lundi 2 janvier 2023

RETRAITES et ECONOMIE

 


Faire travailler plus longtemps pour payer les dettes, mais surtout ne pas taxer les super profits ou les échanges boursiers pour payer les dettes : voilà en gros le projet du roi Macron pour protéger sa caste et fixer les problèmes quotidiens sur un seul sujet.

 

UN PEU D'HISTOIRE...

Jusqu'au XIXè siècle, il n' y avait pas de vieux pauvres puisque l'espérance de vie s'arrêtait bien avant d'être ...vieux ! La Révolution Industrielle n'a pas non plus arrangé les choses puisque avec l'âge, les ouvriers ne pouvaient plus suivre les cadences du travail : dans le prolétariat, on ne faisait pas de vieux os.

Et pourtant, cet état de fait fut changé en une génération ...par des décisions politiques !

En 1910 apparaissent les premiers prélèvements décidés par le ministre socialiste René Viviani, les « retraites ouvrières » : 1% sur les maigres salaires. Mais ce ne sera qu'en 1944, que le PCF a son apogée participe au gouvernement et le ministre des Travailleurs, Ambroise Croizat met en place une retraite qui doit être « une nouvelle étape de la vie ». En 1946, cinq millions de personnes bénéficient de ce nouveau régime grâce au Conseil National de la ...Résistance. Les premiers versements sont très bas (10 à 20% des salaires), mais dès 1956, le « minimum vieillesse » est mis en place. Le gouvernement de Pierre Mauroy (PS) instaure en 1982 l'abaissement à 60 ans de l'âge de la retraite. Et on pouvait penser que l'étape suivante serait 55 ans.

Mais ce que la politique a fait, elle peut le défaire tout autant...

 



LA CASSE VERS LA PRIVATISATION

Thatcher, Reagan, Friedman, relayés par Montand, Madelin, Tapie en France commencent à parler de « retraite à la carte » et remettent en cause la retraite par répartition (mutualisée) en faisant la promotion de la « retraite par capitalisation » (les assurances, mutuelles complémentaires privées, fonds de pension se frottent les mains). Balladur continue sur cette lignée avec son Plan Epargne Retraite, en 1993, et il fait passer la retraite des salariés du privé de 37 ans et demi à 40 avec le montant calculé sur les 25 meilleurs années (et non plus 10) ainsi que sur l'évolution des prix et non plus sur les salaires. 

La conséquence est la diminution des retraites de 36 % à combler par les retraites complémentaires des banques et des mutuelles-assureurs privés. Suivront le plan Juppé (1995), la réforme Fillon (2003), les régimes spéciaux en 2008 et le recul de l'âge de la retraite par Sarkozy en 2010. Dès 1997, Dominique Strauss-Kahn préparait déjà les « fonds de pension à la française ». Et c'est François Hollande avec sa ministre Marisol Touraine qui instaure l'augmentation de la durée des cotisations pour toucher la retraite pleine (en 2035, il faudrait ainsi 43 ans de cotisations). En 2017, Fillon parle de « système à point » ce qui permet au gouvernement de fixer le montant du point et donc de diminuer le niveau des pensions...C'était aussi l'idée de Macron 1 (avortée par les manifs), mais Macron 2 revient à la charge pour repousser l'âge du départ à la retraite à 65 ans.


JUSTIFICATION EUROPEENNE

Qu'est-ce qui justifie cela ?

D'après le président, c'est à cause des déficits  (pour couvrir les chèques-cadeaux/aumône ponctuelle d'Etat ???), puis on change de vocabulaire et la nouvelle justification dit que c'est « pour financer la transition énergétique et climatique ». 

Les services publics sont oubliés : ce ne sera pas pour l'hôpital, l'école, les transports, l'isolation thermique des bâtiments, ….non. 

La retraite à 64-65 ans et moins indemnisée, c'est pour permettre « la réduction pérenne des prélèvements obligatoires afin de renforcer la compétitivité des entreprises » et financer cette baisse des impôts de production par la « maîtrise des dépenses publiques qui repose sur des réformes structurelles, LA REFORME DES RETRAITES NOTAMMENT ». 5lettre de Macron à la Commission Européenne).

 Voilà à quoi doit servir cette réforme des retraites. Vous avez compris que cela n'a rien à voir avec la réduction des déficits (calculée à 0,4% du PIB pour les retraites et temporairement).

 

 


Un autre chiffre pour comprendre, pour compléter : en 1983, on travaillait en moyenne une semaine par an ...pour les actionnaires ; aujourd'hui c'est quatre semaines !

En 1930, l'économiste Keynes estimait que les besoins économiques dans les pays développés pourraient être couverts avec 20 heures de travail par semaine ; Fourastié en 1965 parle de 30 heures par semaine pendant 35 ans. Depuis quarante ans, les machines, l'informatique, internet ont augmenté les gains de productivité et pourtant cela n'a pas libéré une sixième semaine de congés payés ? Les 35 heures/semaine de Jospin-Aubry n'ont guère duré longtemps. Avec Sarkozy-Fillon on est vite revenu aux 40 heures et même plus via les heures supplémentaires, les dimanches aussi...


Ambroise Croizat, le fondateur du système mutualisé des retraites, avait un idéal social.

« Comment apporter de nouvelles améliorations à la qualité réelle de la vie humaine ? » 

« Quelle société voulons-nous ? »

Produire moins, consommer moins, répartir mieux...

« Il serait temps pour l'humanité d'apprendre comment consacrer son énergie à des buts autres qu'économiques. »









Lecture conseillée/sources : 

 « Le temps d'apprendre à vivre » François Ruffin 

(édition les liens qui libèrent)

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