samedi 15 décembre 2018

EXEMPLARITE et ARGENT PUBLIC 

Je ne crois pas que le problème profond soient essentiellement les taxes et impôts, mais plutôt l'injustice fiscale et la répartition de l’argent public /leur destination.
Je paye (ou pas) des impôts selon mes revenus. Dans notre pays, une République, les impôts sont la part qu'on donne à l'Etat pour organiser les services publics mutualisés (écoles, santé, transports, services à la personne-solidarité, ...) et pour le bien-être pour tous. OR ce qui scandalise et met en colère, c'est la hauteur (au travers des différentes taxes) de cette contribution et surtout l'exonération sous différentes formes de celles et ceux qui sont les plus fortunés : déductions diverses sur les travaux immobiliers, montages financiers pour exiler ses avoirs dans des paradis fiscaux , CICE aux entreprises sans conditions , Flat tax, Impôt sur la Fortune , tranches hautes limitées, ....Et puis la suite, les dépenses de "fonctionnement de l'Etat" qui sont démesurées, inutiles souvent..: train de vie, indemnités, avantages et exonérations des députés et sénateurs, travaux elyséens et dans les châteaux de l'Etat, déplacements et frais des ministres , avantages en nature et retraites...Et plus précisément encore, la destination de nos impôts directs et indirects qui ne vont pas tous dans les services publics que tout le monde voit se dégrader par ailleurs.
Bref, ce sont vraiment ces points qui choquent, blessent, sont inacceptables, injustes…



 
                       « Ils ont eu des compensations, qu’est-ce qu’ils veulent encore ? »

Le Président aimerait bien que « l’opinion » se pose cette question afin que le soutien important de la population diminue et que les « gilets jaunes » abandonnent leur visibilité sur les rond-points et autres lieux d’occupation à travers tout le pays. Mais au lendemain de ses nouvelles « annonces », les « enquêtes d’opinion » n’ont pas montré une diminution parlante du soutien, les revendications de colère du ras-le-bol général dépassent les miettes distribuées…

Nous sommes au coeur d’une crise démocratique -déclenchée par la goutte d’eau qui a fait déborder le verre-, d’une remise en cause du fonctionnement institutionnel de cette Vème République (obsolète, avec l’évolution du monde depuis 1958) et d’une critique du système du « libéralisme social » qui montre les abus de la caste du capitalisme.
Quand le décalage est tellement grand entre les décideurs et la population, la demande est forte d’une représentation plus proche de la sociologie réelle du pays au Parlement afin que les propositions de lois soient discutées, débattues et en adéquation avec les demandes réelles des « gens ». Pour cela, le minimum est une Assemblée Nationale composée à la proportionnelle absolue. Cela amènera probablement à des coalitions de gouvernement comme dans d’autres pays, mais au moins l’ensemble de la population y sera représentée dans sa diversité. Du coup, les élu-e-s auront plus de légitimité et devront être à l’écoute plus attentivement pour porter ces voix.
Si le pouvoir législatif de l’Assemblée est renforcé, Le Sénat sera inutile ou pourra se transformer en « conseil des Sages » ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Assemblée Nationale et Sénat engloutissent un budget d’argent public pour son « fonctionnement » et « indemnités diverses des élu-e-s » qui peut paraître des plus choquants. Tout le monde remarque bien que le Parlement ne remplit plus ses rôles. Les députés sont des godillots qui acquiescent d’une seule voix les directives du Président-patron, l’opposition est réduite à la portion congrue et juste poliment écoutée et ... méprisée. On ne peut plus appeler cela une représentation du pays et/ou du débat respectueux et constructif. Tout le monde est scandalisé par ce fonctionnement et ce qu’il coûte à l’heure où nous sommes ponctués financièrement de tous les côtés. Et c’est à l’identique au Sénat.




 



Lorsque le couple Macron décide de (re)faire la piscine de la résidence présidentielle d’été au fort de Brégançon, de changer la vaisselle de l’Elysée, de vouloir relooker toutes les pièces, etc. et que le coût approximatif est divulgué, cela ne peut pas être reçu non plus comme de l’indispensable en période de « désendettement » !
Lorsque des ministres font des voyages lointains de représentativité dans les avions privés de la République, ces coûts sont choquants tout autant.

