samedi 27 février 2016

GREXIT-BREXIT : GB exit !

En 1967, Charles De Gaulle était contre la Grande-Bretagne dans la CEE : "L'Angleterre, je la veux nue !" En 1988, Jacques Chirac s'énerve contre Mme Thatcher: "Mais qu'est-ce qu'elle veut encore de plus : mes couilles sur un plateau ?".
La Grande-Bretagne ne veut adhérer à l'Europe que pour la neutraliser, en bon "cheval de Troie" des USA (se souvenir de Tony Blair le bon caniche à Bush), et a toujours prôné son élargissement pour entraver son fonctionnement. Pour la Grande-Bretagne/Angleterre, l'Europe ne sert qu'au business, à la finance, : bref, elle veut profiter à fond du marché européen des "affaires", mais sans s'appliquer aucune des régulations.

            parution dans le journal  Frankfurter Allgemeine Zeitung -26/01/1967

On a encore assisté ces jours derniers à ce même spectacle en pleine campagne électorale anglaise : un premier ministre anglais (David Cameron) qui faisait miroiter la sortie de son pays de la CEE par référendum(un BRexit) si l'Europe ne cédait pas à ses demandes.
ça rappelait un épisode précédent, le GRexit ! Eh oui, lorsque la Grêce a fait son référendum et que la Commission Européenne, la BCE et le FMI ont adressé un ultimatum pour lui imposer une politique économique interne d'austérité : c'était un couteau sous la gorge de ce pays européen. Là pour la Grande-Bretagne, rien de tout cela, mais plutôt du thé au miel et des grandes tapes amicales sur l'épaule pour un pays qui n'est pas dans la zone Euro, ni dans l'espace Schengen, ni soumis aux diktats politiques de l'Europe et qui veut bien profiter du grand marché économique et financier, mais en ne s'appliquant aucune des règles communes de fonctionnement de cet espace européen. Alors c'est quoi ce tapis rouge déployé pour l'Angleterre ?


la jungle de Calais  /    photo Metronews
                              

 Dans la "jungle de Calais", des milliers de réfugiés attendent de pouvoir passer "clandestinement" en Grande-Bretagne pour y chercher du travail dans ce pays réputé ultra-libéral et ils squattent des terrains autour de Calais en attendant de trouver la faille.
La France doit se démerder avec ce campement et tous les problèmes sanitaires et sociaux/humains que cela pose. Quand on se souvient combien de ces réfugiés ont été accueillis dans un bel élan de générosité par l'Allemagne et par millions, on ne peut que se poser des questions quant aux trois-quatre mille réfugiés de Calais.

Pourquoi la France empêche ces réfugiés de se rendre en Angleterre ?
Il suffit de les laisser passer, envahir les ferrys, les camions, le tunnel sous la Manche et en quelques jours le problème est règlé quant à la "jungle" de Calais.
On n'a qu'à laisser les Brits se démerder à leur frontière de l'autre côté de la Manche.
Pourquoi mettre tant de moyens en oeuvre alors que l'Angleterre est hors de la zone Euro et n'accepte aucune des règles européennes qui sont pourtant imposées à tous les autre pays.
Pourquoi cette différence drastique de traitement entre Angleterre et Grèce ? Un vrai scandale passé sous silence dans la plupart des médias (de propagande).

Si les Brits veulent quitter l'Europe qu'ils n'ont jamais rejointe  (sauf pour se faire soigner gratuitement et venir habiter à la retraite le Périgord et autres régions), ben qu'ils le fassent. Je ne vois pas en quoi cela nous pose problème. Ou alors c'est qu' "on nous cache tout, on nous dit rien".

D'ailleurs, on sera même tout sourire quand demain l'Ecosse décidera de rester en Europe (avec l'Irlande voisine) ce qui encerclerait cette Grand-Bretagne qui veut imposer sa loi à toute l'Europe.
Il est bien possible que les changements viendront plus du sud (Grèce, Espagne, Portugal, peut-être demain Italie et France) que de la "perfide Albion" qui, si elle sait nous offir de la bonne musique, ce n'est pas la mélodie susurée par le gouvernement british....qui peut changer dans quelques semaines après les élections en Angleterre !

