répression) qui ne peuvent rien anticiper. Et comme M. Macron a réduit les syndicats à faire de la figuration, a tué les partis politiques, il n’a en face de lui plus aucun interlocuteur, aucun délégué pour discuter, mais il se retrouve en face du « peuple » avec une côte de popularité au plus bas, à 25 %, c’est à dire le score réel de son élection. Le chef du gouvernement avait beau claironner la veille que les manifestants risquaient jusqu’à 4 ans de prison, des milliers d’euros d’amende, cela n’a eu aucun effet puisqu’il n’y a pas d’organisateur-trice avéré-e et donc il est difficile d’appliquer des sanctions aux milliers de personnes. La menace du gouvernement et la suite ont montré que celui-ci commençait à craindre un soulèvement généralisé sur tout le pays. Les membres du gouvernement, les journalistes de propagande peuvent bien clamer que ce n’est qu’une « jacquerie », personne n’est dupe, on sait bien que c’est une colère généralisée, un ras-le-bol profond, puissant et qui laissera des traces pour la suite. Le ministre De Rugy a beau claironner que la ligne du gouvernement ne changera rien car c’est de transition écologique dont il est question (!!!) alors qu’il sait pertinemment que les taxes prélevées ne vont qu’en infime partie vers des actions écologiques, que les camions, avions, bateaux (les plus polluants) sont exonérés de taxes, que les publicités à la TV regorgent d’incitation à acheter des voitures neuves (essence-diesel pour la plupart) à des prix inabordables pour les gens qui peuvent à peine terminer le mois ou pas et à qui on fait miroiter une prime doublée à la casse dont très, très peu pourront au final bénéficier.



Les gens ont bien compris que ces taxes qui se veulent « écologiques » ne sont que du « green business », des excuses pour augmenter...les revenus de l’État. Et comme « en même temps » est supprimée l’ISF (impôt sur la fortune), que le CICE est largement distribué aux big entreprises sans conditions, que les plus gros pollueurs ne participent en rien à l’effort général demandé, qu’en un an il y a 250 000 millionnaires de plus en France, alors l’injustice sociale est évidente. Il y a eu une prise de conscience de l’ensemble de la population (75 %) et aussi un sursaut de mobilisation qui donne un sentiment de puissance. Si tous les gens qui soutiennent ce mouvement de ras-le-bol bougent, ce ne seront pas 280 000 personnes qui seront dans la rue, mais bien plus et ...incontrôlables ! La cellule élyséenne numérique peut faire ce qu’elle veut, elle n’a aucune prise sur les « réseaux sociaux », nouvelle arme pacifique d’information et d’appel à mobilisation avec géolocalisation. Et comme ces rassemblements sont des groupes de quelques dizaines, centaines de personnes, il peut y en avoir partout. On a surtout vu hier des images des villes et périphéries, mais il manquait celles des campagnes, du milieu rural, où les gens sont le plus touchés. Une façon encore très centralisée de montrer les choses.
Car ce n’est pas que la taxe pétrole qui est contestée, mais l’ensemble des augmentations qui a diminué de façon drastique les revenus des ménages. Ce n’est pas pour rien que sont aussi bloqués les accès aux supermarchés, ces entreprises qui imposent les prix aux producteurs et les normes de qualité… Ce sont des actes massifs, collectifs de boycott qui sont une arme réelle entre les mains de tous, le jour où beaucoup de personnes en seront conscients et agiront, alors l’économie libérale va vaciller.
Car ne rêvons pas, que va faire M. Macron et son gouvernement ? Annoncer que l’essence et le diesel seront ramenés au même prix, que les taxes d’augmentation prévue l’an prochain seront gelées ...pour un an, etc....des effets d’annonce sans changements réels. Et compter sur la « trêve des confiseurs » (période de fêtes de fin d’année). Il n’est absolument pas envisagé ou même envisageable que ce gouvernement annonce que le SMIC sera augmenté de plusieurs points à partir de janvier 2019, que les retraites suivront l’inflation (et pas en dessous), qu’un coup de pouce sera donné aux plus basses, que les stages pour les jeunes devront être rémunérés, que ...bref, vous avez compris, pas la peine de développer plus car tout cela n’arrivera pas.
Alors qu’envisager ? Que continuent des actions ponctuelles qui seront vite réprimées, que la lassitude et le découragement vont l’emporter et qu’on deviendra soumis et résignés (comme les italiens par exemple). Ou alors qu’il y aura un vaste mouvement de boycott qui va poser de sérieux problèmes économiques à un marché qui vit au gain immédiat, à la plus-value obligatoire, au stocks de marchandises dans les camions ...à l’arrêt, au blocage de routes sur les chemins du travail (productif), ….Des actions ponctuelles, diverses, disséminées peuvent avoir des impacts importants.

A suivre ….L’avenir n’est pas écrit.




S’il y a une chose qui a changé ce 17 novembre, c’est bien la notion de rapport de force entre un Président et gouvernement-députés qui se croient tout permis en ayant tous les pouvoirs exécutifs et un peuple qui a pris conscience que en essaimant partout et sans leaders, cela fait trembler ces technocrates-financiers qui nous dirigent, mais qui n’ont plus aucun lien avec la vraie vie au quotidien et qui ne subissent d’aucune façon les conséquences de leurs décisions et votes.

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