vendredi 8 janvier 2021

TRUMP et ses soutiens : la fange américaine !

 J’ai habité aux USA pendant quelques années, un magnifique pays avec ses contrées sauvages, ses étendues immenses de nature quasi vierges, ses villes vivantes 24h/24, colorées, musicales, hétéroclites, mélangées, ses habitant-e-s pour la plupart tolérant-e-s, accueillants, simples, attaché-e-s à leur liberté, à la démocratie, à la Constitution, ses universités et centres de recherche innovants, sa démesure festive, … J’ai aimé y vivre et j’y ai gardé des ami-e-s !

J’ai traversé le pays d’est en ouest, du sud au nord et la diversité y est flagrante, les inégalités tout autant, les mentalités aux antipodes parfois. L’histoire « occidentale » de ce grand pays est récente et les « premières nations » ont subi une sorte de génocide à l’arrivée des immigrants et leurs territoires spoliés. La beauté et la violence, voilà les USA !

Et puis l’individualisme forcené, le rêve de réussite dans un pays libre de régulation administrative, l’organisation en états fédéraux avec ses lois propres, une armée puissante qui impose sa domination au monde…

 

 


Ces quatre dernières années, le « make America great again » était un leurre parfait pour rassembler une ruralité laissée pour compte dans un pays sans services publics pour ainsi dire, sans système de santé généralisé et accessible, sans retraites, où l’argent est roi, où Dieu est sur le billet vert ! Les discours populistes du milliardaire de l’immobilier new-yorkais a trouvé un écho parmi cette population nombreuse avec ses promesses de jours meilleurs et d’emplois préservés grâce à une guerre économique contre la Chine, l’Europe, la Russie, l’Iran, et que sais-je encore  avec un enfermement sur soi et le rêve du retour d’une grande Amérique, celle des pionniers qui ont contribué à sa richesse et ...sa suprématie ! Sans compter une certaine « nostalgie » où les blancs régnaient en maître, les noirs étant leurs esclaves et serviteurs et plus tard, les chinois étaient les manœuvres corvéables à merci avant l’invasion des hispaniques mexicains, puis cubains et autres…


Le dictateur américain avec tous ses pouvoirs, a bien utilisés ces pouvoirs à son profit et ceux de ses proches à sa botte, car un écart et c’était « you are fired » ! La mémoire de la puissance américaine lui est montée à la tête et il s’est mis au-dessus des lois, construit un électorat en flattant les instincts les plus bas, en valorisant les colères, les détresses, en profitant d’une certaine naïveté avec ses discours simplistes et grandiloquents, en fermant les yeux sur les excès de violence à l’encontre des minorités, en dédouanant les agissements mortifères de la police…

Son empire financier et celui de ses « amis contributeurs » n’a fait que croître et bien sûr quatre ans de mandat c’est trop court pour installer la légende dans l’histoire de celui qui se dit « le meilleur, le plus fantastique, le jamais vu, le….. », les superlatifs étant sa spécialité verbale.

On sait bien où mènent les excès et tout en installant la peur, la crainte, nul n’est à l’abri. Et les rancunes, les déceptions, la réalité des faits ont commencé à creuser le fossé entre les communautés, entre les régions, entre la ville et la campagne, attisées, encouragées par celui qui se prend pour le maître du monde et a besoin du soutien des foules hystérisées, lobotomisées, ...  pour y croire.

Ce climat délétère commence à se faire sentir et l’Amérique est divisée drastiquement dans une ambiance qui ressemble de plus en plus à une pré-guerre civile. Il ne faut pas oublier non plus qu’aux Etats-Unis il y a 400 millions d’armes entre les mains des gens.

Ainsi sont revenus au premier plan ses plus grands soutiens : les militants d’extrême-droite Qanon, les suprémacistes blancs (ex-KuKluxKlan), ces racistes sudistes, les membres de la NRA - national rifle/armes association – le populiste party/teaparty, bref les clans les plus violents et conservateurs du pays… et ils sont nombreux. Comme dans nos souvenirs des années les plus sombres, ils ont trouvé et suivent aveuglément leur leader, obéissent à ses ordres, ses plans, ses stratégies...Avec l’exploitation des gazs bitumeux-de schistes, la réexploitation du charbon super polluant, les dérèglementations à outrance, cela a permis une certaine stabilité et même un enrichissement qui a tracé des perspectives d’une réduction provisoire du chômage et des baisses d’impôts. 

