DES
GILETS JAUNES
Ce
mouvement inédit qui a éclos d’un trop-plein d’insatisfactions,
de colères, de révoltes, de frustrations, d’injustices, …, a
été déclenché par une nouvelle augmentation de taxe carburant,
justifiée par le gouvernement comme étant une mesure pour la
« transition écologique ».
Le
symbole affiché de cette révolte fut le port du gilet jaune que
tout automobiliste a obligatoirement dans son véhicule pour signaler
un danger quand il le porte.
Bien
vite, les revendications se font bien plus générales et plus
précises aussi, toutes convergeant vers une volonté de changement
de politique. Elles touchent à la fois le monde du travail, la
précarité sociale, l’économie mondialisée et la production de
biens, la justice fiscale et l’abandon des services publics, le
« train de vie » de l’État, l’exemplarité de nos
élu.e.s, le manque de démocratie et la structure verticale du
pouvoir, ….
Les
exigences sont multiples, polymorphes, expriment un mal-vivre dans un
pays riche et « civilisé ».
Face à cette révolte populaire, il n’y a pas eu de réponse
politique appropriée du président-roi Macron. Quelques miettes :
le report de six mois de la deuxième augmentation de la taxe
carburant prévue ce janvier 2019 et une mini-augmentation sur la
fiche de paye pour celles et ceux qui touchent la prime d’activités.
Puis, une dispense de la CSG pour quelques-uns, la disparition de la
taxe d’habitation pour d’autres et de menus aménagements
techniques favorables à celles et ceux qui en feront la demande (et
seront au courant) avec l’aide de services sociaux débordés, des
fonctionnaires en diminution permanente…
La
grogne généralisée est attisée par ce qui ressemble à de la
provocation, une sorte de surdité d’un chef d’entreprise
interpellé par une grève surprise géante et reconductible !
Alors, en affirmant qu’il a été élu sur un « programme », M.Macron rappelle qu’il gardera le « cap »...et fait
intervenir les robocops de la police, la mieux équipée d’Europe,
qui balance ses flashballs (LBD) et autres grenades lacrymogènes et
de désencerclement sur les foules jaunes, quasi sans discernement, en
éborgnant des dizaines de manifestant.e.s. L’état de violence
augmente dans ces affrontements, gangrenés aussi par des casseurs
infiltrés dans la masse.
Et
puis, la stratégie politique se met en place. Destruction et
évacuation forcés des lieux de rassemblement des Gilets Jaunes, les
rond-points du pays. Annonce et mise en place rocambolesque du
« grand débat national » avec une consultation nationale
sur quatre thèmes et trente-cinq questions pré-choisies comme
« cadre » des discussions. Un bel enfumage-open bar
destiné surtout à user et minimiser le mouvement général de
protestation. Avec des meetings médiatiques (et électoraux!)
rassemblant les maires et élu.e.s, quelques jeunes pour leur
promettre qu’avec lui, « ils » construiront un
« nouveau monde », une propagande orchestrée à grande
échelle (sur les deniers publics) et qui promet une « restitution »
de tout ce qui a été noté, débattu !!! Il faudra un sacré
algorithme pour trier, synthétiser les 800 000 contributions, et du temps...Que
nenni ! A part quelques décisions à la marge, il n'y aura rien qui ne
sortira pas du logiciel présidentiel. Pas d’abolition de l’ISF, du
CICE, de la flat-exit-tax, des paradis et exilés fiscaux, pas
d’exemplarité sur le train de vie de l’État, pas d’arrêt de
la casse des services publics, pas d’augmentation substantielle du
SMIC, pas de … la liste est longue !
Seule,
la minorité d’élu.e.s d’opposition LFI, ne peut rien faire bouger
face à une assemblée ultra-majoritaire qui vote comme un seul homme
(le Président à qui ils doivent leur poste bien confortable pour la
plupart).
La
stratégie du gouvernement est simple : en même temps que le
« Grand Débat National » pour affaiblir et user la
mouvement, demander à avoir des représentant.e.s Gilets Jaunes pour
mieux les coincer très vite, les neutraliser.
Le
piège ne prend pas vraiment, même si certain.e.s veulent créer un ou des partis (4 déjà !) qui
se présenteraient aux élections….européennes et avec la
dispersion des voix, par le système électoral, donner encore plus
d’élu.e.s à LREM, le mouvement-parti du président.
Mais,
selon les régions, d’autres s’organisent et choisissent la
structure associative.
Les
protestataires du premier cercle du 17 novembre cherchent un deuxième
souffle, épuisés par toutes les manifestations du samedi où la
seule réponse est la répression policière et les blessés.
Moins
optimistes sur une réponse politique, ils veulent initier des
actions locales pour créer du mieux-vivre ensemble sur un territoire
donné.
Mais
la structure associative « légale » les confronte
rapidement à quelque chose qui jusque là était vraiment dans les
fondements de ce mouvement, les décisions collectives sans chef,
sans président.e d’association. Pour rester sur cette ligne
collective, les trois représentant.e.s légaux d'association devraient être tirés
au sort et le travail organisationnel, sur les fonctions
administratives (tribunal, police, banque, assurance), de
communication (interne
et externe, porte-parolat) et comptables (finances), délégué
à des « responsables » entourés.
Car, il y a là un risque pour le mouvement GJ
(mais pas du tout pour le gouvernement) que cette association à caractère
social très marqué ne devienne à terme qu’une association comme
une autre, un nouveau partenaire, mais à qui on a enlevé toute
revendication politique radicale.