Grexit et Brexit = GB exit !

samedi 20 février 2016

Ils ont voulu nous enterrer, ils ont oublié qu'on était des graines.

Bien sûr, moi comme beaucoup de monde, je me pose ces questions, d'essayer de comprendre en faisant travailler ma mémoire, comment et pourquoi j'en suis arrivé à plutôt faire de la politique plutôt que de la musique  par exemple. Pourquoi je suis devenu enseignant et pas journaliste . Est-ce qu'on est déterminé dans nos choix ou cela se fait-il purement ...par hasard !
Je ne vais pas rentrer dans un débat philosophique ou psychanalytique, mais les questions sont parfois bien présentes car on a toutes et tous besoin de savoir, en tout cas, de trouver un minimum de sens dans le cheminement de nos vies.
Famille nombreuse, (j'ai quatre soeurs), un père ouvrier dans une usine textile, une mère qui a élevé ses enfants et a travaillé aussi dans une superette de village tout en faisant de la couture à domicile, des poules, des lapins, un potager, une petite maisonette familiale dans un village proche d'une ville qui est devenue depuis une banlieue. L'histoire aussi a frappé, puisque mon père, comme pas mal d'alsaciens qui n'avaient pas les moyens financiers pour fuir en “zône libre”, a été enrolé de force, malgré-lui, et s'est retrouvé au camp de prisonniers de Tambov. Plus de nouvelles de lui, mais un jour, il était de retour après un long périple, à pied entre autres, depuis cette contrée lointaine de l'Est lorsque la guerre fut déclarée achevée. Il avait survécu, mais meurtri à vie et se retrouvant face à des ex-collabos à de bonnes places qui délivraient le travail à ceux qui revenaient : innacceptable ! Est-ce cette injustice, cette violence des faits qui m'a marqué en premier dans une conscience inconsciente future ? Ma mère, qui vivait sa foi religieuse au quotidien ( elle a du beaucoup prier pour espérer le retour de son mari) était très généreuse et rendait service à tout le voisinage, même si on n'avait que le minimum. Est-ce cela qui a fait que j'avais ce sens des autres ?


Et dans ce milieu modeste, dans une Alsace sortie de la guerre et qui par son histoire a toujours été trimballée entre Allemagne et France, comment en suis-je venu à être si attiré et imprégné de culture américaine ? Par rejet des pays de l'Est qui étaient une image de souffrance, d'enfermement ?
Nous sommes toutes et tous là à rechercher dans notre passé, dans notre enfance et le passé de nos géniteurs, du sens à nos errements et cheminements. Par ce qu'on en connait, on peut lier, relier des évènements, mais trouver des réponses , c'est moins sûr. Et d'ailleurs ce n'est pas si important non plus.
Moi, je pense personnellement, en ce qui me concerne, que quelque part, comme beaucoup de monde, j'avais besoin de m'évader, de rêver, de voyager, de nourrir ma curiosité “naturelle” et d'ouvrir en grand le champ des possibles. Je travaillais l'été dans l'usine textile où travaillait aussi mon père. J'y ai rencontré des ouvriers qui devaient avoir alors trente-quarante ans qui avaient été trop jeunes pour la deuxième guerre mondiale, mais assez pour la guerre d'Algérie. L'horreur qu'ils avaient vécue se lisait parfois dans leurs regards et ils aimaient se retrouver le week-end avec quelques bouteilles et une pétanque ou une partie de cartes et danser avec les filles. Ils écoutaient Glenn Miller, quelques standards du jazz be-boop américain, ces américains qu'ils avaient vu passer  quand ils étaient enfants. Bien sûr, j'étais bien plus jeune et avec mes premiers salaires, ou les quelques pièces économisées, je commençais à m'acheter des disques vinyls. Je me souviens du tout premier : “Disraeli Gears” des Cream, ce trio anglais avec Jack Bruce et ...Eric Clapton ! Et puis Soft Machine que je continue à beaucoup écouter encore aujourd'hui. Je lisais déjà beaucoup et là encore, je cherchais toujours la nouveauté, l'originalité et je suis devenu un lecteur assidu de Actuel, la Gueule ouverte , Hara-Kiri et autres revues qu'on disait ...marginales !
Et puis, l'opportunité de partir aux USA un été s'est présentée et me voilà à faire du stop pour traverser les USA d'est en ouest, du sud au nord pendant plusieurs mois en cette année 1970 et me retrouver très vite quasi installé à San Francisco “l'été de l'amour” et de tous les excès et expériences diverses, surtout entouré par des ex- du Vietnam, qui sont revenus hagards et complètement déjantés de cette horreur. Ces rencontres ont sans aucun doute également “formé” ma prise de conscience politique d'une contre-culture non-violente et complètement alternative.
Et puis, par la suite, avoir vécu dans un pays du Maghreb, puis à la Nouvelle-Orléans entre autres, cela a aussi beaucoup ouvert ma conscience des choses, à accentuer encore ma tolérance face à ces diversités culturelles, civilisationnelles.