 




Mais l’image internationale des USA a commencé à se dégrader avec ses tweets délirants, ses frasques et comportements psychotiques, ses excès dictatoriaux, son individualisme sans borne, l’Amérique était pleinement identifiée, assimilée à ce personnage fantasque et globalement dangereux avec les pouvoirs qui étaient entre ses mains. Le Congrès n’arrivait même plus à le réguler et son équipe ministérielle changeait selon ses humeurs…

Il y avait donc une réelle, très forte attente de changement à l’occasion de ces élections de novembre dernier. Avec la crise du Covid19, on pouvait s’attendre à un scénario perturbé d’autant que le système électoral américain des « grands électeurs » est un suffrage universel par niveaux.

Cependant, ce fut une participation massive, par voie postale et vote électronique, et un réel souci démocratique de comptabiliser chaque voix pour le camp démocrate. Certains souvenirs d’élections précédentes restaient en mémoire !!!

Le Président sortant savait qu’il pourrait contester tout et n’importe quoi, distiller mensonges et contre-vérités, corrompre gouverneurs et juges, mais à force de cracher sur les médias, ceux-ci ont ouvert tous leurs canaux d’information et d’enquêtes pour contredire le manipulateur et même les fonctionnaires d’État ne pouvaient plus suivre les délires du locataire de la Maison Blanche. Sentant le vent tourner, il a voulu même arrêter les décomptes, un non-respect total des électeurs-électrices.

Mais , après vérifications longues, recomptage dans certains Etats, son concurrent avait 7 millions de voix de plus et l’écart des grands-électeurs était tout aussi important. Les recours et contestations sont tous tombés à plat devant les faits avérés, les résultats. Et même sa dernière tentative de corruption (pour « trouver » 12 000 voix ! ) dans la Sénatoriale en Georgie s’est retournée contre lui puisque le gouverneur, pourtant de son bord politique, ne l’a pas suivi. L’attachement à la démocratie est forte chez la plupart des américain-e-s, Républicains et/ou Démocrates.

Mais le maître du monde, soutenu par Dieu, ne pouvait pas perdre, rien ne peut lui résister. Alors, il compte sur la foule des supporters infantilisés, drogués à ses rêves-promesses, son mythe construit, et la fange la pire de cette Amérique raciste, conservatrice, suprémaciste blanche, armada fortement armée et prête à tout puisque déculpabilisée et soutenue par le président lui-même.

Comme tout lui donnait tort, il ne lui restait plus que l’insurrection pour renverser le processus démocratique. Le jour de la validation au Congrès des résultats des urnes, Trump exhorta ses troupes les plus extrêmes rassemblées à Washington à marcher sur le Capitole et interrompre ainsi la séance en créant le chaos.

On a vu au travers les images des médias en direct tous les leaders racistes en première ligne dans l’envahissement des bureaux et des lieux symboliques du capitole. Ce n’était pas une improvisation de circonstance, mais un plan bien préparé à l’avance et qui circulait sur les réseaux de ces groupes.

Dans cet état d’urgence ainsi crée, il aurait pu demander une rallonge de mandature afin de rétablir l’ordre et ainsi rajouter des pouvoirs supplémentaires encore dans la politique intérieure du pays fédéral. Et bien sûr reporter l’investiture de son concurrent Biden.

Face à un rejet quasi général, même de ses propres sénateurs républicains, et la reprise en main par la police et l’armée du Capitole, quelques heures après, il fait le coup du « en même temps » c’est à dire qu’après avoir clamé « marchez sur le Capitole », il déclame quelques heures plus tard, « rentrez chez vous paisiblement » !!!! Mais ce fut le pas en trop !

Il a signé son arrêt de mort politique, même si sa dernière déclaration est du genre « on nous a volé cette élection, la transition se fera, mais le combat continue ». Il ne reconnaît ni le résultat de l’élection, vérifiée, recontrôlée, validée, ni sa défaite, ni son exhortation à l’insurrection contre les valeurs démocratiques et la Constitution américaine. L’article 25 de cette constitution devrait l’écarter de la Maison Blanche pour les quinze jours restants de son temps de mandature et lui interdire de se représenter dans quatre ans. Et puis, redevenu citoyen, il n’est pas à l’abri de nombreux procès sur ses affaires qui pourraient revenir à la surface, sans compter tout ce qu’on va pouvoir éclaircir sur ses frasques présidentielles, ses accointances et dérives diverses.

 


 

L’Amérique démocratique a réussi à se débarrasser de son pire président de toute son histoire, même si elle a été mise en danger dramatiquement lors de ce dernier épisode hallucinant de ce mercredi 6 janvier 2021 (et avec quelles complicités pour rentrer si facilement dans ce bâtiment ultra-sécurisé normalement ? ).

Le duo Biden-Harris aura du mal à réconcilier un pays divisé, hystérisé.

 

Mais l’avenir n’est pas écrit...

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