Du point de vue local, c’est très positif
dans la mesure où des nouvelles initiatives et actions locales
peuvent amener à un mieux-vivre ensemble, tout en créant du lien
social indispensable actuellement.
Mais où serait encore « l’âme »
du mouvement ? La question mérite d’être posée car ce sera
le cas partout où le mouvement est inscrit dans la durée.
Sans cette politique libérale financiarisée
en œuvre depuis des années, sans son application au profit d’un
système de classe, d’une oligarchie dominante et accumulatrice, il
n’y aurait pas eu de mouvement des Gilets Jaunes. Sans gilets
jaunes, il n’y aurait pas eu cette émancipation politique et
sociale de masse.
Sans réponses politiques acceptables, sans
avancées sociales, économiques, sans changements profonds durables,
quelles seront les réponses du « peuple » ?
La représentation politique rentrera très tôt
dans les discussions-débats des Gilets Jaunes. Syndicats, parti,
associations existantes qui portent ces revendications aussi ne sont
pas des ennemis ou des opportunistes, mais des forces de convergences
à ne pas ignorer.
En politique, c’est le rapport de force qui
est le critère.
Et, parmi tout ce que j’entends dans la
parole des GJ de mon territoire, c’est aussi sa vie qu’on
interroge, ces vies rencontrées, la vie. Et là, on remet en
perspective, l’humain, l’espèce humaine, la survie, la survie de
la planète aussi quand on a des enfants, petits-enfants (ou par
convictions.)
Comment le tout - le global - agit, intervient
dans notre quotidien où nous sommes dépendant.e.s, et comment ici
et maintenant - le local – je peux agir et intervenir pour changer
un certain nombre de choses pour le bien de tous (et donc moi aussi).
A HOMO SAPIENS
Nos cousins chimpanzés nous ont vu évoluer
vers la connaissance, l’invention, la créativité qui nous ont
amené où nous en sommes aujourd’hui. Ce long cheminement n’a
pas été uniforme loin de là en passant par toutes sortes de
système d’organisations « politico-économique » de la
tribu à la mondialisation, de l’esclavagisme, au collectivisme, à
l’individualisme.
La
valeur marchande n’a pas toujours été la monnaie, l’argent,
(les valeurs monétaires). Des biens (nourriture, abri) au
capitalisme il y a eu du chemin qui est passé par bien des
structures différentes (empires coloniaux, …) avant de créer la
dette, l’emprunt comme valeur spéculative et le marché mondialisé
des biens communs. Il y eut un temps long où le travail était une
valeur humaine. Que vaut encore le travail de chacun.e aujourd’hui ?
Il n’y a plus aucune fierté à faire car ce qu’on fabrique n’est
qu’un élément d’un tout et ne nourrit même plus, ne nous
permet même plus d’avoir un abri chauffé.
Si
encore l’évolution technologique avait permis à tous d’atteindre
un niveau de confort acceptable, on n’en serait pas là. Mais le
profit, l’accumulation, le pouvoir de l’argent, de la possession,
les privilèges qu’on s’octroie par ce biais, le pouvoir sur les
autres qu’on prend en s’entourant de sa caste, …, sont
venus polluer Homo Sapiens. Aujourd’hui, c’est un être
dépendant, fragile comme au début, qui ne peut plus être autonome,
libre, qui souffre dans la survie dans ce monde « deshumanisé »,
qui est perdu face à lui-même. Homo Sapiens aujourd’hui a perdu
de sa hauteur face à ses frères animaux. Il est le super prédateur,
le pilleur de la terre, l’exterminateur d’innombrables espèces,
le pollueur des ressources vitales, mais totalement dépendant.
Et livré à lui-même, de quoi est-il encore
capable, que peut-il encore créer de ses mains ?
On vient de loin, mais on ne vient pas de nulle
part.
Il ne s’agit pas de revenir à la
préhistoire, mais de s’interroger sérieusement ce qu’on veut
faire de notre vie, comment on veut la vivre. Et pas besoin
d’attendre une « retraite » pour « enfin en
profiter » : ça aussi ça fait partie du système, mais
qui arrive à son terme, car la retraite « coûte » trop cher
pour la caste dirigeante et elle ne « rapporte » rien !
Et puis où va l’espèce humaine ?
Algorithme est écrit pour demain : la nouvelle richesse (avec
le sable et l’eau). Des milliers, des millions de métiers réalisés
par l’humain vont disparaître et on aura une armada de personnes
oisives, population inutile économiquement et qu’il faudra occuper
par des jeux, des drogues, laisser mourir, puisque les « puissants »
seront cyber-immortels !
Alors ?
Penser global, agir local.
Lien social, entraide, production et
consommation locale, de saison, boycott, grèves et actions
collectives, démocratie directe-décisions pour le bien commun,
...la créativité est une valeur !
POUR NE PAS PARLER DU FUTUR
Que va devenir le mouvement des Gilets Jaunes ?
Une association sociale locale, un mouvement-parti politique de
gouvernement, une structure politique collective d’influence avec
des élu.e.s dans les Com Com, un mouvement révolutionnaire
d’insurrection, le ferment d’un autre monde, d’une autre
civilisation en construction et dont pas mal de signes et prémisses
sont déjà bien là dans des alternatives diverses, …. ?
Les questions sont là, l’avenir n’est pas
écrit...
Les dessins sont de VEESSE www.hebdi.com
le magazine satirique indépendant alsacien
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