Et puis, à un moment donné de ma vie, j'ai senti le besoin de partager ces expériences, de faire bouger ce conservatisme étroit dans lequel était englué la France, encore plus marqué en Alsace, région de double culture. Ce besoin de respirer, de tracer de nouvelles routes, de se battre pour changer les choses là où on est, de le faire connaitre, d'encourager à agir par l'exemplarité, tout cela a sûrement été prédominant pour qu'à un moment le champ citoyen d'abord (au sein d'un conseil municipal et Com'Com) puis politique (au sein d'un parti) devenaient évidents. Et l'est encore, même s'il se “réduit” aujourd'hui à des engagements uniquement associatifs.
Pour le choix professionnel, cela n'a pas été vraiment un choix personnel, mais plutot “économique”. De famille nombreuse, continuer ses études au-delà du collège, il y avait à l'époque la possibilité d'une prise en charge de l'Etat pour les élèves “méritants” au travers de l'Ecole Normale des Instituteurs dès quinze ans en internat au début. C'est ainsi que je me suis retrouvé à Strasbourg et la grande ville était aussi un nouveau territoire à explorer. Puis l'Université et les luttes politiques de cette révolution culturelle entre 1968 et 1971 contre la morale chrétienne, religieuse, l'hypocrisie sexuelle, le conservatisme politique “éternel”, l'armée obligatoire et l'objection de conscience qui démarrait, la place de la femme, la notion de travail-enfermement, et que sais-je encore ? En tout cas, une période de bouleversements , de renversement des vieux principes. C'était la porte ouverte à toutes les expérimentations... et notre génération a pleinement vécu ce melting pot des sens, du sens. Cela nous a formé, a ouvert notre sens critique, nos exigences radicales.




Chacun-e les a traduit ensuite toute sa vie durant en les déclinant sur toutes les gammes. Quand aujourd'hui, j'entends des paroles comme “il n'y a pas d'autres alternatives”, “on ne peut pas faire autrement”, “soyez réalistes, mettez les pieds sur terre”, “ c'est compliqué, il faut d'abord faire des études” et ce genre de réflexions qui veulent justifier la lâcheté ambiante, cela non seulement ne me convainct d'aucune façon, mais en plus me fait sourire tant le vocabulaire et les arguments sont répétitifs depuis des décennies.

Et quand on SAIT regarder et écouter autrement, on ne peut que rester optimiste quelque part, car on a la petite voix interne qui dit qu'on a déjà vu un monde à terre qui s'est relevé et que les crises financières pour augmenter encore les profits (de certains) aujourd'hui ne dureront que pour celles et ceux qui ne voient ou ne connaissent qu'un schéma.  Des vies autres existent, et il y a tant de  chemins de traverse et des petites mélodies décalées qui sont disséminés partout.



Et vous ?
Quels chemins avez-vous empruntés ? Avez-vous trouvé du sens dans vos cheminements ?



