C'était il y a quelques jours. On était assis sur la terrasse à regarder le paysage magnifique des chaumes, des prés, des arbres, des forêts, des monts ronds des Vosges, des vallées fleuries, le soleil se couchait, il faisait encore chaud...
On évoquait les évènements des derniers jours, la Grèce, l'Europe, nos souvenirs militants, nous échangions sur notre façon de voir les choses avec chacun son expérience, Jean-Pierre le syndicaliste-communiste, moi l'ex-Verts radical... Notre longue expérience nous permet de passer de suite à l'essentiel et d'analyser froidement, assez objectivement les "choses"...
Bien sûr que ce qui a été "administré "à la Grèce est révélateur et met en évidence ce qu'est l'Europe aujourd'hui. Et puis, on a extrapolé à l'Espagne, la France...La perspective des législatives d'octobre en Espagne, le changement de rapport de force que cela peut engendrer en Europe, mais aussi la perspective de l'élection Présidentielle en France et nos appréhensions-analyses à ce sujet dans les actuelles institutions (de la Vème République) qui ne sont plus du tout adaptées au XXIème siècle.
Nous savions tous les deux que le rejet de la politique politicienne, des cumuls des mandats, de la maintenance aux pouvoirs des mêmes personnes pendant des décénnies, ... a complètement sclérosé la politique, a décrédibilisé le personnel politique, a produit et continuera à produire une abstention gigantesque aux élections avec comme corrolaire l'élection d'un-e président-e avec 20 % des voix. Il n'y a donc plus de représentativité, de démocratie réelle, on peut se retrouver à la tête de l'Etat avec peu de voix, car il y aura une abstention énorme même au deuxième tour, puisque ni la propagande, ni la peur et l'appel au vote utile ne feront la différence, les vieilles recettes ne marchent plus, les candidats passés (Sarkozy et Hollande) non plus...
Il faudra bien dans ce cas passer par une période de chaos où aucun-e n'a plus de majorité avec des crispations certaines et une politique très à droite et répressive. Mais peut-être faut-il passer par là pour se rendre enfin compte qu'il faut se réattribuer notre avenir, redevenir acteur de sa vie.
Des alternatives il n'y en a pas beaucoup et avec le système électoral des institutions de la 5ème république, il faut une femme ou homme médiatique sachant que l'élection présidentielle est vraiment une élection personnalisée et souvent un chantage à l'élimination plutôt qu'un vote par choix et conviction.
Et si à l'extrème-droite, il n'y a pas de discussion démocratique, le choix est fait depuis longtemps, par contre à l'extrême-gauche (autre alternative possible) il n'y a pas de consensus sur le-la représentant-e et entre Mélenchon et Duflot, cela ne le fera peut-être pas : l'un, même brillant sur les dossiers, est "grillé" médiatiquement parlant, l'autre pas assez rassembleuse...
Et aujourd'hui, il n'y a plus Coluche (qui ferait peut-être un "malheur" !).
Mais il faudra bien pouvoir présenter une alternative à gauche afin de ne pas laisser les électrices, les électeurs, notre pays, devant un vide ou une seule option.
Pour recréer une dynamique, un changement radical, peut-être faut-il en revenir à la démocratie ....grecque du tirage au sort pour les candidat-e-s. Et adopter le fonctionnement d'un parti-groupement comme Podemos en Espagne et/ou Syriza en Grèce.
On a vu comment le FMI, la BCE, la Commission Européenne, l'Eurogroupe des financiers monétaristes ont humilié le peuple européen grec, préfiguration de la suite et mise en lumière de la gouvernance en Europe, dans le monde....On a vu que les intérêts financiers/monétaires sont au-dessus des nations, au-dessus de toutes règles de souveraineté, d'intérêts des peuples et qu'ils mettent en oeuvre la stricte application d'un système totalement discriminatoire et dont les bénéfices sont réservés à quelques " world compagnies" que nous connaissons tous. Niveau santé, on voit bien comme Monsanto arrive à imposer partout contre l'avis des pays ses produits mortifères et ses manipulations génétiques.
Alors, les alternatives.
Pour comprendre la difficulté à mettre en place un mouvement comme Podemos en France, il faut voir comment il fonctionne et pourquoi notre "culture politique française" basée sur la personnalisation est un frein énorme à une équivalente démarche.
Alors, allons-y pour un peu d'histoire....récente.
De la réflexion à la mobilisation sociale et la participation au processus électoral
Un cercle d'universitaires espagnols altermondialistes travaillent sur les discours politiques et les démocraties latino-américaines. Un vaste mouvement commence à être visible dans le pays touché par la crise, le chomage massif, avec des rassemblements géants sur les places des villes, on les appelle les Indignés.
