Lycéen.ne.s et étudiant.e.s appellent ces jours-ci à la grève et à manifester leur mécontentement par rapport au nouveau projet gouvernemental d’évaluation, d’inscription dans l’enseignement supérieur et de l’orientation.
Le chien obtient une «gâterie alimentaire» (pour ne pas dire un sucre !) comme récompense de son obéissance lors du dressage. Et l’élève ?
Chaque gouvernement veut marquer son «passage» en faisant des réformes ministérielles, et ainsi tous les 5 ans les fonctionnaires se réadaptent aux nouvelles directives. L’Éducation Nationale n’y échappe pas, bien au contraire ; mais toujours de façon si collatérale qu’on ne suit même plus. Voilà la réforme Bac 2021 et les nouvelles modalités d’inscription pour les universités et grandes écoles. L’objectif affiché est une meilleure orientation pour moins d’échecs après la première année d’études supérieures et un encouragement à l’apprentissage. Les intentions sonnent toujours positives, mais la méthodologie est souvent expérimentale avant l’abandon…Pour une plus grande chance, le ministre Blanquer parle de plus de prise en compte des notes tout au long du cycle terminal en lycée pour l’évaluation finale au Baccalauréat.
Mais est-ce vraiment « objectif » quand on sait les différences qu’il peut y avoir d’un lycée à au autre ? Et offrir les places post-bac en fonction des « demandes, offres » des entreprises, n’est-ce pas limiter et sélectionner quelque part avant même la fin des cycles universitaires, de formation ?
Le chien obtient une «gâterie alimentaire» (pour ne pas dire un sucre !) comme récompense de son obéissance lors du dressage. Et l’élève ?
Chaque gouvernement veut marquer son «passage» en faisant des réformes ministérielles, et ainsi tous les 5 ans les fonctionnaires se réadaptent aux nouvelles directives. L’Éducation Nationale n’y échappe pas, bien au contraire ; mais toujours de façon si collatérale qu’on ne suit même plus. Voilà la réforme Bac 2021 et les nouvelles modalités d’inscription pour les universités et grandes écoles. L’objectif affiché est une meilleure orientation pour moins d’échecs après la première année d’études supérieures et un encouragement à l’apprentissage. Les intentions sonnent toujours positives, mais la méthodologie est souvent expérimentale avant l’abandon…Pour une plus grande chance, le ministre Blanquer parle de plus de prise en compte des notes tout au long du cycle terminal en lycée pour l’évaluation finale au Baccalauréat.
Mais est-ce vraiment « objectif » quand on sait les différences qu’il peut y avoir d’un lycée à au autre ? Et offrir les places post-bac en fonction des « demandes, offres » des entreprises, n’est-ce pas limiter et sélectionner quelque part avant même la fin des cycles universitaires, de formation ?
LES
NOTES
Non
pas celles qui sont sur le frigo, du genre «Pense à prendre du
pain en rentrant ce soir», mais la notation scolaire, celle sur
qui tout est basé pour juger des «capacités» de chacun-e et ce,
dès le plus jeune âge.
Vous
vous souvenez peut-être que l’on parlait d’«Instruction
Publique » avant que cette grosse entreprise ne devienne
Éducation Nationale. Au moins, on savait ce qu’on y faisait :
instruire. On partageait les connaissances, on diffusait le savoir
détenu par les enseignant.e.s, et le Certificat d’Etudes était le
diplôme valorisant alors, puisque la plupart des élèves arrêtaient
l’école à 14 ans. On sortait de la guerre, il fallait
reconstruire le pays et le Conseil National de la Résistance mettait
en place son programme émancipateur et social. Mais en dehors du
contexte historique, le questionnement sur les notes est présent en
permanence et de tous les côtés : élèves, parents
enseignants.
Un
enfant naît. En deux-trois ans, il emmagasine et expérimente une
somme considérable de savoirs et savoirs-faire concentrés sur un
temps si réduit qui ne se reproduira probablement plus :
apprendre à se déplacer, à parler… Et, les sollicitations
intellectuelles et d’apprentissages pratiques qui sont là, en
permanence, exercées par les parents et les professionnels de la
Petite Enfance. D’ailleurs à leur sujet, il serait temps de
reconnaître le travail précieux, indispensable de ce personnel qui
a compris depuis longtemps que la petite enfance n’est pas de la
garderie et une cantine, mais un lieu d’éveil, de socialisation,
d’expérimentation, d’ouverture au monde a un âge où le cerveau
est encore quasi vierge et leurs apports sont donc d’une importance
capitale quant au développement de l’enfant.
