“Il n'y a pas de débats possibles sans alternatives, et pas de démocratie sans débats.”
Si les régions ont perdu la “clause générale de compétence” qui leur donnait une certaine liberté de gestion, par contre elles obtiennent plus de pouvoir en matière économique puisqu'elles élaborent le Schéma Régional de Développement Economique qui permet des aides directes aux entreprises, la gestion des ports-aéroports et infrastructures nécessaires au développement économique et à l'emploi.
Mais les régions ont aussi les compétences qui touchent la formation professionnelle, les transports, les lycées publics, la culture, le sport, …
Avant donc de rentrer même dans un débat de fond, il y aurait du y avoir des préalables très importants concernant le fonctionnement décentralisé de ces compétences-services sur les nouveaux territoires des régions élargies. Mais bon quand on voit comment sont présentées ces élections régionales des 6 et 13 décembre prochains, nul n'est étonné que de débats il n'y en ait pour ainsi dire pas.
Et quand au fond, à savoir les programmes de chaque liste, les projets de chaque groupe, il faudra attendre la réception de l'enveloppe de vote accompagnée des documents “profession de foi” de chacun-e pour avoir un résumé des grandes lignes de ces propositions à quelques jours/heures du vote.
En Alsace lors des dernières élections régionales de 2010, il y avait 11 listes. En 2015, pour la grande région Alsace-Lorraine-Champagne Ardennes (Grand Est), il y aura 8 listes, 1512 candidat-e-s pour 169 élu-e-s.
Tout est faussé, biaisé dans ces élections. Les médias de propagande (quasi tous) font de cette séquence un test en vue des prochaines présidentielles de 2017 et la “grande” question redondante depuis des mois est : qui du FN, des Républicains ou du PS va “gagner” ? A force sondages et interviews des têtes de liste ou “régionaux de l'étape”, les paris sont ouverts alors que la campagne officielle n'a pas encore commencée. Donc, tout est là : qui des 3 partis va gagner ?
Bref, pas de débats sur les projets, les programmes, la répartition des pouvoirs, l'organisation démocratique de la nouvelle région. On remplit les pages par les aventures des candidat-e-s cumulard-e-s et/ou carriéristes qui naviguent d'un parti à l'autre au gré des opportunités de chances de conserver des postes (rémunérés) et du pouvoir local/régional.
Ainsi, on retrouve d'ex-centristes (Bader) sur la liste FN, d'ex-EELV sur la liste PS (Andrée Buchmann, Henri Stoll), d'ex-UDI chez UNSER LAND (Alice Morel) pour ne citer que quelques exemples alsaciens.
Ce n'est sûrement pas cela qui va faire revenir les abstentionnistes, les déçu-e-s aux urnes. En 2010 , le taux d'abstention frisait les 57 % avec 4% de bulletins blancs/nuls. Qu'en sera-t-il en décembre 2015 ? Autant dire que celles et ceux qui seront élu-e-s, le seront avec très peu de voix, de votants, même si la présentation en pourcentage cachera cette réalité. Où sera la légitimité rélle, faussée grâce au système électoral de la Vème République qui montre de plus en plus ses limites.
L'enjeu politique majeur est le retour à la démocratie qui est bafouée de tous les côtés. Ce combat pour la démocratie est vital si on souhaite un retour au débat public, au débat politique, à la défense de notre République. Actuellement, le glissement progressif vers la décrédibilisation des représentants politiques nous a mené vers un dégoût généralisé de LA politique ce qui entache sérieusement la démocratie. Et on peut en imputer une grande part de responsabilités à celles et ceux-là même qui le regrettent à savoir les personnes en place. Par leur attitude même, ils montrent les exemples négatifs qui nous mènent au rejet si ce n'est au dégoût : cumul des mandats, pouvoir vertical, absence du terrain, abandon de la ruralité, de la culture, de l'éducation populaire par les aides réduites aux associations, choix des dépenses publiques inutiles, distanciation entre paroles, promesses et réalisations/réalités du terrain, exemplarité...
Tous les ingrédients du rejet.
Il suffit d'écouter autour de soi ce qui se dit pour comprendre où on en est et vers qui se tournent les doigts accusateurs de la responsabilité.
Il n'y aura pas de changement dans ce système-là qui est de plus en plus obsolète.
Pour reconstruire la confiance, il va falloir un grand coup de balai dans les institutions, dans les administrations, dans l'exercice du pouvoir, parmi le “personnel politique”...Même celles et ceux qui s'accrochent encore ont bien compris que leur temps est révolu, que le changement est dans l'air et qu'il ne passe plus automatiquement par la politique, mais par les relations établies dans les territoires, localement, par les échanges, les réseaux, une autre façon de vivre, de consommer, de se déplacer, de s'informer...