La question se pose de convertir l'indignation en changement politique.
En janvier 2014, le journal numérique Publico publie ce qui sera l'origine de Podemos (nous pouvons), le manifeste “mover ficha ….” (prendre les choses en main) signé par une trentaine d'intellectuels, de personnalités de la culture, du journalisme, de l'activisme social et politique.
Ce manifeste parle de transformer la mobilisation sociale des Indignés en processus électoral participatif et de présenter des candidat-e-s aux élections européennes de 2014 avec l'objectif d'opposer des idées de gauche aux politiques de l'Union Européenne concernant la crise économique.
Le mouvement est enregistré comme parti politique le 11 mars 2014.
Un fonctionnement de démocratie directe
Podemos consacre les internautes comme des militant-e-s à part entière : ils-elles votent les statuts, les têtes de liste et la hiérarchie du programme sur simple inscription internet gratuite.
Cercles et marées en sont la structure participative.
Dans chaque quartier des grandes villes comme dans les villages, des centaines de “cercles” rendent concrète cette démocratie réelle.
Ensuite, pour contester l'emprise des syndicats sur le mouvement social, la marée verte regroupe les personnels de l'éducation, la marée blanche ceux de la santé, la marée noire ceux de la fonction publique.
Podemos a publié un document de 36 pages exposant sa ligne politique dans lequel les titres des six sections se terminent tous par “Construire la démocratie.”
1. Redresser l'économie en renforçant le contrôle public, en réduisant la pauvreté et en instaurant la dignité sociale via un revenu de base pour tous. Cela comprend le contrôle des lobbys et de l'évasion fiscale des grandes entreprises et multinationales, ainsi que le soutien aux petites entreprises.
2. 3. 4. Promouvoir la liberté, l'égalité et la fraternité en abattant les barrières à travers l'Europe et en permettant la coopération entre les personnes sans collecte de renseignements ou inhibitions sociales.
5. Redéfinir la souveraineté en révoquant ou en troquant le Traité de Lisbonne, en retirant l'Espagne de certaines zones de libre-échange et en promouvant le référendum pour toutes les réformes constitutionnelles majeures.
6. Récupérer la terre en réduisant la consommation de combustibles fossiles, en promouvant les transports en commun et les énergies renouvelables, en réduisant les cultures de rente industrielles et en stimulant la production agricole locale par de petites et moyennes entreprises..
Crise économico-financière et corruption/évasion fiscale
Les questions politiques en Espagne reposent sur la crise et la corruption, alors qu'en France, ce sont les thèmes de l'immigration et l'intégration qui prédominent.
La dépolitisation est très forte en Espagne, et pourtant la culture autonome et libertaire, alors encore réservée à un petit cercle, va faire tache d'huile...
Dans la perspective des élections générales (législatives d'octobre entre autres) de cette année 2015, une progression spectaculaire de Podemos est très probable car fin 2014, Podemos était déjà au même niveau que le Parti Populaire (droite au pouvoir) et avec une nette avance sur le PSOE (parti socialiste espagnol). Il pourrait ainsi devenir le parti pivot d'une nouvelle majorité qui reste à définir.
Podemos ne gagne pas sur sa seule étiquette : les listes qui ont remporté les municipales à Madrid, Barcelone, et ailleurs sont le résultat d'une convergence des mouvements qui dépasse largement les réseaux tissés par Podemos.
Bien que ne figurant pas parmi les signataires du manifeste, le mouvement annonça le 14 janvier 2014 que le professeur de sciences politiques et analyste politique télévisuel, Pablo Iglésis Turrion en prendrait la tête.
Podemos est membre du groupe de la Gauche unitaire européenne et a soutenu dès le début Syriza – Grèce qui a émergé tout aussi spectaculairement en quelques années après des années de corruption et le diktat d'austérité des institutions européennes et du FMI (Fonds Monétaire International).
L'avenir n'est pas écrit.
SYRIZA, PODEMOS...le rapport de force peut changer vite en Europe, la politique européenne aussi et dans la démocratie directe. Grèce, Espagne,et après ? L'Italie, la France ?
Hors des partis politiques actuels, le voulons-nous, le pouvons-nous ? Nous donnons-nous une chance d'y arriver, d'y participer en réinventant la politique à partir des réseaux, des cercles, des marées, des...., à partir d'une démocratie directe à retrouver partout, localement, sans hiérarchie autre que celle choisie et/ou par ...tirage au sort.
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SOURCES : Wikipedia et Politis (n°1358 / 18 juin 2015)
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