  “ Ils ont voulu nous enterrer, ils ont oublié qu'on était des graines.”


jeudi 11 février 2016

ACTUALISER

 

 
 ACTUALISER
 

Pour compléter, “actualiser”, les propos de ma précédente chronique , je veux vous faire part de mon désarroi (politique) qui ne fait que s'affirmer encore plus ce matin aux deux annonces médiatiques du jour.

Le président, François Hollande, va annoncer dans la journée son “remaniement ministériel” (ou ses “ajustements”) dans lequel il souhaite associer les écologistes.
Après le départ des ministres EELV, Cécile Duflot et Pascal Canfin (à la nomination de Manuel Valls, premier ministre), ce soit-disant retour mettrait à mal le parti. J'ai entendu citer les noms de Barbara Pompili et Emmanuelle Cosse. 
La première, membre depuis 2000 a d'abord travaillé auprès de Noel Mamère (campagne présidentielle 2002) puis est devenue assistante parlementaire de Yves Cochet avant d'être élue députée de la Somme en 2012. Elle quitte le parti EELV fin septembre 2015, tout en conservant son poste ! Elle est la comparse du député, François de Rugy et du sénateur, Jean-Vincent Placé qui ont tous les deux quitté également EELV l'an dernier pour créer des nouveaux partis écologistes “PS compatibles” afin de préserver leurs postes qu'ils ont conservé eux-aussi dans la perspective des Législatives de 2017 et éventuellement intégrer le gouvernement. Ces “opportunistes professionnels” ont profité du parti pour accéder aux postes et une fois en place le quitte pour poursuivre ailleurs leur “plan de carrière”. C'est en tout cas à quoi ça ressemble. Donc, la nomination d'un-e de ses trois-là ne serait une surprise pour personne.


 


                                     Baupin-Placé-Cosse    photo Huffingtonpost

Par contre, Emmanuelle Cosse, la compagne-épouse du député de Paris, vice-président de l'Assemblée Nationale, Denis Baupin, est l'actuelle secrétaire nationale du parti écologiste, EELV. Membre  depuis 2009, elle est élue à ce poste 4 ans plus tard lors du Congrès de Caen en 2013 et est également Conseillère Régionale à Paris. Le prochain Congrès du parti a lieu cette année et elle n'est pas sûre de rester secrétaire nationale à l'issue de ce congrès, ce qui peut la faire envisager la suite de sa “carrière” politique ailleurs. Cependant, si éventuellement elle acceptait, cela serait un coup de poignard dans le dos d'EELV qui risque d'être fatal. C'est exactement la stratégie du couple Hollande-Valls. Détruire, réduire au silence EELV et rassembler les écologistes en cravate, les environnementalistes officiels des fondations subventionnées autour de ce “nouveau” gouvernement dans la perspective de la reélection du “candidat naturel”.

Car, honnêtement, personne n'est dupe pour croire qu'un quelconque remaniement un an avant la Présidentielle est fait pour changer la politique menée actuellement : c'est juste du casting politicien, première étape de la stratégie d'une campagne électorale. Objectif : tuer EELV après avoir divisé les écologistes et réduit au quasi-silence médiatique, une adversaire possible, Cécile Duflot.

Celle-ci risque de se voir appliquer la double peine avec l'annonce, sans concertation avec ses partenaires, de la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la Présidentielle 2017 : « Je veux représenter la France insoumise et fière de l’être », la « sortir des traités européens ». « Mon ennemie, c’est la misère et la France abaissée, alors qu’elle est si riche ». Stratégie électorale également : être le premier de la gauche (du PS) à se déclarer pour couper l'herbe sous les pieds d'autres candidat-e-s et imposer son timing et sa place. C'est un pari gagnant s'il arrive à fédérer, mortifère s'il éloigne encore plus celles et ceux qui gardaient un espoir d'un-e candidature nouvelle issue des combats de terrain, anticapitaliste avec un programme radical de transformation construit collectivement depuis la base, comme dans les processus de nos voisins espagnols, par exemple.