Et,
un jour c’est le «grand» jour : l’entrée à l’école.
Maternelle d’abord et pourquoi ce nom « maternelle »
alors que les enseignant.e .s sont des instituteurs.trices qui
vont structurer le temps par des apprentissages aussi bien sociaux,
de comportements et de règles, que cognitifs : reconnaissance
de sons, puis de mots, gestuelle qui facilitera l’écriture, la
structuration du récit, la sensibilisation aux nombres, à
l’ordonnancement, et la découverte du corps, des mouvements, …
Épargnée longtemps par le système des notes, l’école maternelle
a quand même été soumise à un système d’évaluation des acquis
et un président précédent voulait même qu’on y débusque déjà
les violent.e.s, les problématiques, les...bref, mettre en case
avant 5-6 ans !
Et
puis arrive le passage à la « grande « école ! Et
là commence la sélection, la mise en fiches, la nomenclature des
êtres alors que ces jeunes enfants sont bien, bien ,bien loin d’être
« aboutis » ! Mais il faut qu’ils sachent lire
avant Noël ou le printemps sinon ils sont soupçonnés d’avoir un
développement intellectuel problématique. Il faut qu’ils
obéissent et restent immobiles sur leurs chaises pendant des heures,
qu’ils écrivent proprement, qu’ils se soumettent aux règles
générales de la discipline scolaire sans discussion, … Le
formatage commence, le dressage prend le dessus sur l’apprentissage
(puisqu’il n’y a pas de place à l’expérimentation) et le
chemin est tout tracé. Si on a une bonne capacité de mémoire, on
s’en sortira toujours plus ou moins bien sans trop d’efforts
puisque on emmagasine des connaissances et on les recrache et ça
convient à tout le monde dans ce système d’évaluation, bientôt
de notation.
Voilà
où ça commence à se gâter : les bulletins de notes. On a
beau avoir expérimenté les systèmes de 1 à 20, de A à E, de
novice à expert, il n’y a que la forme qui change. Combien
d’histoires chacun.e peut il-elle raconter sur les angoisses liées
aux notes, l’image de soi, la peur des réactions des parents, le
regard des enseignant.e.s.
Cela
peut provoquer des drames familiaux et un dégoût à vie de tout
système d’apprentissage, une allergie aux « études »…,
des comportements violents. On ne remet jamais en cause un système
mais on condamne l’élève.
Certain.e.s
« privilégié.e.s » sortiront de l’enseignement
public pour aller dans des écoles privées « Steiner »
ou confessionnelles, moins soumises à ce système d’évaluation
stricte et forcément restrictive.
Certains
pays ont aussi fait le choix depuis des années de supprimer toute
notation et ce n’est pas le chaos pour autant et le niveau
d’instruction est tout aussi haut sinon plus que les autres pays
autour.
On
dit que les notes sont là pour mieux sélectionner des profils, pour
une meilleure orientation et donc des chances de réussites dans le
monde professionnel.
SELECTION,
ORIENTATION
Revenons
un peu en arrière sur nos propres expériences scolaires. Vous avez
tou.te.s suivi le système scolaire de 6 à 16 ans au moins :
dix ans de votre jeunesse. Une fois que vous aviez appris à marcher
et à parler, vous étiez déjà équipé.e.s pour vous débrouiller
un minimum. Mais quand il a fallu passer à la lecture, ce fut plus
difficile d’autant que si vous ne lisiez pas à 6 ans, vous étiez
considéré.e comme handicapé.e. Alors que la lecture va avec la
«maturité» et pour certain.e.s il faut un peu plus de temps que
pour d’autres. Et puis écrire. Alors là, c’est le drame
assuré : soin, propreté, lisibilité et sans compter
l’orthographe, la grammaire, la conjugaison. Il ne faut pas
seulement écrire, mais sans fautes, de façon lisible, impeccable et
avec un vocabulaire riche...Vous pouvez sans aucun doute toutes, tous
raconter des anecdotes liées à ce stade des acquisitions exigées
par l’école. Maintenant, réfléchissez où on en est aujourd’hui
au XXIème siècle. Combien de fois prenez-vous un stylo, un crayon
pour écrire encore manuellement, lisiblement, et pour quoi faire ?
Et puis éléphant s’écrit à présent éléfant...et sans aller
jusqu’à la novlangue SMS et autres abrégés idiomatiques.
