samedi 9 février 2019

DES GILETS JAUNES A HOMO SAPIENS ...pour ne pas parler du futur


DES GILETS JAUNES
Ce mouvement inédit qui a éclos d’un trop-plein d’insatisfactions, de colères, de révoltes, de frustrations, d’injustices, …, a été déclenché par une nouvelle augmentation de taxe carburant, justifiée par le gouvernement comme étant une mesure pour la « transition écologique ».
Le symbole affiché de cette révolte fut le port du gilet jaune que tout automobiliste a obligatoirement dans son véhicule pour signaler un danger quand il le porte.
Bien vite, les revendications se font bien plus générales et plus précises aussi, toutes convergeant vers une volonté de changement de politique. Elles touchent à la fois le monde du travail, la précarité sociale, l’économie mondialisée et la production de biens, la justice fiscale et l’abandon des services publics, le « train de vie » de l’État, l’exemplarité de nos élu.e.s, le manque de démocratie et la structure verticale du pouvoir, ….
Les exigences sont multiples, polymorphes, expriment un mal-vivre dans un pays riche et « civilisé ».


Face à cette révolte populaire, il n’y a pas eu de réponse politique appropriée du président-roi Macron. Quelques miettes : le report de six mois de la deuxième augmentation de la taxe carburant prévue ce janvier 2019 et une mini-augmentation sur la fiche de paye pour celles et ceux qui touchent la prime d’activités. Puis, une dispense de la CSG pour quelques-uns, la disparition de la taxe d’habitation pour d’autres et de menus aménagements techniques favorables à celles et ceux qui en feront la demande (et seront au courant) avec l’aide de services sociaux débordés, des fonctionnaires en diminution permanente…
La grogne généralisée est attisée par ce qui ressemble à de la provocation, une sorte de surdité d’un chef d’entreprise interpellé par une grève surprise géante et reconductible ! Alors, en affirmant qu’il a été élu sur un « programme », M.Macron rappelle qu’il gardera le « cap »...et fait intervenir les robocops de la police, la mieux équipée d’Europe, qui balance ses flashballs (LBD) et autres grenades lacrymogènes et de désencerclement sur les foules jaunes, quasi sans discernement, en éborgnant des dizaines de manifestant.e.s. L’état de violence augmente dans ces affrontements, gangrenés aussi par des casseurs infiltrés dans la masse.
Et puis, la stratégie politique se met en place. Destruction et évacuation forcés des lieux de rassemblement des Gilets Jaunes, les rond-points du pays. Annonce et mise en place rocambolesque du « grand débat national » avec une consultation nationale sur quatre thèmes et trente-cinq questions pré-choisies comme « cadre » des discussions. Un bel enfumage-open bar destiné surtout à user et minimiser le mouvement général de protestation. Avec des meetings médiatiques (et électoraux!) rassemblant les maires et élu.e.s, quelques jeunes pour leur promettre qu’avec lui, « ils » construiront un « nouveau monde », une propagande orchestrée à grande échelle (sur les deniers publics) et qui promet une « restitution » de tout ce qui a été noté, débattu !!! Il faudra un sacré algorithme pour trier, synthétiser les 800 000 contributions, et du temps...Que nenni ! A part quelques décisions à la marge, il n'y aura rien qui ne sortira pas du logiciel présidentiel. Pas d’abolition de l’ISF, du CICE, de la flat-exit-tax, des paradis et exilés fiscaux, pas d’exemplarité sur le train de vie de l’État, pas d’arrêt de la casse des services publics, pas d’augmentation substantielle du SMIC, pas de … la liste est longue !
Seule, la minorité d’élu.e.s d’opposition LFI, ne peut rien faire bouger face à une assemblée ultra-majoritaire qui vote comme un seul homme (le Président à qui ils doivent leur poste bien confortable pour la plupart).
La stratégie du gouvernement est simple : en même temps que le « Grand Débat National » pour affaiblir et user la mouvement, demander à avoir des représentant.e.s Gilets Jaunes pour mieux les coincer très vite, les neutraliser.

 

 



Le piège ne prend pas vraiment, même si certain.e.s veulent créer un ou des partis (4 déjà !)  qui se présenteraient aux élections….européennes et avec la dispersion des voix, par le système électoral, donner encore plus d’élu.e.s à LREM, le mouvement-parti du président.
Mais, selon les régions, d’autres s’organisent et choisissent la structure associative.
Les protestataires du premier cercle du 17 novembre cherchent un deuxième souffle, épuisés par toutes les manifestations du samedi où la seule réponse est la répression policière et les blessés.
Moins optimistes sur une réponse politique, ils veulent initier des actions locales pour créer du mieux-vivre ensemble sur un territoire donné.
Mais la structure associative « légale » les confronte rapidement à quelque chose qui jusque là était vraiment dans les fondements de ce mouvement, les décisions collectives sans chef, sans président.e d’association. Pour rester sur cette ligne collective, les trois représentant.e.s légaux d'association devraient être tirés au sort et le travail organisationnel, sur les fonctions administratives (tribunal, police, banque, assurance), de communication (interne et externe, porte-parolat) et comptables (finances), délégué à des « responsables » entourés.
Car, il y a là un risque pour le mouvement GJ (mais pas du tout pour le gouvernement) que cette association à caractère social très marqué ne devienne à terme qu’une association comme une autre, un nouveau partenaire, mais à qui on a enlevé toute revendication politique radicale.
Du point de vue local, c’est très positif dans la mesure où des nouvelles initiatives et actions locales peuvent amener à un mieux-vivre ensemble, tout en créant du lien social indispensable actuellement.
Mais où serait encore « l’âme » du mouvement ? La question mérite d’être posée car ce sera le cas partout où le mouvement est inscrit dans la durée.
Sans cette politique libérale financiarisée en œuvre depuis des années, sans son application au profit d’un système de classe, d’une oligarchie dominante et accumulatrice, il n’y aurait pas eu de mouvement des Gilets Jaunes. Sans gilets jaunes, il n’y aurait pas eu cette émancipation politique et sociale de masse.
Sans réponses politiques acceptables, sans avancées sociales, économiques, sans changements profonds durables, quelles seront les réponses du « peuple » ?
La représentation politique rentrera très tôt dans les discussions-débats des Gilets Jaunes. Syndicats, parti, associations existantes qui portent ces revendications aussi ne sont pas des ennemis ou des opportunistes, mais des forces de convergences à ne pas ignorer.
En politique, c’est le rapport de force qui est le critère.