Remaniement et candidature de JL Mélenchon sont deux aspects d'une même stratégie : le début de la campagne des Présidentielles (et Législatives) de 2017.
Est-ce que cela va éclaircir les choses ou au contraire les troubler encore davantage. Quand je disais dans ma chronique précédente que s'interroger sur le vote (le sens, le pouvoir, …) n'était pas prématuré, je “sentais” bien ce qui était déjà en oeuvre. Quand on a une certaine expérience, il est facile d'avoir un temps d'avance.






Et puis, les écologistes savent bien que ce qui est urgent aujourd'hui est d'agir vite, à tous prix, contre le réchauffement climatique et tout ce qui va avec, pour ne pas impacter de façon inéluctable l'existence meme sur cette planète. Et ces combats se mènent localement, se déclinent sous différentes formes (économiques, sociales, environnementales), avec des dénominateurs communs : se battre contre toutes les marques de pouvoir de ce système libéral-capitaliste qui est le premier responsable du dérèglement climatique *  et retrouver une démocratie collective, directe pour pouvoir décider soi-même de l'avenir d'un territoire **.   


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* je ne développerai pas là exemples et arguments, je l'ai déjà fait largement dans des chroniques précédentes et en reparlerai encore dans les suivantes
   


** à l'exemple des premières nations autochtones qui revendiquent aujourd'hui le respect des traités  pour arrêter les forages, l'extraction des sables bitumeux ou du gaz de schiste (aux USA et Canada, mais aussi au Niger, en Grèce, Pologne, Roumanie et ailleurs...)

     

- "qui a tué l'écologie ?"     Fabrice Nicolino  (points poche)
- "tout peut changer"        Naomi Klein     (actes sud)

mardi 9 février 2016

Je suis pour le droit de vote et ...je vais m'abstenir !


Je sais, c'est complétement en contradiction et c'est pour cela que ça crée un débat interne en moi que je veux partager aujourd'hui car je ne trouve plus d'arguments pour me mobiliser à respecter, à exercer mon devoir de citoyen d'un pays démocratique, républicain, laïc.
dessin de Phil Umbdenstock (Colmar)


Entendons-nous bien : je suis un citoyen français comme un autre, je ne suis pas PLUS ou mieux, je suis comme “tout le monde”. D'accord, je lis beaucoup, je m'informe, je cherche, curieux de nature, des avis différents pour parfaire mes réflexions, les confronter à d'autres façons de “voir les choses”, j'agis à ma mesure localement pour partager mes connaissances, expériences et savoir-faire et aider où je peux. J'aime discuter, je ne suis pas insensible au monde qui m'entoure (et dont je fais partie intégrante), je ne m'enferme pas essentiellement dans un confort matériel de vie, après quarante ans d'activités professionnelles, pour jouir tranquillement des années qui me restent. Je suis attaché viscéralement à des valeurs humanistes et d'égalité des êtres vivants. Je respecte au mieux mes devoirs d'individu et de personne sociale et je tiens fortement à exercer mes droits citoyens, mon droit de vote acquis difficilement par mes ancêtres. Que ceci soit bien clair pour ne pas biaiser le débat.
Mais je m'interroge aussi, comme des milliers sinon des millions d'autres françaises et français, sur ce que veut dire encore “voter” aujourd'hui et quel est encore le réel “pouvoir” de mon vote, sa “valeur”, son “sens”. Est-ce se poser trop de questions que de s'interroger ?




