mardi 14 novembre 2017

Vivre sans patience et sans amour !

Mais non, pas moi, dites-vous ! Dans votre tête, au fond de vous, vous vous persuadez que vous savez être patient-e et que vous recevez des marques d’amour, de votre compagnon, votre compagne, de vos enfants et petits-enfants, de vos parents, de vos ami-e-s, de...Bref, la vie est merveilleuse et baigne dans un environnement de douceur…
J’aimerai bien le croire, mais tout ce que je vois (ou en tout cas, le plus que je vois) démontre bien le contraire. Tout doit être tout de suite et l’amour, c’est je prends-je jette ! Ce monde de l’immédiateté est aussi celui de l’éphémère et le travail ne manquera pas aux psychanalystes, psychiatres et psychologues ; les laboratoires-entreprises pharmaceutiques faisant leur beurre depuis des années sur cette vague qui ne peut que se composer de déceptions, de rancœurs, de colères.
Tous les parents souhaitent que leurs enfants trouvent un CDI et payé plus que le SMIC, qu’ils puissent devenir autonomes afin de pouvoir enfin souffler un peu après les avoir « élevés » toutes ces années...En plus, s’ils-elles trouvent un « travail salarié » qui leur plaît avec des perspectives, c’est mieux ! Mais c’est bien plus rare et jamais définitif et acquis. D’autant plus que l’on voit de plus en plus des personnes compétentes et en activité se faire jeter de leur entreprise sans aucun « étât d’âme » ou reconnaissance pour les parfois nombreuses années de bons et loyaux services.
Dans ma chronique précédente sur la génération « connectée », je terminai sur cette note de manque de patience et donc de relations approfondies possibles. Et je ne leur jetais pas la pierre tant ils sont tributaires et ce sont les conséquences de cette accélération du matériel, de l’avoir, du paraître et de l’irresponsabilité. Peut-être un passage nécessaire pour inventer « autre chose ».
On vit dans ce monde occidental et mondialisé où on n’imagine même pas une autre façon de vivre et d’être possibles. On nous fait croire qu’il n’y a pas d’alternatives, que seul ce modèle de production-consommation (d’objets éphémères) nous permet de « construire » notre vie, de gagner de l’argent qui résoudra les difficultés d’adaptation, qu’il faut avancer (et se taire) pour améliorer son quotidien, que ce sera ainsi pour longtemps. On fait tout pour vous convaincre que c’est le chemin,  que celles et ceux qui le contestent n’ont rien compris aux changements du monde, qu’ils-elles sont des « loosers » et qu’il faut les éviter pour ne pas être contaminé-e-s !!!
Bref, un discours rassurant, élitiste, d’exclusion qui nous fait croire que les hérétiques  sont des fainéants, des parasites, des extrémistes dangereux...Ils pensent qu’ils-elles ont gagné la bataille « idéologique » et pourtant chaque jour un peu plus le doute s’installe sur le modèle présenté. Le manque d’imagination ou le manque d’information véritable ne permet aucune autre perspective de pensée.
Et le fossé se creuse, la notion de « classes » revient et en plus, les différences sociologiques, économiques s’accentuent chaque jour davantage : un réel danger, facteur de violences, d’affrontements qu’on ne souhaite pas encore envisager mais qui semble inéluctable sur cette lancée.
Quand on voit en plus les dirigeants actuels du monde, on est loin d’être rassuré !


Créer, c’est résister !

Bien sûr, il n’y a pas (encore) d’armée d’occupation, une dictature sanglante, mais ça a existé il n’y a pas trop longtemps et parfois l’histoire fonctionne par cycles. Si l’objectif était de rendre la vie plus agréable et facile pour tous, les perspectives seraient d’un autre ordre, mais on sent bien que tel que ça va, il n’y a qu’un petit nombre qui profite en excluant et précarisant une masse de plus en plus importante. La poudre de perlimpinpin envoyée avant et après les élections ne fait plus trop illusion – à part parfois quelques semaines- et les gouvernements successifs utilisent les mêmes recettes pour leur même but : favoriser l’élite financière et productive (!) sans tenir compte des tenants et aboutissements de leurs activités et de leurs comportements qui va à l’encontre du bien public, des intérêts généraux des habitants. On nous a formaté et nous, quelque part, nos jeunes aussi pour en faire des bons petits soldats de l’économie marchande. Pas étonnant d’avoir un peuple de râleurs aigris et déboussolés.

Bien sûr, c’est facile pour moi, retraité, de regarder le monde avec un peu de distance, avec ma liberté d’être dégagé de tout productivisme ou d’ordres quelconques qui me cloueraient le bec. Faut-il pour autant arrêter de partager ses réflexions, ses analyses, ses points de vue ? Dans la situation présente, c’est même un devoir que de partager, d’échanger, d’enrichir le débat avec aussi une certaine expérience concrète à faire valoir... 
« Oui, mais on fait au mieux pour s’en sortir. » Bien sûr, mais réfléchissez une seconde à cette expression : « s’en sortir ». Se sortir de quoi ? Et pour faire quoi et comment ? Dire s’en sortir, c’est déjà avoir mis le pas sur les premières marches.

Apprendre, c’est la rencontre, l’écoute, la réflexion, la contemplation, … Il faut savoir se détacher du passé et même de l’idée de l’avenir pour exister ici et maintenant, retrouver SON être intérieur qui vous susurre que la vie, c’est être relié au tout avec notre part d’humanité qui nous rend interdépendant-e des autres, de tout ce qui nous entoure, de notre voisin-e comme des arbres, des autres espèces vivantes, de l’eau, de l’air, de la terre… 
Prendre conscience de cela change notre regard sur le monde et sur les autres. 
Faut-il attendre un certain âge pour atteindre l’essentiel ?

Savoir être patient-e et dans l’amour universel ?







Il y a autour de nous de nombreux prémisses, des pistes et des réalisations concrètes qui nous offrent une autre vision de monde possible, d’autres modes de vie. Les observer, les regarder, y participer, ...élargit notre vue, illumine notre conscience. 
Chacun-e peut être acteur d’un changement. 
Construire c’est être patient, entre semer et récolter se passe un temps.



L’avenir n’est pas écrit et ... on y contribue !