mercredi 13 mars 2019

LES GENS, LA CASTE, nous ...


La misère sociale se chuchotait entre les mots. Phrases jetées, avec discrétion, parce que la honte s’ajoute aux malheurs : celle de ne pas s’en sortir, de ne pas pouvoir offrir même quelques bribes de bonheur à sa famille, en se cachant dans sa  souffrance. « Cette honte privée est devenue une colère publique » analyse le député LFI-journaliste François Ruffin dans son récent livre « Ce pays que tu ne connais pas » qui est comme une lettre d’un « représentant des gens » à E.Macron. Et il rajoute : « La pudeur a sauté comme un barrage, et à chaque carrefour c’est le grand déballage des témoignages. »

 

Nous voilà donc face à une nouvelle réalité, une mutation, face à laquelle tous les discours précédents sonnent faux, parce que les dirigeants de notre pays ne la comprennent pas, ne la voient pas ou préfèrent détourner la tête, inventer un leurre-débat, réprimer toute manifestation, en attendant le retour au calme des affaires.
Il y a une remise en cause profonde, par le mouvement des gilets jaunes (GJ), des institutions et de la démocratie représentative, des pouvoirs politique et syndical, de l’organisation de la société, de la vie…

Il y aurait pu avoir une convergence avec les syndicats puisque une part des revendications liées au monde du travail se recoupent. Mais les syndicats fonctionnent de façon catégorielle alors que le mouvement des Gilets Jaunes aborde les problèmes sociaux de façon globale.
Il y aurait pu avoir une convergence avec des partis politiques qui s’opposent au néo-libéralisme de la caste dirigeante. Mais ces dernières décennies, nous avons eu l’alternance gauche/droite où il n’y avait même plus d’antagonisme visible, tant, au niveau de l’État, l'incapacité et l’inadaptation à faire contre-poids à la globalisation irréversible de l'économie devenaient chaque jour plus évidents. Dans les politiques successives, on voyait surtout une justification des mesures d’austérité administrées au pays afin de sauver les apparences, faire croire que le pouvoir politique régulait l’économie, alors qu’il engraissait la caste en faisant  le sacrifice de la cohésion sociale par ailleurs.
La robotisation, l’informatique et l’intelligence artificielle, les délocalisations sont les signes d’un monde industriel globalisé qui produit en quantité des marchandises avec en parallèle une diminution significative des hommes nécessaires à cette production. L’idéologie ouvriériste d’un développement lié du monde ouvrier et de la production marchande s’est effondré. Comme se sont effondrés le capitalisme (on peut s’enrichir en fournissant un bon travail!) et le communisme (après la chute du mur de Berlin en 1989) avec l’émergence d’une économie mondialisée et dérégulée. Opposer politique et économie n’a plus de sens puisque la politique n’a plus de prise sur l’économie, elle ne fait plus que l’accompagner ou être à ses ordres.
Sur ce chaos larvé fleurissent les « populismes » nationaliste et/ou élitaire.
Imaginer le cadre national comme forteresse face à la globalisation économique, aux bouleversements environnementaux est une vue de l’esprit très étroite et mythique. C’est se raconter des histoires face à la réalité du monde.
De même, c’est tout autant une histoire que de prétendre qu’en s'appuyant sur les élites administratives issues des grands corps et les élites civiles dépositaires d'une expertise, on arrivera à maîtriser cette mondialisation au niveau européen et/ou du pays.

Faillite syndicale, faillite politique, les captations des ressources naturelles et financières par une caste, une oligarchie, posent les questions en profondeur sur notre existence commune, le pouvoir sur notre vie et nos choix.

C’est dans cette optique que le RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne / en toutes matières) est très fortement mis en avant par le mouvement des Gilets Jaunes, car il marque une envie, une revendication, une exigence d’une nouvelle démocratie qui couvre tout le champ de la vie quotidienne.





Pour mémoire, le programme « Les jours heureux » mis en œuvre par le Conseil National de la Résistance au sortir de la dernière guerre mondiale, dans un pays en ruines, a montré la voie. Les citoyens- résistants d’hier et d’aujourd’hui doivent avoir à coeur de le poursuivre, et non pas d’assister à son enterrement.


Nous sommes dans un nouveau temps de résistance, multiforme, polymorphe, qui dépasse les frontières et touche à la survie même de l’espèce humaine. Cela semble exagéré de le dire ainsi, mais en prenant le temps de développer, de fouiller avec ce que l’on sait et qu’on apprend, on se rend bien compte que nous sommes dans une situation de clivage de classes, de rupture, et elle peut devenir plus radicale chaque jour.