Du plaisir au désir
On était une dizaine autour de cette table garnie de mets délicieux, “gastronomiques” faits maison, de douceurs liquides. Des trentaires au soixantenaires, actifs et retraités, d'horizons et d'activités divers, réunis pour fêter des anniversaires, mais surtout pour le plaisir de se retrouver, de passer une “bonne” soirée ensemble. Et ce fut une bien agréable soirée, très chaleureuse, simple et riche en échanges.
Ma plus jeune voisine m'interpelait dans la discussion : “...mais dis-moi alors ce que je peux encore faire puisque le vote”blanc”, même s'il est comptabilisé, n'est jamais pris en compte et même pas impacté, puisque quand on dévoile le résultat du vote, on parle des pourcentages des candidat-e-s et de ...l'abstention, du taux d'abstention. Jamais du nombre de votes “blancs” ou alors très furtivement.” Bref, quand on ne trouve plus son compte, quand on ne sait plus pour qui voter, quand on veut marquer qu'on n'est plus d'accord avec ce qu'on nous propose, même attaché au droit de vote et qu'on se déplace pour voter “blanc” , on n'a plus l'impression que son vote a du sens ou est entendu. On peut aussi choisir de voter la provocation en donnant SA voix à ce qu'on n'aurait jamais penser faire ! Ou encore voter “par peur”, “utile” , pour le moins pire, par discipline “républicaine”,
contre et que sais-je encore ? En principe, on vote par conviction, en fonction de valeurs, pour un programme qu'on souhaite voir mis en oeuvre par celle ou celui qui s'en revendique et le défend. En principe, oui.
Globalement, on regrette que le taux d'abstention augmente, que les citoyens s'éloignent de la politique. On parle de danger pour la démocratie quand une très large majorité ne s'exprime plus ...par le vote. Je ne vois pas moi un peuple français qui ne s'exprime plus. Je vois des gens qui ne savent plus où et comment ils peuvent encore s'exprimer, combien leur parole, leurs cris ne sont plus entendus par ceux-là qui sont censé les traduire en lois et décisions collectives. Je ne vois plus de lieux de débats politiques, je ne vois plus beaucoup d'instances ouvertes au débat public avant de prendre des décisions qui touchent tout le monde. Et cela aussi bien aux niveaux municipaux, intercommunaux, départementaux, régionaux, nationaux. Non, il n'y a plus de débats publics, plus de décisions collectives, plus que des “échéances électorales”, des “campagnes électorales” (en permanence) et la pression pour faire déplacer les gens à aller voter. Point à la ligne !
On parle aussi de l'option obligatoire du vote, sous peine d'amende pour réduire l'abstention. Que des propositions “techniques” !

Mais le “sens” du vote, la “valeur” du vote, le “pouvoir démocratique” du vote, où sont-ils passés ?
Faut-il passer par l'obligation pour occulter que l'envie d'aller voter a quasi disparu ? Et d'agir sur les causes. Car si rien ne change, ne bouge là-dessus de façon institutionnelle, que restera-t-il comme moyen de changer les choses à notre niveau ?

Si le vote “blanc” n'est pas visible (fortement mis en avant) et pris en compte comme une réelle expression, alors en jouant le jeu des “annonces” de résultat (pourcentage, pour/contre, abstention), il ne resterait plus que la solution d'agir sur le taux d'abstention pour que cela ait un impact. Je m'explique.

Du désir à l'action
Une question préalable : à partir de quel taux d'abstention, peut-on considérer que le résultat d'un vote n'a plus aucune valeur démocratique ?
Lors du référendum alsacien sur la fusion des conseils généraux et du conseil régional en une entité unique, pour que le “oui” l'emporte, il fallait qu'il comptabilise plus de 50% des exprimés ET au moins 25% des voix des électrices-électeurs inscrits dans chacun des deux départements. Or, dans le Bas-Rhin, si le oui a obtenu plus de 50%, par contre il n'a concerné que 22,9 % des inscrit-e-s (16% dans le Haut-Rhin !). Les votes “blancs ET nuls” étaient à 3,20% et le taux d'abstention à 64,4% (deux départements ensemble). La prise en compte des votes était donc fixée à 25 % des inscrit-e-s pour permettre une validité démocratique du vote. Techniquement sans cette barre des 25%, le oui l'aurait emporté (dans le Bas-Rhin).
Le vote blanc n'aurait rien changé, par contre c'est le taux d'abstention qui a annulé la validité du vote. C'est un exemple réel récent (avril 2013) qui va etre troublant pour la suite.
Revenons à l'échelle nationale : les prochaines élections présidentielles … et législatives.
Hypothèse : je ne trouve pas mon compte dans les candidat-e-s présentés, je suis attaché au droit de vote, je vais donc à priori aller voter blanc.
Aux résultats , le-la candidat-e X est élu-e (dans le système actuel avec très peu de voix des inscrit-e-s, ça suffit pour devenir président-e de la République), le vote “blanc ET nul” est à disons, 5, meme 10%. Expliquez-moi ce que cela change. On a exprimé en votant blanc que rien de ce qui était proposé ne nous convenait, mais peu importe, ça ne compte en rien, ne change rien et on peut recommencer ainsi ad eternam.
Mais, admettons à présent que le taux d'abstention explose à disons 70-75 %. Comment cela sera-t-il analysé, interrogé et jusqu'à forcément amener le débat sur la légitimité représentative du vote.
Là, je ne prédis pas l'avenir, mais à mon avis, ça posera “problème”.
Vous commencez à comprendre le titre provocateur de cette chronique.



