Nous sommes en 1967, oui, je sais , cela ressemble à la préhistoire pour celles et ceux nés après 80-90, mais n'oubliez pas d'où vous venez et que c'était il y a moins de cinquante ans...et que les “survivants” existent encore !!!
Vous avez entre vingt-cinq et cinquante ans, vous croyez que ce monde d'avant ne vous concerne pas. Certes, mais il y a quand même quelques bribes de souvenirs que vous avez pu entendre dans la bouche de vos oncles et tantes, frères-soeurs plus agés, parents peut-être !!!
Vous me direz : quel intérêt ? A priori aucun si vous pensez que vous êtes né-e-s sur un terrain vierge sans autre mémoire apprise à l'école que la dernière guerre mondiale et encore, c'était il y a …..Ne parlons même pas des guerres d'Indochine et d'Algérie complètement occultées dans nos mémoires et qui pourtant sont un sacré traumatisme pour ceux qui ont du y participer...
En 1971, j'ai vingt ans et, avec mes économies gagnées en travaillant les mois d'été en usine (textile à Colmar/Berglas-Kiener), je prends l'avion pour la première fois pour traverser l'Atlantique et débarquer à New-York.
Issu d'une famille nombreuse, d'un milieu ouvrier, d'une Alsace légaliste, conservatrice, ce fut un choc. Mais c'est surtout en passant des mois à traverser les Etats-Unis en auto-stop de New-York à San Francisco et du New Mexico au Canada que s'est formée en moi une façon de voir la vie autrement, de voir les relations différement (les américain-e-s sont très accueillant-e-s, et encore aujourd'hui), de voir la créativité, la liberté pleinement et surtout de vivre dans le bain musical permanent des groupes de San Francisco qui alors n'étaient connus nulle part : Janis Joplin, Jimi Hendrix, Grateful Dead, Jefferson Airplane pour n'en citer que quelques-uns et qui se produisaient en plein air et gratuitement très souvent dans le Golden Gate Park. Et puis, l'Amérique vivait avec le traumatisme de la guerre du Vietnam que beaucoup de jeunes fuyaient, ne voulant pas être enrôlés. Ce fut la fuite vers l'Oregon et le Canada pour y échapper.
Ces mois passés là-bas , à cette époque, m'ont marqué...à vie.
L'année suivante, un long périple à travers l'Amérique du Sud, du Pérou au Chili en passant par la Bolivie et la forêt amazonienne où les réfugié-e-s des pays totalitaires transitaient pour rejoindre le Brésil et embarquer pour l'Europe fut tout aussi marquant par le “présence” du Che (et ses combattants) dans ces territoires indiens.
Ces émissions TV sur Arte font remonter pas mal de souvenirs avec beaucoup de nostalgie, mais sans regrets.
Oui, “les voyages forment la jeunesse” dit-on et ce fut vrai pour moi car ces séjours longs ont formé ma nature profonde, ont enrichi ma culture, ma réflexion sur le monde, la vie, mes convictions profondes écologiques en contact avec les amérindiens du sud-ouest des USA, mes combats politiques contre un capitalisme débridé financier qui ne respectait ni l'homme, ni la nature...
A l'âge de “la retraite” à présent, je revois très nettement tous ces périples, je ressens encore pleinement des émotions fortes, ma discothèque regorge de groupes de cette époque, je porte un regard sur le monde d'aujourd'hui avec le recul de mes propres expériences et j'y décèle les soubresauts de ce qui peut évoluer demain vers quelque chose qui a des émanations de ce passé proche sans le savoir : toutes ces initiatives locales “alternatives”, une façon de se vêtir qui est un mélange de genres, une conscience écologique forte, des combats contre les projets inutiles, contre la destruction de la biodiversité, le refus de suivre ce libéralisme/capitalisme qui va dans le mur et capté par une caste sans scrupules qui ne vit que par-pour l'argent, une façon d'expérimenter dans la construction, les transports, les énergies, les plantes et l'alimentation, ...il y a plein d'initiatives qui me font penser à ce bouillonement de ces années beatnicks-hippies de refus de la “société de consommation”, d'une envie très forte de vivre ensemble dans un monde apaisé, de partage et de respect.
Je sais , on va me dire que tout cela c'est du rêve, complètement déconnecté de ce qui se passe en ce début du vingt-et-une nième siècle. Peut-être, mais pas vraiment non plus quand on sait regarder et lire, écouter...Je sais que le monde est en mouvement permanent, que la nature a horreur du vide et que ce qui est contre nature est voué à disparaître...
Alors, n'hésitez jamais à inventer, à essayer, à expérimenter, à aller contre les idées reçues, contre le conformisme qui ne vous épanouit pas, à suivre ce que vous “sentez” en vous, à ne pas avoir peur du ridicule des bien-pensants, du regard des autres, laissez parler votre coeur, parlez aux inconnu-e-s autour de vous, prenez les gens dans les bras (pour savoir/sentir à qui vous avez affaire), sortez des chemins tout tracés et que vous croyez rassurants....
“Créer c'est résister, résister c'est créer” . Soyez les créateurs de votre vie, mettez vos peurs à distance...L'avenir n'est pas écrit !
______________________________________________________________________________
pour visionner le documentaire :
SAN FRANCISCO le son de la ville
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires sont lus avant publication non pas pour censure ou rejet, mais pour un filtrage concernant insultes, attaques personnelles essentiellement.
Vous pouvez signer vos textes-commentaires pour des réponses personnalisées, des échanges dans le débat.