Cette chronique d'aujourd'hui reprend uniquement des extraits d'un livre-analyse lu récemment.
« La violence d'Etat est
quotidienne. Elle n'est pas aussi matérielle que la violence
émeutière, mais elle est présente, diffuse, économique, sociale,
institutionnelle, policière, et une majorité de gens l'intègre.
L'émeute est un ras-le-bol, une
première réponse. »
« Pourquoi mener des actions
contre ce système ? Des raisons ? Il y en a des milliers.
Le capitalisme ne produit que des raisons de se révolter contre lui.
Toute production capitaliste crée des douleurs....
Les horreurs que l'on voit au quotidien
justifient une réponse. »
« L'élite économique et l'élite
politique -quand ce ne sont pas les mêmes personnes- partagent une
même conception du monde. Lors de la crise financière qui a débuté
en 2008, les Etats ont puisé des centaines de milliards de dollars (
d'Euros) dans les fonds publics (et donc dans les poches des
contribuables) pour renflouer les banques qui avaient elles-mêmes
provoqué la crise par leurs jeux spéculatifs. Parallèlement, les
institutions internationales exigent des Etats incapables de
rembourser leur dette qu'ils mettent en place des politiques
d'austérité qui entraînent une baisse des services publics, une
chute des salaires et des pertes d'emploi. »
« La cible est le message....Ce
n'est pas de la violence. C'est du vandalisme contre des compagnies
violentes. Nous ne blessons personne. Ce sont elles qui font mal aux
gens. »
«Ce sont les banques qui
financent les extractions d'énergies fossiles polluantes, les
institutions financières qui jouent un rôle-clé dans
l'accroissement des activités des multinationales, de celles qui
saccagent les forêts, réduisent en quasi-esclavage les
travailleurs qui fabriquent des produits onéreux dans des ateliers
de misère, les colporteurs de restauration rapide et responsables
de la destruction de forêts tropicales transformées en pâturage,
le cartel des médias de propagande, les politiciens et
hauts-fonctionnaires qui soutiennent ce système, ... »
« Dans l'Antiquité,
les citoyens d'Athènes prêtaient serment : Je ferai périr,
par parole, par action, par vote, et de ma main, si je le puis,
quiconque renversera la démocratie athénienne, (…) quiconque se
lèvera pour s'emparer de la tyrannie ou aidera le tyran à
s'établir. (…) Tuer le tyran ayant renversé la démocratie
n'entraînait aucune condamnation et les biens de la personne étaient
remis à son assassin. »
« Après le Moyen-âge,
des têtes couronnées corrompues sont tombées, et que dire du
terrorisme d'Etat et des attaques contre des chefs d'Etat orchestrées
par d'autres Etats comme les Etats-Unis et d'autres... »
« La position
pacifique est acceptée sans aucune remise en question. (…) En
raison de la gravité de la situation à laquelle nous faisons face
et de la nature des systèmes de domination et d'oppression auxquels
nous nous opposons, nous devons commencer à nous demander si la
non-violence peut être justifiée. Le débat doit être inversé. »
« L'extrême-droite
vise des cliniques où sont pratiquées des avortements, des maisons
d'hébergement de femmes, des centres d'accueil pour réfugiés, des
mosquées, des synagogues et commerces juifs, des arabes, ... »
« Les banques, les
mulinationales capitalistes, les entreprises d'extractions fossiles,
les enseignes de mal-bouffe, les symboles de l'Etat, les
enseignes du grand luxe, ...sont la cible des black blocs. »
« Ce ne sont pas des
petits cons venus pour s'amuser en cassant des vitrines. »
« Le respect de la
diversité des tactiques est cohérent en vertu de la liberté
individuelle et l'égalité. »
« Le recours à la
force -souvent pour protéger les manifestants contre l'agression,
les violences policières-, la destruction de biens matériels est
une réaction à la violence structurelle d'un système
d'exploitation injuste, subie par la majorité de la population. »
« Trois attitudes sont
répandues face au système politique et économique. Elles sont
toutes, vaines.
1. l'apathie
sociale, la passivité pathologique et l'isolement volontaire
le recours à des
thérapies individuelles ou collectives et à des cheminements
spirituels
la condamnation du
recours à la force militante présentée comme inefficace et
irrationnelle, alors que la non-violence serait rationnelle et
efficace »
L'autonomie d'action et de
décision est l'exigence première lorsqu'il s'agit de faire de la
politique ou encore d'exercer la violence.
« Manifeste du Carré
Noir : Nous considérons qu'un individu armuré, qui est prêt à
frapper violemment d'autres individus simplement parce qu'il a eu
l'ordre, perd momentanément l'exception qui prévaut quant à
l'utilisation de la violence ».
l'Etat libéral et
l'autorité politique reposent sur l'illusion que la volonté
politique du peuple peut être représentée, surtout s'il a le droit
d'élire ses dirigeants. L'élection pourtant n'a rien de
démocratique, puisqu'elle ne permet pas au peuple de gouverner, mais
seulement de se choisir des maîtres qui gouverneront en son nom.
Un individu ou un groupe
d'individus comme les députés élus ne peut représenter la volonté
et les intérêts d'un ensemble sans une distorsion importante qui
avantage le représentant. Du simple fait qu'ils occupent une
position d'autorité, les politiciens élus ont des intérêts
personnels qui ne concordent pas avec ceux de la population. De plus,
les élites politiques sont souvent liées aux élites économiques
(et militaires). La représentation de la souveraineté populaire est
donc au mieux une fiction innocente, au pire un mensonge conscient
qui vient justifier par un discours trompeur le pouvoir d'une
aristocratie élue qui se prétend démocratique.
Les représentants de l'Etat
demandent explicitement aux porte-parole des organisations
réformistes de se démarquer publiquementdes « casseurs ».Mais
ces organisations réformistes (progressistes) critiquent modérément
l'Etat et les institutions internationales, elles se soumettent à
leurs règles du jeu. La survie financière et politique de ces
organisations (et partis) dépend même souvent des subventions
gouvernementales. Cela les encourage à se démarquer de groupes qui
risquent d'entacher leur « respectbilité ».
La disproportion de la
riposte policière apparaît quand on prête attention à l'arsenal
dont elle dispose...
La répression des
manifestants grâce à l'équipement des policiers sert d'argument de
vente pour les armes et matériaux de répression utilisés :
vous voyez c'est efficace, venez en acheter plus et les nouveaux
modèles aussi...
Les autorités ont crée
l'image de l'anarchiste criminel (black bloc) présenté comme une
menace à la sécurité publique voire un terroriste (comme
aujourd'hui les éco-terroristes)
Les radicaux sont les
veilleurs qui guettent l'arrivée d'un nouveau monde et qui en
attendant jouent des coudes pour dégager plus d'epace de liberté,
d'égalité et de justice.
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Extraits du livre
de Francis Dupuis-Déri « les black blocs » Lux éditeur
2019