Si dans quelques mois, il n'y a aucune proposition d'une rupture totale avec le passé, pas de renouveau des représentativités politiques, si on ne nous présente pas au moins deux programmes très différents et portés par des personnes nouvelles, (nous ne sommes plus dupés ni par le “retour” de Sarkozy, ni par le programme promis par Hollande, ni par celles et ceux qui piaffent au portail), alors il faut bien intégrer qu'il pourrait y avoir une envie d'une poussée massive d'une abstention qui fait sens, qui est stratégique -et non-violente- et pourrait porter un message fort de “basta, plus cela”, on veut autre chose, vraiment autre chose car vos promesses à répétition non-tenues ne vous protégeront plus du chaos que vous avez directement provoqué, de ce qui s'appelera “une crise institutionnelle” provoquée par une abstention massive et très largement majoritaire !
Et avec quelles conséquences dans un état d'urgence avec une constitution remaniée, pourrais-je même rajouter pour compléter le tableau et mettre en parrallèle deux choses qui le sont mais qu'on ne veut pas avouer aujourd'hui.






De l'action à la création
Alors, contradictoire, “je suis pour le droit de vote, et je vais m'abstenir” ?
Provocateur, sans aucun doute, mais aussi interrogateur.
Je ne sais plus, je doute, et dans ce cas, il faut ouvrir le débat et écouter les autres, écouter les avis divers, divergents, s'enrichir de la pensée d'autrui, de l'intelligence humaine.
Ouvrons le débat là où nous pouvons le porter.
Pourquoi me direz-vous, faire une chronique en février 2016 sur des élections qui vont se passer en mai 2017 ? Il y aura le vote pour la Présidence et dans la foulée pour les député-e-s. Donc autant dire que la-les campagnes électorales vont commencer dès l'automne très clairement, mais sont déjà dans pas mal de têtes. Il vaut donc mieux s'interroger, réfléchir, écouter en amont que les dernières semaines avant les votes où la propagande fournira toutes ses armes pour vous encourager, vous faire peur, vous rappeler à l'esprit républicain, alors que tout aura été fait et est fait pour neutraliser ou niveller tout débat depuis des années.

Nous pouvons reprendre le pouvoir sur nos vies, sur notre vie, notre façon de vivre, ici et à tous les niveaux. La politique aujourd'hui n'est plus agir pour le bien public, mais un rapport de pouvoirs et du pouvoir, nous en avons encore. Pour le rendre visible et vivant, localement, partout, il faut qu'il soit collectif et exemplairement démocratique.
L'avenir n'est pas écrit...



Résister, c'est créer ; créer, c'est résister.” (Stéphane Hessel)

vendredi 5 février 2016

TOUS UNIS AVEC NICOLAS................HULOT !

C'est le nom du nouveau site FaceBook pour rassembler "au-delà des clivages", prélever des dons, avoir des "correspondant-e-s" partout, bref préparer la future campagne présidentielle pour 2017, ...comme d'habitude !!! 
Car il ne faut pas oublier les campagnes électorales précédentes et revenir un peu sur ce personnage qui sait parfois se faire discret pour ne pas gâcher sa notoriété.