Le vrai combat de réappropriation de sa vie passe par la reconstruction d'une démocratie réelle de débats, d'échanges, d'écoute, par la fin stricte des cumuls de mandats, par l'exercice du pouvoir horizontal d'égalité et de respect, le tirage au sort et la limitation dans le temps de nos représentant-e-s, par la localisation des initiatives, de la production/consommation, par toutes ces initiatives déjà en oeuvre ou en marche qui, petit à petit, transforment un environnement de vie. Et cela se passe en dehors des partis politiques, loin des préoccupations de cette petite clique qui a encore l'illusion du pouvoir et qui s'y accroche comme à une bouée de sauvetage. Contrairement aux réfugié-e-s pourtant, on les accueille encore avec notre argent public. Ils ont encore de la chance...
MAINTENANT le débat est ouvert
et j'espère qu'il aura lieu avant d'aller aux urnes. Après avoir posé les constats généraux, je me dois de préciser le fond de ma pensée par plusieurs remarques.
J'ai beaucoup de respect pour les "militant-e-s du quotidien", ces personnes bénévoles qui ne mesurent pas le temps investi dans les différentes actions qu'ils mènent et l'aide, le soutien apportés aux associations amies et réseaux divers. Ils, elles ont des convictions, s'engagent au quotidien et sont rarement "reconnus" par leurs partis, rarement candidat-e-s car "personnes de l'ombre" qui font vivre les actions locales là où ils-elles habitent. Mais celles-là, ceux-là méritent le respect et d'être nos représentant-e-s bien plus que celles et ceux qu'on voit apparaitre quelques semaines avant les élections en faisant du tourisme de terrain, se faire voir...et profiter du travail des travailleurs de l'ombre.
Pour vraiment connaître les programmes, les projets des uns et des autres, il faut aller sur le site des candidat-e-s/des listes et comparer. On peut aussi lire attentivement leur planning et les rencontrer lors des débats publics qui sont surtout destinés à compter son influence et ....ses chances tout en apparaissant dans les médias de propagande.
Pour choisir, pour affuter son vote, il faut établir des critères, car comme pour la politique générale du pays, on a bien vu ces dernières années que droite et gauche menaient la même politique économique, financière et même sociale.
Alors, on peut se donner des critères personnels qui peuvent être le non-cumul de mandats (prioritaire), les idées réalisables mises en avant, le fonctionnement interne du parti quand au mode de désignation plus ou moins démocratique des candidat-e-s, le bilan des sortant-e-s, le cheminement politique des candidat-e-s (fidèlité, opportunisme, convictions visibles dans leurs actions,...).
Aller voter est une démarche citoyenne importante et réfléchie. Voter pour un parti sans se préoccuper de ce qui est dit plus haut est un comportement "apparatchik" qui se confirme souvent. On peut mettre en avant le choix d'une alternative, l'envie d'une représentativité au Conseil Régional d'autant plus que pour les Régionales, il y a une part de proportionnalité. Il est important que toutes les sensibilités y soient représentées, pour le débat, pour faire avancer les choses, pour entendre des options différentes selon les sujets.
Mais avant tout, c'est le fonctionnement de la gouvernance de la nouvelle grande région (Grand Est) qui est déterminante. Sera-t-elle démocratique, répartie sur le grand territoire, avec des débats, des choix discutés, un pouvoir plus horizontal que vertical (venu du haut-décision vers le bas-application).
Dans tous les cas,pour les "indécis-es, les dégoûté-e-s, les déçu-e-s, les indifférent-e-s, les...." pour ce vote "régional", il vaut mieux voter blanc que s'abstenir, car cela reste une expression d'attachement à la démocratie tout en exprimant que rien de ce qui est proposé ne nous convient.
On verra de toute façon le phénomène de l'abstention s'accentuer et notre système électoral permet l'élection d'une personne avec très peu de voix, une minorité, même si la présentation des résultats en pourcentage ne donne pas cette impression, ne donne pas cette information mise en avant.
La campagne officielle commence, le 13 décembre est le soir du deuxième tour. Le 1er janvier 2016, l'Alsace fera partie de la région administrative Grand Est, mais elle ne perdra pas pour autant son authenticité, son histoire, sa double-culture, ni plus son dialecte...
C'est un peu comme le passage à l'an 2000, une "angoisse fantasmée iraisonnée" ; l'avenir n'est pas écrit !
Tous les dessins sont de PAT THIEBAUT www.lagitedulocal.com
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