Le Président des riches n’usurpe pas son titre. 
Qui a pu accepter qu’on supprime l’impôt sur la fortune (qui apporte au moins 4 milliards), la flat tax et le processus du CICE qui octroie plus de 20 milliards aux grosses entreprises et la grande distribution, sans contreparties, et que cela enrichit les actionnaires et la même oligarchie, sans créer d’emplois ? Qui a pu accepter d’entendre ces mêmes patrons s’installer dans les paradis fiscaux pour ne pas payer d’impôts en France ? Qui a pu accepter d’entendre qu’en un an de règne de Macron le nombre de millionnaires en France a explosé ? Qui peut accepter que les tranches d’impôt se limitent dès qu’on arrive près des gros salaires ? Qui a pu accepter l’augmentation de la CSG des retraités, alors que le point indiciaire a été supprimé et que chaque année la différence entre l’inflation et la non-augmentation des retraites fait une perte de 1 à 2 % par an ? Qui a pu accepter qu’on fasse la promotion du diesel pendant des années et que tout à coup, il faille mettre nos voitures à la casse pour acheter des voitures électriques ? Et pourquoi le nucléaire Areva et ses EPR, ses déchets mortels, actifs longtemps, plutôt que l’hydrogène ? Qui a pu accepter que l’augmentation importante des carburants pour les personnes dépendantes de leur voiture pour aller gagner un salaire était un effort général demandé, alors que les camions, les avions, les tankers et bateaux de croisière étaient exonérés ?
Qui a pu accepter un discours où le Président voulait nous faire croire que ces augmentations de taxes (avec le tabac aussi) allaient servir la transition écologique et diminuer notre dépendance aux ressources fossiles, alors que ces sommes étaient attribuées pour la plus grande part au budget général et attribuées au CICE (entre autres) ? Dont bénéficiaient des entreprises polluantes (Total) qui continuaient d’exploiter, avec les autorisations présidentielles et du ministre de l’écologie, des mines et des forages de ces ressources fossiles…
Qui a pu accepter de se voir « offrir » (après plus de 3 semaines de revendications polymorphes) une augmentation biaisée du Smic, conditionnée à la prime d’activité, prise en charge par ceux qui payent les impôts (!!!), tout en sachant que plus de 80 milliards sont dans les paradis fiscaux et détournés par les exilés fiscaux (Suisse, Belgique, Luxembourg, Gibraltar, etc.). Le Président peut bien se glorifier de redistribuer 10 milliards (de nos impôts!), qu’est-ce devant ces autres montants détournés ?
Qui a pu accepter le passage à 80km/h et les radars sur les 4 voies qui flashent et enrichissent le tiroir-caisse de l’État ? Qui peut accepter que devant les déclarations du « leader mondial de l’écologie-Make our planet great again ! », les projets inutiles polluants et d’un autre âge (comme les nouvelles autoroutes-à péage- le GCO de Strasbourg et autres) se fassent contre l’avis d’une grande partie des communes impactées tout en bétonnant des terres fertiles ? Qui a pu accepter qu’on impose de nouveaux compteurs intelligents électriques Linky, alors que les 30 millions existants fonctionnent bien et ce uniquement pour récolter nos données et enrichir le Big Data dont EDF-Enedis se veut un acteur futur important, sans compter les problèmes de pollution et de santé par les ondes ? Qui a pu accepter qu’on veut privatiser de plus en plus la Sécurité Sociale en encourageant les mutuelles privées à prendre le relais ou une part plus importante ? Qui a pu accepter que les hôpitaux doivent devenir rentables, que le personnel soit réduit et que la charge de travail (et de responsabilités) devient impossible à supporter ? Qui a pu accepter la dégénérescence des services publics, la fermeture de lignes ferroviaires et la desserte des communes, les tarifs des transports collectifs peu incitatifs ? Qui a pu accepter la diminution drastique des enseignants, des fonctionnaires ? Qui a pu accepter les nouvelles dispositions de sélection de Parcoursup et de la réforme du baccalauréat à venir ? Qui a pu accepter ….

On pourrait continuer la liste de façon très longue tant ce qui s’exprime aujourd’hui est un catalogue, tout à fait recevable pour la plus grande partie, de colères multiples, profondes, de cris de justice, de revendications mainte fois répétées jamais prises en compte, d’une misère pas forcément visible partout mais bien réelle, de précarité qui peut se transformer en une violence plus radicale puisque quand on a plus rien à perdre ….


