dimanche 12 août 2018

« J’avoue mon incapacité, mon inutilité au grand jour »


Non, ce n’est pas moi qui parle, mais cela est sous-jacent dans les dernières déclarations de notre ministre d’État à la transition écologique et solidaire, M. NULot, après la condamnation de Monsanto-Bayer par un tribunal de San Francisco. 

La plainte du jardinier de 46 ans, Dewayne Johnson, atteint d’un cancer en phase terminale alors qu’il a utilisé intensivement le roundup dans son travail pendant deux ans, a abouti à une condamnation de Monsanto à hauteur de 289 millions de dollars ce vendredi 10 août 2018, une première, mais avec 5000 plaintes en cours actuellement.


Tout le monde a déjà entendu le nom de Monsanto. 
Cette entreprise a été crée en 1901 par John Queen et pris le nom en hommage à son épouse, Olga Mendez Monsanto. D’abord fabricant de saccharine pour Coca Cola, d’aspirine, puis de plastiques (polystyrene) de PCB (dioxine) dont les déchets sont enfouis près de Cardiff (pays de Galles) et du « défoliant » agent orange utilisé largement pendant la guerre du Vietnam. Après ce fut le tour de l’aspartame et des hormones de croissance accélérée. En 1980, la firme se tourne vers les biotechnologies agricoles avec les semences OGM tout comme Syngenta, Dow Agroscience et Pioneer hi-bred , ces noms qu’on voit dans les essais en champs près du Rhin chez nous à côté du centre de recherche de Dupont de Nemours. Le glyphosate dérivé de l’agent orange vendu sous le nom de Roundup envahi le monde.
En septembre 2016, la firme pharmaceutique allemande Bayer rachète Monsanto, l’américaine. Le 4 juin 2018, le nom Monsanto disparaît officiellement pour des raisons d’image de marque car associé à tous ces polluants et semences génétiquement modifiées comme dans le soja, le maïs, la pomme de terre, le coton, l’aubergine…



Ce procès a permis à notre ministre de se refaire une image, de faire des déclarations combatives...des mots. Mais ce qu’il dit n’est que le replay de ce que les militant-e-s écologistes répètent depuis plus de trente ans sur les dioxines, les OGM, les hormones, les molécules qui empoisonnent les sols, les animaux, la nourriture, les humains. Après avoir autorisé la prolongation du glyphosate l’an dernier pour 5 ans voir 10, voilà le même ministre d’État qui tient aujourd’hui un discours qui reproduit celui des militants radicaux écologistes, tout en n’interdisant pas la vente en France puisque « c’est trop compliqué et pas avant au moins 3 ans !!! ». M. NULot parle tout à coup de capitalisme, d’actionnaires, d’empoisonnement, lui dont la Fondation et les émissions TV étaient sponsorisés par les plus grands pollueurs. Et puis, cela évite aussi de parler de tout le reste qu’il laisse filer comme l’élevage intensif, les OGM, la bétonisation des terres agricoles, le nucléaire, la privatisation des centrales hydrauliques, des barrages, les molécules tueuses d’abeilles, ...etc…




M. le ministre d’État montre au grand jour une fois de plus son inutilité et son incapacité à prendre ne serait-ce qu’une décision courageuse qui s’opposerait à tous ces lobbys marchands qui n’ont que faire de la santé, de la qualité alimentaire, du bien-être animal, du principe de précaution.

Des mots, des discours, des déclarations , mais des actes, des décisions, zéro ! Pour NULot !

L'ETE EN PENTE ...RAIDE



La réforme constitutionnelle a été remise à l’automne, le parlement s’est vidé pour quelques semaines, l’affaire Benalla jouit d’un silence médiatique général, M et Mme sont allés se « reposer » au fort de Brégançon, histoire de laisser passer l’orage, les cheminots bafoués ont pris du recul, les partis politiques sont en stand-by en attendant les élections européennes de 2019, la canicule généralisée à la planète interpelle, la liesse post-Mondial est retombée, c’est bientôt la rentrée, histoire de revenir à un quotidien moins interrogatif (enfin, ça dépend pour qui).

« Cela fait un moment que tu n’as plus écrit de Chroniques » m’interpellent certain-e-s lecteurs-trices fidèles. C’est vrai, mais quand rien ne m’interroge ou que je n’ai rien à dire, faut-il juste remplir des pages pour continuer à « exister » ? Nous sommes si peu de chose, une fourmi comme une autre dans un monde où l’individu n’a plus grande valeur, même si on pousse à l’individualisme consommateur pour faire tourner le « système » et donner dans l’illusion. Je suis souvent effaré dans les discussions autour des tables d’été par une acculturation massive : c’est la porte ouverte à tout, une impression d’impuissance, un flot de superficialités assénées comme des vérités incontournables… On peut se demander souvent pourquoi on reste à table ! Une situation qui finalement amène à ne plus s’exprimer, analyser, proposer, tellement on trouve que tout est inutile, voué à l’échec, à un vide abyssal de la pensée et des actes.
On devient peu à peu spectateur d’un monde qu’on ne comprend pas, qu’on ne cherche plus à comprendre, qui a pris des directions qu’on croit irréversibles, sans alternatives possibles, et qui est voué à aller droit dans le mur…




Alors je repense à cette perspective d’une civilisation dominée par le big data, les algorithmes qui s’auto-alimentent, et à la conséquence de pertes gigantesques d’activités salariées, réduisant un nombre incalculable de personnes à l’inutilité. Et probablement à la misère puisque coupés de leur part humaine et primitive qui permettait les savoirs-faire vitaux et leur transmission. Dépendants, connectés sous contrôle, cette masse esclavagisée que va-t-elle devenir ? Sous drogues pour ne pas voir et occupée par des jeux vidéos ? Faut-il alerter, développer ces hypothèses, pour anticiper et réfléchir à d’autres voies et des actes de résistance ? Ou profiter des derniers plaisirs matérialistes avant de devenir des « légumes » d’ajustements variables, corvéables à souhait au service de la caste « supérieure » des propriétaires de l’industrie numérisée ?

Visionnaire ou pur délire ?
Regardez autour de vous. Plus d’une fois dans ces chroniques, j’ai réagi à ce changement de « civilisation » qui  a plaqué de façon quasi permanente un objet connecté dans la paume des mains de tout un chacun. C’est impressionnant, inquiétant, effarant : incontournable ? Cette horde mondialisée a-t-elle réellement conscience, se pose-t-elle des questions civilisationnelles d’existence, de la part d’humanité qui reste ? Chaque jour qui passe, je doute de plus en plus. J’avoue que cela m’angoisse alors qu’à mon âge, je devrais dire « après moi le déluge ». Mais j’ai enfant et petits-enfants, je regarde cette jeunesse et s’interroger c’est aussi se relier au monde, à la vie, à l’existence même. Mais là on rentre dans une autre dimension plus métaphysique, plus philosophique, plus spirituelle qui fait rire, se moquer, peine perdue, laisse tomber !


Dis donc, la canicule te fait bouillir le cerveau. Viens à l’ombre, boire un pastis ou un rosé glacé.
L’été en pente ...raide, et cela se dit dans les deux sens : s’élever ou s’enfoncer.