Qui est Hulot ?
Né en 1955, son histoire familiale raconte une mère au foyer puis visiteuse médicale, un père chercheur d'or au Vénézuela, puis chef d'entreprise dans la confiserie à Paris, puis dans les plantes à Nice. En 1980, Nicolas Hulot participe au Paris-Dakar dans la catégorie camions et devient photo-reporter, puis animateur-reporter dans l'émission Ushuaia de 1987 à 2011 avant de créer (avec TF1) Ushuaia TV. En 1990, il crée également la fondation qui porte aujourd'hui son nom.
L'hélicologiste s'est fait un nom avec l'émission sur les beautés de la nature à travers le monde qu'il présentait et qui était financée sur TF1 par les plus gros pollueurs que sont EDF, VINCI, L'OREAL  sans compter Total, Suez et d'autres.
En 2012, il devient “envoyé spécial pour la protection de la planète” dans le gouvernement Hollande dont il démisionne ce janvier 2016 après l'échec de la COP21 (pas de taxe carbone) non sans avoir  été nommé commandeur de la Légion d'Honneur en 2015 (pour quels services rendus à la France ?).



                                                   dessin LePlacide

De l'animateur TV à l'homme politique
Son parcours politique est une suite d'annonces et de fuites devant les responsabilités. Souvenez-vous.

En 2007, il se présente à l'élection présidentielle avant de se retirer et de proposer à tous les candidats de signer le “Pacte écologique”, ce qu'ils-elles feront, à l'exception de Arlette Laguiller et Olivier Besancenot qui mettent le patronat en cause pour les catastrophes écologiques. Et on connait le vide des décisions écologiques de Sarkozy (avec lequel s'est mis Nicolas Hulot, après Chirac "la maison brûle...") à part le grand show du “Grenelle de l'Environnement” sans résultats majeurs.

En 2012, rebelote. Il se déclare à nouveau candidat à la Présidentielle et se présente aux primaires des écologistes. Il est devancé par Eva Joly et quitte la campagne sans aucun soutien à la candidate écologiste, vexé dans son égo sans aucun doute.

Et ce sera pareil en 2017, il sera encore une fois probablement candidat à la Présidentielle, ce qu'il prépare dès à présent avec son site de récolte de dons et de création d'un réseau de correspondant-e-s. Sa stratégie est claire puisqu'il a refusé le poste de ministre de l'écologie du gouvernement Hollande, probablement pour ne pas être impacté d'un mauvais bilan au moment du début de la campagne électorale présidentielle. Il veut également crée un “mouvement écologiste” qui sera son armada pour cette Présidentielle 2017. Il compte bien récupérer les “restes” de EELV que les ingrats professionnels de la politique (François De Rugy, Barbara Bompili, Jean-Vincent Placé) ont quitté et il espère peut-être aussi attirer des militant-e-s fourvoyé-e-s par la démarche de Yannick Jadot et des frères Cohn-Bendit sur une primaire à gauche qui va semer la zizanie entre les leaders possibles.

Alors quand Nicolas Hulot annonce hier, en parlant de lui à la troisième personne (comme les anciens rois) : “ Nicolas Hulot n'entrera pas au gouvernement”, il ne s'agit ni de pleurer, ni de rire, mais simplement noter que sa stratégie est définie. Il n'exercera aucune responsabilité où il serait en première ligne et comptable de ses actes et décisions. Il préfère rester dans la figuration médiatique et jouer le rôle de gourou écologiste qui distribue les bons et les mauvais points, qui professe la bonne parole et reste “au-dessus des partis” pour ne pas dire qu'il refuse les responsabilités.

Tout laisse à penser que Nicolas Hulot est un leurre politique que droite et gauche utilisent selon leurs besoins en communication.

EDF c'est le nucléaire, L'Oréal la vivisection, Vinci le bétonnage, voilà ses sponsors ! Où est l'éthique.
Faire des constats, pas mal de monde les fait. Agir concrètement est autre chose. Quel est le bilan réel, quelles sont les actions qui ont abouti et changé les choses et qu'on peut imputer au présentateur TV ou à l'envoyé spécial gouvernemental pour la protection de la planete ?

Le débat est ouvert.
Mais soyez précis : des faits, pas des paroles d'animateur TV.