 
Le Président Macron a tout fait pour éliminer les partis politiques et les syndicats, et aujourd’hui, il se trouve bien seul devant le peuple de France, qui n’est pas le milieu des banquiers, économistes et grands patrons. Et ça, il ne connaît pas. Alors, il sort les recettes apprises à l’Ena, à la Banque Rothschild, au ministère de l’économie.


Mais la rupture est bien plus profonde qu’il ne peut même imaginer et ces recettes ne prennent plus. Son long silence devant les « gilets jaunes » qu’il aimerait bien globaliser en casseurs-délinquants a eu un effet inattendu. Les premières revendications de mi-novembre étaient basiques, immédiates. Mais il n’a pas voulu entendre et pendant cette longue absence, les gens se sont rassemblés, la mobilisation a enflé, les discussions sont devenues des débats argumentés. Cela a amené une plus grande conscience globale et les revendications se sont élaborées grâce aux liens établis avec toute une série d’informations qui ne passaient pas par les canaux des médias de propagande (aux mains de quelques millionnaires, « amis » de Macron), mais par ce qu’on appelle les « réseaux sociaux » , les témoignages multiples. Et puis, la prise de conscience aussi que l’action collective est plus puissante que tout. Macron a essayé de diviser, mais « la fin du mois » et « la fin du monde » se sont rejoints, convergent dans des revendications communes qui font l’esquisse d’un nouveau monde, d’une nouvelle civilisation qui n’a rien à voir avec le rêve financier de Macron et de « SON monde ».




 

Après ce moment dramatique, sanglant, meurtrier, perpétré par ce fanatisme (qui se dit religieux!) et la période de « trêve » de fin d’année, les occupations reprendront, pour marquer la visibilité de ce combat social, humain. Ces lieux « Nuit debout » populaires sont des endroits de forums de discussion et d’apprentissages stratégiques, de liens qui se créent dans la lutte collective, une force qui se découvre et qui n’est pas prête de s’arrêter.



Justice fiscale, exemplarité
Tant que la justice fiscale ne sera pas mise en œuvre, tant que les impôts ne serviront pas à nouveau les seuls services publics en les redéployant, tant que l’exemplarité ne sera pas imposée à nos élus/ dirigeants (rémunération, missions, déplacements, frais à justifier, etc.), tant que les instances décisionnelles ne seront pas proportionnelles, paritaires, il ne faudra pas s’attendre à retrouver une paix sociale.



Il y a aussi des pistes locales, régionales, pour sortir d’un système qui n’est plus adapté à NOS exigences. On peut se nourrir localement (et de saison), on peut chercher plutôt l’artisan local que la grosse entreprise, on peut voyager collectivement ou partager les véhicules, exiger des tarifs abordables pour les transports publics gérés régionalement, on peut se soigner autrement, trouver des loisirs associatifs, une culture populaire d’émancipation dans les médiathèques et animations diverses sur un territoire donné, aller vers les créateurs, intégrer la jeunesse en développant les lieux de rencontre intergénérationnelle, revenir à une démocratie directe au sein des communautés villageoises, ...etc…


L’avenir n’est pas écrit !





DESSINS  

VEESSE      www.hebdi.com     le magazine satirique indépendant alsacien
AUREL        www.politis.fr 





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Il me faut rajouter une remarque concernant les « symboles » visibles sur les lieux de contestation.
Je veux parler des drapeaux « rot und wiss » et tricolore, souvent cités. Le drapeau blanc et rouge est alsacien, le drapeau tricolore français. Dans d’autres régions, on voit le drapeau breton, occitan, corse, ...qu’on identifie à une région. Même si en Alsace, celui-ci a été repris par Unser Land, parti régionaliste et le drapeau tricolore capté par le Front-Rassemblement National, cela, pour moi, n’indique pas que les « gilets jaunes » soient régionalistes et d’extrême droite.
Le drapeau rot-wiss appartient à TOUS les alsaciens et le drapeau tricolore est le drapeau de la République qui appartient à TOUS les Français. A nous de ne pas abandonner, de ne pas laisser détourner...C’est mon avis !

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