Et, parmi tout ce que j’entends dans la parole des GJ de mon territoire, c’est aussi sa vie qu’on interroge, ces vies rencontrées, la vie. Et là, on remet en perspective, l’humain, l’espèce humaine, la survie, la survie de la planète aussi quand on a des enfants, petits-enfants (ou par convictions.)
Comment le tout - le global - agit, intervient dans notre quotidien où nous sommes dépendant.e.s, et comment ici et maintenant - le local – je peux agir et intervenir pour changer un certain nombre de choses pour le bien de tous (et donc moi aussi).



 
A HOMO SAPIENS
Nos cousins chimpanzés nous ont vu évoluer vers la connaissance, l’invention, la créativité qui nous ont amené où nous en sommes aujourd’hui. Ce long cheminement n’a pas été uniforme loin de là en passant par toutes sortes de système d’organisations « politico-économique » de la tribu à la mondialisation, de l’esclavagisme, au collectivisme, à l’individualisme.
La valeur marchande n’a pas toujours été la monnaie, l’argent, (les valeurs monétaires). Des biens (nourriture, abri) au capitalisme il y a eu du chemin qui est passé par bien des structures différentes (empires coloniaux, …) avant de créer la dette, l’emprunt comme valeur spéculative et le marché mondialisé des biens communs. Il y eut un temps long où le travail était une valeur humaine. Que vaut encore le travail de chacun.e aujourd’hui ? Il n’y a plus aucune fierté à faire car ce qu’on fabrique n’est qu’un élément d’un tout et ne nourrit même plus, ne nous permet même plus d’avoir un abri chauffé.
Si encore l’évolution technologique avait permis à tous d’atteindre un niveau de confort acceptable, on n’en serait pas là. Mais le profit, l’accumulation, le pouvoir de l’argent, de la possession, les privilèges qu’on s’octroie par ce biais, le pouvoir sur les autres qu’on prend en s’entourant de sa caste, …, sont venus polluer Homo Sapiens. Aujourd’hui, c’est un être dépendant, fragile comme au début, qui ne peut plus être autonome, libre, qui souffre dans la survie dans ce monde « deshumanisé », qui est perdu face à lui-même. Homo Sapiens aujourd’hui a perdu de sa hauteur face à ses frères animaux. Il est le super prédateur, le pilleur de la terre, l’exterminateur d’innombrables espèces, le pollueur des ressources vitales, mais totalement dépendant.
Et livré à lui-même, de quoi est-il encore capable, que peut-il encore créer de ses mains ?
On vient de loin, mais on ne vient pas de nulle part.
Il ne s’agit pas de revenir à la préhistoire, mais de s’interroger sérieusement ce qu’on veut faire de notre vie, comment on veut la vivre. Et pas besoin d’attendre une « retraite » pour « enfin en profiter » : ça aussi ça fait partie du système, mais qui arrive à son terme, car la retraite « coûte » trop cher pour la caste dirigeante et elle ne « rapporte » rien !
Et puis où va l’espèce humaine ? Algorithme est écrit pour demain : la nouvelle richesse (avec le sable et l’eau). Des milliers, des millions de métiers réalisés par l’humain vont disparaître et on aura une armada de personnes oisives, population inutile économiquement et qu’il faudra occuper par des jeux, des drogues, laisser mourir, puisque les « puissants » seront cyber-immortels !
Alors ?
Penser global, agir local.
Lien social, entraide, production et consommation locale, de saison, boycott, grèves et actions collectives, démocratie directe-décisions pour le bien commun, ...la créativité est une valeur !

POUR NE PAS PARLER DU FUTUR
Que va devenir le mouvement des Gilets Jaunes ? Une association sociale locale, un mouvement-parti politique de gouvernement, une structure politique collective d’influence avec des élu.e.s dans les Com Com, un mouvement révolutionnaire d’insurrection, le ferment d’un autre monde, d’une autre civilisation en construction et dont pas mal de signes et prémisses sont déjà bien là dans des alternatives diverses, …. ?

Les questions sont là, l’avenir n’est pas écrit...


Les dessins sont de VEESSE        www.hebdi.com
le magazine satirique indépendant alsacien

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