L'avenir n'est pas écrit....



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Le rassemblement annuel des Citoyens-Résistants d'Hier et d'Aujourd'hui 

a lieu comme chaque année sur le plateau des Glières (Haute-Savoie) 
à Thorens-Glières les 17,18,19 mai 2019     
http://www.citoyens-resistants.fr/

mardi 5 mars 2019

« ECOLE DE LA CONFIANCE »

Ce sont les termes employés pour cette enième réforme de l’Education Nationale. Dans le langage macronien brut, cela veut dire : 
défiance, contrôle, économie.

L’Assemblée Nationale, avec une majorité écrasante LREM qui vote « comme un seul homme » ce que le gouvernement (autant dire le patron Macron) lui demande, a validé, en 5 jours, 26 articles et 1000 amendements la loi Blanquer-Ministre.




Les médias de propagande ont bien relayé les éléments de langage du gouvernement :
dans toutes les classes du pays on trouvera dorénavant les drapeaux français et européen, les paroles de La Marseillaise seront affichées ainsi qu’une carte de France ; il n’y aura plus les mentions père et mère, mais parent 1 et parent 2. ( Pour mémoire, existent depuis un moment, les mentions représentant légal 1 et représentant légal 2 !).
 
Voilà pour la façade et de quoi alimenter les conversations.
Mais derrière il y a autre chose qui pose questions.

Défiance :
* Qu’est-ce qu’un prof a encore le droit de dire quand on veut encadrer sa parole dans un « devoir de réserve des enseignants » ? L’exemplarité du métier ne semble plus suffisante.Il faut éviter toute brèche possible de critiques institutionnelle et/ou politique.

Contrôle :
* Le CNESCO, assez indépendant et objectif dans ses analyses et avis, évaluait l’école de la République. Il est supprimé ou quasiment et remplacé par un CEE (Conseil Evaluation Ecole) composé de 14 membres dont 10 nommés par le Ministère et 4 parlementaires. Autant dire que le Ministère s’évalue lui-même.
* Les étudiants qui préparent le concours pour être enseignant percevront un salaire dès la 2ème année en échange d’heures dans un établissement scolaire. Pour quelles missions de formation ? Des remplaçants au rabais, sans réelle expérience, appliquant ce qu’ils ont emmagasiné ?
* Les centres de formation (reliés à l’Université) ESPE, deviennent des INSPE et sont rattachés directement au Ministère qui y diffusera ses directives, une formation standardisée sous contrôle.

Economie :
* « L’instruction obligatoire à 3 ans ». Une belle annonce, mais il faut savoir que c’est déjà le cas à 98 % . C’est par le biais des charges obligatoires payées par les Mairies pour les écoles que cela va apporter un peu plus d’argent aux écoles privées (pour cette tranche d’âge). Qui sera forcément, par vases communicants, être diminué de la somme allouée pour les ATSEM des écoles publiques qui remplissaient déjà cette mission.
* Création possible par décision du Préfet ou des Collectivités Locales des « Etablissements publics des savoirs fondamentaux » EPSF ou plusieurs écoles sont mis sous tutelle d’un collège. C’est annoncé comme une meilleure liaison pédagogique, mais c’est surtout une annexion administrative des écoles primaires. Les écoles deviennent des « classes du 1er degré ».
* Il est aussi cité un « élargissement des expérimentations pédagogiques » comme permettre par exemple de répartir les heures d’enseignement sur l’ensemble de l’année scolaire-une annualisation du temps de service des enseignants.
Il ne faut pas perdre de vue que le programme de M.Macron est de réduire de 50 000 postes dans l’enseignement sur le quinquennat.

Voilà ce qui attend les acteurs de l’Education Nationale et tout cela sans débat puisque les amendements sont votés directement.

Et surtout, surtout : où sont les élèves dans toute cette réforme ?

 

Les questions sont là, réelles, légitimes, et sans réponse politique, voilà que s’ajoutent aux gilets jaunes, les stylos rouges.
Sans compter que les enfants sont aussi dans la rue toutes les semaines et réclament un avenir, des mesures pour le climat.
« A quoi peut servir le Bac si on n’a pas d’avenir ? »
2 millions de signatures pour « l’Affaire du siècle » qui demande la même chose au Président qui rejette la responsabilité sur les citoyens et les entreprises !!!

Qui croire encore ? Quoi faire ?
Responsabilités, actions, urgence, violence, rapports de force, clairvoyance, …..

Les mots ne règlent pas les maux.