Je
peux aussi me fondre dans le système, suivre ses règles, obtenir
toujours de bonnes notes et échouer aux examens, concours et autres
tests de recrutement uniquement puisque je suis trop émotif.ve et
que je perds mes moyens lors d’épreuves importantes.
Sur
quoi se base la notation : parfois sur des critères objectifs
de réponses indiscutables (en mathématique par exemple), mais en
composition française, en philosophie, en ….Et puis, faut-il des
bonnes notes dans toutes les disciplines pour être considéré.e
comme un.e bon.ne élève ? Et que révèlent les notes sur une
personne ? Qu’elle est capable de se plier à des règles et
d’apprendre, de retenir (mais pas forcément de comprendre et
pouvoir élaborer des procédures, des hypothèses, de
l’expérimentation, …).
On
veut aussi, pour justifier tout ce système, convaincre qu’avec un
parcours de réussite scolaire (avec donc des bons résultats
scolaires, de bonnes notes), on aura bien plus de chance de décrocher
un BON travail, bien REMUNERE et donc d’avoir un belle vie agréable
sans soucis financiers...C’est bien cela qu’on nous met en avant
comme arguments premiers pour justifier le tout.
Mais
avec le recul d’aujourd’hui, on a bien compris que c’est loin
d’être automatique, d’être la voie toute tracée du bonheur.
L’école n’est plus facteur de réussite sociale généralisée.
On
peut être bardé de diplômes et être au chômage aujourd’hui.
LA
VIE
Pour
beaucoup de personnes, être heureux, c’est avoir de l’argent,
une aisance matérielle importante et du pouvoir qui va avec. Si cela
était l’objectif d’un gouvernement, d’un pays avec une
accession au monde du travail salarié en fonction des capacités et
désirs de chacun.e avec une juste rémunération et des services
publics omniprésents qui facilitent la vie de tous, alors la
critique de ce système scolaire n’aurait lieu d’être. Mais
malheureusement, ce n’est pas le cas. Et on peut s’interroger sur
l’école, si ce type de fonctionnement de l’école n’était pas
une vaste duperie pour une volonté de nivellement, d’homogénéisation
(afin de ne pas avoir trop de problèmes sociaux avec la population
jeune) et un formatage des cerveaux pour devenir «des petits soldats
de l’économie» corvéable et malléable, acceptant la précarité,
la flexibilité, le temps partiel, des salaires de misère, malgré
des degrés d’instruction élevés.
Et
puis encore : De quoi nous souvenons-nous vraiment de nos
apprentissages scolaires, des 10 ans (au moins) passés à
l’école-collège ? Et combien de jeunes/jeune-adultes
changent de « direction de vie », sortis de l’école ?
Honnêtement,
dans cette civilisation d’accès à la connaissance universelle,
quelles sont encore les valeurs et les apprentissages transmis par
les enseignant.e.s ? Quels sont encore leurs rôles, leurs
apports, leur utilité dans ce cadre strict, en 2018 ? Il faut
constamment redéfinir et s’interroger certes, mais ce ne sont pas
les horaires, la précision des contenus, les méthodes d’évaluation
qui sont à constamment changer, mais plutôt le quoi, le pourquoi,
et comment.
Des
enseignant.e.s dévoué.e.s ; un système adapté à l’économie,
pas aux jeunes-adultes.
Une
école sans notes (comme dans certains pays) ?
Au
sein de «l’école» (au sens large), on trouve des personnes
remarquables qui se posent ce genre de questions en permanence et
expérimentent au quotidien en étant au plus près des
préoccupations et besoins des enfants-adolescent.e.s, en
construction et dans le respect de leur individualité.. Mais on leur
rappelle fermement les directives ministérielles, le programme à
répartir annuellement, les objectifs chiffrés à atteindre et
surtout qu’ils-elles n’ont pas à avoir d’états d’âmes mais
d’exécuter ce pour quoi ils-elles sont payé.e.s (leur mission!).
Cela
ne fait guère évoluer les choses aussi bien pour les élèves que
pour les enseignant.e.s. Et les notes dans tout cela n’ont plus
grande importance….Alors, autant s’en dédouaner et rapidement.
Cela apaisera pas mal de situations stressantes, voire
traumatisantes.
Et
puis, des remarques personnalisées, avec des pistes de recherche, de
méthodologie, de compléments d’apprentissages, ne seraient-elles
pas plus utiles, plus formatrices qu’une note qui sanctionne, bien
plus qu’elle n’encourage ?
Et à
quoi ?
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